Maudit contrat
— Vous plaisantez ? Rassurez-moi, vous plaisantez ! Comment mon père aurait-il pu ? C'est inconcevable ! Je n'ai jamais rencontré Miss Bradenham. Comment pourrais-je envisager de l'épouser ?
— Je...je regrette Mylord. Ce contrat a été signé par Sa seigneurie et par le marquis de Glaslyn il y a deux mois environ.
— Enfin, il doit bien exister un moyen d'y mettre un terme ! Je refuse cet engagement. Je n'ai pas été concerté.
Richard Mabelthorpe quitta le bureau du notaire, furieux, en claquant la porte derrière lui. Feu John Mabelthorpe, Duc de Lymington, son père, était décédé trois semaines plus tôt des suites d'une malheureuse chute de cheval. Le jeune homme, étant l'aîné, avait ainsi hérité du duché de Lymington et de toutes ses contraintes. Il n'avait pas eu le temps de faire son deuil, il devait faire face à toutes les obligations que lui imposaient à présent son nouveau statut.
Il n'ignorait pas le désir de son père de le voir marié au plus vite. Mais pourquoi avoir comploté dans son dos ?
Il devait éclaircir les choses au plus vite avec sa mère, cette mégère qui ne s'intéressait qu'à ses pompeuses tenues et au nombre de réceptions qu'elle pouvait organiser.
Comme il s'y attendait, elle se trouvait dans son petit salon de leur résidence londonienne. Vêtue de noir de la tête aux pieds, elle portait le deuil avec une grâce indéniable. Était-elle affectée par la mort de son époux ? Richard en doutait. Leur mariage avait été arrangé et elle ne lui avait jamais témoigné la moindre tendresse en public.
Le jeune homme n'attendit pas d'avoir été annoncé et se précipita dans la petite pièce surchargée de tableaux et d'ornements de prix.
— Mère ! Edgar Hampden vient de m'informer que Père avait négocié un contrat de mariage avec Lord Bradenham.
— En effet, Richard. Il s'agissait de son vœu le plus cher. Miss Susan Bradenham est une jeune femme accomplie.
— Elle n'a que seize ans !
— Et elle est d'une intelligence remarquable. Saviez-vous, mon cher, qu'elle joue du piano d'une manière tout à fait exquise ? Il n'y a pas plus raffiné que cette ravissante demoiselle. Vous serez le plus heureux des hommes. Bien entendu, il vous faudra patienter jusqu'au printemps prochain. Il ne serait pas convenable de célébrer votre union alors que nous venons de subir une perte atroce. Nous attendrons la fin de l'année pour annoncer vos fiançailles.
— Il n'y aura pas de mariage, Mère ! Je refuse. J'ignorais ce contrat, je n'ai pas donné votre accord.
— Il en est hors de question. Vous vous conformerez aux souhaits de votre père. Je ne vous laisserai pas jeter la honte sur son nom et notre famille.
— C'est ce que nous verrons. Je sors. Ne m'attendez pas pour le dîner.
Richard bouscula une domestique en quittant la somptueuse demeure. Remplacer son père, administrer leurs nombreuses propriétés n'étaient pas pour lui déplaire. Mais devoir supporter une épouse, qu'il n'avait même pas choisi, était au-dessus de ses forces. Miss Bradenham ne serait pas différente des autres pimbêches qui espéraient tant devenir la future Duchesse de Lymington. Futile, vaniteuse, s'effarouchant pour un rien et désespérément inintéressante. Non, jamais il ne permettrait une chose pareille !
C'est avec un certain soulagement qu'il se réfugia dans l'atmosphère feutrée du très select et influent The Red's club. Il avait besoin de se changer les idées. Richard s'installa dans son salon habituel et demanda un verre de brandy. Il fut très vite rejoint par son groupe d'amis, tous futurs héritiers de titres prestigieux. Il reçut, à nouveau, leurs condoléances sincères avant d'orienter la conversation sur des sujets plus réjouissants. La saison battait son plein et certains grands mariages avaient déjà été conclus.
