Chapitre 33 : Le prix de la liberté.
Je tournai la tête de droite à gauche cherchant Orphée. A un moment, j’eu peur qu’il se soit noyé…
Après tout je ne sais pas si ça flotte un ange, enfin si ça sait nager.
Mais je le vois sortir sa tête de l’eau et nage jusqu’à lui.
« Tout va bien ? » Lui demandais-je en posant une main sur sa joue.
« Ouais. Aller vient, il faut que l’on sorte de cette eau glacée avant d’attraper la crève. »
Je hochais la tête pour toute réponse et me mit à nager vers la berge. Nous sortîmes de l’eau, grelottant.
« Tu sais où on est ? » Me questionna Orphée en jetant un œil panoramique autour de nous.
Je secouais négativement la tête. Si ça se trouve nous ne sommes pas même dans le bon pays.
« On devrait suivre le chemin, c’est là qu’on aura le plus de probabilité de trouver une maison, une ville, quelqu’un pour nous renseigner. »
Orphée acquiesça. Je fronçais les sourcils. Quelque chose sur lui avait changé. Je le détaillais en panachant la tête.
« Tes cheveux ! » M’écriais-je, comprenant soudain.
« Quoi ? »
« Ils sont noirs, entièrement noirs. »
« Oh… » Souffla mon ange, comme si cela ne l’étonnait guère.
Je passais mes mains dans ses mèches anciennement totalement blanches.
« Comment cela se fait ? »
Il baissa la tête, ne répondant rien. Il me prit la main et m’entraina sur le chemin.
« Orphée, réponds-moi ! »
« Je t’expliquerais quand on aura trouvé un endroit avec un toit, des murs et du chauffage. »
Je n’ajoutais rien et le suivit, perdu dans mes pensées.
Une toiture d’ardoise se dessina à l’horizon. Et plus nous nous en approchions, plus elle me semblait familière. Ce n’est qu’une fois proche de celle-ci que je pu reconnaitre la chapelle où Akihiko avait officié pour créer le portail.
Bonne nouvelle, nous sommes de retour chez le japonais.
Je me mis à courir tout en gardant la main d’Orphée dans la mienne. Une fois sous le porche du manoir, je me mis à tambouriner contre le battant de bois. Orphée me retira en arrière puis clancha la porte qui s’ouvrit simplement. Il pouffa.
Ok. Là, j’ai un peu honte. Carrément honte pour être exact.
A peine eu-je fait trois pas dans le hall qu’une petite tête blonde me sauta dessus.
Tÿas.
Je le serrais dans mes bras, aussi fort que je le pu, retenant quelques larmes. J’avais eu tellement peur quand le contact avec lui s’était rompu, le plongeant dans l’inconscience. Visiblement ma présence avait suffi à le tirer de son coma.
« Mahé, tu es trempé ! Et toi aussi Orphée. Mais… pourquoi tes cheveux sont noirs ? »
« Oui Orphée, pourquoi tes cheveux sont noirs ? » Demandais-je à mon tour d’un ton légèrement condescendant.
Personne ne releva mon ton et Tÿas couru en haut chercher des serviettes. En passant devant la chambre d’Akihiko, il frappa à la porte. Helory vint ouvrir et sorti sans bruit, refermant la porte une fois dans le couloir, le japonais surement éreinté d’avoir ouvert un portail vers l’enfer devait encore dormir.
« Mahé et Orphée sont revenus, je sais pas vraiment comment et aussi, ils sont trempés alors qu’il n’y a pas plu depuis hier matin. »
« Attends, ils sont ici ? Mais on s’en fout de la pluie ! Je réveille Akihiko et on descend. »
Tÿas hocha la tête et vint nous rejoindre dans le salon, nous donnant les serviettes puis il alla à la cuisine préparer des boissons chaudes. En pensant aux chocolats chauds qu’il préparait, j’eu soudain une pensée pour Nolahn. Etait-il ici lui aussi ? Non, sinon on nous l’aurait déjà dit. Je récupérais donc mon téléphone qui était posé sur la table du salon.
