O5. HANAKO

𝐒𝐘𝐌𝐏𝐇𝐎𝐍𝐈𝐄 𝐃𝐄 𝐍𝐎.𝟖
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chapitre cinq —— Hanako
« Revoir un être cher : un mélange de beaucoup de sentiments, parfois contradictoires. »





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— YASHIRO ? murmura Aika, déboussolée.


La blonde resta figée sur place. Cette montagne de cadavres lui donnait la nausée. Ses yeux s'écarquillèrent de stupeur, sa bouche s'ouvrit en grand.


Yashiro pleurait à chaudes larmes, accroupie près des cadavres.


Même si le Mystère savait que Misaki déchiquetait les élèves, elle n'avait jamais pensé voir un jour les corps des élèves morts. Il y en avait tellement.


Tellement de personnes innocentes qui avaient encore toute leur vie devant eux.


Une rage soudaine s'empara d'Aika. Oui, tant d'élèves qui n'avaient rien demandé, qui voulaient encore vivre. Misaki leur avait tout simplement ôté leur vie.


Pour quelles raisons ? Pourquoi ce Mystère avait fait cela ?


Car elle ne veut pas se faire oublier par les autres élèves, pensa Aika avec colère. Les expériences heureuses ne sont pas ce qui marquent le plus les élèves, ce sont celles qui les font hurler de terreur.


Aika détacha enfin son regard de Yashiro. Un peu plus loin, un jeune garçon aux cheveux blonds se battait contre une femme.


Elle était élégante, magnifique même.


Elle avait un doux visage aux traits délicats, une petite bouche rosée, et de clairs yeux verts. Elle était également habillée d'un long kimono blanc, de sandales, et d'un petit nœud, attaché dans ses cheveux courts, kakis.


Est-ce que c'est le Deuxième Mystère ? se demanda Aika en la fixant de ses yeux gris. Sûrement, je ne vois pas qui pourrait se battre contre ce garçon dans un endroit pareil...


L'élève combattait vaillamment, ripostant et bloquant les attaques avec son bâton d'exorciste. C'était donc lui qu'Aika avait dû rencontré dans les couloirs.


Son aura était si singulière, mais rien à voir avec la voix qui l'avait parlée.


D'ailleurs, que faisaient Yashiro et ce garçon ici ? Avaient-ils, eux aussi, marcher sur la quatrième marche de l'escalier ? S'ils connaissaient la rumeur, pourquoi l'auraient-ils fait délibérément ?


Misaki attaquait sans relâche le jeune garçon à l'aide d'une paire de ciseaux d'une taille démesurée. Essayait-elle de le décapiter ? Aika devait absolument agir !


Alors qu'elle s'apprêtait à aller l'aider, un autre garçon — qu'Aika n'avait pas tout de suite remarqué — commençait à s'approcher de Yashiro par-derrière, d'un air serein.


Le cœur de la blonde manqua un battement : elle ne savait que faire. Était-il du côté de Misaki ? Qui devait-elle aider en premier ?


L'exorciste à l'air de s'en sortir, je vais aider Nene ! pensa le Huitième Mystère en préparant sa téléportant.


Elle s'entoura d'une épaisse fumée blanchâtre, avant de fermer les yeux. L'instant d'après, elle les ouvrit, et se retrouva nez à nez au jeune garçon.


Déboussolé, il poussa un petit cri de surprise avant de reculer de quelques pas. Aika se prépara à se battre, elle ferait n'importe quoi pour sauver ou aider Yashiro.


Une vie peut être très courte, il ne faut pas la gâcher.


L'inconnu ne semblait pas très effrayant. Il était petit, mais tout de même plus grand qu'Aika. Il portait un uniforme scolaire aux couleurs sombres, ainsi qu'une casquette avec un emblème doré. Ses cheveux étaient légèrement ébouriffés, et ses grands yeux ambrés la fixaient intensément.


La jeune fille put voir un sceau blanc sur sa joue gauche. La blonde écarquilla les yeux de stupeur, avant de comprendre qui était ce mystérieux garçon.


— Tu es "Hanako-san des toilettes" ? Le chef des Mystères ? dit-elle, complètement ébahie.


