O6. PROFESSEUR MISAKI

𝐒𝐘𝐌𝐏𝐇𝐎𝐍𝐈𝐄 𝐃𝐄 𝐍𝐎.𝟖
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chapitre six —— Professeur Misaki
« Se souvenir de son passé est une des choses les plus importantes. »




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— ELLE EST MORTE.

— Tu crois ?


Yashiro ouvrit doucement les yeux, encore un peu sonnée par sa chute. Les voix raisonnaient dans ses oreilles, semblables à des échos venant de très loin à l'horizon. Nene se sentait encore un peu endormie, exténuée.


Ses souvenirs revenaient peu à peu en elle, tout comme son énergie. Son esprit s'éveillait enfin. Elle pouvait clairement distinguer la voix mignonne de petits Mokkes, et même en sentir un lui tapoter doucement la joue. L'un d'eux insista :


— T'es vivante ?


La vision de Nene devenait de plus en plus nette. Elle voyait un magnifique ciel bleu sans nuage, juste au-dessus d'elle, ainsi que quelques buissons sur le côté. Ça y est, elle était bien réveillée.


— Je ne suis... pas morte, constata-t-elle.

— Elle a survécu, dit un Mokke.

— Pff, on se tire, ajouta un autre.


Les petites fées disparurent l'instant d'après en quelques petits bonds. Yashrio était maintenant en tête-à-tête avec le silence. Elle se toucha la tête et constata qu'à certains endroits, ses écailles de sirènes étaient réapparut : sur son visage, ses poignets et ses bras.


La jeune fille essayait de se remémorer les derniers instants avant qu'elle perde connaissance. Si elle se souvenait bien, Hanako l'avait poussé dans le vide sans aucun scrupule ! Puis, elle avait longtemps chuté dans le vide. Yashiro pouvait encore ressentir la sensation de sa descente et le vent qui lui fouettait le visage.


Tout cela n'avait pourtant duré que quelques secondes, cela lui avait paru être une éternité. Après ça, Nene avait plongé dans une immense étendue d'eau. A cause, ou plutôt grâce à sa malédiction, elle s'était totalement transformée en poisson.


— J'ai fini par m'évanouir. C'est donc comme ça que j'ai atterri ici... finit par dire la lycéenne en se relevant.


Face à elle, une immense porte rouge carmin — la même que celle à l'entrée — l'invitait à monter les marches. Il faisait jour, contrairement à tout à l'heure. L'air était doux, les rayons du soleil éclairaient l'endroit entier de toute sa splendeur, accueillant à bras ouvert le réveil de la lycéenne.


— L'atmosphère n'est pas du tout la même... Ce n'est pas comme tout à l'heure, où c'était sombre et glauque, murmura Yashiro pour elle-même.


Elle observa une nouvelle fois les alentours, tout de même méfiante. Elle était en territoire inconnu ! Et même si Kou, Hanako et Aika occupaient Misaki, Nene avait terriblement peur de se retrouver nez à nez avec Misaki et sa paire de ciseaux géante.


Mais à son grand soulagement, elle était bel et bien seule.


— Ce serait ici, l'endroit le plus profond ? Je dois vite trouver le réceptacle ! Hanako compte beaucoup sur moi !


Alors que la jeune fille s'apprêtait à gravir les marches, elle percuta une petite table en bois, et tomba au sol suite à ce choc. Des tas de papiers volèrent en l'air, pour se poser délicatement au sol quelques instants après.


— Ça fait mal... gémit Yashiro en grimaçant de douleur.


Elle remarqua la couverture d'un livre qui l'intriguait terriblement. Elle ne saurait expliquer pourquoi, mais ce livre lui semblait être important. "Top Secret" étaient les mots distinctement marqués en rouge sur la couverture. Nene le prit dans ses mains, suspicieuse.


— C'est louche.


Elle feuilleta rapidement les premières pages, jusqu'à ce qu'elle trouve une écriture d'enfant.


"Aujourduis, j'ai fait peur o élèves, c'était marent." lit-elle.


Les mots avec des fautes étaient vivement barrés, puis corrigés juste à côté. Plus bas, il y avait le mot du professeur, et un tampon "très bien".


"Ne recommence plus. Signé Misaki." Misaki ? répéta Yashiro, confuse.


Était-ce le Deuxième Mystère, qui était en réalité un professeur et non une jeune femme ? Yashiro feuilleta le reste du livre. Elle trouva des tas d'autres mots, semblables à ce qu'elle avait lu précédemment.


Cependant, l'adolescente trouva une photo en noir et blanc un peu plus loin. Il y avait un homme au centre, qui affichait un grand sourire, et plusieurs enfants autour de lui.


— C'est Misaki, l'homme au centre ? se demanda Yashiro.


Elle eut la confirmation par un petit mot dans le cahier. Nene ne comprenait pas vraiment tout pour le moment, mais elle savait désormais que la femme qui l'avait attaquée n'était sûrement pas Misaki.


"Misaki m'a donné une paire de ciseaux de coiffure". Son écriture s'est nettement améliorée ! remarqua Yashiro, surprise. "Les autres élèves n'en ont pas eu, il en a donné qu'à moi ! Misaki m'aime beaucoup ! J'ai rangé soigneusement les ciseaux dans l'autel."


