Accusations
— Richard...comment avez-vous pu ?
La voix d'Oswald Bradenham se brisa. Il était sincèrement peiné et choqué par la trahison de son futur gendre.
Le Duc d'Eldenbridge, lui, se montra plus tranchant :
— Vous conviendrez que votre présence en ces lieux n'est plus souhaitée. Par respect pour votre père, j'oublierai que vous vous êtes présenté ce soir. Je vous conseille de vous livrer rapidement.
Le jeune homme jeta à nouveau un coup d'œil au journal.
« La famille Mabelthorpe est l'une des plus respectables du pays. Cependant, il nous est revenu que le nouveau Duc de Lymington se serait écarté du droit chemin. Nous ne pouvons que plaindre Lady Catherine qui, après avoir perdu son époux dévoué, doit à présent affronter la pire des humiliations. Si bien des mères espéraient que leurs filles s'attirent les faveurs du séduisant Richard Mabelthorpe, le célibataire le plus convoité de Londres, nous imaginons qu'elles se tiendront à présent à l'écart de l'unique héritier du duché de Lymington. Ce dernier a, en effet, été aperçu il y a quelques jours en compagnie d'un étranger. Un homme que Scotland Yard a désigné comme étant le commanditaire des nombreux vols qui ont semé la panique dans les rues de Londres ces derniers jours. Curieusement, ce sont les demeures de proches amis de Feu John Mabelthorpe qui ont été la cible de ces brigands. Et, au même moment, son fils demeurait introuvable. Il nous apparaît qu'il ne peut s'agir de coïncidences. Nous ne manquerons pas, bien entendu, de vous informer de la suite de cette regrettable affaire. »
Puis, il se tourna vers les deux hommes, le visage las :
— Ce n'est qu'un tissu de mensonges. J'ai passé les derniers jours chez moi.
— Peu importe Richard. Vous comprendrez que je suis contraint d'annuler l'engagement pris par votre père ? Dieu merci, aucune annonce n'ayant été faite, la réputation de Susan est intacte.
Le ton sec du marquis de Glaslyn ne supportait aucune réplique. Richard aurait pu s'estimait heureux de se voir libérer d'un mariage qu'il ne désirait pas mais, à présent, il devenait suspect de plusieurs affaires criminelles.
Cependant, il tenait à éclaircir certains points :
— Lorsque vous avez évoqué ces différents avec des hommes politiques irlandais, n'avez-vous pas négligé certains détails, Oswald ? Ou, seriez-vous derrière toute cette machination ?
— Comment osez-vous !
— Vous savez, tout comme moi, que je n'ai rien à me reprocher. Mais vous ? Pourquoi cet intérêt soudain de quelques bandits à votre égard ? Pourquoi négocier aussi vite un mariage alors que votre fille et moi-même n'avions encore jamais été présentés ? Que souhaitiez-vous dissimuler, Oswald ?
— Je ne vous permets pas !
Lord Bradenham s'était levé, le teint rouge d'une fureur non dissimulée.
— Je vous raccompagne, Mabelthorpe.
Le Duc d'Elsenbridge empoigna le bras de Richard pour l'entraîner dans le couloir. Le marquis de Glaslyn les suivit de près.
Alors qu'ils atteignaient le somptueux hall d'entrée, un homme leur barra le chemin. Richard reconnut Sean Kilkavran. Ce dernier était vêtu de manière impeccable et aurait pu facilement passer pour l'un des membres du club.
L'Irlandais fixa Lord Bradenham avec insolence et posa une main sur son bras :
— Cher marquis. Je suis ravi de vous rencontrer enfin. Pourriez-vous me suivre, je vous prie, j'ai une demande particulière à vous faire.
— Veuillez vous écarter immédiatement !
— Comme vous voulez. Mais sachez que je ne repartirai pas d'ici sans avoir obtenu gain de cause.
— Peut-on faire sortir cet indésirable au plus vite ?
