Osᴄᴀʀ


⇢ ..Δ Γ I I..

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↳ ░░░░░░░░░░░ éɴdeιхι -- Oѕcαr

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_ Hey. 

Le téléphone contre la joue, Katsuki ouvre d'abord la bouche par automatisme, la gorge néanmoins muette et le regard perdu dans le flou de son champs de vision. 
Au bout du fil, la voix de l'inconnu ne lui dit rien du tout, mais sa manière de le saluer l'interpelle davantage, lui rappelant les débuts de ses communications avec OneBrain au travers du chat fantôme. 
Son timbre, bien masculin, résonne d'une intonation presque candide, légèrement puérile même, vibrant à son tympan comme une invitation amicale, dans cette situation qui n'a pourtant rien de joviale. 

En fond sonore, un faible grésillement permanent emplit le faux silence, semblable au chuchotement intempestif de la neige sur un vieil écran de télévision, et évoquant étrangement un décor glauque et inquiétant. 
Le souffle encore coupé par la surprise, la salive s'entassant sur le fond de sa langue sans qu'il ne trouve la force de déglutir, Katsuki cligne nerveusement des paupières en cherchant des mots qui n'existent pas dans sa gorge. 
Sa main moite contre le dos de l'appareil, ses jambes fébriles sur le sol bizarrement instable de son appartement, il ne réussit qu'à rester complètement coi dans son micro, le corps raidi et mal courbé. 

_ GroundZero a perdu sa langue ? rit doucement son interlocuteur après quelques secondes. 

_ T'es qui ? bégaie t-il maladroitement entre ses dents serrées. 

_ Vraiment ? Tu n'as pas une petite idée ? 

Sans bouger, avec cette sensation trop forte d'être épié sous tous les angles, il peine à réunir sa voix dans sa bouche, les pieds vissés dans le sol comme deux piliers de béton plantés dans la roche. 
Son ventre cogne, le cœur sifflant jusque dans son estomac, alors que sa poitrine se disloque d'incertitudes et de craintes innommables, un excès de stress ralentissant chacune de ses intentions pour le maintenir en place. 
Contre ses tempes, les martellements de son rythme cardiaque le rendent sourd à son environnement, le laissant tout juste capable d'entendre le crissement du silence dans le téléphone. 

Il hésite, de longues secondes, avalant enfin la salive qui manque de l'étouffer tant elle s'accumule sous son palais. 
Son instinct en première ligne, il devine l'identité approximative de l'homme à la voix innocente, mais ses réflexes le poussent à se montrer prudent, imaginant malgré lui un piège de la DGSN pour tenter de l'incriminer toujours plus dans le désastre de la ville. 

_ C'est toi qui m'appelles, à toi de me le dire. gronde t-il pour se décharger.

A l'autre bout de la ligne, son interlocuteur ricane un instant, secouant sur le réseau un rire sadique et amusé, presque menaçant par sa douceur surjouée, crispant davantage Katsuki sur son socle invisible. 

_ J'aimerais bien, mais tu ne m'as toujours pas donné de nom. 

Son aisance surnaturelle le laisse inexorablement perplexe, alors que son intonation parfaitement détendue tranche avec l'angoisse sourde qui plombe Katsuki dans son propre corps figé. 
Dans son salon d'ailleurs, plus aucune perturbation ne semble traverser l'espace, un peu comme si le temps venait de s'arrêter, et l'oxygène en suspens au dessus de lui l'enferme dans une bulle de vide inquiétant. 
Tout seul face à la situation, et conscient des risques judiciaires qu'il prend rien qu'en restant au téléphone avec lui, il doit d'abord trouver la force de se sortir les pieds de la vase pour débloquer ses muscles. 

Piétinant d'abord nerveusement, décollant ses talons du sol pour tenter de se déplacer, son premier pas, plus lourd que celui d'un éléphant sur une planche en bois, l'emporte malhabilement vers l'avant sans véritable destination. 
Son dos craque littéralement tant ses os peinent à suivre le mouvement de ses muscles, et le poids de sa propre tête sur sa nuque lui tord les vertèbres. 

