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Jiho et Joon se revoient.
⚠️Je rappelle que je ne prétends absolument pas parler pour (ou "au nom") les gens souffrant de telle ou telle maladie, ni d'un point de vue médical. Les "cas" de cette histoire sont tirés de cas précis, inspirés de personnes en particulier et ne font pas office de "diagnostiques" ou même d'informations sur une quelconque maladie.
- Est-ce que Jiho s'est fait des amis récemment ?
Woo Jin Young regarda le médecin de son fils avec attention.
- Non, toujours pas. Pourquoi ?
Le psychiatre était pensif, un peu hésitant aussi.
- Est-ce que je dois m'inquiéter ? S'enquit le chanteur. Je pensais que c'était normal....
- Non, non vous n'avez pas à vous inquiéter outre mesure pour ça. La difficulté à créer de véritables liens avec les autres est un problème qui suivra votre fils toute sa vie.
- Mais ?
- Ce n'est pas un « mais ». Rétorqua le médecin.
Il tapota son stylo de marque sur son bureau.
- Ce que je vais vous dire est peu controversé, mais au cours de mes nombreuses années de pratique, j'ai eu l'occasion de me faire mon propre avis sur la question.
- Docteur, vous commencez vraiment à m'angoisser !
- Savez vous pourquoi j'insiste autant sur la nécessité de surveiller les relations de Jiho ?
- Parce que c'est important qu'il ait un semblant de vie sociale ? Répondit Jin Young, un peu perdu.
Le psychiatre hocha la tête.
- Oui, mais pas seulement.
La star lui lança un regard appuyé, lui faisant comprendre qu'il attendait la suite.
- Certaines personnes borderline, ont ce qu'on appelle communément, un « soleil ».
- Un soleil ?
- Encore une fois, ça n'a rien de vraiment scientifique, ce ne sont que les observations de certains médecins et
- Docteur, si je vous ai confié mon fils, c'est parce que vous êtes considéré comme l'un des meilleurs spécialistes au monde, alors ne cherchez pas à me convaincre, expliquez moi seulement !
Le médecin ferma les yeux quelques secondes.
- Je vais prendre un exemple concret, celui de l'une de mes anciennes patientes.
Jin Young acquiesça.
- Maeva était incapable de créer de véritables liens avec les autres, même si de l'extérieur, elle semblait très extravertie et sociable. Toute l'effervescence autour d'elle n'était qu'un écran de fumée. Commença le psychiatre. La seule personne à qui elle se sentait profondément liée, était sa grande sœur, Lana.
- Et bien c'est normal, c'est sa sœur ! Commenta la star.
- Non, ça n'a rien à voir ! Trancha l'autre. Est-ce que Jiho est proche de Chae Rin ou même de vous ?
Le brun grimaça.
C'était douloureux de s'avouer que son fils se comportait avec lui comme avec la plupart des gens.
- Ça peut être un parent, un ami, un professeur...
- De ?
- Le soleil autour duquel votre fils gravitera peut être un jour !
Le chanteur fronça les sourcils.
- Qu'est ce que vous essayez de me dire ?
- Maeva était attachée de manière excessive et irrationnelle à sa sœur
- Parce que les borderline ne peuvent pas faire autrement... Commenta le brun.
- C'est vrai, il n'y aucune demi mesure dans leurs émotions.
Il eut un léger silence, puis le psychiatre reprit.
- Un seul mot gentil de Lana et elle avait l'impression que la vie était magnifique, qu'elle était capable de tout ! Expliqua-t-il. Une seule petite remarque, même celle qui passerait inaperçue pour la plupart des gens, la plongeait dans une très profonde déprime.
- C'est de la dépendance ! S'exclama la star.
- Je ne sais pas si on peut vraiment appeler ça comme ça.
- Vraiment ? Et bien moi si ! Insista Jin Young. Vous êtes en train de me dire que l'existence de mon fils sera peut être enchaînée au moindre mot d'un inconnu ! Qu'est ce que ça pourrait être d'autre ?
- De l'amour ? Proposa le médecin, nullement affecté par le coup d'éclat du père de famille.
Ce dernier lui lança un regard oscillant entre stupeur et exaspération.
- Pardon ? Lâcha-t-il, les dents serrées.
- Nous sommes tous plus ou moins sensible à l'avis de ceux qui nous sont chers, non ? Continua le psychiatre. Il est donc assez naturel que chez des personnes pour qui tout est toujours extrême, ce soit exacerbé.
