...et son verdict

— De l'esclavage ? Comment cela, de l'esclavage ?

Sean peinait à garder son calme face aux révélations de Maître Wilkinson. Le verdict du procès était attendu dans la journée et selon l'avocat, les révélations des derniers jours permettraient au juge d'inculper Lord Bradenham de nombreux méfaits.

— En effet, Sean. Le train de vie du marquis et de son épouse a dilapidé la fortune familiale. Oswald s'est tourné vers un riche bourgeois de Manchester et a investi de l'argent dans son usine de coton. Mais ce n'est pas tout. Il a acheté deux vastes plantations aux Etats-Unis où sont employés des dizaines d'esclaves noirs. Notre pays ayant aboli cette pratique il y a quelques années, cette information a fortement déplu au juge Russell.

— Il ne peut rien faire au sujet de ce qu'il se passe là-bas.

— Non. Mais c'est un scandale de plus à ajouter à une liste déjà fort longue. Les plus puissants amis d'Oswald ont pris leurs distances. Ils refusent que leur nom soit lié à une aussi sordide affaire.

— Je ne m'attendais pas à cela.

— Moi non plus. Avec cela, Oswald ne pourra échapper à une condamnation. Sa réputation est ruinée.

— Des assassinats, des enfants illégitimes, de la corruption, de l'esclavagisme, je plains sa femme et sa fille qui devront supporter le regard de leurs anciens amis.

— Oh, elles ne sont plus à Londres, Rappelez-vous, il avait indiqué à Richard qu'il souhaitait qu'elles soient en sécurité.

— Et ces fameux voleurs, à propos ? Avez-vous eu la confirmation qu'ils étaient employés par Lord Bradenham ?

— Oui, en effet. Il souhaitait faire diversion après le décès de son « grand ami », le père de Richard. Mon assistant m'a promis que nous recevrions le verdict avant dix-sept heures. Cela ne saurait tarder à présent.

Sean consulta sa montre. Son corps se tendit, tout comme celui de son amant. Quelques instants plus tard, un domestique de Lady Swinsdale fit son apparition, tenant une lettre en main. La veuve prit rapidement connaissance du contenu de la missive. Puis, elle arbora un sourire triomphant :

— Chers amis, justice a été rendue. Outre le fait que le marquis de Glaslyn est ruiné, il passera les prochaines années en prison. Il me faudra rendre visite au juge Russell pour le remercier.

Elle se tourna vers Sean et Richard :

— Quant à vous, je vais faire préparer vos malles. Vous partirez demain matin.

Les deux hommes, soulagés par le dénouement favorable du procès, ne cherchèrent même pas à protester.

Après le dîner, ils se réfugièrent dans la chambre qu'ils partageaient afin de pouvoir discuter librement.

Le duc fut le premier à prendre la parole :

— La maison de Berkeley Street est vendue.

— Quoi ? Mais...

— Elle est trop grande. De toute façon, ma mère m'a confirmé qu'elle ne reviendrait pas à Londres.

— Et vos sœurs ? Comment pourront-elles se trouver un époux ?
— Oh, en vérité...elles sont déjà engagées même si rien ne sera officiel avant l'année prochaine. Jane, la plus âgée, va épouser le second fils de Maître Wilkinson. Louisa, le fils d'un professeur d'Oxford. Charlotte est encore un peu jeune mais je crois que je vais discuter avec Lady Swinsdale. Il semblerait que ma sœur entretienne une correspondance avec son dernier fils. J'ignore comment ils se sont rencontrés mais je ne crains rien. C'est un charmant garçon.

— Cela ne dérange-t-il pas votre mère que Louisa et Jane épousent des hommes qui ne soient pas titrés ?

— Non. Mon père a toujours désiré que ses enfants se marient par amour et je l'approuve. J'ai reçu la confirmation que je suis à présent propriétaire d'un plaisant domaine non loin d'Edinburgh. David s'est occupé de la transaction. Il ne me reste qu'à acquérir une demeure confortable à Galway. Ne me regardez pas ainsi Sean. Et je ne veux rien entendre au sujet de votre culpabilité. Je ne suis revenu à Londres que pour affaires. Oswald a été condamné, j'ai obtenu réparation pour l'assassinat de mon père. Je n'ai jamais été friand des réceptions et je déteste la politique. J'ai indiqué à ma mère que je tenais à vous aider à rechercher d'autres victimes d'Oswald. Ce qui est la stricte vérité. Et j'occuperai mes journées de manière judicieuse.

