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Trois jours, qu'il se liquéfie la cervelle sur l'écran de son téléphone, à éplucher les photos qu'il a prise de chaque page du registre d'émargement de l'agence, qui a déjà récupéré sa place bien au chaud dans le hall d'accueil.
Pour cause, après l'affolement de l'instant et au retour des premières accalmies, la disparition du livret finirait forcément par se faire remarquer et, parfaitement conscient de cet état de fait, Katsuki ne pouvait pas se permettre de le garder en sa possession.
Ainsi, quand Ochaco a rejoint son appartement pour lui ramener le précieux carnet volé, il s'est attablé pendant un long moment pour tout capturer dans son portable.
Tel deux clandestins dans une cave.
Page par page, veillant à ce que tous les noms recensés apparaissent nettement à l'image, il lui a fallu plus d'une heure pour photographier l'ensemble, sa collègue téméraire assise à ses côtés pour l'encourager.
En remplissant sa carte mémoire, et s'énervant sur l'auto focus qui décidait une fois sur deux de flouter l'essentiel, il s'est fait la remarque qu'il serait peut-être judicieux d'investir dans une photocopieuse, à l'avenir.
Sur plus d'une centaine de pages, des noms à n'en plus finir s'alignaient les uns en dessous des autres, et le boulot titanesque ne faisait que commencer à ce stade.
Si pénible soit cette tâche, elle n'en était que la plus facile au final.
Sur la chaise à sa gauche, Ochaco le questionnait discrètement de temps à autres sur les motivations de son enquête privée et, quand bien même elle ne le jugeait pas, il l'a surpris une fois ou deux à le mettre en garde.
Avec de bonnes intentions certes, elle lui répétait de ne pas prendre de risques inutiles et, si ses recherches le mènent à une réponse définitive, de ne pas s'engager tout seul dans une mission trop périlleuse pour un unique homme.
Il sait qu'elle soutient sa volonté de faire valoir ses compétences, mais elle n'en reste pas moins inquiète des limites qu'il ne s'impose pas toujours, espérant que Katsuki agira raisonnablement le moment venu.
Bien sûr, il répondait ce qu'elle voulait entendre, et ne s'est certainement pas aventuré à lui parler de la communication par téléphone avec Zed, ni de la plaque en fonte, encore moins de sa volonté d'aller au bout de cette affaire en solitaire.
Lui mentir, face à sa bienveillance, ne lui fait pas particulièrement plaisir, mais sa rancœur parlant plus fort que son discernement, il n'envisage pas d'autres alternatives à son entreprise.
Il mettra la main sur OneBrain, tout seul, et prouvera à tout le monde que les hauts gradés de la DGSN ne servent à rien dans l'équation héroïque, tout juste bons à donner des ordres irréfléchis dans des situations qui les dépassent.
A quoi servirait tout ça si, en définitive, il offrait le résultat de son travail aux chefs d'agence, se privant ainsi de toute réussite et de la reconnaissance qu'il mérite.
Finalement, peut-être que sa collègue regrettait de le conforter dans sa colère et sa vengeance et, passé la frustration passagère, elle préférait tempérer, après réflexion.
Tant pis, il disposait déjà des éléments nécessaires à la suite de son investigation, une fois toutes les pages enregistrées dans son téléphone, et la jeune femme s'est volatilisée à la fin de l'opération pour rendre discrètement le manuscrit précédemment volé.
Désormais, il restait à Katsuki toute l'analyse du registre à se taper.
Et, mon dieu, qu'il n'imaginait pas y perdre autant de temps.
Privé de son ordinateur, toujours entre les mains de la DGSN, qui accessoirement l'accuse d'avoir lui même supprimé les preuves de leurs conversations, il doit se contenter de son téléphone pour utiliser internet.
Alternant entre les photos et le navigateur, il en arrive à ressentir la naissance d'une tendinite à l'intérieur de son poignet à force de slalomer sur le multi tâches, tout comme ses yeux le brûlent atrocement.
