Sɪᴇʀʀᴀ
♢ ⇾░𝖫𝗂𝗆𝖺 𝖤𝖼𝗁𝗈
♢ ⇾▓𝖢𝗁𝖺𝗋𝗅𝗂𝖾 𝖧𝗈𝗍𝖾𝗅 𝖠𝗅𝗉𝗁𝖺 𝖲𝗂𝖾𝗋𝗋𝖺
𝖲𝗂𝖾𝗋𝗋𝖺 𝖤𝖼𝗁𝗈 𝖴𝗇𝗂𝖿𝗈𝗋𝗆 𝖱𝗈𝗆𝖾𝗈
♢⇾░𝖤𝖼𝗁𝗈 𝖳𝖺𝗇𝗀𝗈
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↳ ▓▓▓▓▓▓▓▓▓▓▓ éɴdeιхι -- Sιєrrα
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Dans vingt-quatre heures, ils lanceront l'opération pour encercler le sourire.
Plus que vingt-quatre heures, après des jours et des nuits, deux longues semaines de mise en place, de réunions et toujours plus de réunions, d'interminables heures de paramétrages, de découpes du terrain, et de réflexions à s'en péter la cervelle pour tout coordonner.
De discrétion aussi, et de jeu d'acteurs, à piailler au sujet d'une fausse mission pour cacher la vraie, qui est en fait la fausse sans être la vraie.
Lui même s'y perd un peu, dans son propre plan bien complexe, mais il voit enfin la lumière au bout du tunnel, la concrétisation de tout ce bordel pour un bouquet final incroyable.
Enfin ! Enfin, après tout ce temps, il s'offrira le plaisir moqueur de voir le visage de son sourire, celui qui lit presque dans ses pensées à travers ses messages à l'ordinateur, avec qui il parle parfois jusqu'au bout de la nuit sans jamais parvenir à le deviner plus précisément.
Même si, et il ne l'admettra sûrement pas, ces conversations nocturnes lui manqueront probablement, quand plus personne ne saura le comprendre et le cerner comme lui, quand il faudra reprendre son quotidien plus fade.
Mais Katsuki est payé pour ça, n'est ce pas ?
C'est son boulot, d'arrêter OneBrain, et qui plus est, il pourra se vanter d'être à l'origine du plan miraculeux.
Pour sûr que sa réputation y gagnera.
Aujourd'hui, et alors que dix huit heure vient de sonner, il profite de son jour de repos juste avant l'éclatement, fier d'avoir terminé la mise en place de son organisation.
Demain matin, dès le lever du soleil, lui et les autres équipes affectées à l'intervention se mettront en place sur leur zone respective, puis attendront en mission commando jusqu'à la fin de la journée, prêts à lancer l'offensive le moment venu.
Planqués dans des immeubles, des habitations et des installations urbaines, il n'auront plus qu'à sortir de l'ombre quand le sourire se piègera lui-même et, depuis les premières loges, Katsuki pourra enfin toucher sa victoire.
Cette fois, il le regardera dans les yeux et, en levant le menton de fierté, il lui demandera de décliner son identité, après tout ce temps d'anonymat.
OneBrain ne pourra plus se cacher derrière un écran d'ordinateur, forcé de révéler sa silhouette à la face du monde, et une fois bien assit dans une cellule, Katsuki ne manquera pas d'aller l'interroger longuement.
Reprenant les rennes de la situation, il ne lui laissera aucune chance de se défiler, et exigera de comprendre, pourquoi lui, pourquoi toutes ces conversations, pourquoi cette approche si singulière pour un criminel, et le but de son petit jeu.
Si vous saviez comme il en jubile d'avance.
Alors aujourd'hui, pour contenir son impatience, il s'est décidé à accepter l'invitation de sa mère, ou tout du moins il a cédé à ses quarante trois appels et soixante douze messages le suppliant de bien vouloir diner avec ses parents.
