Chapitre 19 : Pan et la boîte de Pandore.
Je soupirais et pénétrais dans ma maison, certain de ne pas y trouver ma mère à cette heure-ci puisqu’évidement elle travaille. Elle doit bien nous nourrir, moi et toute la fratrie, ainsi qu’entretenir la maison. Une petite touffe de poils me saute dessus dès que je passe les portes du hall. Je me baissais pour prendre ma chienne dans mes bras.
« Hey Luffy, comment tu vas ma beauté ? »
J’avais dû la confier à ma sœur pour une durée indéterminée puisque l’internat n’acceptait en aucun cas les animaux, et ce n’est certainement pas pour mes jolis yeux qu’ils allaient faire une entorse au règlement intérieur.
En tout cas : merci maman tu as réussi à me prendre le seul être vivant capable de me supporter.
Hormis Orphée, souffla ma conscience, sournoise.
Hormis Orphée, concédais-je.
Evidement Alphonse m’avait proposé de prendre ma chienne dans sa chambre, en la faisant passer en douce mais ce n’était absolument pas raisonnable et je m’étais fait la promesse de ne plus rien faire d’irresponsable ou de répréhensible, pour prouver à ma mère qu’elle pouvait arrêter de s’inquiéter pour moi en permanence.
Ma chienne me gratifia d’une léchouille sur la joue mais rien de plus.
Et moi qui croyait lui avoir manqué, à elle moins.
« Mahé ? »
La voix de ma sœur retentit dans mon dos, me faisant me tourner vers elle, un maigre sourire flottant sur mes lèvres.
« Que me vaut le plaisir de ta visite, frérot ? » S’intéressa-t-elle, espiègle.
J’haussais les épaules, incertain du pourquoi de ma venue.
« Tu fuis Orphée. » Souffla de nouveau ma conscience.
« Non, pourquoi ferais-je une chose pareille ? »
« Tu sais pourquoi. »
Je secouais la tête, comme pour effacer ces pensées.
« Tu sais » reprit ma sœur, « je crois que ta chienne déprime un peu. Je pensais que quand tu viendrais, elle serait heureuse comme tout mais visiblement ce n’est pas toi qu’elle attendait. »
« Tu insinue quoi là, que même ma chienne me renie ? »
« Je crois qu’Orphée lui manque. Et s’il peut manquer à ta chienne, c’est qu’il venait souvent chez toi et qu’elle s’est attachée. Conclusion, toi aussi tu es attaché à Orphée. »
« N’importe quoi ! » M’offusquais-je. « Je ne sais pas où tu es allée chercher ça mais il faut que tu te sortes cette idée de la tête. »
« Mais oui, je ne sais pas qui tu comptes tromper avec ce charabia Mahé mais certainement pas moi. »
« T’es pas possible Gwenn. » Soupirais-je.
« Bon je te laisse, j’ai rendez-vous. »
« Un copain ou une copine ? »
« Un copain. »
« Un copain copain ou un petit-copain ? »
« Mahé ! Tu peux parler de moi, tu es pire ! Une vraie commère ! »
« Hé mais j’ai plus le droit de m’intéresser à la vie sentimentale de ma petite sœur ? »
« Tu ne t’intéresses pas, tu collecte des ragots. »
Je ris, le moral un peu plus haut que tout à l’heure, quand je suis arrivé.
« Amuse-toi bien, sœurette. » Dis-je avant qu’elle ne sorte de la maison.
Je reposais Luffy parterre, lui lançant un regard mauvais, empreint de jalousie.
Pourquoi est-ce qu’elle veut voir Orphée ? Il ne l’aime même pas, lui.
Je montais les escaliers, me dirigeant vers la petite tourelle transformée en observatoire par mon père, ce lieu ayant toujours eut l’étrange pouvoir de me calmer, m’aidant ainsi à réfléchir plus posément.
« Tu n’es pas en cours ? »
Surprit, je me tournais vers Nolahn qui m’observait par l’embrasure de la porte.
« Non, mais je… »
« Tu n’es pas obligé de te justifier avec moi, tu sais. Je ne suis pas comme notre mère, bien sûr je m’inquiète pour toi, mais je sais ce que c’est de faire des erreurs de jeunesses comme tu as fait. Et je sais aussi ce que c’est de s’en vouloir pour ces mêmes erreurs. Jamais je ne te demanderais de t’expliquer pour une simple absence en cours. Dès fois il faut prendre du recul avec les problèmes, même s’ils ne sont que des petits embarras de lycéens sans réelle importance. »
Si tu savais les problèmes que j’ai en ce moment tu ne dirais pas ça.