Ligne après ligne, il entre chaque nom dans sa barre de recherche, regroupe les informations disponibles sur chaque identité, et élimine au fur et à mesure les suspects sans intérêt.
D'une mère de famille venue pour demander un renseignement concernant les stages, à un livreur déposant une cafetière sur le comptoir d'accueil, il s'assure de l'exactitude de chaque élément noté.
Vérifiant les photos d'identité, les informations relatives aux alters et aux professions de chacun, il accumule les heures, les jours et les nuits devant son écran lumineux, le téléphone désormais branché en permanence pour supporter la charge de travail qu'il lui demande.
Ses mains moites collent aux tranches de son portable, ses doigts tremblent à force de cliquer en boucle sur les mêmes choses, alors que son corps se ramollit sur son lit, un bloc note sur les genoux et le dos contre un tas d'oreiller empilés.
_ Et donc, ils t'ont encore rappelé ?
Et pour compléter le tableau, le haut parleur enclanché, il tape paradoxalement la discute avec sa cible ..
Tout en épluchant le registre d'émargement, les yeux concentrés sur son portable, il entretient en quasi permanence la conversation téléphonique avec Zed, qui s'en donne accessoirement à cœur joie.
Sa voix aux notes candides s'éparpillant entre les quatre murs de sa chambre, il l'écoute faire la discussion, lui répond quand il en trouve l'intérêt, et se laisse parfois bercer par le grésillement en fond sonore qui occupe tous les silences.
_ Ouais, rétorque t-il d'ailleurs en faisant défiler les résultats du navigateur de recherche. Ils sont persuadés que c'est moi qui ai fait disparaitre la conversation, et me demandent de la remettre. Ca fait trois fois que je leur dis que j'y peux rien.
_ C'est drôle. s'amuse OneBrain de l'autre côté de la ligne.
Blasé et plus du tout surpris, Katsuki roule des yeux en soupirant.
Globalement, Zed trouve tout drôle, même les situations complètement impossibles dans lesquelles il se retrouve, piégé entre la DGSN qui l'accuse d'avoir fermé les conversations et son complice de fortune qui ne peut désormais plus rien faire.
Faire réapparaitre des communications par magie à partir de maintenant serait désormais bien trop suspect.
Alors il attend, le cul entre deux chaises, que ses supérieurs finissent par capituler, en espérant qu'ils ne viendront pas le menacer de licenciement pour une manipulation qu'il ne peut pas faire de toute manière.
Son quotidien le fige dans son appartement et le stress, affalé la plupart du temps comme un sac, à se tordre les épaules dans une mauvaise posture.
D'ailleurs, il serait peut-être temps qu'il prenne une douche, un de ces quatre.
La dernière qu'il a pris, c'était il y a deux jours, quand il a fait l'effort de s'extirper de sa chambre pour se rendre chez ses parents, à leur demande comme il s'y attendait.
Face à eux, tous les trois installés autour de la table de la cuisine comme lors d'une réunion de famille, il s'est exprimé brièvement sur les décisions de ses supérieurs à son sujet, évoquant sa mise à pied comme une erreur de jugement, et soulignant son innocence en ce qui concerne la fuite des informations.
Evidemment, sans faire part des éléments douteux qu'il cache à tout le monde, il s'est appliqué à défendre son point de vu, devant sa mère scandalisée, et son père insondablement silencieux.
A l'habitude, Masaru ne disait rien de plus que le strict nécessaire, attentif au discours de son fils, sans le contredire ni le soutenir, le regard simplement rempli de lassitude et d'une forme de scepticisme vaguement dissimulé.
Puis il n'a pas fait de remarque à la fin du quasi monologue de son fils, ses yeux se sont perdus quelques secondes sur ses travers, avant qu'il ne disparaisse de la pièce pour regagner le salon sans dire un mot.