Et pour une fois, euphorique en pensant à sa journée de demain, il se rend chez eux sans tirer la tronche, garant sa voiture près de la demeure familiale de son enfance, avant de traverser la route jusqu'à la porte d'entrée.
Comme toujours, il entre directement sans frapper, se considérant toujours autant chez lui qu'autrefois, et la climatisation de l'intérieur soulage déjà son visage transpirant de la chaleur de l'été.
L'air frais englobant son front, il sourit de satisfaction en s'avançant de quelques pas dans le petit hall, percevant d'ici l'agitation de la cuisine, le tintement de deux verres cognés l'un contre l'autre et, tout à coup, une troisième voix qui n'était pas prévue à son programme.
Subitement bien plus crispé, s'arrêtant dans sa marche pour tendre l'oreille tout en fronçant les sourcils, il se mord machinalement l'intérieur de la joue en reconnaissant ce ton aigu, empreint d'une forme de patience infinie, et qu'il saurait reconnaitre entre mille malgré les années.
Une seconde, songeant que personne n'a peut-être encore remarqué sa présence, il hésite à tourner les talons pour se tirer en catimini, imaginant pouvoir s'enfuir en douce et s'inventer une excuse quand sa mère l'appellera pour lui reprocher son retard d'ici une heure ou deux.
Lentement, presque en secret, il se prépare à faire marche arrière, bloquant jusqu'à sa respiration pour n'émettre aucun son, rapproche précautionneusement sa main de la poignée tel un voleur prêt à partir, et tente une esquive.
_ Tu vas où comme ça ? T'arrives juste. résonne subitement la voix de son père depuis le salon, semblant avoir repéré sa présence à distance.
Figé, et grillé, il avale bruyamment sa salive en fermant les yeux, désemparé et coincé dans sa situation, alors que l'intervention de son paternel a rameuté sa mère, qui vient à son tour l'interpeller depuis la porte de la cuisine.
Un verre coloré, de ce qu'il devine être un cocktail, dans la main, elle écarte un sourire magistral à son visage maquillé pour l'occasion, secouant fièrement ses cheveux fraichement coupés et coiffés.
Toute élégante dans une tenue sobre mais bien taillée, elle s'approche enfin de son fils en levant un bras accueillant, étalant sa voix portante autour d'elle pour venir le saluer.
_ Mon fils qui arrive à l'heure, alors là ... On va pouvoir faire une croix sur la cheminée. lance t-elle en arrivant à sa hauteur.
Puis, enroulant son bras libre autour de son cou, elle dépose un baiser couvert de rouge à lèvres sur sa joue, forçant Katsuki à s'essuyer contre son poignet la seconde suivante pour ne pas garder cette tâche ridicule sur son visage.
_ Salut maman. grogne t-il plus qu'autre chose en abandonnant ses projets d'évasion.
_ Je suis contente que tu sois venu. J'ai pris la liberté d'inviter Inko, j'espère que ça ne t'ennuie pas ? Non, répond-elle finalement à sa place, de toute façon c'est chez moi donc je fais bien ce que je veux. Aller viens.
Blasé et contrarié, il ne lui reste plus qu'à suivre une Mitsuki toute fière de son "plan rencontre forcée" jusque dans le salon, là où il retrouve le regard mi compatissant mi sérieux de son père, assit sur le canapé, un journal à la main et la télécommande de la télé dans l'autre.
_ Bonsoir fiston. se contente t-il de prononcer en hochant la tête.
Masaru, à la mémoire de Katsuki, ne s'est jamais montré particulièrement expressif, ni dans sa relation avec sa femme, ni dans celle qu'il entretien avec son fils.
Bien qu'aimant, et souvent doux, ses interventions se limitaient souvent au strict nécessaire et, si bienveillant soit-il dans ses intentions, Katsuki ne se souvient pas avoir déjà reçu le moindre bisou ou autre geste tendre de la part de son père.
Un homme discret en somme, pour qui le contact ne présente rien d'instinctif.
Parfois, Katsuki aimerait le voir se rapprocher un peu, le prendre dans ses bras à la fin d'une intervention pénible et fatigante, simplement l'entendre dire "je suis fier de toi" et embrasser son front comme d'autres le font.