Christopher Lowestoft, le meilleur ami du nouveau Duc de Lymington, s'empressa de transmettre les dernières nouvelles :
— La réception chez le marquis de Haverhill n'a pas manqué de scandales. Lady Swinsdale est veuve depuis cinq mois mais semble avoir jeté son dévolu sur le fils ainé de Lord Irwell.
Richard ricana :
— N'était-il pas engagé avec Miss Laughern ?
— Il ne l'est plus. Lady Swinsdale a gratifié l'assemblée de délicieuses révélations à son sujet. Saviez-vous qu'il fréquentait certains établissements non loin de Gunn Street ?
— Quel idiot !
Richard frissonna, bien malgré lui. Tout finissait par se savoir. Il se jura de se renseigner sur Lady Swinsdale. Elle ne devait en aucun cas découvrir ses escapades dans l'hôtel particulier de South Kensington. Et ce maudit contrat n'allait pas arranger ses affaires.
Le jeune homme feignit de s'intéresser aux autres scandales qui animaient les conversations : on y parlait d'une jeune débutante qui serait tombée enceinte d'un éminant membre du Parlement, d'un comte qui se retrouvait ruiné suite à d'importantes dettes de jeu et d'un officier qui avait escroqué une pauvre veuve.
Richard se demandait s'il avait bien fait de venir quand il aperçut la haute silhouette du marquis de Glaslyn. Dur et hautain, ce dernier n'était que peu apprécié de ses pairs. Mais il disposait d'amis influents. Peu importe qu'il violente son épouse et ses cinq filles.
Le jeune homme tenta de s'éclipser, en vain. Oswald Bradenham le rattrapa avant qu'il n'ait pu quitter la pièce.
— Mon cher Richard, je suis ravi de vous revoir. Comme se porte votre chère mère, Lady Mabelthorpe ? La disparition de John doit être insupportable. M'autorisez-vous à lui rendre visite demain ? Naturellement, je serai accompagné de mon épouse.
— Bonjour Oswald. Ma mère serait enchantée de vous revoir ainsi que Lady Bradenham. Un peu de compagnie lui fera du bien en ces circonstances.
— Pourrions-nous discuter dans un salon privé ? je dois vous entretenir de certaines affaires importantes.
— Certainement. Allons dans celui de mon père.
Richard s'excusa auprès de ses amis et se rendit dans une petite pièce au premier étage. Il s'agissait en réalité d'un bureau où son père avait pour habitude de travailler et où il pouvait recevoir en toute discrétion.
Ils s'installèrent dans deux fauteuils confortables face à une imposante cheminée.
Le marquis de Glaslyn semblait tracassé. Cela inquiéta Richard :
— Vous semblez préoccupé Oswald.
— Vous n'ignorez rien des cambriolages qui ont eu lieu ces dernières jours en ville. Dieu du ciel, évidemment, vous les ignorez !
— Des cambriolages ?
— Plusieurs de mes amis ont eu à déplorer des intrusions dans leur demeure. Souvent, des domestiques ont été brutalisés, des femmes effrayées et de nombreux objets de valeur ont été dérobés. Les hommes de Scotland Yard pensent que les criminels sont une bande d'Irlandais particulièrement violents. J'ai pris des dispositions afin de sécuriser mon hôtel de Saint James. Je vous conseille vivement d'en faire de même.
— Pensez-vous être visé ?
— Je le crains. Et votre famille également.
Richard dévisagea son vis-à-vis avec inquiétude. Son visage anxieux, ses traits tirés parlaient pour lui. Il ne plaisantait pas.
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J'ai déjà enregistré ce chapitre sur fyctia donc je ne peux plus le modifier. Par contre la suite, non. Donc n'hésitez pas à me dire ce que je devrais changer, ce qui ne va pas...et même sur ce chapitre car ensuite, je pourrais toujours décider d'en faire un roman un peu plus long histoire de pouvoir décrire un peu plus, d'ajouter des détails supplémentaires.
Je rappelle que je n'ai droit qu'à 15 chapitres de 7000 caractères, c'est donc très court et l'intrigue ne sera pas complexe. Il n'y aura pas bcp de personnages non plus. Le but étant d'avoir pas mal de clifhangers également dans les fins de chapitre.
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