Pour soulager la frustration, Katsuki aurait voulu interroger sa mère, lui demander son avis quant aux réactions de son mari, peut-être même lui suggérer de questionner Masaru pour le pousser à s'exprimer d'avantage.
Mais la violence de l'indifférence le clouait sur place, incapable de mettre à plat ses émotions et ses sentiments bouleversés, alors que le malaise le rongeait déjà depuis son arrivée.
Mitsuki l'a rassuré, un peu, en lui promettant qu'elle croyait en sa version, même si elle ne s'est pas gêné pour lui faire remarquer que ce genre d'incident n'arrive qu'à lui, lui et sa capacité de communication proche du zéro absolu.
Encore une fois, il se faisait trainer derrière ses défauts, enfoncé dans les reproches encore et toujours identiques, sans pouvoir défendre son besoin d'être écouté avec ses mots à lui.
Depuis, il n'a pas rappelé ses parents, pas plus que ses collègues, se contentant d'écouler ses journées au téléphone avec le sujet de ses investigations, tout en enquêtant sur lui sans s'en cacher.
Sa situation ne veut plus rien dire tant elle déborde de non sens, il s'embrouille lui-même dans ses intentions et ses sentiments, plus proche que jamais de son ennemi, et à des années lumière de ses alliés.
_ Tu t'en sors ? le nargue gentiment Zed, un sourire évident dans la voix.
_ Me déconcentre pas s'teuplait. C'est déjà assez chiant comme ça.
Grognant pour lui même, il se recentre sur une photographie du registre pour y piocher un nouveau nom, essayant de ne pas perdre le fil malgré les ricanements de l'autre dans le téléphone.
_ Tu me fais rire.
_ Qu'est ce qui ne te fait pas rire ? interroge narquoisement Katsuki.
_ Beaucoup de choses, figure toi.
Plissant les yeux sur le gestionnaire de tâches, il s'interrompt un instant dans ses manipulations, laissant de côté le nom qu'il venait de mémoriser pour s'accorder un temps de réflexion.
En écoutant sa voix depuis des jours, en analysant sa façon de s'exprimer, il parvient progressivement à reconnaitre ses différentes intonations, comme celle qui gambade entre ses mots quand il s'amuse, et celle qui durcit ses fins de phrases quand il parle sérieusement.
Tel un homme à deux visages, Zed se devine à la fois capable d'agir comme un enfant et comme un génie, minutieux et espiègle, dangereux et affectueux.
Même si sa gorge se couvre souvent de rire, elle résonne aussi parfois d'une grande menace et d'une redoutable austérité, sévère et déterminée, capable de clouer Katsuki sur place.
Nul doute qu'il sait parfaitement ce qu'il fait et maitrise tout ce qu'il dit, un objectif très net dans le viseur, et surtout décidé à aller au bout de son plan quoi qu'il en coute.
_ Ah oui ? relance Katsuki avec curiosité. Comme quoi ? Aller vas y balance, c'est quoi ton message ? La société est méchante et les règles c'est d'la merde ?
Ca ne serait pas une première, dans les revendications des mécontents du peuple.
La réglementation relative à l'usage des alters sur la voie publique et les codes de conduite en collectivité figurent toujours en première ligne de leurs plaintes.
Pour s'inventer des droits et promouvoir l'anarchie, ils se plaisent à déclarer des guerres au gouvernement pour des réclamations pourtant parfaitement irréalistes.
Jamais aucun dirigeant d'état ne permettra à tous ses civils d'employer leurs alters à tout va, et pour cause, chacun se ferait sa justice et ses propres règles en tout lieu, et toute l'institution s'effondrerait.
Et ça, même Katsuki le comprend.
_ Si j'avais que ça à dire, j'aurai pas passé autant d'années à construire toute mon organisation. rit l'autre en réponse. L'alliance n'a peut-être que ça à faire, mais en ce qui me concerne, j'ai plus important à traiter.