« Ceci dit, si tes tracas sont plus importants que ça, saches que je suis là si tu veux te confier. »
Je hochais la tête, surpris que Nolahn m’apporte autant de réconfort et en même temps pas temps que cela. Notre relation a toujours été particulière, pas fusionnelle comme celle qu’il a avec Gwenn, ni très fraternelle comme avec Sasha pourtant je sais qu’il peut être mon plus fidèle allié en cas de problèmes, comme une entente tacite et solennelle entre nous, nous considérant tous deux comme l’ainé, depuis le départ d’Eglantine, nous sommes responsables de la fratrie mais lui n’est pas responsable de moi de la même façon, n’étant pas là lors de mon enfance comme il l’a été pour Gwenn et Sasha, et moi ne pouvant être responsable de lui étant le plus jeune de nous. Nous sommes en quelque sorte égaux et même si nous restons distants la plupart du temps, nous n’en restons pas moins frère – ou du moins demi-frères- et veillons l’un sur l’autre. Et même s’il est bien souvent sarcastique à mon égard, je sais que je peux lui faire confiance les yeux fermés, après tout, nous sommes du même sang -enfin presque-.
Sans un mot de plus Nolahn reparti, non sans avoir une nouvelle fois pressé mon épaule pour illustrer son soutien.
Une seule question me restait en tête, sans que je ne puisse rien faire pour la repousser, la question à laquelle je devais répondre avant toute autre : comment démasquer l’émissaire envoyé pour récupérer l’âme d’Orphée et la mienne ?
Toujours assis au sol, je levais le regard sur la carte céleste qui recouvrait tout le mur de droite, mon regard accrochant à la constellation des chiens de chasse, Chara et Astérion, juste sous la grande ourse. Cette constellation m’a toujours interloqué, constituée de deux étoiles seulement, et introduite par Johannes Chevelus en 1687 pour ‘’combler un vide‘’, elle est supposée représenter les chiens du Bouvier, une constellation boréale représentant un laboureur conduisant sept bœufs à l’aide de ses deux chiens, perpétuant la rotation des cieux. Pourtant, quelque chose dans cette idée est insensé, pourquoi un laboureur utiliserait-il des chiens de chasse pour guider ses bêtes ? Un laboureur aurait eu des chiens de berger, un paysan ne pouvant pas, à l’époque s’offrir des chiens de chasse, cela étant privilège des nobles. Depuis tout petit, je soutiens onc que ce ne sont pas les chiens du Bouvier mais ceux de la meute d’Artémis, offert par Pan, dieu des bergers, protecteur des troupeaux, fils de la chèvre Amalthée, et donc frère de lait de Zeus.
Puis soudain une chose me frappa : Pan est connu pour être un dieu ambivalent, d’où son nom, Pàn, signifiant tout. Il n’est pas amoureux d’un genre mais de la beauté en elle-même, il est pansexuel, attiré par d’autres personnes sans considération de sexe, de genre, ainsi il tenta plusieurs liaisons, souvent infructueuses, la plus célèbre étant celle avec le mortel et berger sicilien Daphnis qui fut, après sa mort, élevé au rang de dieu, protecteur du pâtre et des troupeaux. Mi-chèvre, mi-homme, cousin des satyres, son image est aussi bien présente dans la mythologie grecque que chrétienne. En effet, ses représentations servirent à illustrer le diable et le paganisme. Pan est aussi un guide pour les bergers, menant chacun jusqu’à l’endroit où se trouve sa véritable place, Pan est celui que je cherche, il est l’émissaire du diable. Tout colle, étant dieu des foules hystériques, il crée un sentiment de panique en tout homme, ce qui explique pourquoi je suis si stressé en ce moment. Il ne me reste plus qu’à le trouver et à me rendre à lui pour qu’Orphée récupère ses ailes.
Tandis que j’avais trouvé une piste, je ne me doutais pas qu’à plusieurs dizaines de kilomètres de moi, Orphée suivait son propre chemin de recherche qui le conduit devant une boîte de nuit, si poétiquement appelée la boîte de Pandore. Il en poussa la porte, déterminé. Immédiatement, il fut plongé dans une ambiance qu’il ne connaissait pas, ça sentait le sexe, l’alcool et le cuir, dans cet ordre-là. Certainement que cet endroit était le dernier où l’on aurait pensé trouver un ange mais après tout, il était déchu alors se retrouver dans un endroit de débauche pareil, portant le nom même de ce qui renferme les plus grands maux de l’humanité devenait un peu plus acceptable. Ce qui le surprit fut de trouver autant de monde à l’intérieur alors que le soir venait seulement de tomber. Ces gens-là était-ils seulement rentrés chez eux pendant la journée, avaient-ils seulement remarqué qu’un jour passait ? Orphée ne put répondre à ces interrogations, ce qui le rendit plus méfiant encore. Ne perdant pas de vue son objectif, l’ange se fraya un chemin entre les corps en mouvement sur la piste de dance, totalement enivrés par la musique et l’alcool, certains très peu vêtus tandis que d’autres portaient des costumes qui semblaient -et sans doute l’étaient-ils- taillés pour eux. Arrivant au comptoir, il fit signe au barman d’approcher, ce que ce dernier fit après avoir servi le client précédant.
« Qu’est-ce que je te sers ? » Questionna le garçon au cheveux roux, assez fort pour couvrir la musique, un sourire joyeux étirant ses lèvres.