Je ne me rappelais pourtant pas l’avoir laissé là…
D’un geste rapide je le déverrouillais pendant qu’Orphée s’attelait à me sécher les cheveux avec une serviette. Je saisi le contact de mon frère et posais le smartphone contre mon oreille. Cinq tonalités s’écoulèrent et quand j’allais abandonner, j’entendis la voix légèrement pâteuse de mon frère à l’autre bout du fil.
-Oh Mahé, tu vas bien ? Tu es revenu dans notre monde ? A moins qu’il y ait du réseau en enfer. Il y a du réseau en enfer ? Enfin je suis désolé, je n’ai pas géré, j’aurais dû faire mieux, pour toi, mon p’tit frère. J’espère que tu me pardonne…
-No’ je n’ai rien à te pardonner, ce que tu as fait pour m’aider est déjà plus que ce que j’aurais pu espérer. Et puis c’est fini maintenant alors tout cela n’a plus d’importance, je voulais juste m’assurer que tu étais sain et sauf. Tu es où maintenant ?
-Hum… Dans une sorte de bar.
-Tout seul ?
-Non, avec… avec un ami.
-Oh, dans ce cas je vais te laisser. Je te raconterais tout plus tard. Bonne soirée.
Et je raccrochais, pourtant conscient qu’il ne me disait pas tout. Il y a une chose qu’il me cache et qu’il ne veut pas que je découvre et quelque chose me dit que cela à un rapport avec son ami.
« Mais où avez-vous été trainez. Ce n’est pas l’époque de faire un plongeon dans mon lac… Et puis ne vous asseyez pas sur mon sofa trempés comme des soupes, je ne veux pas avoir à le laver. » Retenti la voix d’Akihiko, un brin amusée.
Contre toute attente, lorsqu’il arriva près de nous, le japonais nous prit tour à tour dans ses bras, comme s’il s’en était réellement fait pour nous.
« Venez, je vais vous trouver de quoi vous changer. » Dit-il en reprenant le chemin vers les escaliers.
Il entra dans sa chambre et en ressorti quelques minutes plus tard avec de quoi nous vêtir. Il passa un jogging et un T-shirt à Orphée puis se tourna vers moi.
« Désolé Mahé, je n’ai que cela qui pourrait t’aller, tout le reste serait trop grand. Mais au moins tu seras au sec. »
Je saisi le tissu qui se trouvait être une sorte d’habit japonais, un kimono au motifs floraux. Une fois dans la salle de bain, j’avisais le tissu et franchement, cet habit avait quelque chose de féminin. Sans doute du fait de sa couleur, un lavande pastel, ou ses motifs représentant des oiseaux et des fleurs. Mais franchement, actuellement, j’étais trop fatigué pour en avoir quelque chose à foutre. Je passais le vêtement, galérant un instant à comprendre comment le fermer puis sorti de la salle de bain, dépité que même le plus petit habit qu’il y ait dans cette maison soit trop grand pour moi, tombant légèrement sur mon épaule droite.
Je retournais dans le salon et m’enroulais dans l’un des plaids du canapé avant de prendre une des tasses de chocolat chaud qui étaient disposées sur la table. Orphée descendit à son tour et mes yeux se perdirent sur ses cheveux noirs et ses lèvres roses. Quand je le regardais ainsi, il avait tellement l’air… normal.
Oh putain, ne me dites pas que…
Orphée vint se poser à côté de moi, me volant un morceau de mon plaid et Akihiko nous demanda :
« Alors, comment vous avez fait pour sortir des Enfers sans Tÿas pour vous guider oh et où est cet idiot de Nolahn ? »
« Et bien pour la faire courte, disons que notre diable a un petit faible pour la nourriture terrestre et que sa femme Perséphone avait désespérément envie qu’il l’emmène en vacances sur terre alors je lui ai donné de quoi alimenter un rituel qui lui permettrait de sortir de son train-train quotidien et en échange, après avoir essayé de nous rouler plusieurs fois, il nous a cédé deux oboles pour nous permettre de regagner la terre. » Exposa Orphée.
Et c’est là que je compris. La seule chose qu’il aurait pu céder et qui contenant assez de pouvoir pour que le diable lui-même puisse se libérer, n’était autre que ses ailes. Celle-là même que je m’étais moi-même chargé de récupérer.