Bien sûr, il ferait mine de détester ça, il râlerait pour la forme, mais en réalité ..
Oui, il voudrait bien.
_ Salut papa.
_ On discute dans la cuisine avec Inko, ton père nous emmerde avec son match qui gueule à la télé. taquine sa mère en le rattrapant par le bras. Tu viens dire bonjour ?
Contraint sans pouvoir émettre la moindre objection, il lance simplement un dernier regard à son père, dont l'attention se focalise à nouveau sur l'écran de sa télévision, le dos légèrement courbé et le front plissé de concentration au dessus de ses lunettes carrées.
De Masaru, Katsuki n'a pas hérité grand chose, ni le châtain de ses cheveux, ni le marron de ses yeux, pas plus que son calme, et encore moins son indifférence notoire.
Pour tout ça, c'est sûr, Katsuki descend bien de sa mère, colérique et excentrique, incapable de lâcher le morceau quelque soit la situation, et généralement branchée sur le deux cent vingt volts.
Quand bien même l'âge la rattrape progressivement, elle n'en reste pas moins une femme active.
De plus en plus renfrogné, trahissant une timidité qu'on ne lui connait pas et un malaise naissant, il suit docilement sa mère jusqu'à la seconde pièce, la tête rentrée dans ses épaules découvertes, révélées par le simple marcel noir qu'il porte actuellement.
Revoir Inko, voilà bien un événement dont il se serait passé encore un petit bout de temps, et surtout qu'il aurait aimé pouvoir préparer à l'avance, alors que la gêne et l'insécurité de ses remords viennent gâcher son euphorie post-intervention animée.
Alors, aussi lentement que possible, et profitant du dos de sa mère pour s'y cacher encore quelques secondes de plus, il entre dans la cuisine sans relever les yeux, mâchouillant nerveusement sa langue en cherchant des mots qui ne viennent pas.
_ Bonsoir Katsuki. lui parvient doucement cette voix.
Cette voix qui a bercé son enfance, qui l'a élevé presqu'autant que sa propre mère, rassuré et bordé dans sa propre maison à de nombreuses reprises.
Aux côtés de son fils, Izuku, elle occupait une place importante dans sa vie, un peu comme une seconde famille, un mur porteur dans sa construction, Katsuki sait qu'il lui doit beaucoup de souvenirs.
A elle, et à Deku, malgré tout le mal qu'il a pu lui faire par la suite.
Relevant le regard sans fierté, les lèvres pincées et le souffle rendu plus difficile par la honte, il s'efforce de redresser son dos et ses épaules, cherchant la force de la regarder dans les yeux malgré la gêne profonde qui noue son estomac.
Le sentiment d'être un abominable moins que rien lui burine le ventre quand il tombe enfin sur elle, avec son sourire bienveillant, et ses iris plus verts que l'herbe au printemps.
Les années ne l'ont pas beaucoup changée, au delà de quelques rides et une poignée de cheveux blancs coincés dans la pince qui maintien sa coiffure, elle reste identique à ses souvenirs.
Peut-être a t-elle pris un peu de poids, sans que ça n'enlève rien à sa posture de maman, ni à la douceur de son intonation, alors que Katsuki hoche mécaniquement la tête en dévisageant la femme, qu'il dépasse désormais de plusieurs têtes.
Il ne se souvenait pas qu'elle était si petite, tous comptes faits.
_ Bonsoir. ose t-il seulement après plusieurs secondes.
_ Tu as beaucoup grandi, ça fait si longtemps qu'on ne s'est pas vu. reprend-elle sans se défaire de sa douceur. Comment vas-tu ?
Mal à l'aise, et décontenancé par sa gentillesse alors qu'il se souvient de cette soirée, à l'époque du collège, quand elle insultait toute la famille Bakugo sur huit générations en découvrant le harcèlement que subissait son enfant.