Plusieurs hommes sortirent des salons du rez-de-chaussée, alertés par le bruit. Comme s'il n'attendait que cela, Sean Kilkavran sourit. Il pointa alors la main en direction du marquis de Glaslyn :
— Lord Bradenham, je demande réparation pour le meurtre de ma mère, Lady Ellen Kilkavran. Mon témoin sera Lord Mabelthorpe. Vous recevrez dans une heure une lettre vous notifiant mes désirs au sujet de notre duel.
Richard s'étrangla en entendant les mots de l'Irlandais. Mais à quel jeu jouait-il, bon sang ?
Le jeune homme nota ensuite que le marquis de Glaslyn n'avait pas émis la moindre protestation. Au contraire, il s'avança et toisa son futur adversaire :
— Vous ne voyez aucune objection à ce que le Duc d'Elsenbridge soit mon témoin ?
— Faites comme bon vous semble.
— Avez-vous conscience de votre fourvoiement ?
— Contrairement à vous, je n'ai pas de sang sur les mains. Et...je suis au regret de vous informer que je ne négocierai pas avec vous. Je n'attends aucune excuse et je ne veux pas de votre argent. C'est pourquoi, je refuse que Spencer Wigan assiste au duel en tant que médecin.
— Monsieur Wigan est un excellent docteur !
— Oh, je n'en doute pas. Mais...dois-je vous rappeler les irrégularités qui ont entaché vos trois derniers duels ? Je vous notifierai une proposition plus honnête.
— Et si je refuse ?
— Je crois que vous êtes assez intelligent pour ne pas commettre cette erreur, mon cher. Contrairement à vos précédents adversaires, je ne vous laisserai pas me tirer dans le dos. Vous êtes lâche, pas moi.
Ce fut le mot de trop. Si le Duc d'Elsenbridge n'avait pas retenu Lord Bradenham, nul doute que ce dernier se serait jeté sur l'Irlandais.
Sean Kilkavran resta impassible, au grand étonnement de Richard Mabelthorpe. Consterné, le jeune homme se rendit compte ensuite que le marquis n'avait, à aucun moment, nié les accusations portées contre lui.
Sous le choc, Richard observa les personnes face à lui. Toutes ses certitudes venaient de voler en éclat.
Assommé, il ne songea même pas à protester lorsque deux employés les prièrent, Sean et lui, de quitter le club.
Il ne réagit pas plus lorsqu'il se retrouva dans un fiacre en compagnie de l'Irlandais.
Ce n'est que lorsqu'il se retrouva sur le perron d'une coquette maison bourgeoise, qu'il trouva enfin la force de réagir.
— Bon sang, Kilkavran, vais-je enfin avoir une explication à toute cette comédie ? Vous venez de confirmer devant les hommes les plus influents de Londres mon implication dans vos sordides affaires !
— Oh, voyons Richard, cessez de vous lamenter Ne vous ai-je pas soustrait à un mariage que vous ne désiriez pas ?
— Allez-vous à présent exiger de moi quelques remerciements pour ce geste hautement...magnanime ?
— Non. Maintenant, suivez-moi. Nous devons discuter de mon duel avec Lord Bradenham.
Le jeune homme suivit l'Irlandais dans un petit salon privé. Il découvrit une pièce à la décoration inexistante, bien loin de l'opulence et des étouffants ornements de sa propre demeure. Aucun tableau n'était accroché aux murs. L'unique meuble était une bibliothèque richement garnie d'ouvrages anciens.
— Bien. Installez-vous confortablement Richard. Ce que j'ai à vous dire risque de vous déplaire.
Sarcastique, le duc de Lymington songea qu'après avoir été exclu du Red's, vu son contrat de fiançailles rompu et être accusé de connivence avec des bandits, plus rien ne l'étonnerait ce soir.
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Désolée pour la mise en page bancale. Le copier coller de word n'a pas fonctionné correctement et je n'arrive pas à modifier.
Comme pour chaque chapitre, n'hésitez pas à me faire part de votre ressenti, c'est très important pour moi. Merciiii !
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