Pourvus que je me trompe. Pourvus que je me trompe. Pourvus que je me trompe. Pourvus que je me trompe. Me répétais-je comme une litanie.
« Qu’est-ce que tu lui as laissé ? » S’enquit Tÿas, intéressé.
« Ses ailes. » Lâcha Akihiko à mi-voix, étant arrivé à la même conclusion que moi.
« Ouais. Parce que j’ai maintenant quelque chose de beaucoup plus important qu’un simple trésor sacré angélique… » Avoua l’ancien ange.
« Mais comment as-tu pu ! » M’écriais-je soudain, ne me contenant plus.
Tout le monde leva un regard interloqué vers moi, surpris de mon éclat de voix.
« Je ne comprends pas… » Commença-t-il avant que je ne le stoppe en levant une main en l’air.
« Tu as sacrifié tout ce pourquoi nous nous battions, J’avais fait la promesse que je te ferais regagner tes ailes et à cause de toi, je n’ai pas pu tenir cette promesse. »
« Mais Mahé… »
« Non, laisses-moi terminer ! » L’incendiais-je de nouveau, mes yeux commençant à s’humidifier d’eux-mêmes, la fatigue me rendant encore plus enclin à la sensiblerie que d’habitude. « Tu m’as dit que ce que t’avais toujours rendu le plus heureux était de voler, alors comment as-tu pu sacrifier ce qui comptait le plus pour toi, acceptant de devenir un vulgaire humain ? »
« Parce que, Mahé, le jour où je t’ai dit cela, si tu m’avais écouté jusqu’au bout, tu aurais su que ce qui comptait le plus pour moi désormais n’est pas d’être un ange, ni même de voler mais simplement d’être là, à tes côtés. Tu es ma nouvelle joie Mahé. Et ce qui comptais pour moi, en descendant aux Enfers, n’était pas tant mes ailes mais plutôt de te débarrasser de la marque des damnés, ce qui a fonctionné il me semble. »
Par réflex, j’entrouvris un pan du kimono pour voir qu’il ne me restait plus de la marque d’une mince cicatrise blanchâtre de la forme des dessins qui avaient été tracés sur ma hanche. Alors un sourire soulagé prit place sur mes lèvres tandis que je ne savais plus quoi dire, si bien que je préférais donc le silence, laissant quelques larmes, re rage, de soulagement, de remord ou de joie, je n’en sais rien, dégouliner sur mes joues.
« Bon, on va vous laisser, vous semblez avoir certaines choses à régler entre vous. Ne vous couchez tout de même pas trop tard, vous semblez éreinté, ce qui est compréhensible au vu des derniers évènements. » Souffla Akihiko, étonnement doux.
J’hochais la tête au travers de mes larmes pour lui signifier que je le remerciais de lui laisser de l’espace.
Orphée me prit dans ses bras et commença à doucement caresser mes cheveux.
« Tu sais Mahé, tu es la plus belle chose qui me soit arrivé. Et je n’aurais pas hésité à sacrifier ma vie pour toi quand nous étions en bas. Je te l’ai déjà dit, tu resplendis, n’en doute jamais. »
Je me blotti un peu plus contre lui, laissant mes larmes couler sans honte et étrangement, cela me fit du bien de pleurer. C’était comme salvateur. Comme si cela faisait une éternité que je luttais pour contenir les vannes de mes émotions et que tout à coup je les laissais sortir librement, ravageant tout sur leur passage, surtout mon cœur meurtrit et même à cette pensé, je me senti paradoxalement bien. Comme si tout était désormais à sa place. J’étais dans les bras d’Orphée, somnolant à moitié. J’étais bien et c’était facile, comme évident. Ni lui ni moi ne voulions bouger mais je tombais de fatigue et lui aussi. Il le comprit bientôt et il me guida jusqu’à une chambre vide. Nous nous couchions, l’un contre l’autre et j’avais la certitude que demain je me réveillerais à ces côtés. Demain et pour le restant de mes jours.
Et à cette pensée, un petit sourire naquit sur mes lèvres…
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Avec amour et dévotion,
ParadoxalementParadoxale.
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