_ Pourquoi tu m'appelles ? murmure t-il comme si quelqu'un le surveillait. 

_ Ils vont prendre ton ordinateur, mais pas ton téléphone, n'est-ce pas ? 

_ Mais- Je. échoue t-il en s'empêtrant lamentablement dans ses mots. Tu as supprimé nos conversations de mon ordinateur ! J'vais avoir encore plus de problèmes avec tes conneries. 

Presque comme un complice, Katsuki agit dans le secret de son appartement en toute conscience de ses agissement absolument suspects, alors qu'il s'adresse à OneBrain comme à son compagnon de crime. 
La situation le dépassant totalement, il se laisse emporter dans les dérives de sa contre enquête, plongeant plus ou moins consciemment dans une pseudo justice parallèle et tout à fait illégale. 
A ce stade, il ne vaut pas mieux que le sourire lui même aux yeux de la DGSN s'il se fait surprendre ainsi, avec ses allures d'agent double pas du tout maitrisées. 

_ Oh ? Tu préférais qu'ils voient à quel point nos conversations ne sont pas du tout professionnelles ? Ou alors tu comptais leur donner des explications quant à la jolie plaque en fonte que tu planques chez toi ? Si tu veux, je peux leur rendre les preuves, mais comment comptes tu les dépasser si tu n'as aucun coup d'avance sur eux ? 

Sa remarque, qui résonne à la fois comme une menace et un geste protecteur en même temps, vibre étrangement dans l'oreille de Katsuki. 
C'en est même un peu désagréable, cette façon de ne pas réussir à cerner la nature de ses intentions, alors qu'il ignore si son interlocuteur joue de son côté, ou s'il s'amuse à se servir de lui comme d'un pion facilement manipulable. 
Et, sur ce plateau d'échec, dont Katsuki ne connait rien de l'emplacement des pièces de l'adversaire, il ne peut que progresser à l'aveuglette, en espérant ne pas se faire bouffer sans avoir pu tenter la moindre riposte. 

_ Pourquoi tu fais ça ?! T'es pas supposé m'aider je te signale, à quoi tu joue ? 

_ Peut-être que j'ai tout intérêt à te guider ? Tu crois que je me donne autant de mal dans le vent ? 

_ Donc tu te sers de moi ? accuse Katsuki en fronçant les sourcils, se voulant agressif et menaçant malgré l'anxiété qui le traverse. 

_ Qui se sert de qui d'après toi ? Tu ne cherchais pas la gloire ? 

Il doit prendre quelques secondes pour réfléchir, il faut qu'il se pose, parce que ses jambes ne le portent plus et sa tête ne parvient plus à faire le tri des informations. 
Le vertige qui l'attrape l'oblige d'ailleurs à inspirer longuement tout en fixant son regard sur un point fixe pour ne pas perdre l'équilibre, s'efforçant de ne pas se casser la gueule en direct malgré son corps tout à coup fébrile. 
Trainant les pieds au sol de peur de basculer d'une seconde à l'autre, il promène hasardeusement ses yeux à droite et à gauche à la recherche d'un poste de repos, s'avançant alors précautionneusement vers une chaise. 

Puis, s'installant lentement dessus en veillant à ne pas s'écrouler contre le dossier, il soupire enfin pour libérer un tant soit peu du stress monstrueux qui pulse à son estomac. 
Ses idées le matraquent, tambourinent à son crâne sans qu'aucune réflexion pertinente ne puisse en découler et, dans cette marée de pensées en roue libre, ses mains se mettent à trembler violemment. 
Le souffle court et une quinte de toux au bord de la gorge, il en perd sa capacité à garder les yeux ouverts, les paupières sauvagement fermées pour se défaire une seconde de la réalité trop terrifiante. 

Son cœur bat trop fort et trop vite, sa poitrine lui fait mal, et il se sent infiniment perdu dans son propre décor, démuni et désemparé sur sa chaise en bois, le téléphone entre les doigts, privé de tout contrôle sur sa situation. 
Le doute le démange à mesure qu'il ne trouve aucune autre solution, hormis celle de se laisser entrainer par sa propre cible sur un terrain autant inconnu que dangereux. 
Depuis l'autre bout de la ligne, le grésillement du silence le happe comme l'ombre avale la lumière, féroce et discrète, incontrôlable et sans limite. 