Le professeur lui avait alors répondu :


"Je suis content pour toi. Signé Misaki."


Yashiro eut comme un éclair de lucidité. Ses joues prirent tout de suite feu, et tout un tas de souvenirs lui apparurent de son enfance.


— Elle est amoureuse de son professeur ! Je la comprends ! Il m'est arrivé la même chose en maternelle... Eh, ce n'est pas le moment !


Elle tournait rapidement les pages, après avoir chassé sa rêverie d'un vif hochement de tête. Les mots suivants la laissèrent bouche bée, tétanisée. Ils étaient tous les mêmes. Ils disaient que Misaki n'était pas venu.


Mais plus Yashiro avançait dans sa lecture, plus les phrases se transformaient en de simples mots :"Ni Aujourd'hui", "Aujourd'hui non plus.".



Enfin, Nene trouva enfin un mot très différent. En le lisant, son cœur ne pouvait s'empêcher de se serrer de peine, comme compressé par le poids du chagrin.


"J'ai entendu une conversation, il y a eu un accident sur ces escaliers. Un professeur est tombé et est mort sur le coup. Ça veut dire quoi "mort" ? Je demanderai à Misaki la prochaine fois."


Yashiro fit défiler les pages une nouvelle fois, mais elles étaient toutes vierges. Elle continuait, elle voulait savoir la suite, ça ne pouvait pas se terminer ainsi !


Et enfin, tout à la fin du cahier, elle trouva le dernier mot. Un mot qui lui glaça immédiatement son sang dans ses veines. Un mot qui résonna en elle, comme un écho. Une simple phrase, de simples mots, et pourtant, ils donnaient à Yashiro l'effet d'être poignardée en plein cœur.


"Je ne pense pas que Misaki remettra les pieds ici. Je n'ai pas d'autres choix, que de lui fabriquer un corps."


Peu après l'avoir lu, Nene sentit immédiatement une présence derrière elle. Les torches autour d'elle s'allumèrent unes à unes, le bruit délicat d'un pas la fit frissonner d'effroi.


— Que fais-tu ici ? demanda une voix avec froideur.


Le ciel s'était assombri. De nouveau, l'espace et ses étoiles le recouvraient. L'ambiance devint immédiatement tendue, pesante et glauque. Yashiro se retourna lentement, tout en se relevant.


— C'est vous qui avez écrit ça ? demanda-t-elle avec hésitation.


Le bruit de sandales tapé contre le sol s'intensifia.


— Oui.


La personne s'approchait de plus en plus.


— Vous n'êtes pas Misaki, poursuivit Nene.

— Je tente de récupérer des membres pour son corps. Alors c'est plus simple d'emprunter son nom.


Un épais brouillard s'était peu à peu installé autour. Le Deuxième Mystère était proche.


— Je n'en reviens pas... finit par dire Yashiro, une pointe de colère dans sa voix. Vous avez maltraité les élèves pour lui fabriquer un corps ?

— Oui.


Nene sentit ses chevilles empoignées par des petites mains. L'adolescente baissa lentement la tête de stupeur. Son cœur manqua un battement.


Je ne peux plus bouger ! paniqua-t-elle.


A ses pieds, des poupées au visage difformes et aux yeux totalement noirs l'avaient attrapée. Elles commençaient peu à peu à grimper sur Yashiro, qui restait pétrifiée sur place. Bientôt, les poupées atteignirent ses fines épaules.


— Vous étiez amoureuse de Misaki, n'est-ce pas ? enchaîna Nene avec affolement. Il ne serait pas ravi de voir ça...

— Oh, ça... lui sourit le Deuxième Mystère, son visage à présent découvert. Tu n'as pas besoin de me le dire.


Elle lui asséna un puissant coup dans le ventre. Yashiro fut projetée plusieurs mètres derrière, totalement impuissante. Le choc fut rude. Elle se cogna violemment contre le tronc d'un arbre. Son cœur battait la chamade, ses jambes tremblaient. Elle essayait tant bien que mal d'oublier sa vive douleur.


Un ciseau se planta dans le tronc, à quelques centimètres à peine du visage de Nene. Elle se retint de hurler, et observa la femme de ses yeux embués de larmes.


— Vous... Vous ne pouvez pas... bégaya la lycéenne.

— Misaki a toujours pris soin de ses élèves. Il me sermonnerait, s'il venait à l'apprendre, poursuivit le Deuxième Mystère. Mais ça me convient parfaitement. Je veux qu'il me fasse la morale, une nouvelle fois...


Elle ajouta sur un ton dur :


— Et pour y parvenir, je ferais n'importe quoi !


La femme s'élança vers Yashiro, prête à la décapiter avec sa paire de ciseaux. Nene poussa un cri d'horreur. Elle allait mourir, elle allait finir comme cette montagne de cadavre !


— A l'aide, Hanako, Aika ! s'écria la lycéenne, les larmes aux yeux.

— Ne t'inquiète pas, je te protégerai, Yashiro ! s'amusa une petite voix.


C'est... la voix d'Aika ?




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CHAPITRE 6 TERMINÉ
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