Désirs

— Richard...

— Ne doutez pas des sentiments que je vous porte. Je ne sais les expliquer, je ne sais où tout ceci nous mènera mais...

— Mais vous allez retourner à Londres.

— Nous retournerons à Londres, vous et moi, lorsque nous disposerons de suffisamment de preuves pour faire cesser les agissements de Lord Bradenham et demander justice pour votre mère. Mes projets pour le futur ne sont pas encore arrêtés. Peut-être devrais-je suivre les conseils forts avisés de Lady Swinsdale. Ne pourrais-je adopter, moi aussi, un comportement moins conventionnel, Lord Kilkavran ?

Richard détailla l'Irlandais tout en caressant sa joue avec douceur. Comment en était-il arrivé là ? Peu importait. Il était certain d'une chose : il ne souhaitait pas que Sean ne soit qu'un amant de passage. Le duc embrassa à nouveau son compagnon avec douceur avant de reprendre la parole :

— Nous aurons tout le loisir de discuter ce soir. À présent, nous devrions rentrer. Votre père vous attend, Sean.

— Richard, je ne suis pas sot. Je sais que nous nous quitterons un jour, que vous reprendrez le cours de votre vie fastueuse à Londres ou peut-être dans le Suffolk et je...

— Sean, ne faites pas attendre votre père.

Le duc tenta de cacher son désarroi. La tristesse dans la voix de l'Irlandais n'était pas feinte et lui brisa le cœur. Il n'ignorait pas qu'un futur commun était inenvisageable. C'était injuste. Tellement injuste.

Ils regagnèrent le manoir en silence.

Un valet, que Sean présenta comme étant le fameux Brian, mena Richard à sa chambre pour requérir son approbation quant au rangement de ses affaires. Ensuite, il fut conduit dans une petite salle à manger où l'Irlandais le rejoignit quelques instants plus tard et une légère collation leur fut servie.

Puis, l'après-midi et la soirée défilèrent à toute vitesse : présentation aux domestiques, visite de la maison, discussion au sujet d'Oswald Bradenham, dîner et déjà, pour les deux hommes, l'heure de se retirer dans leur chambre respective. Richard, assis sur son lit, avait refusé l'aide de Brian pour se dévêtir. Il songeait à Sean qui s'était rapidement éclipsé, comme s'il souhaitait éviter toute conversation au sujet de leur étreinte de la matinée.

Le duc, perdu dans ses pensées, sursauta lorsqu'une porte grinça. Stupéfait, il découvrit face à lui  l'Irlandais vêtu d'une simple chemise et de son pantalon.

— Comment diable êtes-vous entré ?

— Cette porte donne sur un bureau qui se trouve entre votre chambre et la mienne. En réalité, cette partie du manoir était réservée à mes parents. Comme nous avons emménagé après la mort de ma mère, mon père a préféré s'établir dans l'aile ouest.

Le regard de Richard s'attarda sur la porte ouverte. Puis, ses yeux se posèrent sur Sean et sa chemise entrouverte sur un torse imberbe. L'invitation était explicite. Il se leva, décidé.

Il saisit la main de l'Irlandais et l'amena vers le lit. Ce dernier protesta mais Richard n'était pas dupe :

— Vous me désirez autant que je vous désire, Sean.

— Je n'ignore rien de vos habitudes. Après cette nuit...

— Nous ne sommes pas à Harrigton Gardens et vous...oh, comment vous faire comprendre ? Sean, j'aspire à tellement plus avec vous !

— Souhaiteriez-vous que nous partagions le même lit durant la totalité de votre séjour à Inagh Manor ?
— Si cela vous agrée. Vos domestiques...

— Vous n'avez rien à craindre. Brian ne se présente que si nous sonnons. Est-ce vraiment votre choix ?