_ Je t'ai perdu ? questionne trop gentiment son interlocuteur au téléphone. 

_ Je suis là. 

_ Calme toi.  

Perturbé, Katsuki ouvre subitement les yeux, toujours plus décontenancé face aux manières bienveillantes de l'autre, ce dernier lui chuchotant de reprendre son souffle et de ne pas paniquer alors qu'il devrait au contraire se réjouir de son état. 
Il n'y a, définitivement, aucune logique dans le fonctionnement de leur relation, et Katsuki s'y perdra à coup sûr, déjà incapable de distinguer les intentions du sourire vis à vis de lui. 

_ Je peux raccrocher, reprend OneBrain après avoir apaisé Katsuki. Si tu veux, je peux couper toutes mes communications avec toi, remettre des conversations falsifiées sur ton ordinateur pour te libérer des soupçons, et trouver quelqu'un pour te remplacer. Si tu n'as pas envie de ça, je ne te force à rien après tout. C'est toi qui choisis Katsuki. Oh, tu me permets de t'appeler Katsuki ? 

Katsuki ne possède aucun diplôme de négociateur professionnel, mais il n'en a pas besoin pour comprendre que sa question n'a pour seul objectif de le manipuler en s'appuyant sur ses propres motivations. 
Qui plus est, sa façon de jouer le rapprochement le confirme, pourtant, il choisit délibérément de se jeter dans la partie, si inéquitable et risquée soit elle.
Alors, en redressant légèrement son dos bien que toujours tendu, il déglutit la salive pâteuse qui colle à ses dents tout en levant le front vers le plafond, fixant son regard sur une ligne de peinture avant de lâcher prise. 

_ Raccroche pas. Et appelle moi comme tu veux, je m'en tape. 

_ Très bien. 

Le ton mi sérieux mi guilleret, son interlocuteur soupire faussement de soulagement, comme s'il pensait réellement que Katsuki réagirait autrement, avant de relancer la conversation dans le plus grand des calmes. 

_ Ton amie a trouvé mes micros de l'agence centrale tout à l'heure. Votre mini enquête était mignonne à voir. 

_ Laisse la en dehors de ça ! prévient Katsuki sur la défensive. Laisse la tranquille. 

_ C'est toi qui l'a impliquée, pas moi. se défend l'autre au téléphone, une vibration moqueuse dans la voix. 

Touché, et poussé dans ses retranchements, il serre les dents et force sur ses pieds, cherchant mécaniquement à les enfoncer dans le carrelage comme s'il pouvait y trouver une quelconque réponse, et un grognement secoue son palais quand il abdique une première fois. 

_ Ne lui fais rien quand même. 

_ Sinon ? joue le sourire sans le prendre au sérieux. 

_ Je te tuerai. 

_ Oh. Très bien, on va dire que c'est un deal alors. 

Puis, fermant et rouvrant nerveusement son poing libre pour défouler son stress, Katsuki laisse filer un petit instant de flottement, les yeux rivés sur sa paume qui apparait et disparait sous ses doigts, cherchant comme il peut un moyen de reprendre le dessus sur la discussion malgré son trouble. 

_ Comment t'as fait ? Pour entrer dans l'agence centrale ? 

_ Je suis sûr que tu peux trouver tout seul. Je ne vais pas te donner toutes les réponses quand même. 

_ C'est quoi ton alter ? 

Gentiment, un rire calme et amusé traverse le réseau. 
Le sourire, absolument détendu et tout à fait serein, se révèle en totale opposition avec les angoisses hurlantes de Katsuki, et le paradoxe de leurs réactions donne à cette discussion tout son caractère instable. 

_ T'es mignon quand tu t'emportes. 

_ Hein ? Mais ta gueule ! s'énerve Katsuki dans son malaise soudain. C'est quoi ton putain de problème ? 

