Je ne sais plus pourquoi j'écris. Plus pourquoi je vis.

  Quelle raison y a-t-il à notre existence ? Pourquoi je vis, moi, alors que d'autres meurent ?

  Comment puis-je oser de ne pas être heureuse alors que d'autres connaissent la famine et la misère aux quatre coins du globe ?

Comment puis-je penser à cela sans agir ?

J'ai tellement mal.

La souffrance est permanente, quand je tourne les yeux vers ce mur glacial, quand je pleure à en vomir le soir, sous mon casque, quand je dévore ces doigts jusqu'à en sentir le sang entre mes dents...

  Qui je suis ?

  Parmi les privilégiés, je suis en bas de la chaîne alimentaire.

  Qui suis je pour juger la vie de cette manière ?

Je ne suis qu'une Européenne à la vie sans valeur, qui détruit la planète sous ses airs libérateurs, qui souffre de problèmes si futiles quand d'autres vivent dans la terreur.

  En un mot, je suis une connasse.

  Jamais je ne pourrai faire quelque chose pour eux. Ma réalité est trop lointaine, trop emplie de contes de fées pour que je puisse réellement les aider.

  Autrefois, mon rêve était de changer les choses.

Maintenant, quel est mon rêve ?

  Je ne suis que le produit de la société, qu'une ombre parmi tant d'autres.

  Qu'une connasse dans un océan de connards.

Car si toi aussi tu lis ces mots empreint d'amertume, tu en es un·e aussi, forcée suis-je de te l'admettre.

Quand tu apprends à lire, d'autres apprennent à survivre. N'y as tu jamais pensé ?

  C'est ce que je disais. Nous sommes tous des connard·sse·s.