Dans son regard, il reconnait un peu de celui de Deku, tout du moins s'il s'en fie à sa mémoire, lui aussi possédait cet éclat intangible et pourtant si marquant, encore plus mis en avant par les constellations de tâches de rousseur recouvrant son visage.
_ Je vais .. bien. répond-il sans oser lui retourner la question, déviant le regard par la même occasion.
_ Tant mieux ! Tu es devenu un héros talentueux, en plus d'être un charmant jeune homme, je suis heureuse de te voir réussir dans ta vie.
Raclant sa gorge, Katsuki doute d'avoir réellement réussi sa vie, mais les mots d'Inko atteignent quand même son cœur, tirant malgré lui un sourire rougissant sur son visage.
_ Oh, reprend-elle en sautillant presque sur elle même. J'ai eu Izuku au téléphone hier soir, je lui ai dit que je passais la soirée ici, avec toi également. Il t'envoie le bonjour, il sera content d'avoir des nouvelles de toi. Il m'en demande souvent, malheureusement on ne s'était pas revu depuis ... termine t-elle en baissant le ton sur la fin de sa phrase en suspens.
Plus lourd encore que le poids d'une chappe lui tombant sur la tête, il perçoit le regard insistant de sa mère sur ses travers, attendant vraisemblablement qu'il profite de l'occasion pour faire ce qu'il doit faire depuis bien des années déjà.
Piégé par l'autorité de Mitsuki, et conscient qu'elle ne le lui pardonnera jamais s'il n'obéit pas à son ordre silencieux, il inspire tranquillement et profondément avant de se ratatiner à nouveau, le front baissé vers les carreaux de carrelage, ses mains plongeant au fond des poches de son pantalon.
_ Je suis désolé. souffle t-il entre ses dents. J'aurai pas dû .. s'étrange t-il ensuite dans ses mots. J'espère que De- Izuku ... va bien.
_ Je te remercie. Il m'a fallu du temps, mais je suis prête à accepter tes excuses. lance t-elle sans hésitation. Izuku est bien moins rancunier que moi, enfin, je crois que c'est dans sa nature. C'était il y a .. plus de dix ans, j'imagine que nous sommes tous prêts à passer à autre chose.
Puis, un court silence prend la place des paroles, les trois occupants de la pièce se regardant à tour de rôle comme une conclusion muette, Katsuki raide comme un piquet, Mitsuki vraisemblablement fière de lui, et Inko relançant finalement la conversation en premier.
_ Et il va bien, merci de demander. Il a passé quelques mois en Italie pour travailler sur un projet important, mais il est de retour en France, il y vit depuis qu'il a démarré ses études supérieures. C'est loin, mais je crois qu'il s'y plait vraiment, alors c'est le principal.
_ Oh, en Italie ? s'extasie Mitsuki comme une enfant, les yeux plein d'étoiles.
Puis, récupérant son verre précédemment posé sur la table de la cuisine, Inko boit une gorgée tout en hochant la tête, avant d'aller s'assoir sur une chaise pour s'y mettre plus à son aise, prête à raconter les exploits de son fils.
_ Il est ingénieur en biotechnologies, il dit toujours qu'il n'y a pas de quoi se vanter, mais je suis très fière de son parcours. Même si j'aimerais pouvoir le voir plus régulièrement, il ne rentre pas souvent malheureusement.
Par réflexe, Katsuki penche la tête en se demandant, parce que c'est plus fort que lui, si les oreilles de OneBrain trainent par ici, et si dans ses dossiers le concernant, il possède aussi cette période honteuse de sa vie, quand il s'amusait à maltraiter son ami d'enfance par fierté et égoïsme.
S'il y a bien des souvenirs qu'il souhaiterait effacer, ce sont ceux là, ces moments où il se revoit, lui même, frappant de toutes ses forces sur le corps bien fébrile d'un Izuku pétrifié.
Les insultes, les bleus qu'il dessinait sur ses bras et dans son dos, la morsure de sa méchanceté, et toutes les marques qu'il a pu laissé dans son cœur et dans ses traumatismes bien des années plus tard.
