Je ne suis qu'une ombre.

Une ombre.

  Une ombre.

  Déjà, j'entends les rires. Déjà je les entends marmonner, déjà j'entends les insultes.

  Je ne suis qu'une ombre.

Une ombre.

Déjà j'entends les critiques, sur moi, mon corps, mon être.

  Non, je ne suis qu'une ombre.

Jamais ils ne me verront.

Car je suis une ombre.

  "Pute ! "

  Les larmes montent, mais ne coulent pas, pas cette fois.

  Même mes larmes sont mortes, mortes de la nuit dernière, où jamais elles ne se sont taries.

  "Hé, connasse !"

  Je ne suis qu'une ombre, par pitié...

  "Salope !"

  Oui, une ombre !

  Je suis invisible, je l'aimerais tant...

"Sale pute !"

Ma vue est brouillée, les dalles de béton se floutent, sous mes pieds.

  "Réponds moi !"

  Non, car je suis qu'une ombre. Je ne suis qu'une ombre, ne sait pas parler, suis invisible.

  Mes larmes coulent abondamment, maintenant, je ne peux plus les retenir. Elles coulent, sans grâce, dégoulinent de mon visage, mon masque se brise, se déchire.

  "Connasse, viens là !"

  J'entends des pas, des pas s'approcher.

Je ne suis plus une ombre. Non, maintenant, je suis mon ombre.

J'ai juste mal.

Les insultes jaillissent, plus vite que les larmes, plus rapides que mes pas.

  Je cours.

C'est juste une fuite. Une fuite désespérée de cette vie, de moi.

  Mais partout où je vais, je les entends.

Elles.

  Elles me brûlent, elles m'inondent.

Me suivent.

  Comme eux me suivent, hors d'haleine.

Je voudrai juste être tranquille, fuir cette personne que je suis, fuir ces insultes, les fuir.

  Fuir cette vie.

J'en ai juste marre.

Marre.

Une goutte tombe par terre, je m'écroule.