Chapitre 10 : Cannabis

La semaine de ‘’préparation au duel‘’ était déjà bien entamée et nous nous efforcions de soutenir Adryen qui commençait réellement à douter de lui.

Depuis l’annonce du duel, il s’était entrainé sans relâche à toutes sortes de techniques de combats, sachant pertinemment que marcel faisait de même de son côté et que ce dernier savait se servir de ses poings. Alphonse avait endossé le rôle de coach et elle n’était pas tendre avec lui. Je crois que je commence à comprendre leur façon de fonctionner. Ils sont toujours en train de se chercher, de se lancer des saletés à la gueule mais accourent quand l’un a besoin de l’autre, ils sont dans une sorte de ‘’je t’aime, moi non plus‘’ mais d’un amour platonique et un peu vache. Lyës assiste Adryen, enfin disons qu’il lui porte se serviette et sa bouteille d’eau, quand il n’est pas trop occupé à le reluquer faire du sport et transpirer. Pourtant, il semble être préoccupé par quelque chose. Au début, je pensais que c’était la peur qu’Adryen soit blessé mais plus le temps passe, plus je me persuade qu’il y a aussi autre chose.

« Lyës, quelque chose ne va pas ? »

« Mhm non, c’est juste que je pense à ce qu’a dit Maël, il a dit : ‘’aiguisez bien vos sens et sachez que la victoire ne réside pas toujours dans la force physique‘’ et depuis, je n’arrête pas d’y repenser. Je pense qu’il voulait faire passer un message en disant ça. Il veut pas qu’il y ait de combat, je pense qu’il veut que l’on passe outre le duel, c’est pour ça qu’il a insisté sur les règles du duel, il veut qu’on les contourne, de ce fait, nous ne pourrions être que vainqueurs quelle que soit l’issue du combat. »

« Oh putain mais oui, tu es un géni Lyës ! »

Il rit et ajoute :

« Je n’irais pas jusque-là mais ça fait un moment que je réfléchis à tout ça alors ça aurai été inquiétant que je ne trouve rien. »

Ce fut à mon tour de rire puis je me tournais, cherchant Orphée des yeux. Je ne le trouve pas ce qui m’étonne grandement, jamais il n’avait quitté mes côtés depuis que je le connaissais.

« Tu n’as pas vu Orphée ? »

« Non, d’ailleurs, je voulais te demander, il y a quelque chose entre vous ? »

« Pourquoi, tu as des vus sur lui ? » Le taquinais-je.

« Non ! Pourquoi tu … Tu te fous de moi et j’y ai crus. Aller, réponds à ma question. »

« Non, je ne crois même pas être de ce bord-là. Enfin je sais pas, je ne me suis jamais trop posé la question. D’ailleurs je ne pense pas que c’est le genre de question que l’on doit se poser, il faut juste laisser les choses faire et les accepter, quelle qu’en soit l’issue. »

« C’est vrai, tu n’as pas besoin de te poser de questions ou de te définir par un genre ou une catégorie, aujourd’hui, on invente tout et n’importe quoi, bonne ou mauvaise chose, au fond on s’en fout, on peut juste vivre et au diable tout le reste, on n’a pas besoin de l’approbation de qui que ce soit. »

« Ouais je concoit parfaitement tout cela, je sais que c’est la bonne solution mais je ne sais pas être comme ça moi, je me pose toujours un tas de questions, craignant le jugement des autres. »

« Je pourrais t’apprendre à t’en foutre. »

« Je ne suis pas sûr que ce soit si facile. Mais merci de proposer. »

« Comme tu veux mais saches que ma proposition tiendra toujours dans un jour, un mois ou un an. »

Et il partit, rejoignant Adryen. C’est vrai qu’à y réfléchir, ils vont vraiment bien ensemble, et les imaginer de cette façon ne me gêne absolument pas, pourquoi le serais-je, après tout je ne suis pas concerné par leur vie privée, si ce n’est en temps qu’ami. Par contre, le fait qu’Orphée soit toujours introuvable m’inquiète un peu. Si j’avais un peu d’argent, je lui prendrais un téléphone pour pouvoir le joindre malheureusement je manque déjà d’argent pour payer mon loyer pour lequel ma mère refuse de m’aider. Elle n’a pas apprécié que je quitte l’internat. C’est pourquoi le fait de vivre a deux dans mon appartement depuis près d’un mois n’est absolument pas envisageable plus longtemps. Il faut impérativement qu’Orphée m’aide à financer mon -enfin notre désormais- loyer. Je préviens rapidement mes amis que je m’en vais et pars à la recherche d’Orphée.