— Pourquoi n'avez-vous pas exigé un dédommagement pour les préjudices subits par la faute de Lord Bradenham ?

— Pour les mêmes raisons que vous. L'argent ne m'intéresse pas. Ma fortune est conséquente mais elle ne fera pas revenir mon père.

Sean s'allongea sur le lit, pensif. Malgré les protestations de son amant, il restait convaincu que ce dernier se lasserait vite de l'Ecosse. Le duc comprit son trouble et le rejoignit bien vite :

— Sean, regardez-moi. Regardez-moi et retenez bien ceci : je vous aime. Ma place est à vos côtés. Londres ne me manquera pas. Comment pourrais-je encore fréquenter des gens qui m'ont tourné le dos après mon exclusion du Red's et qui se sont empressés de venir présenter leurs pitoyables excuses dès notre arrivée chez Lady Swinsdale ?

Le regard de l'Irlandais s'assombrit. De ce petit discours, il n'avait retenu que trois petits mots. Ses doigts effleurèrent la joue de Richard et des larmes roulèrent le long de ses joues.

Le duc paniqua :

— Sean ? Que vous arrive-t-il ?

— Vous m'aimez ?

— En doutiez-vous encore ? Vous me vexez mon cher. Oui, je vous aime. Et je bénis ce procès qui me permet de rester à vos côtés sans que cela ne soit jugé inconvenant. J'ai beaucoup d'argent et je préfère le dépenser pour réparer les torts causés par Oswald. Toute cette affaire a donné un véritable sens à ma vie. Je tiens à œuvrer pour que justice soit rendue même si cela doit me prendre plusieurs années. Et je vous rappelle que vous m'avez promis de très intéressantes promenades à la découverte de vos chères vallées irlandaises.

Sean rougit. Il n'ignorait pas le sous-entendu de son compagnon mais il fit mine de ne pas l'avoir entendu :

— Le verdict vous apportera de nombreux soutiens ici à Londres.

— Et ?

— Vont-ils comprendre votre départ ?

— Je le crois. Je n'ai jamais été très sociable. Certains y verront un caprice ou une extravagance, d'autres comprendront que je suis incapable de rester chez moi sans agir. Certes, mes relations nous seront utiles afin de poursuivre nos recherches mais j'ai réellement l'envie de m'éloigner de cette société qui m'ennuie et m'écœure au plus haut point. N'oubliez pas les paroles de Lady Swinsdale : dans quelques semaines, de nouvelles guerres politique éclateront. Nous avons mieux à faire que d'être entraînés contre notre gré dans cette mascarade.

— Et votre mère ? Ne trouve-t-elle pas étrange que vous refusiez de vous marier ?

— Je lui ai indiqué que je tenais à ma liberté et que je n'étais pas fait pour m'engager auprès d'une femme. Ma réputation de solitaire l'a sans doute confortée dans l'idée que je serai un mari invivable pour la pauvre demoiselle que l'on forcerait à m'épouser. Autant éviter un tel scandale, vous ne trouvez pas ? Mon frère assurera la continuité de notre nom, je vous l'assure. Reposez-vous à présent, un long voyage nous attend. 


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Les enfants illégitimes, la corruption, les assassinats, non franchement ce n'était pas assez...

Verdict rendu : coupable ! J'ai hésité longtemps vous savez...mais, à mon avis, certains m'auraient tapé sur les doigts !

Bref, il ne reste qu'un seul chapitre à poster. Je vous rappelle que vous pouvez soutenir cette petite histoire sur Fyctia ( les explications pour voter se trouver dans les premiers segments de ce book. Si vous n'avez ni twitter ou facebook, pas grave, c'est quand même possible de partager. je vous explique en mp si vous n'y arrivez pas ;-) ) 

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