« Rien, par contre je cherche quelqu’un et je me demandais si tu pouvais m’aider. »
« Qui ? » Répliqua le barman curieux.
« Akihiko GASTEL, tu connais ? »
« Evidement que je le connais, tout le monde le connais ici. »
« Et ou puis je le trouver ? » Questionna de nouveau Orphée, ravit d’avoir suivi ce qui semble être la bonne piste.
« Dans le coin V.I.P, au fond de la salle. » Répondit le garçon dans un sourire avant de partir servir un client qui commençait à s’impatienter.
Il se mit donc en route vers la direction indiquée par le barman, arrivant bientôt à une estrade remplie de canapés écrus et verts sapins, un homme au regard sombre installé dessus, caressant répétitivement les cheveux noirs d’un garçon assis à même le sol et qui avait le regard baissé sur celui-ci.
« Vous êtes Akihiko GASTEL ? » S’informa l’ange, quelque peu farouche.
« Lui-même, à qui ais-je l’honneur ? »
« Oh euh… Je suis Orphée, j’aimerais m’entretenir avec vous au sujet d’une affaire délicate pour laquelle il vaudrait mieux que nous soyons seuls. » Expliqua maladroitement la créature céleste, jetant un regard soucieux au jeune garçon aux pieds de celui qu’il présumait être un ange déchu également.
« Parle sans crainte, mon ami Helory ici présent à mon entière confiance et peut entendre tout ce que tu as à me dire. »
« Oui mais, je veux dire… C’est réellement un sujet sensible et particulier. » Tanta de nouveau Orphée.
« Dans ce cas allons dans une des salles privées. » Céda Akihiko, conscient du malaise de son interlocuteur vis-à-vis des oreilles indiscrètes.
« Merci. » Souffla-t-il, soulagé.
Akihiko se leva du canapé dans lequel il était assis puis, tendant des clefs au dénommé Helory, il lui dit :
« Va m’attendre dans la voiture Byakuya. Je ne serai pas long. »
Le jeune garçon, qui avait de jolis yeux vairons, se releva gracieusement et se saisi des clefs, frôlant les doigts du plus grand et lui souriant timidement.
« Suis-moi. » Ordonna Akihiko à Orphée, d’une voix forte.
Une fois seuls, Orphée se tourna vers lui et prit la parole.
« Vous… »
« Tu, dis-moi tu. Je ne tiens pas à me rappeler de mon âge conséquent. » Le coupa rapidement l’homme qui malgré ses propos ne semblait pas être si âgé.
Orphée hocha tout de même la tête, repoussant ses interrogations pour se concentrer sur le but de sa venue.
« J’aimerais m’entretenir avec vous, enfin toi, au sujet des déchéances, savoir si tu savais quelque chose au sujet de la marque des damnés et de la façon de la conjurer. »
« Oh, je vois. Tu as toi aussi été déchu et tu souhaites échapper aux enfers ? »
« Pas exactement, enfin si, au début. Mais comme je m’étais protégé avec un talisman, les anges responsables de ma déchéance s’en sont pris à un ami à moi, ils l’ont damné. »
« Un humain ? » S’inquiéta Akihiko.
Orphée hocha la tête pour acquiescer.
« C’est contraire aux accords ! » S’emporta le plus âgé.
« Ouais mais vu la pagaille que c’est là-haut, je doute que ce soit leur première préoccupation. »
« A ce point-là ? »
De nouveau, Orphée hocha la tête.
« L’administration céleste est depuis trop longtemps menacée par les révoltes internes, leur seule préoccupation désormais est de préserver le faste de leur régné par tous les moyens, même si pour cela il faut déchoir tous les anges et briser les accords. »
« Ce n’est pas vraiment une surprise, cela devait arriver, je ne pensais juste pas que ce serait si rapide. Ça fait quoi, deux-cent ans bientôt, que j’ai été déchu et que je m’arrange avec les émissaires pour repousser le moment de ma décente aux enfers et quand j’ai été rejeté du paradis, les dissidences commençaient à peine, comment tout cela à put aller aussi vite ? »
« Tu as réussi à échapper aux émissaires depuis deux-cent ans ? » S’estomaqua Orphée, incrédule.
« Disons que j’ai passé quelques accords me permettant de passer quelques centenaires en paix sur terre, et que toute cette agitation céleste n’est pas bonne pour mes affaires. »
« Mais pour mon ami, tu as une solution ? Comment pourrais-je le départir de cette marque des damnés ? »
« En te rendant en enfer, offrant ton âme au diable pour l’éternité en échange de la sienne qui lui a été promise pour le temps d’une vie humaine. »
« C’est le seul moyen ? »
« Non. »
Cette réponse surprit l’ange qui s’empressa de demander plus de précisons à Akihiko.
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On rentre doucement dans le vif de l'histoire...
Prochain update : demain
Avec amour et dévotion,
ParadoxalementParadoxale.
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