Chapitre 1 : Un drôle de rêve

La lumière chatoyante filtrant à travers les rideaux de ma chambre me réveille en douceur, me laissant le temps de m’étirer et de bailler indécemment avant de me lever. Luffy, mon chien saute rapidement de mon lit pour me suivre vers la cuisine, jappant joyeusement.

« Tu ne devineras jamais à quel point le rêve que j’ai fait cette nuit était barré Lu’. Un truc de fous, je ne sais même pas comment mon subconscient peut créer des histoires aussi étranges. Un jour ou l’autre je devrais les écrire, comme ça peut-être que ma mère arrêtera de se faire du souci parce que je n’ai pas de projet d’avenir, écrivain est un bon métier non ? évidement toi tu n’as pas ce problème, t’es un chien, tout ce que tu fais c’est demander des caresses et de l’attention. Moi aussi j’aimerais bien recevoir des caresses et de l’attention parfois. Pour en revenir à ma mère, je dois passer la voir aujourd’hui, peut-être que je lui parlerai de mon nouveau projet. Et surement qu’elle me remballera comme quand je lui ai dit sue je voulais être illustrateur pour enfant ou encore celle où je lui ai parlé de ma passion pour la photo. Elle s’étonne toujours que je n’ai pas d’activité stable et de projet durable mais c’est un peu de sa faute aussi, elle recale toutes mes idées d’office avant même que je n’ai eu le temps de bien les lui exposer. Et elle remet ensuite mon indécision sur le dos de la disparition de papa, comme si tout venait de là. Avec le temps elle aurait dû se rendre compte que ce n’est pas de l’indécision mais plutôt une soif phénoménale d’apprendre et de découvrir de nouvelle chose qui fait ça, comme quand enfant, je n’ai pas réussi à choisir de quel instrument je souhaitais jouer parce qu’il y en avait trop qui m’intéressait, et cela a toujours fait partie de moi, quoi qu’en disent les psychologues. »

« Ça t’arrive souvent de parler tout seul ? »

D’un bon, je fis volte-face, me retrouvant nez à nez avec…

Orphée ?

Il me regardait, un rictus moqueur aux lèvres alors que je senti ma mâchoire se décrocher.

Ce… ce n’est pas possible. Ce n’était donc pas un rêve ?

« Je… vous…Tu… Enfin toi, pourquoi t’es là ? C’est chez moi, c’est mon espace personnel, ma propriété privée ! » Bredouillais-je piteusement.

« Eh, ne m’agresse pas dès le matin, j’ai besoin de repos, j’ai été déchus pas plus tard qu’hier et je t’ai sauvé la vie je te rappelle alors un peu de respect. »

Je me laissai tomber sur une chaise, la tête entre les mains, incrédule. Luffy vint poser ses deux petites pattes avant sur mon genou et remua la queue, indifférente aux tourments dans lesquels je me retrouvais plongé.

« Tu as une bête qui monte sur ta jambe. » Crus bon de préciser Orphée avec un sérieux déconcertant.

« Oui merci, je sais, c’est ma chienne, elle s’appelle Luffy. Mais tout ça, tu n’es pas censé le savoir puisque notre vie n’est en fait pas la nôtre à nous les humains et que toi et tes acolytes patibulaires semblez tout contrôler, au point de nous inclure dans vos saloperies de plans, sans prendre en compte notre libre-arbitre ! »

« Bordel mais tu es quel genre d’humain toi ? Pourquoi suis-je tombé sur un empoté contestataire et ingrat ! Je suis un ange, respecte au moins ça ! »

« Ah oui, un ange, rien que ça ! Et dit moi, si ton job est de veiller sur l’humanité, ça ne te dérange pas de te servir de nous comme des pions d’un échiquier ? Oh et j’allais oublier, où étais-tu quand enfant je me faisait harceler, quand mon père à disparut, me laissant seul, triste et abandonné, quand les autres gosses de l’école me traitaient de fillette parce que je ne supportais pas qu’ils fassent du mal aux animaux ? Où étais-tu donc quand j’avais besoins de toi ? Tu veux te placer en sauveur mais moi, tout ce que je vois c’est un ange déchu, un raté qui porte tellement d’importance aux hommes et à leurs pratiques qu’il ignorait ce qu’était un chien ! »

« Tu ne sais que gueuler ou il t’arrive aussi de parler normalement ? Je n’ai jamais dit que j’étais ton ange-gardien, rentres-toi ça dans le crâne. Néanmoins, cela ne m’a pas empêché de te sauver la nuit dernière alors s’il te plait arrête de faire le mioche et montre-moi juste comment fonctionne la douche, il faut que je me lave. »

« Je ne suis pas un gosse putain ! Bon viens, tu prends une douche et après tu te casses de chez moi, je ne donne pas dans l’accueil de sans-abris. Et puis ce serait trop te demander de mettre un sweat ? J’n’aime pas trop quand des inconnus se trimballent à poil dans mon appart. »

« Alors premièrement petit, après ma douche je ne vais nulle part si ce n’est au lit et deuxièmement, je ne sais pas si tu as remarqué mais j’ai le dos détruit, la chaire à vif alors non, je ne peux pas mettre de sweat, je ne sais d’ailleurs même pas à quoi ça ressemble et puis je ne suis pas non plus à poil, j’ai un pantalon. »

« Ouais c’est ça ! et puis ne m’appelle plus jamais petit, je suis pas petit ! »

Bon je l’admets, ma dernière réplique est plus que risible sachant que je ne fais qu’un mètre cinquante-neuf -et oui, même pas les un mètre soixante- et que lui doit bien faire dans le mètre quatre-vingt-cinq.
Un rire lui échappa alors qu’il me dépassait, ébouriffant mes cheveux déjà désordonnés juste pour me montrer à quel point je suis petit.