Je fais le tour des salles du lycée, manque de me perdre à plusieurs reprises puis fini par retrouver Orphée, dans les toilettes des filles où l’on a été avec Alphy’ le premier jour.

« Bordel mais qu’est-ce que tu fais là, je t’ai cherché partout ! »

Il ne prend pas la peine de me faire face et dit, railleur :

« Ouais, je sais, je t’ai entendu penser, tu ne peux décidément pas te passer de moi. Je dois dire que c’est mignon. »

Il se fout de moi ?

« Orphée, tu as bu ? »

« Naaaan, j’ai pas bu une goutte, mais merci de demander, tu t’en fais pour moi ? »

« Orphée, tu n’es pas dans ton état normal là, je pense qu’on devrait rentrer chez moi. Viens. »

« Assieds-toi à côté de moi, on va discuter mon chaton. »

« Mais on est dans les toilettes des filles, on devrait même pas être là et puis tu ne vas clairement pas bien. »

« Pourquoi tu dis çaaa ? »

« Je ne sais pas, peut-être parce que tu viens de m’appeler ‘’chaton‘’ »

« Tu préfèrerais Chiot, ou Crevette ? Ouais Crevette j’aime bien, ça te va bien. »

« Orphée, viens avec moi, il ne faut pas que quelqu’un te voit dans cet état. »

« C’est de ta faute aussi, t’avais qu’à être pas aussi bandant. Putain, tu me rends fou ! »

« Ce que tu dis n’a aucun sens, tes phrases ne sont même plus françaises ! »

C’est au moment où je lui disais ça que je remarquais les mégots sur le bord du lavabo.

« T’as pris du cannabis ? Dans le lycée ? Mais ce n’est pas possible ! »

Et puis où il a eu les contacts pour s’en procurer ? Il n’est même pas ici depuis un mois !

« T’écoutes même pas ce que je dis, tu es une vilaine crevette. »

« Mais je ne suis pas une crevette ! »

« Ouais mais t’écoutes toujours pas ce que je dis. »

« Parce que je m’en fous actuellement, maintenant debout, on va chez moi. »

Je me dirigeais vers les mégots, prêt à les jeter quand sa voix m’interrompit.

« Mais je disais que je te voulais. Mahé, je te veux. »

J’eu un moment de blocage avant de me tourner vers lui, délaissant les trop nombreux mégots.

Il ne faut pas que j’écoute ce qu’il me dit, il est complètement stone.

« Arrête de débiter des conneries et suit moi. En silence. » Crus-je bon d’ajouter.

« Mais c’est vrai, j’ai envie de toi, de ton corps, de tes hanches contre les miennes, de sentir tes fesses pleines dans mes mains, et de tes cris pour venir chatouiller mes oreilles. »

Involontairement, je laissais échapper un soupir et fermais rapidement les yeux pour me concentrer à oublier ce qu’il me disait.

Nous sortîmes sans encombre du lycée, Cerbère n’étant pas à son poste, dieu merci. Je ne sais pas comment l’on serait passé sinon.

Surtout avec l’autre idiot qui nous sort une dizaine de stupidité à la seconde.

« Je voudrais passer ma langue dans ton cou, et mes doigts sur tes reins. Je pourrais aussi mordre cette lèvre. »

Je rêve où il essaye de me chauffer ?

Le chemin jusqu’à mon appartement semble me durer une éternité, Orphée s’arrêtant à chaque chose qu’il croissait, caillou, insecte ou arbre.

Dès mon arrivée chez moi, je le laisse sur le canapé et part lui chercher des vêtements, songeant au fait qu’il serait nécessaire d’aller lui acheter quelques habits, le peu de vêtements qu’il me restait de mon frère n’étant malheureusement pas suffisant. Quand je pose ses vêtements sur le dossier du canapé, je sens une main enserrer mon poignet et me tirer, jusqu’à ce que j’atterrisse sur le sofa, après être passé au-dessus du dossier, non sans un cri de frayeur. Brutalement, je sens ses lèvres s’écraser sur les miennes, me faisant hoqueter de stupeur. Je le repousse -ou du moins tente de le faire- mais il ne semble pas de cet avis et reprends possession de mes lèvres. J’arrive à le décoller de moi une seconde fois juste le temps de lui dire :

« Mais Orphée, arrêtes, non ! »

Il ne m’écoute pas, maintenant mes bras au-dessus de moi.