_ Mon problème ? J'ai juste dit que ta voix est craquante, c'est un problème ? 

_ Bien sûr que c'en est un ! bondit il en se relevant instinctivement sur ses jambes. T'es complètement j'té, on est pas en train de flirter bordel. 

Il ne comprends plus rien, à sa manière de procéder, à la tournure de cette conversation, aux insinuations de son interlocuteur, et aux dérives qu'ils finissent toujours par suivre malgré lui. 
GroundZero, mit à pied ou pas, demeure un héros au service de la justice, et son boulot reste de traquer l'enfoiré qui joue les lovers dans le téléphone, ça ne devrait pas se passer comme ça, et rien n'a de cohérence dans ses agissements. 
Qui plus est, sa façon de ne pas le prendre au sérieux lui hérisse les poils sur les bras, se sentant prit de haut et baladé tel un animal de compagnie, à la limite de l'humiliation publique. 

_ Pourquoi pas ? 

_ De- Bah, tu- mais- T'es pas clair putain. 

Désormais debout au milieu du salon, bégayant comme un adolescent et se sentant immensément con, il piétine en s'efforçant de retrouver un minium de contenance dans son attitude pour ne pas paraitre totalement ridicule. 
Alors, sans trop y réfléchir et par réflexe, il reprend place sur sa chaise et ramène à nouveau son ordinateur jusqu'à lui, rouvrant l'écran précédemment claqué férocement, mais qui reste miraculeusement intact. 

Rallumant l'appareil, il tapote le bout de ses doigts contre le bord du clavier pendant que le bureau s'ouvre tranquillement, moulinant quelques secondes avant d'afficher toutes ses icônes. 
Puis, cherchant l'onglet de son navigateur internet, il entre dans les paramètres en soupirant de trac, contrôlant sa respiration pour tenter de détourner sa propre attention. 

_ Qu'est-ce que tu fais ? l'interroge innocemment le sourire. 

_ Ils vont prendre mon PC, j'efface mon historique de recherche. 

_ Tu penses qu'ils s'intéressent aux sites porno que tu consultes ? 

Malgré lui, Katsuki roule des yeux en se mordant l'intérieur de la joue, réprimant un sourire automatique et puéril entre ses dents, le regard gêné et les lèvres tirées. 

_ T'es mignon aussi quand tu te retiens de sourire. 

Stoppé dans ses gestes, il fronce immédiatement les sourcils en bloquant son souffle, et incline suspicieusement la tête sur le côté en serrant la mâchoire. 
La contrariété dans le regard, il se penche en avant par dessus le clavier, plante ses pupilles menaçantes dans l'objectif de sa webcam, avant d'ouvrir furieusement la bouche. 

_ T'es sérieux ?! T'avais dit que t'avais pas de caméra chez moi ! 

_ Techniquement- 

_ Mais y'a pas de techniquement ! T'as dit que tu me regardais pas ! Et tu m'as menti, tu t'fous de ma gueule ? 

La rage dans le ventre, et cette sensation anormale et désagréable de trahison dans la gorge, il secoue la tête en lançant un doigt d'honneur à l'écran de son ordinateur, en colère et vexé d'avoir été dupé sur ce point. 
Il lui faisait confiance, en acceptant de le croire quand il affirmait ne pas posséder de caméra braquée sur lui, et la déception qui transperce sa voix résonne presque de tristesse quand il reprend en claquant sa langue à son palais. 

_ Tu m'avais promis. 

_ D'accord. concède son interlocuteur. D'accord, je le ferai plus. Je déconnecte ta webcam, promis. Ok ? 

_ Et je suis censé te croire maintenant ? 

_ Je te jure que je ne te vois plus. Tu me pardonnes ? minaude le sourire tel un enfant aux yeux doux. 

Fixant la petite caméra comme un animal potentiellement dangereux et prêt à attaquer, il s'avance encore comme s'il pouvait réellement déceler la présence du sourire de l'autre côté de l'objectif. 
La confiance écorchée, il hésite un petit moment avant de se résoudre à reprendre la parole, détournant le regard de l'objet de ses doutes pour en revenir à son historique de navigation. 