_ J'ai comme l'impression que tu as un problème diplomatique avec l'alliance, tu passes ton temps à te foutre d'eux.
_ Je me fous pas mal de ce qu'ils font et revendiquent. Les seuls relations que j'ai eu avec eux sont d'ordre personnel. Je les trouve simplement ... bruyants pour pas grand chose. Au final.
Un sourire moqueur au visage, et la curiosité dans le fond des iris, Katsuki hausse toutefois un sourcil intrigué, s'interrogeant sur les dessous de la société, et les liens qui existent entre les organisations criminelles de ce pays.
Un peu comme un monde parallèle, il semble que les hommes de l'ombre se construisent une communauté à part entière, avec un fonctionnement dicté et un protocole de cohabitation.
_ D'ordre personnel ?
_ Tu es bien curieux.
_ Ah ?! C'est toi qui dit ça ? s'offusque immédiatement Katsuki en haussant le ton.
Exagérant sa réaction, il fait résonner un souffle médusé dans son micro, qui déclenche automatiquement un rire à l'autre bout du fil, un de ces rires ultra sincères qui remplissent l'espace.
Pétillant et mélodieux, comme celui d'un enfant heureux, il porte toujours avec lui cette forme de douceur qui attire Katsuki dans son sillage, et il s'y fait prendre parfois, à rire avec lui pour suivre le son de sa voix.
Il en oublie même, finalement, la recherche en stand by sur l'écran de son téléphone, s'offrant une pause improvisée plutôt agréable et méritée, en ignorant volontairement l'incohérence de leur relation pour mieux profiter de l'instant donné.
_ Je ne suis pas au fait de toutes tes relations intimes non plus cela dit. se défend Zed après s'être éclaircit la voix.
_ Encore heureux !
_ Tu as de si gros secrets que ça à cacher ?
Gêné par la question, il verrouille l'écran de son téléphone pour le poser sur le bloc note en équilibre sur ses genoux, libérant ses deux mains qu'il passe nerveusement dans ses cheveux.
Les mèches cendrées entre les doigts, mal coiffées et emmêlées par endroit, il se tait quelques secondes, peut-être rougit il sans le vouloir, en énumérant pour lui même tout ce dont il ne parle habituellement à personne.
Pour une raison qu'il ignore, il éprouve, avec OneBrain, ce sentiment de liberté et de légèreté, l'impression qu'aucun jugement ne découlera de leurs conversations, et que rien ne peut véritablement créer le malaise entre eux.
D'une manière ou d'une autre, il parvient à délier ses chaines, à délivrer sa parole et à le faire s'affranchir de ses incertitudes personnelles, un peu comme s'il pouvait toujours tout lui dire et se faire parfaitement comprendre, même avec ses mots à lui.
Il cerne ses doutes et perçoit ses craintes, parfois même, il réconforte ses instants de panique, souffle le calme à son oreille, mettant volontiers de côté leurs intérêts contradictoires pour apaiser son cœur.
Katsuki ne comprend pas toujours le pourquoi du comment, la nature de ce lien et les raisons qui poussent sa cible à agir ainsi, mais sa présence invisible suffit généralement à faire taire ses interrogations, juste avec sa délicatesse et sa bienveillance sereine.
_ Non, pas tant que ça ..
_ Mais ? Je sens bien qu'il y a un mais.
Soupirant, il secoue doucement la tête de droite à gauche avant d'humecter ses lèvres, cherchant la structure de ses phrases contre son palais sans vraiment parvenir à aligner ses pensées.
Ses relations personnelles s'apparentent toutes à tellement de désastres ou de futilités sans importance, il n'a fait qu'enchaîner l'inutile et le ridicule sans but particulier, perdu dans des sentiments qu'il ne sait pas toujours reconnaitre.
Il a été amoureux, une fois.
Peut-être deux, mais il s'en souvient moins nettement cela dit.
_ Mes relations sont rarement un succès. tranche t-il alors après un moment.
