Chapitre 16 : Discorde familiale.
Devant la bâtisse dans laquelle j’ai grandi, je m’arrête un instant, me préparant, sachant que la confrontation avec ma mère ne serait pas des plus plaisante, elle trouverait forcément quelque chose à me reprocher. Je ne savais pas encore à quel point j’avais raison en pensant cela.
Toujours succédé par Orphée, je m’engageais sur l’allée. Je déverrouillais la grande porte du hall et rentrais dans la maison. Elle était construite comme un petit manoir, je sais que c’est mon père qui l’avait choisi et retapé, il adorait les choses uniques et sortant de l’ordinaire. En effet cette maison est assez atypique, le toit d’ardoise est réhaussé de deux tourelles pas très droites dans lesquelles mon père avait installé une bibliothèque et un observatoire ou regarder les étoiles. Il adorait scruter le ciel des heures durant. Je me rappelle quand j’étais petit et que je n’arrivais pas à dormir, je montais m’assoir à ses côtes et sans rien dire nous regardions la course des astres dans le bleu profond et moucheté de l’éther.
A peine eu-je te temps d’enlever chaussures et manteau et de prendre ceux d’Orphée pour les accrocher que Sasha arriva comme une furie, manquant de tomber dans les escaliers et se jeta dans mes bras.
« Mama, ça fait longtemps, j’ai cru que toi aussi tu nous avais laissé. »
« Mais non mon cœur, j’étais juste très occupé. » Je le pris dans mes bras puis il leva sa bouille vers Orphée, la mine inergative.
« T’es qui toi ? L’amoureux de Mahé ? C’est avec toi qu’il était occupé ? »
Je manquais de m’étouffer en l’entendant, il ne savait même pas à quel point le double sens de sa dernière phrase était embarrassant.
« Sacha, ne soir pas impoli. C’est Orphée, un bon ami à moi. »
« Un ami ? Alors il ne sera pas mon beau-frère ? »
« Quoi mais non, pourquoi tu te mets des idées pareilles en tête mon cœur ? » Demandais-je, mes joues s’empourprant.
« Bah parce que tu ne peux pas te marier avec une fille, il faut quelqu’un pour te protéger et moi je suis trop petit alors il faut que tu te marie avec un garçon fort qui pourra te défendre et puis en plus tu rougis donc c’est que j’ai raison, non ? »
« Mais… »
Je ne savais pas quoi dire pendant que de son côté Orphée se moquait à nouveau de moi. Il se tourna vers mon frère et lui dit :
« Toi je t’aime bien, tu as tout compris, il faut quelqu’un pour protéger ton frère, il est trop délicat pour le faire lui-même. »
Ce n’est pas possible, pourquoi je l’ai amené avec moi celui-là !
« Mahé ! »
La voix de ma sœur me fit me retourner, juste avant qu’elle ne m’enlace, embrassant ma joue.
« Comment tu vas ? » S’intéressa ma cadette.
« Ça va, et toi, tout va bien ici ? »
« Ouais nickel, j’ai tellement de trucs à te dire ! Ça fait au moins un mois que tu n’es pas venu, c’est lui qui te prenait tout ton temps ? » Demanda-t-elle en désignant Orphée, levant un sourcil, subjective.
« Mais stop, Orphée est juste un ami ! »
Ce n’est pas possible, Sasha les a tous convaincu que j’allais finir avec un homme ou quoi ? Les enfants et leur imagination débordante.
« C’est ce qu’on dit tous au début, mais ça ne le reste jamais longtemps. » Argumenta Gwendoline.
« Vous allez le laisser tranquille ? » Tonna une voix derrière nous, légèrement rieuse.
« Nolahn, je ne pensais pas te voir, je savais pas que tu étais chez nous. »
« Tu es déçu ? »
« Quoi ? Non mais non, je suis heureux de te voir. » Souris-je alors qu’il me donna une tape amicale sur l’épaule.