« Depuis quand ça te dérange d’écarter les cuisses, je sais ce que tu as fait, tu as monnayé ta virginité. »

A force de me débattre, je réussis à le faire tomber, me libérant ainsi. Les larmes aux yeux, je lui fais face du mieux que je peux.

« Putain mais qu’est-ce qu’il te prend ? »

Je pars m’enfermer dans ma chambre, dépassé par ce qui vient de se produire. Il a réellement essayé d’abuser de moi ? Jusqu’où serait-il allé ?

Moins d’une minute plus tard, je me rends compte avoir laissé mes affaires sur la table basse du salon. Contraint d’y retourner je me presse de la faire quand je vois qu’Orphée s’est endormi. Je pose une couverture sur ses épaules et retourne dans ma chambre.

Je m’assois sur mon lit, mon cahier de math entre mes jambes. A peine cinq minutes de révisions me permettent de me rendre compte que je n’arriverais à rien ce soir. J’ai l’esprit trop embrouillé pour faire quoique ce soit d’intellectuel. Comment Orphée a-t-il pu être aussi odieux avec moi ? La drogue n’excuse pas tout. Mais il est vrai qu’il n’était pas conscient de ce qu’il me disait. Mais surtout, comment a-t-il su ? Comment sait-il, et comment peut-il juger ce que j’ai fait ? Je ne sais pas quoi penser…

Un bruit de verre brisé me tire de mes pensées. Rapidement, je me lève et accourt à la cuisine, m’en voulant déjà d’avoir laissé Orphée seul alors qu’il était en train de planer.

Ce que je peux être stupide parfois.

« Orphée, tout va bien ? »

Pas de réponse, qu’est ça qu’il fout.

« Orphée, tu es là ? »

J’arrive à hauteur du canapé, y jette un œil et continue mon chemin vers la cuisine quand je vois qu’il n’est plus allongé dessus.

Une fois à destination, j’entends comme des sanglots étouffés qui me font immédiatement accélérer le pas, me précipitant derrière le plan de travail. J’y vois Orphée, recroquevillé parterre, au milieu des éclats d’une assiette brisée.

« Oh mon dieu Orphée mais qu’est qu’il s’est passé, tu es blessé ? »

La seule réponse qui me parvienne est un reniflement et quelques sanglots. Je m’accroupis près de lui, prenant garde à me pas me blesser. Je tente de l’aider à se relever mais il y rechigne, se mettant à pleurer de plus belle, serrant incroyablement douloureusement mon cœur.

« Je suis désolé, pardonne moi… Oh pardonne moi. » Répétait-il comme un mantra.

« Ce n’est rien. » Lui chuchotais-je, caressant affectueusement ses cheveux.

« Mais l’assiette, je l’ai tuée, elle ne me pardonnera jamais… » Délirait-il de nouveau.

Et moi qui croyais qu’il s’excusait pour ce qu’il m’avait dit.

« Chuut, ne parle pas. Tout va bien, je suis là, tu n’as plus rien à craindre. »

C’est en le berçant de douces paroles que je réussis à le calmer, du moins assez pour le guider jusqu’à mon lit et l’y coucher. Cette fois, je restais à ses côtés, ne le lâchant pas. Les tressautements de ses épaules diminuèrent jusqu’à totalement disparaître quand il s’endormi. Exténué, je m’endormis à mon tour peu après, bien qu’il ne soit que 19h23 et que je n’ai pas mangé.

Notre sommeil fut réparateur et au moment où je me suis réveillé, Orphée avait quitté le lit, étant sous la douche. Je me levais et sorti de ma chambre pour aller déjeuner. En arrivant dans la cuisine, je marque un temps d’arrêt quand je vois les placards tous ouverts et dévalisés.

Eh bah dis donc, il ne plaisante pas avec la fonce-dalle.
Orphée à littéralement vidé mon appartement de tout semblant de nourriture.

Génial, j’ai plus une thune et je vais devoir refaire mon stock de provisions.

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Avec amour et dévotion,

ParadoxalementParadoxale.

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