Deku pardonnait toujours tout, mais personne ne peut oublier de telles souffrances, il va de soi qu'elles ont dû influencer l'homme qu'il est devenu, et Katsuki ne saurait jamais s'en faire suffisamment pardonner.
_ Je lui dirai que tu as demandé des nouvelles, il sera content j'en suis sûr. Et peut-être que la prochaine fois qu'il viendra me rendre visite, vous pourriez vous voir. Je suppose qu'avec le recul, vous avez plein de choses à vous dire.
_ Peut-être. tranche Katsuki sans trop s'y attarder.
Puis, bien trop gêné pour aller plus loin, il tourne finalement les talons pour regagner le salon, là où son père n'a pas bougé d'un iota, toujours captivé par l'écran de sa télévision et les doigts accrochés à la télécommande comme si sa vie en dépendait.
En silence, Katsuki prend place sur une des chaises qui entourent la table ovale, appuyant son coude sur le plateau puis son menton dans sa main, le regard quelque peu vide et les pensées tourmentées.
Il n'avait pas prévu ça pour ce soir, à vrai dire.
_ Dis moi, entame son père sans lâcher l'écran des yeux pour autant, vous en êtes où avec cette affaire là .. "le sourire" comme ils l'appellent ? C'est une enquête difficile ?
_ Ah non ! s'esclame Mitsuki en surgissant de la cuisine.
Les mains chargées de plats, et aux côtés d'une Inko au sourire perplexe, la mère de famille s'avance jusqu'à la table en grondant son mari.
_ On a dit qu'on ne parlait pas de travail, ni d'enquêtes ni d'attentats. On en voit assez à la télé, et Katsuki s'en coltine déjà suffisamment comme ça toute la semaine. Viens manger, et baisse le son.
Râlant comme un adolescent contrarié, Masaru obéit malgré tout à sa femme avant de rejoindre la table, s'installant aux côtés de son fils pour entamer le repas.
Au demeurant, le poids de la gêne et des erreurs passées flottent sur la pièce et l'ambiance, alors que les discussions peinent à se lancer, Mitsuki et Inko conversant ensemble pendant que les garçons restent en retrait.
Le nez dans son plat, Katsuki se concentre sur le goût réconfortant de la cuisine de sa mère, lui qui n'a plus vraiment le temps de s'étaler en préparations culinaires au quotidien, et écoute simplement les échanges sans oser y intervenir.
Plusieurs fois, Inko tente de le questionner sur sa vie, ses passes temps ou ses relations en général, espérant faire s'envoler la gêne pour ouvrir plus de conversations, mais Katsuki se limite la plupart du temps à des réponses brèves, fermées ou presque inaudibles.
Peu importe les sentiments de madame Midoriya à son égard, il ne peut pas s'empêcher de garder en mémoire ce qu'il a fait à son fils et, à sa place, il n'aurait sans doute jamais pardonné.
Cet écart de réaction le met mal à l'aise, convaincu qu'il ne pourra plus jamais s'adresser à elle comme lorsqu'il était enfant.
Du reste, il ne s'en estime pas légitime.
Il ne mérite pas qu'elle se montre si douce et avenante.
Alors, quand la fin du repas se présente enfin, et que l'horloge de la pièce indique bientôt vingt deux heures, il s'empresse d'user de l'excuse de son travail pour ne pas s'éterniser, empilant les bols et les assiettes au centre de la table en guise de participation.
_ Je dois me lever tôt demain, ça va être une longue journée. Je vais vous laisser.
_ Oh, s'inquiète doucement sa mère. Vous êtes sur une grosse intervention ? Tu ne m'en as pas parlé. Tu fais attention à toi hein ?
_ Oui maman ..
Sans s'attarder outre mesure, préférant éviter de lancer un débat alors qu'il voudrait simplement rentrer chez lui, il quitte enfin sa chaise, le ventre trop rempli de nourriture et la fatigue pesant sur son front.