- On voit que ce n'est pas de votre fils qu'il s'agit... Souffla le chanteur, un peu abattu.
- Monsieur Woo, rien ne dit que Jiho vivra ça, ce n'est pas le cas de tous mes patients borderline. Tempéra le spécialiste. De plus, je ne pense vraiment pas que ce soit une sorte de malédiction.
Jin Young ne dit rien, la mine toujours aussi sombre et l'autre continua.
- Toutes les choses que Maeva a faites, les cours aux beaux arts, les expositions, les voyages, les relations qu'elle a eu, c'est l'existence même de Lana qui a rendu tout cela possible !
- Mais elles sont de la même famille ! Cria la star. Je suppose qu'elle doit adorer sa petite sœur, non ?
Le médecin acquiesça.
- Mais qui pourra comprendre et supporter mon fils ? Qui sera capable d'être toujours disponible, bienveillant, à l'écoute et conciliant ? Poursuivit le brun, la gorge serrée. Qui pourra l'aimer ?
- Une seule personne suffirait. Souffla doucement le psychiatre.
Le brun soupira bruyamment, rejetant la tête en arrière, sur son siège en cuir.
Ce spécialiste le rendait dingue.
S'il n'était pas aussi connu et respecté par ses pairs, il l'aurait depuis longtemps envoyé se faire voir.
Cet homme l'horripilait parfois.
Comment pouvait-il se montrer froid, rationnel et en même temps, donner l'impression de croire en des choses qui semblait plus relever de la spiritualité, voire de la magie, que de la science ?
- Une seule... Rit-il doucement. Et alors quoi, vous proposer que mon fils rencontre un ange ?
Le ton moqueur ne fit aucun effet au psychiatre.
- Un être humain, monsieur Woo, juste un être humain. Rétorqua ce dernier. Bien que ce soit plus compliqué encore que de tomber sur un ange, d'après moi.
Son sourire fit serrer les poings de la star, qui tenta de calmer sa colère.
- Et s'il fait comme moi ? S'il tombe amoureux d'une croqueuse de diamant et qu'il en fait son soleil ?
- Étiez-vous vraiment amoureux ?
Jin Young le foudroya du regard.
- Désolé, déformation professionnelle !
Le médecin ajusta ses lunettes, puis reprit.
- Les borderline ont très à cœur de se protéger. Vu leur difficulté à entretenir une réelle relation de couple, au vu des sentiments changeant qu'ils ressentent envers l'être aimé, ils ne choisissent quasiment jamais un objet de désir comme soleil. Expliqua-t-il sérieusement. Je n'ai en tout cas, jamais eu à faire à ce genre de schéma.
Il prit une légère pause, puis ajouta.
- Bien que comme pour tout sentiment, ce ne soit pas vraiment un choix.
- Et comment est ce qu'un "soleil" débarque dans la vie d'un malade ? Cracha le chanteur, presque méprisant. Il arrive un matin et on ne voit plus que lui ?
- Et bien, votre interprétation est peut être exagérément romantique, mais le terme "soleil" n'a pas été choisi au hasard.
- Je ne veux pas que mon fils soit dépendant de quelqu'un !
- Ce que vous voulez ne compte pas monsieur Woo. La seule chose importante et d'accompagner au mieux Jiho à travers toutes les étapes et les symptômes de sa maladie. Répondit simplement le médecin. S'il doit avoir un soleil, il en aura un, ce n'est pas quelque chose que vous pourrez contrôler.
- Alors je dois juste surveiller son entourage et prier pour qu'il ne s'attache à personne ?
Le spécialiste secoua la tête.
- Je ne vous comprends pas. Pourquoi espérer que votre fils finisse seul ? Lâcha-t-il. Est-ce que l'idée d'être profondément lié à quelqu'un vous semble plus horrifiant que la solitude ?
Jin Youg se redressa pour le regarder droit dans les yeux.
- Qu'est ce qui est arrivé à cette Maeva ?
Le psychiatre ne broncha pas, mais de longues secondes de silence s'écoulèrent avant qu'il ne réponde.
- Elle s'est suicidée.
Jiho sortit doucement de son sommeil, sans pour autant ouvrir les yeux.
Cela faisait longtemps qu'il n'avait pas rêvé de son passé, que toutes les choses entendues lorsqu'il était caché, n'étaient pas remonté à la surface.
Il grimaça, toujours allongé sur sa table, dans le parc intérieur de Ô.
Un Soleil ?
