O7. RECEPTACLE
𝐒𝐘𝐌𝐏𝐇𝐎𝐍𝐈𝐄 𝐃𝐄 𝐍𝐎.𝟖
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chapitre sept —— Réceptacle
« Faire ça par pur égoïsme. »
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UN FLASH ÉBLOUIT YASHIRO, qui ferma immédiatement les yeux. Malgré ses paupières fermées, elle put voir une lueur blanche rayonner tout autour d'elle. Était-ce Aika ? Nene était persuadée d'avoir entendu sa voix avant que cette étrange lumière jaillisse de nulle part.
Un énorme bruit de fracas retentit à quelques centimètres de Yashiro. Celle-ci restait tétanisée sur place, elle n'osait pas ouvrir les yeux ni faire le moindre geste, beaucoup trop effrayée par ce qu'il se passait.
— Numéro Huit a repoussé mon attaque... Et c'est celui du Numéro Sept qui a ôté mes ciseaux des mains... maugréa Misaki.
La jeune fille ne comprenait pas, Hanako et Aika étaient là ? Si c'était le cas, elle ne les avait pas vu arriver.
Nene prit son courage à deux mains et se décida enfin à ouvrir les yeux. Son regard parcourait les alentours, à la recherche des Deux Mystères. Mais elle ne les trouva pas, et découvrit plutôt Blancheur tourner autour d'elle.
Blancheur était l'une des deux âmes qu'Hanako avait à ses côtés en permanence. Yashiro n'avait même pas remarqué qu'elle était avec elle !
— Merci, et bon travail, dit une voix satisfaite, plusieurs mètres plus loin.
Misaki fit volte-face, visiblement enragée par la présence d'un intrus sur son territoire.
— Pourquoi es-tu ici ?! Et où se trouve Numéro Huit ? s'écria la jeune femme avec colère.
Le cœur de Nene bondit dans sa poitrine en découvrant cet intrus.
— Hanako ! s'exclama-t-elle.
— Salut...
Le Septième Mystère s'écroula au sol. Il semblait éreinté et en mauvaise posture. Yashiro se précipita à ses côtés, mais que lui était-il arrivé ? Le Mystère avait des égratignures partout sur le visage et semblait assez mal au point. La lycéenne ne savait que faire pour l'aider.
— Tout va bien ? demanda-t-elle, malgré la réponse qu'elle devinait.
— Je vais peut-être mourir... finit par dire le Mystère.
— Hein ?! paniqua Nene.
— Hanako, tu es déjà mort, dit une autre voix avec amusement.
Yashiro regarda derrière elle, et vit Aika, tout aussi amochée que son camarade. Le Huitième Mystère avança d'un pas assuré et se plaça aux côtés de la lycéenne.
— Oh, allons, notre bagarre t'a tant amoché que ça ? rit Misaki, accompagnée par ses poupées. Regarde le Huitième Mystère, elle tient encore debout. Qu'est-ce que tu peux être fragile !
Hanako se redressa, l'air de nouveau sérieux.
— Je rigolais, je suis déjà mort, déclara-t-il. Mais je dois bien avouer que c'est dur.
— On fait quoi, alors ? demanda Yashiro, de nouveau en panique.
— Écoute, on s'en sortira si on détruit son réceptacle, lui murmura Hanako. Tu as trouvé quoi ?
— C'est sans doute un objet précieux de Misaki, n'importe quoi, tant qu'elle y tient de tout son cœur, ajouta Aika.
— Un objet précieux... répéta Yashiro en réfléchissant.
— Je ne vous laisserais pas faire ! hurla Misaki en se jetant sur eux.
Mais après seulement quelques pas, la jeune femme fut stoppée net. Tétanisée, elle parvenait difficilement à bouger de quelques centimètres. Yashiro l'observa de loin, les yeux écarquillés de stupeur. Pourquoi Misaki ne bougeait plus ?
— Encore toi... Numéro Huit... ?
Nene tourna la tête, et put voir Aikia, l'index levé en direction de Misaki. Ses yeux, devenus presque totalement blanc, fixaient intensément la femme. Une sueur coula le long de sa tempe, alors que ses dents se serrèrent de douleur.
— Je ne la retiendrais pas longtemps, souffla Aika. Yashiro, il faut vite que tu trouves le réceptacle. Hanako et moi, on se chargera de la retenir.
À l'entente de son nom, le Septième Mystère sortit son couteau de cuisine. Yashiro réfléchissait, mais elle ne parvenait pas à trouver un objet de Misaki.
Qu'est-ce que ça pouvait bien être ? Elle n'avait pas le temps ! Pourtant, elle savait au fond d'elle qu'elle en connaissait un. Un qui pourrait correspondre parfaitement à son réceptacle. Mais elle n'arrivait pas à mettre le doigt dessus.
Un objet précieux... Qu'est-ce que ça pourrait être... Ah, mais oui ! J'ai enfin trouvé ! pensa la lycéenne, comme frappée par l'évidence même.
Elle pouvait encore revoir le mot qu'elle avait lu dans le cahier :
"J'ai rangé soigneusement les ciseaux dans l'autel."
Ça ne pouvait être que ça !
Nene se leva d'un bond, et parcourut du regard les environs, à la recherche de l'autel qui abriterait le réceptacle. Elle le trouva enfin, plusieurs dizaines de mètres devant elle. Sans attendre plus longtemps, la jeune fille s'élança jusqu'à lui.