_ T'as pas intérêt à me mentir encore. 

Puis, tiltant en même temps qu'il parle, passant le curseur de sa souris sur quelques liens plus ou moins avouables, il se fige encore tel une statue de cire en battant des cils, un nœud de malaise se créant à travers son buste tout entier. 

_ Attend, attend ! hausse t-il subitement. Tu me matais tout le temps ? 

Sur la ligne, un rire plus que franc agite le réseau pendant plusieurs secondes, OneBrain totalement hilare contre son micro, alors que le visage de Katsuki devient de plus en plus livide et tâché de honte. 
Peinant presque à reprendre son souffle entre deux éclats amusés, l'autre doit s'y reprendre à trois fois avant d'articuler correctement une réponse, la voix tapissée de moqueries. 

_ Dommage que je ne puisse plus voir ta tête, elle doit être incroyable. 

_ Répond à ma question ! panique Katsuki en s'imaginant un vieux dégueulasse en train de l'espionner dans ses moments de relâchement. 

_ Ok, ok, détend toi. rit son interlocuteur. Tu sais, il y a aussi des choses que j'ai pas envie de voir figure toi, et je ne suis pas complètement obsédé non plus. Sois rassuré. 

Facile à dire ouais ! 
Et Katsuki se crispe encore malgré lui, craignant pour son intimité et ses secrets d'homme. 

_ Rassuré ? C'est pas franchement rassurant sans déconner. Tu te permets d'entrer partout dans ma vie, et rien me prouve que t'es pas un vieux dégénéré qui se branle sur ma webcam. 

_ J'ai l'air d'être vieux ? ironise le sourire en jouant sur les sous entendus de sa réponse. 

_ Ferme la putain. Tu me stress. 

Et l'autre qui se marre encore, se foutant ouvertement de sa gueule et de son malaise sans la moindre honte! 
Finalement, il l'insupporte, à résonner ainsi de son rire candide et trop innocent pour les mots qui portent sa voix, se jouant d'une situation foutrement gênante comme deux potes qui ne se cachent rien. 
Et, si Katsuki n'a vraisemblablement plus de secret pour OneBrain, bien que contre son gré, lui ne sait rien du tout de l'homme à qui il parle, déséquilibrant totalement la partie et désavantageant le héros sur le plateau d'échec. 

_ Tu pourrais au moins me donner ton prénom, c'est un minimum à côté de tout ce que t'espionnes de moi. 

_ Je t'ai déjà dit de m'appeler comme tu veux. T'as qu'à m'en trouver un, de nom. 

_ Tu fais chier .. souffle Katsuki, résigné et agacé par son manque de sérieux. Donne moi au moins un truc, fais un effort, une lettre, quelque chose ! 

Terminant de vider son historique, et par mesure de sécurité, il ferme à nouveau l'écran de son ordinateur, préférant ne pas faire entièrement confiance au sourire dans l'immédiat, alors qu'il garde encore en travers de la gorge cette petite trahison désagréable. 
Puis, se levant à nouveau pour marcher jusqu'à la fenêtre de son salon, donnant accès à la vue de l'extérieur, il tire le cou pour distinguer au loin l'agitation toujours présente dans les rues de Musutafu. 

_ Ok, une lettre alors. Mhhh .. fait il mine de réfléchir comme s'il s'épelait son propre prénom. Z. 

_ Z ? Sérieusement ? 

_ On avait dit une lettre, je t'ai donné une lettre. Maintenant tu te débrouilles. 

Désemparé, peut-être un peu blasé également, il roule des yeux avant d'abdiquer, refusant néanmoins d'aller chercher plus loin. 

_ Ok. Bah Z alors. 