Shit, 1m59 pour un garçon c’est ridicule !

« Oï gamin tu viens ? »

Mais comment peut-on être aussi insupportable ?

« Si tu fais encore ne serait-ce qu’une seule réflexion concernant mon âge ou ma taille, je te jure que je te fous dehors, je suis encore chez moi et je n’ai aucune pitié pour les idiots dans ton genre, pas même s’ils sont handicapés ! »

« Oh, mon petit chaton sort les griffes » rit la créature céleste qui s’est invitée chez moi.

A l’entente de ces mots, je ne peux m’empêcher de rougir, sans pourtant comprendre pourquoi.

‘’Mon petit chaton‘’, c’est quoi ça ? Je déteste ce type.

« Bon alors, ça c’est le robinet, là c’est la pression du jet et là y’a eau chaude, eau froide. De rien pour les explications. »

Je quittais la salle de bain avec empressement.

C’est vrai que parfois mon comportement est un peu enfantin et prétentieux mais qui est-il pour me le faire remarquer, on ne se connait pas, et il est même pas humain !

Luffy aboie un coup pour me signaler qu’elle attend toujours à manger, je l’attrape alors dans mes bras et me dirige vers la cuisine où je lui donne sa pâtée et où je me prépare un petit déjeuner, hésitant à en faire un deuxième pour mon invité forcé avant de me reprendre, il ne mérite pas mes petites attentions !

Je ne vais pas être aux petits soins avec un idiot pareil.
Au bout d’une heure, il n’est toujours pas réapparu et tant mieux, ça évite qu’il me prenne la tête. Si ça se trouve, il n’est même jamais venu et j’ai continué mon rêve en étant éveillé ce matin. Ça doit être ça, c’est la seule explication rationnelle. Un bruit me ramène pourtant à la réalité, l’eau qui coule dans la salle de bain ! Est-ce moi qui l’ai allumée en rêvant où y a-t-il réellement un intru chez moi, je n’ose ouvrir la porte pour le savoir. Malgré tout, au bout de deux heures et demi, je me décide à aller jeter un œil.

Je ne vais pas laisser la douche couler toute la journée parce que j’ai peur de trouver un ange dans ma salle de bain, nu.

J’entrebâille la porte et une bouffée de vapeur m’assailli aussitôt. Ma salle de bain entière est noyée dans la buée et la vapeur.

Mais qu’est-ce qu’il fout ?

J’ouvre alors la porte de la douche d’un geste rageur avant de couper l’eau, ou du moins d’essayer, retirant vivement ma main du jet après m’être brûlé. Orphée coupa l’eau de lui-même et sorti, me toisant de toute sa hauteur. Je poussais un second cri en remarquant sa nudité, chose évidente puisqu’il prenait sa douche mais que je n’avais néanmoins pas percuté.

« Mais ça ne va pas ! » M’exclamais-je toujours retourné.

« Tu sais combien ça coute l’eau ? Tu as vidé le ballon d’eau chaude et je ne pourrais même pas payer la facture à la fin du moins par ta faute. T’es vraiment qu’un sale égoïste ! »

« Tu ne vas pas t’y remettre quand même ! J’étais tranquille et tu viens me sortir de ma quiétude pour me hurler dessus ? T’es vraiment chiant ! Pas étonnant que ton père se soit barré ! »

Je me décomposais, luttant contre les larmes qui finirent par s’échapper de mes yeux, terminant par éclater en sanglots. Je courus jusqu’à mon salon pour m’affaler sur mon canapé et pleurer mon soûl. Il n’avait pas le droit de me dire ça, c’est trop bas. Le reste je peux accepter, tolérer mais ça non, il a vu mes faiblesses et il s’en sert pour me blesser, ce n’est pas un ange c’est un monstre, je commence à comprendre pourquoi il a été déchu, et puis je m’attendais à quoi, sérieusement ?

Luffy se coucha près de moi, me léchant la joue mais ça ne suffit pas à me réconforter. Depuis toujours j’avais considéré que si mon père avait disparu, c’était peut-être volontairement et peut-être de ma faute. Je senti une main passer sur le haut de mon crâne, répandant une douce chaleur, et même en sachant que c’était lui, je ne pus le repousser, tant cela était agréable et réconfortant.

« Excuse-moi, je n’ai jamais été très doué avec les sentiments humains mais je ne voulais pas réellement te faire de la peine, enfin si, peut-être un peu mais pas comme ça. Je n’ai pas réfléchi aux conséquences de mes actes, à la portée de mes mots c’est pourquoi j’aimerais que tu me pardonne. »

« J’n’ai rien à te pardonner, on ne se connait pas je te rappelle. »

Je senti de puissants bras me soulever dans les airs, me faisant me recroqueviller contre son torse, Orphée me portant jusqu’à ma chambre, sous mes cris de protestation. Il me déposa dans mon lit avant de se coucher à mes côtés.

Mais il fait quoi là ?

J’allais m’insurger de nouveau mais l’onde de bien-être qui me traversa quand il me prit dans ses bras eut raison de moi, j’avais après tout moi-aussi droit à un moment de sérénité, qu’importe qui me l’apporterais. Luffy trottina jusqu’au lit avant de geindre, mécontente qu’Orphée ait pris sa place. Elle se coucha donc près de lui, le museau posé sur sa hanche. Et s’endormi dans un bâillement. La voyant si paisible, je choisi de faire de même et de m’endormir. Dans la douce étreinte réconfortante d’un ange, d’un inconnu qui s’est invité chez moi mais que, malgré tout je commence à apprécier, un peu, un tout petit peu.

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Prochain update : Samedi.

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