« Bon on ne va pas rester dans le hall, allons au salon. » Dis-je avant de me diriger vers celui-ci.
Tout le monde prit place sur les canapés, piaillant joyeusement, Orphée étant assailli de questions, surtout de la part de Sasha qui s’était installé sur ses genoux sans aucune gêne.
« Je vais faire du café, qui veux quoi ? »
« Moi je veux du café ! » S’exclama mon petit frère, me faisant sourire avant de secouer négativement la tête.
« Mahé t’es pas cool ! » Grogna-t-il.
Il fit semblant de bouder mais ne tenu pas même une minute avant de se remettre à parler comme une pipelette.
« Je veux bien un chocolat. » Répondit Nolahn dans un sourire que je lui rendis aussitôt.
« Je vais prendre du thé mais je viens t’aider. » Dit Gwen en se levant.
Nous partons dans la cuisine et commençons à préparer.
« Tu n’as pas demandé à Orphée ce qu’il voulait. » S’inquiéta ma sœur.
« Non, je sais ce qu’il prend. »
« Oh je vois. »
« Quoi, je sais ce qu’il boit ça ne veut rien dire. »
« C’est peut-être un détail pour toi mais pour nous ça veut dire beaucoup. » Chanta-t-elle sur l’air de : Il jouait du piano debout de France Gall.
Je soupirais, ma sœur et moi ne pouvions nous empêcher de tout rapporter à des chansons et passons ainsi notre vie à chanter. Je la suivi, chantant ce coup-ci les bonnes paroles.
« Et toi, qu’est-ce que tu bois ? »
« Canneberge, comme toujours. »
« Evidemment. Attends, c’est ça aussi que tu vas servir à Orphée ? C’est trop mignon. »
« Mais tais-toi un peu. » Ris-je en la bousculant doucement.
« Et Sacha, il prend quoi ? »
« Je lui ai faire un chocolat, comme pour Nolahn. Maman est là ? »
« Non, elle est sortie. Tout va bien entre vous ? »
« On ne parle plus trop. Je ne veux pas couper le dialogue mais parfois c’est dur, elle dénigre tout ce que je fais et refuse de voir que j’ai changé. Je reconnais que j’ai fait des conneries après le départ d’Eglantine mais c’est parce qu’elle me mettait la pression. Maintenant je suis stable, je sais ce que je fais. »
« Ouais, je comprends. Enfin disons que je vois ce que tu veux dire parce que maman et moi nous ne nous sommes jamais disputées alors c’est difficile de m’imaginer votre relation. »
« C’est difficile à vivre, crois-moi, je fais tout pour lui faire plaisir mais elle ne le voit jamais. Malgré tout je sais qu’elle m’aime, et moi aussi je l’aime, c’est ma mère. Mais il arrive un moment où je vais me lasser de tout faire pour rien et il y aura rupture. »
« Je crois qu’elle ne se rend pas compte à quel point elle est dure avec toi. »
« J’en sais rien, des fois je me demande. »
Elle hocha la tête et nous amenons les boissons et quelques gâteaux sur la table basse du salon.
Nous discutons tous gaiment, nous racontant respectivement nos dernières semaines. Nolahn se leva au bout de quelques heures, signalant qu’il avait rendez-vous, saluant tout le monde avant de partir. Peu de temps plus tard, ma mère rentra, me jetant un regard mauvais avant de me demander de la suivre.
Je sais pas pourquoi mais je ne le sens pas.
Orphée leva les yeux sur moi, comme pour s’assurer que tout ira bien. Je lui souris chaleureusement, ayant tout de même la boule au ventre à l’idée de me confronter à ma mère.
Je la suivi jusqu’à une pièce adjacente, sentant la tempête se préparer. Elle se tourna vers moi puis me donna une lettre.
« Tu m’expliques ? »
Le ton froid de sa voix me fit frissonner. Lentement, je dépliais la lettre, remarquant tout de suite le logo de mon établissement scolaire.