_ Les miennes non plus si ça peut te rassurer.
_ Si tu abordes tout le monde en les stalkant et en piratant leur téléphone, ça m'étonne pas beaucoup.
Moqueur, il rit de sa propre remarque et, après s'être faussement vexé, son complice de fortune cède à l'amusement avec lui, laissant à nouveau la mélodie pétillante de sa voix chahuter dans le combiné.
Les secondes qui s'impriment dans le temps adoucissent les rancœurs de sa poitrine, au rythme des éclats joueurs de son interlocuteur sur la ligne, et même que ce moment se grave parmi les souvenirs joyeux de sa mémoire.
_ D'accord, plus sérieusement. tente de reprendre Zed plus calmement. Qu'est-ce qu'il se passe avec tes relations ?
_ J'en sais rien moi. Elles vont nul part c'est tout.
_ Elles ne peuvent aller quelque part que si tu leur donnes du sens. Si tu t'en fous à la base, c'est plutôt normal qu'il n'en ressorte rien d'intéressant. C'était sans doute juste pas le bon moment, ni la bonne personne.
_ Je te dois combien pour la séance ? ironise Katsuki sur un ton railleur.
Affalé dans ses oreillers en pyramide, il presse doucement l'arrière de son crâne contre le mur dans son dos, fermant les yeux alors qu'un sourire barre entièrement son visage, pour écouter plus attentivement encore le rire qui lui parvient.
Juste parce qu'il le trouve apaisant.
_ Un sourire ça suffira.
Franchement, des fois il ne sait même plus quoi penser de lui.
_ Putain, c'est quoi cette technique de drague complètement pétée ?
_ Un problème avec ma technique de drague ? défie OneBrain en grimpant dans les aigus.
_ Ouais. Elle est nulle.
_ Mais elle fonctionne.
Ah.
Ouvrant subitement des yeux ronds comme deux soucoupes, Katsuki s'étouffe presque avec sa propre langue, crachant une quinte de toux bruyante et spontanée tout en se redressant tel un manche de râteau.
Assit dans un angle parfait de quatre vingt dix degrés, il clignote des paupières de longues secondes, le regard dans le vague et la bouche entrouverte, incapable de répondre quoi que ce soit à cette remarque inattendue.
_ Tu respires toujours ? s'enquiert Zed après un moment de flottement.
_ T'es infernal.
_ Oui je sais merci. s'auto félicite t-il en piaillant comme un merle bienheureux.
_ Non- mais .. Sérieusement ...
Marquant une longue pause, Katsuki prend le temps de détendre son dos courbaturé, en étirant lentement ses bras au dessus de sa tête jusqu'à faire craquer ses épaules.
Profitant de cette interlude pour débloquer ses vertèbres et dégourdir l'ensemble de son corps, il gigotte sur ses draps en baillant ouvertement, poussant le bloc note pour dégager ses jambes avant de s'allonger de tout son long.
Etalé sur le matelas, il replace sagement son portable sur son ventre, ajuste les oreillers derrière lui pour se mettre à son aise, alors que le grésillement du silence sur la ligne gagne de l'ampleur.
Puis, récupérant ses pensées là où il venait de les interrompre, il mâche nerveusement sa langue dans l'espoir d'y trouver les mots qu'il cherche, une toute nouvelle curiosité naissant dans sa poitrine.
Les deux bras le long du corps, il stabilise sa respiration tout en laissant croitre ses idées, le regard pendu au plafond et les lèvres bien fermées, en attendant de trouver les phrases qu'il tente de composer.
Aussi, et puisque le soleil entame sa redescente après sa journée de travail, une ambiance lumineuse plus orangée s'empare de la pièce, couchant sur les murs quelques reflets insolents et aguicheurs.
_ Tu t'fous d'moi parce que je suis gay ou ... ?
_ Hein ? s'alarme son interlocuteur au téléphone. Non, bien sûr que non. Je me le permettrais pas.