C'est pas tout à fait un nom, mais c'est déjà ça de pris, et il pourra au moins mettre un semblant d'identité sur la tronche du sourire, qu'il baptise désormais, sans trop d'effort, Zed. 
Fixant malgré lui son attention à travers la vitre, il observe les cordes de flotte tomber sur le décor, et l'empreinte blanchâtre des volutes de fumée étouffés dans l'air, songeant une fois de plus à l'échec de sa mission, et aux victimes qui en ont payé le prix. 
Une seconde, il baisse les yeux en pensant à Kyoka, inquiet de sa situation et priant pour que l'équipe de recherche la retrouve saine et sauve, avant de laisser son esprit lui rappeler la situation de Hanta, et la douleur qu'il imagine très bien dans le regard de Shoto.

Encore, la culpabilité lui serre la gorge, et toute cette amertume retenue, ravalée jusque là, remonte brutalement sa trachée dans une marée acide et nauséeuse. 
Les paupières à nouveau brûlantes, les sentiments complètement en vrac et une fatigue morale qui le dépasse totalement, il pince ses lèvres en plissant le front, espérant que l'eau qui menace ses paupières ne le trahira pas. 
Son crâne s'alourdit un peu plus à chaque instant, ramollissant sa nuque et affaissant ses épaules de toute la surcharge émotionnelle qui l'envahit progressivement, agressivement, inexorablement. 

Le visage légèrement déformé par le désarroi qu'il tente de cacher dans sa respiration sourde et saccadée, il se retient de renifler puérilement dans le combiné en s'éloignant de la fenêtre, le besoin urgent de se reposer lui mordant le front et les yeux. 
Marchant vers sa chambre, là où il s'échoue mollement sur son matelas, il enfouit son nez dans un oreiller, le téléphone contre le tympan et le ventre douloureux d'angoisses et de remords. 

_ T'es toujours là ? s'inquiète "Zed" au téléphone. 

Sans répondre vraiment, il grogne contre le coussin, la voix tremblante d'un sanglot instable, et son dos se crispe douloureusement quand ses larmes sauvages imbibent le tissu contre son gré. 
Epuisé, à bout de nerfs, et sentant la crise grimper furieusement le long de sa colonne vertébrale, il s'efforce de ne pas lâcher prise, presque en vain, alors qu'il voudrait pleurer bruyamment pour chasser un peu de sa frustration. 

_ Ca va pas ? 

_ D'après toi putain ?! s'étrangle t-il en relevant momentanément le visage. Ils- sans déconner, comment tu peux buter des gens et ne rien ressentir ?

_ Personne a dit que je ne ressentais rien.  

_ Joue pas au con maintenant! 

Perdant le contrôle sur lui-même, son corps s'enfonce dans son matelas, le ventre secoué de spasmes d'angoisse, serrant le tissu de la taie d'oreiller entre ses dents, alors que la fatigue le dépasse tellement qu'il en oublie de rester discret. 

_ Eh .. Calme toi, respire. s'adoucit clairement l'autre au bout de la ligne

Et puis, pendant qu'il se laisse aller à l'écouter lui donner l'exemple pour l'inciter à prendre de plus grandes inspirations, il perd le fil de la situation, incapable de déterminer son propre ressenti face à lui, et le poids de son front pulse si fort sous ses sourcils qu'il ne saurai pas dire exactement à quel moment il s'endort, le nez dans son coussin, et la voix posée de OneBrain, Z, contre son oreille. 

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Hey ! 

Comment allez vous par ce jeudi pluvieux ? 

J'aime beaucoup ce chapitre, même si j'ai mis un peu plus de temps à l'écrire que les autres, puisqu'il contient beaucoup de dialogue. 
Je suis curieuse de savoir comment vous ressentez l'évolution de cette drôle de relation, et les intentions réelles de notre Deku derrière son téléphone. 

Je profite de ce petit moment pour vous remercier, tous et toutes, suite à vos retours concernant mon message sur le chapitre précédent. Les commentaires plein d'amour et de soutien que j'ai reçus m'ont beaucoup touché, et je suis immensément fière de ma communauté de lecteurs et lectrices ❤ Vous êtes incroyables et je vous aime ❤

On se retrouve très bientôt pour la suite, d'ici là je vous fais un million de bisous (+1 pour la route) 😘

Prenez soin de vous, mangez du chocolat 🍫❤

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