09 - MAGIE D'ILLUSION (partie 1)


Coucou !

Nous avons décidé de couper le chapitre 9 en deux car il était un peu long pour le format de lecture wattpad : cela vous permettra de garder le rythme d'un chapitre par semaine sans vous faire distancer ;)

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Bonne lecture ;)


PARTIE 1

Toute la nuit, un empire de flammes avait régné sous ses paupières, dansant sous une ombre d'un noir malfaisant. Des chevaux de feu galopaient dans sa tête, hennissant furieusement tandis qu'un jeune cyprès brûlait. Nuril, le héron cendré de sa mère, était présent et riait d'elle : aveuglé par sa colère et son désespoir, Syrel n'avait même pas vu la graine. Quand elle se réveilla, un goût de culpabilité âcre mourrait dans sa bouche. Elle avala sa salive, les lèvres serrées. Elle avait l'impression de ne pas avoir dormi. Que lui était-il arrivé ? Pourquoi avait-elle cédé si facilement à la haine, elle qui était si calme, si effacée ? Jamais la princesse d'Alahan n'avait haussé le ton, contredit sa mère ou manifesté la moindre émotion vive. Elle avait toujours gardé ses sentiments précieusement enfouis dans un recoin secret de son être.

Jusqu'à maintenant du moins...

L'adolescente se tourna. Lómion était près d'elle, assoupi. Les oiseaux ne dormaient pas en temps normal, ils n'en éprouvaient pas le besoin n'étant constitué que de magie. Cependant, lorsqu'ils consommaient une grande partie de leurs plumes, et de leur pouvoir, les âmes sœurs se trouvaient affaiblies. Il leur fallait alors se reposer, faire repousser leur plumage et ressourcer leur énergie. Son faucon pèlerin avait perdu de longues pennes couleur de la nuit durant son affrontement avec le corbeau. Syrel ne s'inquiétait pas trop pour lui : il n'était pas en danger. Leur lien lui permettait de sentir tout ce que ressentait son compagnon et ses plumes revenaient doucement. Une à une.

Après une caresse affectueuse et un regard tendre pour son ami, la princesse se redressa lentement. Les premières lueurs de l'aube perçaient les feuillages de la sylve, révélant non loin d'elle la clairière immaculée de blanc : mille pâquerettes souriaient à nouveau au pied du Vénérable Aldaron. Le jeune cyprès de la veille n'était plus. La nuit lui avait rendu sa majesté et sa grandeur. Il s'élevait tel qu'elle l'avait découvert la première fois mais une magie nouvelle coulait dans sa sève. Il luisait de lumière et ses feuilles avaient la couleur des rêves. Ses racines alimentaient de magie la clairière, les rangées de séquoias et de chênes qui l'encerclaient comme une armée protectrice et muette, et chaque Éternel de la forêt sacré.

Syrel comprit que si elle avait voulu approcher Aldaron, maintenant qu'il avait retrouvé sa toute-puissance originelle, elle ne le pourrait pas. Ni elle ni personne. Aucun oiseau et aucun Oiselier n'aurait le pouvoir de traverser l'aura de l'arbre gardien. Il vibrait d'une force vitale qui dépassait tout ce qu'elle avait pu ressentir.

Un chuchotement rompit le silence.

— Tu pourras bientôt voler...

C'était Soèn. Il était à quelques ailes de sa sœur, son geai bleu recroquevillé contre lui. Contrairement à Lómion qui souffrait seulement d'avoir épuisé une grande partie de sa magie, Brigal avait été frappé de plein fouet par la foudre noire d'une autre âme sœur. S'il avait été touché en dehors de la Forêt des Éternels, il se serait évaporé avec son pouvoir...

Syrel réalisait désormais que son âme sœur puisait dans le lien qui l'unissait à elle la capacité de reconstituer ses plumes de magie, et, qu'à la mort des Oiseliers, les oiseaux demeuraient, mais leurs essences ne se régénéraient plus. C'était pourquoi ils se rendaient tous dans la forêt où le pouvoir d'Aldaron alimentait chaque arbre, chaque fleur, chaque oiseau éternellement.