Puis, laissant planer un court silence entre ses mots, Zed inspire longuement et bruyamment, semblant fouiller dans son courage pour poursuivre ses déclarations, alors que Katsuki plisse le front en attendant que sa voix s'exprime à nouveau.
_ Tu me plais c'est tout.
_ Bordel ..
Il ne saurait rien dire de plus pertinent du reste.
La confusion comme unique réaction, il ferme solidement ses paupières en mordant l'intérieur de ses joues pour ne pas flancher totalement.
_ Je sais pas si je dois trouver ça dérangeant ou hyper dérangeant. souffle doucement Katsuki sans ouvrir les yeux.
_ Pourquoi ça ?
_ Parce que je sais pas qui t'es. Et je sais rien de toi.
_ Mais ? relance OneBrain sans hésitation, comme s'il devinait la suite de ses pensées.
Mais, c'est vrai, sa voix bouscule ses idées quand elle traverse le haut parleur, tout comme ses mots le bouleversent dans les moments de rescousse qu'il lui apporte.
Son rire dessine à son esprit l'image d'un homme à la silhouette idéalisée, pur construction de son imagination, alors qu'il pourrait tout aussi bien s'agir d'un type à l'opposé complet de ses critères d'appréciation.
_ Mais rien. soupire Katsuki. C'est pas juste c'est tout.
_ Pas juste ? C'est à dire ?
_ Tu sais à quoi je ressemble, mais moi j'en sais rien.
Encore, le silence s'éparpille entre eux, un cliquetis venu de nul part se faufile sur la ligne, comme le balancement d'un métronome un peu pénible, symbole de l'onde de malaise qui englobe la conversation malgré eux.
_ 'Sont d'quelle couleur tes yeux ? essaie t-il quand même après un instant de doute.
Pour le première fois, OneBrain laisse planer un moment de réflexion, semblant peser le pour et le contre avant d'envisager une réponse à lui donner.
Aussi sincèrement que sa question peut l'être, Katsuki ne pense même pas à utiliser cette information pour cibler ses recherches ou éliminer des suspects de sa liste, le cœur uniquement poussé par son désir de connaitre davantage son interlocuteur.
Alors, en conservant ses paupières bien fermés, il se contente d'attendre patiemment sans insister, bercé malgré lui par le chuchotement du réseau qui s'évapore dans l'espace.
_ Ils sont verts.
Sur le mannequin imaginaire que son esprit se dessine de lui, il remplace les iris sombres par du vert, un vert pétillant, comme son rire, avec un peu de lumière sur les contours de ses pupilles.
Puis, analysant cette nouvelle version un tout petit peu plus précise, il hoche la tête en humectant ses lèvres avant de cligner enfin des cils.
_ D'accord. Et tes cheveux ?
_ Tu demandes beaucoup de choses. Tu vas finir par me demander une photo à ce rythme.
_ Pourquoi pas .. rit doucement Katsuki, en se décalant de quelques centimètres sur la droite pour trouver la position idéale.
Finalement, même s'il ne connait que trop peu de choses de son apparence, sa perception de lui au travers de ses mots et de sa personnalité suffit à créer ce sentiment singulier, celui qui rend son cœur nerveux et sa poitrine inquiète, tout en faisant sourire son visage.
Rien ne va plus, et pourtant, il se sent dangereusement bien dans ce nuage d'incohérences.
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Hey :)
Je ne sais pas si j'ai grand chose à préciser sur ce chapitre, il contient une partie de transition mais globalement il avance surtout dans l'évolution des ressentis.
Ca se concrétise doucement, même si j'espère toujours ne pas aller trop vite, et bien sûr que l'ensemble continue de vous plaire 🥰
Pour le moment, je suis toujours dans les clous niveaux nombre de chapitre (et franchement ce serait inédit si je tombais pile dans mes estimations 🎉)
En attendant la suite, je vous fais plein de bisous 😘
Prenez soin de vous ❤
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