Pourquoi quelqu'un comme lui, voudrait d'une telle chose ?
Il n'y a rien qu'il détestait plus !
Cette lumière vive, aveuglante, qui mettait en valeur tous ses défauts, qui exposait à la vue de tous ses blessures et ses craintes, il la fuyait plus que tout.
Non, ce dont il avait besoin, c'était d'une Lune.
Il sourit, amusé par sa propre "bêtise".
« Elle est belle, et plus que belle; elle est surprenante.
En elle le noir abonde: et tout ce qu'elle inspire est nocturne et profond. Ses yeux sont deux antres où scintille vaguement le mystère, et son regard illumine comme l'éclair: c'est une explosion dans les ténèbres.
Je la comparerais à un soleil noir, si l'on pouvait concevoir un astre noir versant la lumière et le bonheur. »
Les mots lui échappèrent facilement, son poème préféré de Baudelaire profondément ancré en lui.
Un frisson étrange le traversa et la voix de Yoongi chantonna à son oreille, comme portée par le vent qui s'engouffrait sous son débardeur trois fois trop grand et sa veste large, ses mèches platines chatouillant sa nuque et ses joues.
Oui, c'était de ce genre de lumière dont il avait besoin.
Subtile, mystérieuse, douce et rassurante.
Puissante, mais apaisante, qui ne l'agresserait pas, qui ne lui donnerait pas la sensation d'être exposé au jugement de tous et qui saurait accompagner ses nuits solitaires, peuplées de cauchemars.
- Une lune... Souffla-t-il doucement.
Contrairement à son père, la dépendance ne l'effrayait pas.
Il était accro à sa lame de rasoir, aux médicaments, à l'alcool, la vitesse, l'adrénaline, aux orgies sans sentiments et à la douleur.
Et pourtant, il était toujours aussi malade, seul et perdu.
Toujours aussi déconnecté du monde, en souffrance et sans espoir.
Il ouvrit brutalement les yeux.
Presque sans espoir.
Le « oui » de Yoongi résonna clairement dans son esprit et son estomac se contracta avec force.
À quelle heure finissait-il les cours ?
Peut-être qu'il pouvait le raccompagner jusqu'à chez lui ?
Il se redressa vivement, les souvenirs de son passé déjà envolés, l'excitation de revoir le blond prenant toute la place.
Assis, sa jambe glissa sur le côté, touchant ce qui semblait être une épaule.
Surpris, il tressaillit un peu, tournant la tête pour tomber sur Namjoon, installé sur le banc de « sa » table.
Ce dernier n'avait pas dit un mot, même en le sachant réveillé, il était resté silencieux, retenant presque sa respiration, pour ne surtout pas donner l'impression de s'imposer.
Il avait honte d'être ici, honte de se permettre de venir jusqu'à Jiho, de s'asseoir près de lui comme s'ils étaient amis et d'espérer, malgré tout, pouvoir ne serait ce que croiser son regard.
Ce n'était pas dans ses habitudes, c'était même à l'opposé de son comportement « normal », seulement, ça avait été plus fort que lui.
Ses cheveux platines illuminés par les rayons chaleureux de septembre, sa silhouette gracieuse étendue sur la petite table en bois, son look original, faussement négligée et ce petit quelque chose en plus qu'il dégageait même endormi, tout l'avait fasciné et attiré jusqu'à lui, sans qu'il ne puisse résister.
Il l'avait détaillé longuement, peu préoccupé par le fait que d'autres pouvaient le prendre pour un voyeur pervers, cherchant ce qu'il pouvait avoir de si spécial pour exercer une telle attraction sur lui.
Pourquoi n'était-il pas tombé amoureux de Jiho ?
Voilà ce qu'il avait fini par se demander, alors que l'envie de passer ses doigts dans les mèches décolorées se faisait plus vive.
Parce que pour la première fois, l'envie d'avoir quelqu'un dans sa vie, se faisait plus forte que le dégoût qu'il ressentait pour lui-même.
C'est ce que cette petite voix intérieure, qui ne le quittait jamais, lui avait susurré.
Et finalement, il s'était senti soulagé que son idiot de cœur ait choisi un autre homme pour le détruire.
- Moonie ! S'exclama Jiho en le sortant de ses pensées.
Ce ne fut pas le surnom étrange qui surprit Namjoon, mais le simple fait que le platine lui en ait offert un.
Sans oublier son enthousiaste et son regard brillant.