Les Oiseliers savaient que les anciennes âmes sœurs ne pouvaient rester auprès d'eux, c'était la règle. En vérité, c'était plus qu'une règle, c'était la loi naturelle du monde. Alors qu'on lui avait appris les arcanes de son lien intime avec Lómion et conté les nombreuses légendes autour du Phénix, son père et les autres avériens semblaient pourtant ignorer qui était réellement Orian et le Vénérable Aldaron. Personne ne savait ce qu'était devenu l'Oiseau de Feu ni qu'il pouvait renaître de ses cendres.

Comment l'histoire de leurs origines avait-elle pu se perde au fil des siècles ?

— Petite sœur, tu es réveillée, murmura son frère en se tournant vers elle. Comment te sens-tu ?

Ne sachant que répondre, l'adolescente fit une grimace.

— Ce que nous venons de vivre a été éprouvant. Pour tout le monde.

La princesse acquiesça et son regard tomba sur le petit geai bleu qui respirait faiblement. Son plumage ne resplendissait plus. Les pennes qui lui restaient, aussi noires que le fond de la nuit, semblaient sur le point de se décrocher. Par endroit, l'absence de plumage laissait entrevoir le corps de lumière et d'énergie de l'ancienne âme sœur.

Un pincement fit frissonner le cœur de Syrel.

— J'espère sincèrement que Brigal va guérir...

— Ne t'en fais pas, il est plus solide qu'il n'en a l'air !

— Comment peux-tu en être si sûr ? Sans votre lien, tu ne peux pas savoir si sa magie se régénère.

— Je connais cet oiseau mieux que n'importe qui, lui rappela Soèn en s'approchant. Je sais parfaitement qu'il va s'en remettre !

L'adolescente plongea ses grands yeux dans ceux du Chef des Lames et hocha la tête dans un sourire.

— Tu as raison, sinon qui donnerait la réplique à Lómi ?

— Je crois bien que Brigal serait capable de se réveiller rien que pour contrarier notre cher faucon préféré, plaisanta le jeune homme en lui lançant un clin d'œil.

L'Oiselière se mordit les lèvres : elle ne voulait pas rire aux éclats et risquer de troubler le repos de son compagnon. Profitant même de son inconscience, elle posa légèrement un baiser sur la tête du geai bleu en lui chuchotant qu'elle avait hâte de le voir ouvrir les yeux.

Si Lómi me voyait, songea-t-elle aussitôt avec amusement, nul doute qu'il me ferait une crise de jalousie dont il a le secret !

Redevenu sérieux, Soèn lui déclara d'un ton grave :

— On doit élaborer un plan. La Fille au Corbeau nous attendra à la sortie de la sylve, c'est une certitude.

L'inquiétude électrisa tout le corps de Syrel. Depuis son affrontement avec l'âme sœur noire, elle savait jusqu'où la Fille au Corbeau était prête à aller, et cela l'effrayait. Cependant, peut-être qu'une autre peur plus profonde coulait désormais au fond de ses veines. Une terreur plus insidieuse et monstrueuse encore : celle de ne pas savoir jusqu'où elle-même serait prête à aller pour venger Brigal, Aldaron et tous les Oiseliers victimes de la malédiction.

— Que crois-tu qu'il soit arrivé aux Lames ? interrogea-t-elle soudain d'une petite voix.

Soèn baissa le regard sans rien dire. Il n'en avait pas besoin. Son mutisme confirma les craintes de sa sœur. Il y avait peu de chance pour qu'ils s'en soient sortis vivants.

— Notre objectif est Solano, reprit le jeune homme, mais, même là-bas, nous ne serons pas à l'abri. Il faudrait la semer, prendre suffisamment d'avance pour qu'elle ne nous rattrape pas.

Existait-il un seul endroit où ils seraient à l'abri ?

— Je ne vois pas comment faire, soupira l'adolescente.

— Il n'y a qu'une solution : demander l'aide des Éternels.

Syrel, surprise, observa un moment son frère, ses longues tresses pâles, son visage droit et sérieux, ses mâchoires carrées, la courbe noble de ses sourcils d'un brumeux et froid comme l'acier.

— Ils ne quitteront pas la sylve pour nous, contra la princesse. Ils n'interviennent jamais dans les conflits des Oiseliers. Tu as bien vu qu'ils ont laissé partir le corbeau ! Nos histoires ne les concernent pas.

