Tu ne liras sans doute jamais ces mots.
Je ne veux pas que tu les lises.
Pourquoi les écrire, dans ce cas ?
J'ai trop de choses à te dire, L. Trop d'excuses pour te maudire, cent fois, mille fois, jusqu'à ma mort.
Pourtant, j'espère toujours qu'un jour, oui, un jour, tu viennes me voir.
Tu te rendes compte que tu m'as brisée.
Tu ne le feras jamais, et jettera dans doute ce mot au feu s'il te parvenait.
Tu sais quoi ?
Je te hais.
Non.
C'est faux.
Comment est ce que je peux sortir un tel mot après toutes les horreurs que j'ai subies par ta faute, tout ce à quoi j'ai dû renoncer, ces deux ans de ma vie que tu as déchiré en lambeaux ?
Comment est ce que je peux encore espérer le retour de notre amitié, que tu me regardes avec cette même étincelle dans les yeux ?
Passer chaque mercredi avec toi est un supplice.
Te croiser chaque jeudi dans les couloirs est une torture.
Jouer chaque vendredi avec toi me donner envie de me planter ma flûte dans la gorge, loin, loin là où personne ne pourra l'en sortir.
Pourtant, oui, je suis là, à t'écrire ces mots.
Je ne sais pas pourquoi. Sincèrement.
Dès que je pense à toi, des frissons me traversent, le dégoût me transperce, mes doigts tressaillent et se couvrent de sang.
Dès que je pense à l'amour, après tout ça, j'ai envie de sombrer dans un lac, j'ai l'impression d'être observée, je m'étouffe et une nausée me tort l'estomac.
Des frissons me traversent la nuque, je sens comme une main froide se plaquer contre ma gorge.
Du sang noir couler de mes veines.
Tu sais quoi, L ?
Je n'arrive pas à te détester.
Non, tu m'obsèdes trop pour cela.
Pendant deux ans, je devais chaque jour te faire plaisir, pour ne pas affronter ce regard glaçant déception.
Maintenant, je me regarde dans la glace et sens ce mal être persister.
À chacun de mes échecs, ta voix résonne, sarcastique.
Je peux être honnête, L ?
Vraiment honnête ?
Tu m'effraies. Me manques. Me terrifies. Me dégoutes.
Je suis perdue... Mais tu n'as jamais pris cela en compte, n'est ce pas ? Même quand j'étais au plus bas, même quand j'avais tant besoin d'attention, d'amis, pour le soutenir, même quand je t'ai demandé de l'aide sous forme de cette fameuse lettre, tu m'as dénigrée.
M'as dit que cela était de ma faute, alors je t'ai cru.
Et m'en suis voulu encore plus.
Je ne sais pas quoi penser juste de toi, L.
Un million de défauts. De raisons d'être haït.
Tu es raciste.
Homophobe.
Sexiste.
Toxique.
Égocentrique.
Vulgaire.
Si je t'avais rencontré après que tu deviennes ainsi, je t'aurai immédiatement haï.
Si je t'avais rencontré maintenant, je ne serais jamais celle que je suis maintenant.
Une raison de plus pour que je te déteste, non ?
Mais non... Non ! Non ?
Je ne sais plus, n'en peux plus de toi, de ta voix, de tes insultes constantes, d'avoir peur de te croiser.
J'en ai juste marre, MARRE !
Au fond de moi, j'espère toujours que tu me rendes ces "bonjours".
Au fond de moi, j'espère toujours que tu cesses de me regarder avec ces yeux noirs.
Au fond de moi, je suis toujours coupable de ce que je t'ai fait.
Alors que au fond, je ne t'ai rien fait BORDEL !
Mon seul crime est de ne pas avoir su aimer, alors fous moi la paix avec ça...
S'il te plaît, juste une nuit...
Je suis folle de penser encore à ça.
Écrire ces mots me fait monter les larmes aux yeux, je sens cette fichue boule remonter dans ma gorge, je tremble de tout mon corps.
Et je guetterai sans doute mon téléphone le reste de la nuit, redoutant une réponse, un commentaire, un reproche, encore un, parce qu'à toi, ton seul crime à peut être été celui de trop aimer.
Sauf que non.
Combien de taillades, combien de cigarettes as-tu fumé sous les yeux juste pour me voir, paniquée, te pleurer d'arrêter ?
La seule cause de cette situation était le fait que je ne t'aimais pas, tu le sais aussi bien que moi. Il n'y avait rien d'autre que moi dans ta vie, et je... N'étais qu'un stupide pari que tu avais réalisé avec tes amis !!
Ma voix se brise, je ne continuerai pas longtemps dans cette situation.
Le pari...
Oui, je sais que tu l'avais fait.
Et avec qui, mais on m'a interdit d'en parler.
Tu veux savoir comment ? Ma mère.
C'est ma mère qui le l'a dit ! C'était donc ça, ton projet ? Qu'est ce que je suis pour toi, L ?
Une marchandise ?
Un corps dénudé d'émotions ?
Ton désir se lit toujours son ton aide arrogant quand tu me dévisages.
Tes yeux restent figés bien plus bas que ma tête.
C'est quoi, ça ? Depuis quand es-ce que tu es comme ça ?
Tu me dégoutes.
Je veux t'étriper, de faire disparaître de ce monde.
J'en suis incapable, mais saches juste que je sais tout ce que tu fais sur moi, quand tu es seul dans ta chambre et que tu penses à moi.
Ça me fait vomir, tu entends ? Vomir ! Je n'ai jamais autant été humiliée, éhontée.
Je suis salie, ridiculisée, par tes comportements obscènes et obsédés.
Tu fantasme très sérieusement encore sur mon corps, alors que tu me haïs visiblement de toute mon âme.
Comment est ce possible ?
D'être à ce point dégoûtée d'une personne, la détester autant et puis de... Toujours espérer, au fond, qu'elle reviendra vers moi ?
Je deviens folle, je n'en peux plus !
Plus de toi, pour la millième et unième fois...
Jamais tu ne liras ces mots, L.
Jamais tu ne te remettras en question.
C'est sans doute ce qui me fais le plus mal...
Pour toi, je ne suis qu'un vague épisode du passé, bien que tu veuilles encore me faire souffrir pour cette absence d'amour que j'ai ressenti pour toi.
Pour toi, nous avons sorti ensemble, tu t'en vantes, me déchires un peu plus de honte et de rage à chaque minute.
Tu m'effraies, L...
Pour toi, je suis qu'un plan de ta vie, le paragraphe d'un chapitre terminé depuis quatre mois.
Pour moi, tu es une plaie béante dans mon cœur, qui a aspiré tout le sang qu'il contenait.
Un chapitre douloureux, qui me suivra et que je ne refermerai sans doute jamais.
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