Il savait qu'en apparence, Jiho était sociable, souvent exubérant et que personne à Ô n'ignorait son nom et sa réputation étrange, mais le fait qu'il s'adresse à lui ainsi, lui donnait tout de même l'impression d'être complètement défoncé, emporté dans un trip fabuleux et excitant.
Qu'est ce qu'il devait dire ?
L'autre remonta les manches de sa veste, les roulant jusqu'aux biceps, exposant ses bras nus à la fraîcheur de septembre.
Le regard de l'argenté se posa immédiatement sur ses cicatrices et il remarqua l'absence de traces « fraîches ».
C'était apparemment une bonne période.
À moins que ce ne soit une autre partie de son corps qui ait servi d'exutoire.
Machinalement, il le scruta avec attention, comme si ses yeux pouvaient passer outre les vêtements
Et lorsque finalement, en relevant la tête, il fut absorbé par les orbes noirs de Jiho, toute son angoisse s'envola.
Exactement comme lors de cette soirée où ils avaient finis ensemble.
Il sourit et le platine se pencha vers lui, sans le quitter du regard. Son souffle frappa contre ses lèvres et son cœur s'emballa, l'impatience déjà présente.
- Je venais voir si tu savais faire d'autres trucs fabuleux avec ta bouche... Murmura Namjoon.
Inconsciemment, Jiho sortit le bout de sa langue, exposant son piercing au regard avide de l'argenté, qui ne lui laissa pas le temps de répliquer, tirant sur la chaîne ou pendait sa lame pour l'attirer un peu plus vers lui, collant enfin leurs lèvres ensemble.
Le jeune homme aux cheveux gris serra le « bijou » particulier durant leur échange, s'entaillant la peau, la douleur se mêlant au bien être dû au baiser, accentuant le plaisir et l'excitation.
Les mains de Jiho étaient fermement accrochées à la table, ses bras tendus vers l'arrière pour l'empêcher de s'écouler sur Namjoon, mais lorsqu'il mordit la lèvre de ce dernier, accélérant les choses, l'argenté tira plus fort sur sa chaîne, le faisant lâcher prise.
Ils finirent dans l'herbe, l'argenté sur le dos et le platine sur lui.
- Aie ! S'exclama Jiho, plus par réflexe que par douleur.
Il s'appuya sur le ventre de son partenaire pour se redresser, tombant directement sur son regard gris vert.
Ce dernier souriait, l'air détendu et il le trouva encore plus beau ainsi.
Il donnait l'impression de n'avoir aucun démon en lui, aucune petite voix qui l'assassinait de l'intérieur, ou d'envie de se faire mal.
Et c'était triste de ce dire que c'était faux, que ça ne durerait pas, mais magique de pouvoir assister à ce genre d'instants fugaces et précieux.
Les traces de sang sur le pull blanc de Namjoon attirèrent son attention et il baissa la tête vers sa lame de rasoir, avant de relever à nouveau les yeux vers son nouvel ami.
L'argenté ne souriait plus.
Jiho pencha la tête sur le côté, sans le quitter du regard, avant d'attraper délicatement sa main droite.
Namjoon tressaillit, mais se laissa faire, attentif au moindre de ses mouvements.
Le platine embrassa doucement sa paume, ignorant les gouttelettes de sang attirées par la gravité, puis avec précaution, il porta les doigts blessés à sa bouche, les laissant glisser entre ses lèvres.
Le geste n'était pas censé être sexuel, ni même sensuel, mais l'argenté ne put retenir un gémissement d'envie, l'excitation prenant vie au creux de son bassin.
- Tu sais qu'on est sur le campus ? Souffla-t-il, plus amusé que gêné.
Oui, ils étaient à Ô et le parc bien que pas encore bondé, n'avait rien d'un lieu désert.
Pour seule réponse, Jiho le chevaucha, enroulant de manière provocante sa langue autour de ses doigts, mordillant doucement la pulpe.
Namjoon rejeta la tête en arrière.
Ça ne sera rien d'autre qu'une folle rumeur de plus à leur compteur !
Voilà, un petit pas de plus dans la relation Joon/Jiho. Je pense que Jiho va vraiment être important dans la vie de Joon 😊
Sinon, on en apprend aussi un peu plus sur la maladie de Jiho. Soleil ou non ? Enfin, Lune ou pas ? ^^ Et si oui, est-ce que ce sera si terrible que le craint son père ?
Je pourrais faire une fiche "médicale" pour Jiho 🤔
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