— On n'a pas d'autre choix, c'est notre seule chance face à la Fille au Corbeau.

Syrel obtempéra, même si elle pensait leur requête vaine et n'avait aucune envie de s'adresser à nouveau au héron cendré d'Éyana. Elle sortit d'un pli de sa besace la plume que Lómion lui avait donnée pour la nuit, juste au cas où, et la serra entre ses doigts. Quand la magie coulant le long de la penne s'irisa, la princesse entra en contact avec les esprits des Éternels restés à proximité. Ils ne chantaient plus depuis qu'Aldaron avait péri et ressuscité, comme si la gravité des derniers évènements les préoccupait.

— Nous savons ce que tu t'apprêtes à nous demander. C'est impossible, déclara froidement Nuril.

Désolé, Aur ouvrit ses petites ailes noires et ajouta :

— Nous ne pouvons pas intervenir en dehors de la Forêt. Cela serait contraire à nos principes. À présent, nous appartenons à la sylve sacrée, nous n'avons pas le droit d'utiliser notre magie pour influencer la vie des Oiseliers.

— Sans votre aide, la Fille au Corbeau nous tuera ! Vous savez qu'elle en a le pouvoir... Nous devons accomplir la prophétie, réveiller Orian et sauver Avéria !

— Tu as été élue par une prophétie, à toi seule de mériter cette quête, conclut Nuril avec dédain.

Syrel fit part à son frère de la réponse des Éternels avec dépit :

— Ils ne feront rien. Dès que nous aurons franchi la barrière de la forêt, nous serons seuls.

— Alors on va devoir se débrouiller, soupira Soèn. J'ai peut-être une autre idée...

— Une idée où nous nous en sortons vivants, j'espère !

— On va utiliser la ruse, puisque la force nous fait défaut. Tu vas créer une illusion afin de leurrer la Fille au Corbeau sur la direction qu'on pendra en quittant la sylve. On n'aura qu'à patienter jusqu'à ce qu'elle suive ce mirage et prendre la direction opposée.

Cela pouvait marcher. Malheureusement, Syrel ne maîtrisait pas une telle capacité. Elle l'avoua à son frère puis ajouta :

— Et je ne pense pas que la Fille au Corbeau soit facile à duper.

— Mais que faisais-tu durant les cours d'arcanes magiques ?

— J'essayais déjà de réussir les sorts basiques, répliqua-t-elle, vexée. Tout le monde n'a pas le talent de ma sœur !

Soèn était sur le point de s'excuser, l'air sincèrement désolé, quand une voix d'oiseau pénétra l'esprit de la princesse, recouvrant tout le reste. C'était Férys.

— Moi, je t'apprendrai.

— Comment ? s'étrangla aussitôt le héron cendré d'Éyana.

— Tu as entendu. Je n'enfreins aucune règle en montrant à une âme sœur et son Oiselière comment utiliser leur magie.

— Pourquoi les aiderais-tu ?

— Parce que s'ils ne réveillent pas le Phénix, Kétari mourra. Je ne resterai pas sans rien faire. Je ne peux quitter la sylve mais je peux aider Syrel à survivre pour qu'elle accomplisse la prophétie. C'est ce que je ferai.

La réplique de l'aigle harpie plongea la forêt dans un silence lourd. Les Éternels n'osaient intervenir et Nuril ne pouvait rien ajouter. Beaucoup d'oiseaux étaient là depuis si longtemps que leur ancien Oiselier était mort et qu'ils ne se sentaient plus concernés par le sort des Oiseliers, mais d'autres, comme Férys, Aur et toutes les âmes sœurs des Lames, du Syrinx et des Oiseliers d'Avéria, venaient à peine de quitter leur alter ego.

Et ils les savaient tous condamnés.

— Soit, siffla le héron cendré en s'envolant du cèdre où il était posé.

***

Chapitre 9 partie 2 : vendredi prochain !

Nous espérons que vous  avez aimé cette première moitié de chapitre !

Et que vous avez été surpris par l'apparition d'un personnage ;)

Merci encore de nous suivre : vous êtes formidables ! <3

Alors à votre avis, à quoi va ressembler la magie d'illusion ?


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