Ça craint vraiment là.
D’un regard je parcours le courrier, blêmissant en comprenant de quoi il retournait.
« J’attends. » Souffla ma mère, toujours aussi glaciale.
« Je… Ce n’est pas moi, je te jure que je touche plus à rien, ni drogue, ni cigarettes, pas même du Cannabis. Il doit y avoir une erreur. »
« Ne me ment pas Mahé ! »
« Je te promet que je n’ai rien fumé depuis que je suis allé en cure. Les deux mois que j’y ai passé ne m’ont pas vraiment donné envie de recommencer. »
« Et les absences en cours, comment peut tu les expliquer ? »
« Je… »
« Ça aussi tu vas le nier ? »
« Non, j’avoue avoir louper plusieurs cours ce mois-ci, c’est parce que j’ai été malade et s’ajoute à cela le fait que je me suis fait agresser dans la rue en rentrant alors j’ai eu un petit moment à vide mais je vais me reprendre, laisse-moi juste une dernière chance… »
« Non Mahé, il n’y a plus de dernières chances, je t’avais prévenu. »
« Oui mais je te jure que ce coup-ci j’ai trouvé une vraie raison de m’accrocher, je vais me remettre sur les rails, me remettre en mouvement. »
« Non tu m’as déjà trop fait le coup. »
« Mais laisse-moi te prouver que j’ai changé, Laisse-moi te montrer que tu peux me faire confiance, si tu ne me laisse pas de libertés tu ne sauras jamais si je mérite ta confiance. »
« Tu n’as qu’à me prouver que tu en es digne au lieu de fumer des joints dans les toilettes de filles en pleines journée. J’ai compris ce qu’il s’est passé, tu t’es fait agresser un soir dans la rue et ça a foutu un coup dans les frêles fondations de ta vie alors tu as rechuté. »
« Non ! Je t’ai dit que je n’avais pas fumé, c’est pas moi je te jure ! »
« Quelqu’un t’as vu, et est allé le dire au proviseur Mahé. »
« Très bien, allons faire une prise de sang, tu sais comme moi que l’on peut trouver des traces de la consommation de cannabis dans le sang jusqu’à soixante-dix jours après la prise alors allons faire un test. »
« Ne joue pas avec moi Mahé, dès le mois prochain tu retournes en internat et c’est non négociable. »
« Tu sais que ça n’arrangera rien ! C’est à cause de l’internat que j’ai faillis rechuter la dernière fois ! »
« La discussion est close. »
« Mais… »
« La discussion est close Mahé ! »
Je sorti, de la pièce, claquant la porte derrière moi. Je passais devant le salon, lançant à la va vite un ordre de départ.
« Je crois que ça s’est mal passé… » Entendis-je dire ma sœur pendant que je mettais mes chaussures.
Je sorti en trombe de la maison, entendant les pas d’Orphée dans mon dos, rassuré qu’il m’ait suivi et de ne pas être obligé d’y retourner.
Quelque chose de chaud et doux se glissa dans mon cou. Je ne mis pas longtemps avant de reconnaitre mon écharpe.
« Tu l’avais oubliée. » M’indiqua Orphée.
« Merci. » Susurrais-je seulement, me rapprochant de lui alors que je suis supposé lui en vouloir, après tout, c’est de sa faute si quelqu’un a trouvé des mégots dans les toilette et a crus que c’était à moi.
Anxieux, j’avais terriblement envie d’une cigarette à cet instant, bien que je me fusse fait la promesse de ne plus fumer quoi que ce soit il y a maintenant un an. Toutes ces merdes m’avaient foutu trop bas, j’avais été jusqu’à monnayer ma virginité -ce qu’a découvert Orphée sans que je saches comment- pour avoir un endroit où dormir un soir de débauche sans les rues des quartiers malfamés.
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Avec amour et dévotion,
ParadoxalementParadoxale.
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