Contournant la table, Mitsuki vient embrasser son fils une dernière fois, susurrant à son oreille quelques remerciement pour ses efforts lors de cette soirée, et Inko s'avance à son tour pour le saluer.
_ A bientôt Katsuki, dit elle en touchant son avant bras.
Puis, sur un simple signe de tête, Masaru signifie un bref au revoir à son garçon, un léger sourire affectueux mais discret sur les lèvres, comme s'il ne pouvait pas se permettre plus.
Outre la frustration, et la lourdeur de ce repas, Katsuki s'en va avec la sensation d'avoir vécu trois journées d'affilée sans dormir, les jambes lourdes comme deux piliers de bétons et les yeux piquants d'une profonde envie de repos.
Alors, priant pour que le déroulé de cette soirée ne soit pas un mauvais présage pour demain, il regagne sa voiture en silence, traversant la route bientôt complètement plongée dans la nuit.
A cette heure ci, et dans les quartiers calmes de la résidence familiale, plus personne ne traine sur les trottoirs, laissant flotter un apaisement infini entre les maisons et les jardins fleuris.
Une ambiance toute particulière, qui n'appartient qu'à ce lieu, et dont les souvenirs n'ont sans doute pas de prix.
Il doit se contenter d'eux aujourd'hui, les souvenirs.
Enfin, montant à bord de son véhicule, allumant les phares malgré les résidus de soleil encore présents, il reste totalement muet sur le trajet du retour, curieux de l'activité de OneBrain pendant ce temps, alors que ce dernier a potentiellement passé sa soirée à espionner la sienne.
Il l'avoue, ce type prend de la place dans ses préoccupations, et dans son quotidien de manière général, toujours terré quelque part dans un coin sans que Katsuki ne puisse lui mettre la main dessus.
Tout du moins, jusqu'à demain soir !
Cette idée lui permet de garder espoir, se focalisant sur la mission qui débutera demain à l'aurore pour ne plus penser à tous ses autres tourments.
Quand il arrive dans son bâtiment, et quand il monte les escaliers menant à son appartement, il continue de ne songer qu'à ça, à cette organisation millimétrée qui doit fonctionner, et à l'effervescence qui suivra, quand la presse viendra retranscrire, enfin, l'arrestation du sourire.
En entrant chez lui, il en oublierait presque de consulter son ordinateur, l'esprit enveloppé dans le retour de son euphorie impatiente, à l'idée de sa future victoire.
Pourtant, il fait malgré tout l'effort d'y jeter un coup d'oeil, déverrouillant l'appareil pour illuminer l'écran, et vérifiant le chat toujours ouvert.
Il ne peut pas le fermer du reste, la page ne possédant aucun bouton le permettant et, même en redémarrant l'ordinateur, comme il a essayé de le faire quelques fois, elle réapparait toujours, indemne et avec tout son historique de conversation.
Un véritable glitch, dont OneBrain n'a jamais voulu lui donner le secret.
Se penchant sur l'ordinateur, sans s'assoir devant pour autant, décidé à simplement zieuter un coup avant d'aller au lit, il ouvre la bouche et cligne frénétiquement des yeux en lisant le dernier message reçu, il y a visiblement tout juste une minute.
Et son cœur se serre, comme sa poitrine cogne désormais d'une insécurité soudaine, et de doutes palpables.
𝙾𝚗𝚎𝙱𝚛𝚊𝚒𝚗 - 𝙰 𝚍𝚎𝚖𝚊𝚒𝚗 :)
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Hey !
En voilà une heure pour publier ! Mais j'ai terminé le travail de relecture plus tôt que ce que je pensais, alors j'ai décidé de poster 🥰
Au début, je n'étais pas trop sûr de mettre Inko en avant, mais finalement j'ai trouvé que l'ironie de la situation me plaisait bien, alors j'ai décidé de lui consacrer un petit bout d'histoire avant de poursuivre.
J'espère, comme d'habitude, que le chapitre vous a plus, et en attendant le prochain, je vous embrasse 😘
Prenez soin de vous ❤
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