Alors qu'Aika était sur le point de céder, Hanako lança ses deux âmes sur Misaki, équipées d'une solide corde. Elles entourèrent en un éclair le Mystère, puis Hanako vint serrer la corde juste derrière.
— Numéro Sept, arrête de me gêner ! s'exclama Misaki.
— Je ne peux me le permettre, rétorqua le garçon.
— Reviens ici ! hurla la jeune femme, à l'attention de Yashiro.
En un instant, des poupées sortirent du sol, juste devant Nene. Elles lui barrèrent la route juste avant qu'elle n'atteigne l'autel, comme si un solide mur se dressait. La lycéenne se stoppa net, et parcourait du regard les alentours, à la recherche d'un moyen pour franchir ce barrage.
Mais elle fut bientôt cernée de toute part. Elle se retrouvait bloquée par ces immondes poupées. Par où pouvait-elle s'échapper ? Comment pouvait-elle faire ? Ses yeux parcouraient les moindres recoins, mais elle ne voyait aucune échappatoire.
— Sans réceptacle, je ne pourrai pas reconstruire le corps de Misaki ! poursuivit le Deuxième Mystère, d'un ton empli de peine. Tout ce que j'ai fait, c'est pour son bien !
— Écoutez-moi ! interrompit Yashiro. Quand je vous vois, comme ça, ça me met hors de moi... Car on dirait celle que j'étais avant.
— Vous faites ça pour vous, pas pour Misaki, vous êtes égoïstes ! ajouta Aika.
Le Deuxième Mystère écarquilla les yeux de stupeur, comme frappée en plein cœur. Le Huitième Mystère rejoignit Yashiro et posa immédiatement ses mains au sol.
— Je m'en occupe ! lui assura la blonde.
Nene observa Aika, stupéfaite. Qu'allait-elle pouvoir faire contre cette si grande armée de poupées ?
En un instant, le sol trembla dangereusement. La lycéenne manqua de tomber, mais réussit de justesse à se rattraper. Face à elle, le sol se fissurait et se soulevait légèrement. Les poupées titubèrent avant de se faire projeter en l'air.
Comment Aika avait-elle pu faire ? Nene resta bouche bée face à ça. Mais les poupées n'avaient pas volé bien haut, elles n'allaient pas tarder à redescendre.
— Fonce Yashiro, décolle le talisman ! s'exclama Aika.
La jeune fille ne se le fit pas dire deux fois. Elle s'élança jusqu'à l'autel, le cœur battant à cent à l'heure. La fatigue alourdissait ses jambes, mais l'adrénaline leur donnait la force nécessaire pour avancer et se surpasser.
Nene se dépêcha d'ouvrir la petite porte de l'autel rouge. À l'intérieur, il y avait une minuscule pierre de ciseaux, ainsi qu'un petit bout de papier noir collé dessus.
— Non, pas ça ! s'écria Misaki.
Yashiro décolla la feuille. Elle n'avait pas le choix, elle devait le faire. Son amie Aoi reviendrait, tous les élèves enlevées reviendraient également. Pour Hanako, Aika, mais aussi Kou. Ils avaient tous les trois risqués leur vie.
Le monde autour d'elle se fissura en un instant. Les ciseaux que Nene tenait dans ses mains, le cahier, les feuilles, rien ne fut épargnés. Le ciel étoilé et galactique se divisa, le sol également, les douces lumières rougeâtres des lanternes perdirent de leur éclat.
L'ambiance semblait plus calme. Le temps paraissait être au ralenti. Prise de rage, Misaki lança désespérément sa paire de ciseaux sur Yashiro.
— Hanako, c'est trop rapide, je ne peux pas la dévier ! hurla Aika.
Nene se retourna avec horreur. Ça y est, elle allait mourir, elle allait être décapitée !
Mais contre toutes attentes, l'arme de Misaki se désintégra sous le nez de la lycéenne. Celle-ci releva les yeux, Hanako était là, totalement remit et transformé par Blancheur.
Sa longue cape flottait comme au ralenti, il gardait un air très sérieux. Le garçon tenait fermement dans sa main son fameux couteau de cuisine.
— Deuxième Mystère de l'école, l'escalier Misaki, tu as manqué à ton devoir, déclara-t-il.
Il planta sa lame dans la poitrine de la jeune femme, tétanisée. Ses yeux et sa bouche étaient grands ouverts, alors qu'elle restait totalement muette de stupeur.
— Tu vas devoir me remettre ton numéro, ajouta Hanako.
L'instant d'après, une vive lueur blanche aveugla Yashiro. La lumière était telle, qu'elle passait même à travers ses paupières.
Sans savoir pourquoi, Nene se sentit d'un coup lourde et fatiguée. Ses jambes ne tenaient plus, se dérobaient sous son poids. Ses sens se perdaient, se confondaient, et finirent par s'arrêter.
Mais avant de sombrer dans un profond sommeil, elle entendit la douce voix d'Aika. Elle semblait venir de loin, très loin.
— Au final, je suis comme Misaki. Moi aussi, je voudrais retrouver Airi et Ai. Est-ce qu'un jour, je ferais la même erreur que Misaki ? Ou bien...
Mais Yashiro ne put entendre la fin de la phrase. Elle venait de s'évanouir.
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CHAPITRE 7 TERMINÉ
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