OO. PASSER DE L'AUTRE CÔTÉ
𝐒𝐘𝐌𝐏𝐇𝐎𝐍𝐈𝐄 𝐃𝐄 𝐍𝐎.𝟖
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prologue —— Passer de l'Autre Côté
« Ferme doucement les yeux, et souviens-toi d'eux. »
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TIC, TAC. Elle avança d'un pas. Tic, tac, l'horloge continuait de tourner. Pendant qu'inlassablement, les secondes défilaient. Tic, tac. Ça sonnait comme un décompte. Tic, tac. Serait-ce donc le moment où elle passera de l'autre côté ?
— Je... Je l'ai tuée... murmura l'adolescente d'une voix déchirante. Je l'ai vraiment tuée...
L'avait-elle vraiment fait ? L'avait-elle vraiment tuée ?
— Airi, tu m'entends ? Airi ? appela faiblement la petite.
Aucune réponse ne vint de la dénommée Airi. La petite voulut l'appeler une nouvelle fois de ses lèvres tremblantes, mais aucun son ne put sortir tant sa voix se perdait. Sa gorge était solidement nouée, et refusait de prononcer le moindre mot. Les battements de son cœur s'intensifièrent de plus en plus, à tel point qu'ils résonnèrent dans sa poitrine meurtrie. Ses jambes tremblaient vigoureusement et refusaient de faire le moindre pas à travers la pièce noire.
— Airi ? Tu n'es pas morte, hein ? insista l'adolescente qui parvint enfin à parler, les yeux embués de larmes.
Avec un immense courage, la jeune fille obligea enfin ses pieds à avancer à l'aveuglette, comme toujours. Elle refusait de penser qu'Airi était morte, non, impossible ! Elle ne pouvait pas...
Tic, tac.
L'horloge continuait de tourner.
Son pied plongea dans un liquide avec un petit bruit d'éclaboussure. Une odeur nauséabonde s'en dégagea et provoqua immédiatement un violent haut-le-cœur à l'adolescente. Quelque chose de poisseux avait tâché ses chaussettes, alors que l'horrible parfum pénétrait dans ses poumons et les lui brulèrent.
La jeune fille déglutit et reprit sa marche avec horreur. Ce n'était peut-être que de l'eau qu'Airi ou Ai avaient renversé sans le faire exprès ? Peut-être que...
Tic, tac.
L'horloge continuait de tourner.
L'adolescente n'eut pas le temps de faire un troisième pas. Son second pied heurta quelque chose. Une chose solide et à la fois molle. Une chose qui dégageait la même odeur puante que le liquide. L'adolescente tapa faiblement dedans, dans l'espoir que quelque chose se passe, mais rien. Aucun son, aucun mouvement, rien que le silence glaçant de l'atmosphère, et les battements frénétiques du petit cœur de la fille.
— Airi, c'est toi ? Réveille-toi, allez, supplia-t-elle d'une voix étranglée par le chagrin.
Aucune réponse. Non, Airi ne pouvait pas être morte ! Peut-être qu'elle était juste...
Tic, tac.
L'horloge continuait de tourner.
Le souffle court, l'adolescente se baissa lentement et toucha d'une main tremblante la chose. Le bout de ses doigts frôla une matière lisse et douce qui paraissait être un tee-shirt. Elle secoua faiblement ce qui semblait être le corps d'Airi, tout en murmurant :
— Tu n'es pas morte, hein ? Tu me fais encore un tour pour pouvoir me frapper après, n'est-ce pas ?
Toujours aucune réponse.
— Ai est morte, ne me dis pas que toi aussi ? S'il te plaît...
Tic, tac.
L'horloge indiquait bientôt seize heures.
Elle secoua une nouvelle fois le corps sans vie d'Airi, baignant dans ce qui semblait être une marre de sang. C'était son sang. Les yeux de l'adolescente s'embuèrent de larmes. Elle l'avait vraiment fait. Elle venait de venger Ai. Elle ne ressentait rien, aucune satisfaction ni bonheur, à part un immense vide. Elle était seule, définitivement seule. Sa vengeance n'avait servit à rien.
Ses mains cherchaient désespérément quelque chose. N'importe quoi qui pourrait encore lui prouver qu'Airi était vivante. Elle cherchait, cherchait autour du corps. Elle cherchait à l'aveuglette, comme toujours. Ses mains se posèrent sur une surface dure, faite de bois. La jeune fille reconnut instantanément l'objet : son violon. Juste à côté, son archet baignait dans la marre de sang.
— Je vois. J'imagine qu'il est temps de faire sonner mon requiem, murmura l'adolescente d'une voix posée. Amane, je n'ai pas tenu ma promesse, je suis sincèrement désolée...
Tic, tac.
L'horloge tâchée de sang indiquait maintenant seize heures.
C'est l'heure à laquelle la petite fille est passée de l'autre côté.
Quelle douce mélodie...
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PROLOGUE TERMINÉ
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