Miroir
Le miroir me contemple, me force à m'observer.
Je le fais, me détourne, mais il me force, me force à tourner le d'yeux vers lui, m'étouffe, me glace sur place.
Je me sens trembler devant ce reflet, devant cette image de fantôme qui se dresse devant moi, devant cette ombre désarticulée qui s'offre à moi.
Est ce vraiment mon reflet ? Est ce vraiment le reflet de moi même, de mon état physique ? Non.
C'est impossible.
Les larmes bouffissent mon visage, mes yeux rougissent, éclatent, le bleu s'effaçant jusqu'à en devenir presque blanc, affreux. Mes cernes ressortent, ressortent tellement que je pourrait les saisir, les saisir pour les jeter au loin, pour me protéger de cette vérité qui m'agresse, me frappe, me fouette.
Mes sanglots redoublent, encore et encore, mais je ne peux plus me voir, contempler ce mirage de réalité me tuer lentement, je ne peux plus, je ne peux plus...
J'explose.
Je saisis mon reflet, je l'étire, je le brise, le fracassé entre mes doigts humectés de sang, de fragments de glace. Je hurle, je hurle à en briser les vitres, à m'en briser les cordes vocales, je tremble, me foudroie.
Et puis je me regarde dans le reflet de ma conscience.
Seules les ténèbres me répondent, et je m'effondre enfin totalement.
Je ne supporte plus les miroirs.
Ils me renvoient la vérité, me renvoie le cauchemar que j'endure chaque jour et subis chaque nuit, il me renvoient cette fille délabrée que je n'avais jamais connu, que j'avais toujours évité d'être.
Les miroirs me reflètent ce mot, que j'affiche dans mon esprit, ils me renvoient ce mot que j'essaie de faire disparaitre dans l'oubli mais qui me suit lamentablement, qui me suit honteusement, que je traine tel à un fardeau.
"Déni."
"Déni."
"Déni."
Un mot.
Une lame.
S'enfonçant au plus profond de mon âme.
Je ne sais plus qui je suis, ne sais plus à quoi ressembler, qui être. Je me mens à moi même chaque jour, m'en rends compte chaque nuit.
Je me mens à moi même jusqu'à ce que la lune apparaisse depuis la fenêtre de la chambre. Là, je reste à la contempler, et mes larmes s'éteignent d'elles même dans ma chevelure qui se teinte d'ombres.
Car le maléfice s'interrompt bien avant minuit, et seules les larmes peuvent émaner de mon corps, seules les larmes peuvent me saler encore et encore, jusqu'à ce que le sommeil m'emporte pour me tirer d'un cauchemar à l'autre.
Le soir, le doigt posé sur le bouton "play" de mon MP3, je laisse cours à mes émotions sauvages, je les laissent filer en moi, me visiter, m'étrangler sans rien y comprendre, seulement éperdument consciente de mon mal être, de ma mort intérieure qui se ravive chaque soir.
Mes doigts, ces doigts meurtris et ensanglantés, fermement posés sur ce MP3, je me laisse ballotter, répétant encore et encore cette même et unique chanson, ce même air lancinant, qui m'entraîne plus profondément dans la vie que jamais, qui me déchire chaque seconde plus loin dans ma dépression, cet air que je connais déjà par coeur mais que je répète seulement pour m'accrocher à cette réalité qui n'est pourtant plus la mienne.
Est ce pour cela que je me répète incessamment ?
Je l'ignore.
Mais j'ai mal.
Tellement mal...
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