Pour toute réponse, Richard entreprit de déshabiller l'Irlandais. Il lui prodigua ensuite de nombreuses caresses pour éveiller peu à peu son corps. Attentif au moindre soupir de son amant, le duc multiplia les gestes de tendresse tout en lui murmurant de douces paroles :

— Je suis épris de vous, Sean. Je veux vous aimer tant que cette liberté nous est permise.

Le sourire qu'il obtient fut pour lui le plus beau des cadeaux. Le jeune homme admira ensuite la musculature fine de son partenaire. De ses doigts, il suivit les traces de cicatrices anciennes sur son épaule et sa hanche en s'interrogeant sur les circonstances de ces blessures. Il se perdit dans la contemplation de ses prunelles aux subtiles nuances bleues. Bouleversé, Richard réalisa qu'il n'avait jamais admiré un autre homme de la sorte. Sa main effleura la virilité, ô combien attirante, de l'Irlandais. Lentement, il l'amena aux portes de la jouissance. Le duc s'extasia devant les muscles et le visage crispé de Sean. Les supplications de ce dernier le poussèrent cependant à le délivrer de la tension insoutenable qui avait pris possession de son être. Après avoir connu l'extase à son tour, Richard se tourna vers son compagnon, allongé à ses côtés. Il bredouilla, ne sachant comment exprimer son désir :

— Il y a dix ans, j'étais tristement ignorant de certaines...pratiques.

— Un homme vous a forcé. Et il était blond, j'imagine. Richard, je ne vous contraindrai jamais. Vous m'avez accordé votre confiance et cela me satisfait pleinement.

— Vous ne comprenez pas. Je ne veux plus vivre avec ce souvenir.

Sean se redressa et scruta le duc avec gravité tout en caressant son visage avec douceur :

— Richard, j'ai trop d'estime pour vous. Peut-être n'êtes-vous pas...

— Faites-moi oublier, Sean. Je vous en prie.

Leurs regards s'ancrèrent l'un à l'autre. Leurs lèvres s'unirent dans un baiser sans fin.

Le duc tenta de maîtriser les tremblements de son corps lorsque son amant l'entraîna sur le chemin exquis de la passion.

Haletant, Richard s'accrocha à l'Irlandais comme si sa survie en dépendait. Et un éclair de lucidité le frappa tandis qu'il était emporté par un puissant orgasme : il n'avait jamais connu auparavant un tel plaisir ni une telle sensation de plénitude. Lorsqu'il reprit peu à peu ses esprits, il poussa un profond soupir de bien-être, que son partenaire interpréta différemment :

— Ai-je été trop emporté ? Vous ai-je fait mal ?

— Aucunement. Me permettrez-vous de vous honorer à mon tour ?

Richard n'attendit pas la réponse de son compagnon. Par quelques gestes sensuels, il émoustilla tous les sens de l'Irlandais, jusqu'à provoquer des geignements d'un érotisme fou.

Sean s'agita dans le lit :

— Richard...oh seigneur ! Je suis à vous, Richard. Je vous en prie...

Au petit matin, alors que Sean s'apprêtait à regagner sa chambre, le duc quitta la chaleur des draps pour rejoindre son amant et l'enlacer une dernière fois :

— Décidemment, je crois que je vais me fier plus souvent aux conseils de Lady Swinsdale.

— Que voulez-vous dire ?

— Je ne peux me résoudre à vous quitter et je suis las de jouer un rôle qui ne me sied guère.

— Je ne désire que vous, Richard, vous le savez. Mais comment justifier votre présence lorsque nous en aurons terminé avec l'affaire Bradenham ?

— Je l'ignore.

— Nous trouverons, je vous le promets. Je refuse d'être séparé de vous à cause de cette fichue étiquette.

Ils se séparèrent après un ultime baiser. Tous les deux avaient conscience de la dangerosité de la situation. Mais ils étaient ensemble. Et c'était tout ce qui comptait à leurs yeux. 


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Hello tout le monde ! J'espère que l'histoire vous plait toujours autant.

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