Le dénommé Hanako ne répondit rien, stupéfait. Il fixait avec insistance Aika de la tête aux pieds, sa bouche et ses yeux grands ouverts. Le Huitième Mystère fronça les sourcils, perplexe. Pourquoi la regardait-il autant ?


— Désolée, j'ai crû que tu étais avec Misaki, poursuivit Aika, légèrement mal à l'aise de ce silence. Yashiro, tout va bien ?


À l'entente de son nom, Nene se retourna, les yeux embués de larmes.


— A... Aika, que fais-tu là ? demanda faiblement la lycéenne.

— Je suis là pour empêcher le Deuxième Mystère de prendre plus d'élèves, lui répondit la blonde avec douceur. Et toi ? Tu ne devrais pas être là ! Ce n'est pas un endroit pour des élèves.

— Mon... Mon amie Aoi a marché sur la quatrième marche de l'escalier et s'est retrouvée ici, expliqua-t-elle entre deux sanglots. Je suis venue la chercher et la ramener, avec Kou et Hanako.


Kou est donc le jeune exorciste qui est en train de se battre. Il devrait pouvoir tenir le temps que j'arrive l'aider, se dit Aika.


Elle se tourna un instant vers le Septième Mystère, qui visiblement, continuait à la fixer sans décrocher le regard, puis porta à nouveau son attention sur Nene.


— Ne t'inquiète pas, nous allons arrêter Misaki, lui sourit Aika. Je te le promets, nous ramènerons Aoi !


Elle fit ensuite volte-face vers Hanako. Ses yeux brillaient d'une étrange lueur d'incompréhension et de désarroi. Aika ne comprenait pas ce qui lui passait par la tête, mais elle ne voulait pas que quelqu'un la fixe ainsi.


— Hanako, tu es le chef, non ? Ne faudrait-il pas prendre le réceptacle de Misaki pour l'empêcher de prendre plus d'élèves et pour les ramener ?

— Son réceptacle... répéta Hanako, tout en continuant d'observer Aika.

— Dis, ce n'est pas très poli de fixer quelqu'un de cette manière ! Tu pourrais au moins me dire bonjour, soupira la blonde, déçue.

— Désolé, c'est juste que tu... murmura le garçon.


Agacée et en même temps attristée, la jeune fille partit vers Kou, passant devant le chef des Mystères en le frôlant.


— Je te laisse t'en charger, vu que tu n'as pas l'air de vouloir me parler ou même coopérer avec moi.


Aika ne put entendre sa réponse. De toute façon, si Hanako ne faisait que la regarder de cette manière, ils n'allaient pas beaucoup avancer. N'était-il pas censé intervenir ?


Dans la situation de Nene, il fallait réagir au plus vite. Sinon, elle pourrait bien finir comme son amie Aoi. Si Aika voulait avoir la moindre chance de récupérer Aoi et de partir avec Kou et Yashiro, elle devait se dépêcher.


Le Huitième Mystère observa l'exorciste se battre de toutes ses forces contre Misaki. Il tenait bon malgré son jeune âge, c'était admirable. Mais Aika devait intervenir, il n'allait pas rester bien longtemps dans cette position.


Elle inspira profondément, et sentit immédiatement une chaleur monter en elle. Manque de chance, la jeune fille ne pourrait pas matérialiser un de ses instruments. Elle allait devoir faire sans.


Dommage, si j'avais pu invoquer mon violon, j'aurais pu amplifier mes ondes sonores. Tant pis, allons-y tout de même !


Aika n'était pas vraiment faite pour se battre au corps-à-corps. Il faudrait qu'elle se tienne toujours à distance. De loin, elle pouvait se rendre très utile. De près, c'était nettement plus compliquée. Elle serait vraiment désavantagée.


Sans attendre plus longtemps, Aika plaqua ses mains au sol. Elle devait se concentrer et ne pas toucher Kou. Une sensation de brûlure s'échappa immédiatement des paumes de ses mains. En un instant, le sol trembla dangereusement.


Misaki arrêta de se battre un moment pour observer ce qu'il se passait. Sous ses pieds, le sol se déroba, et des ondes s'en échappèrent. Elles produisaient un vacarme assourdissant. Le Deuxième Mystère fut projetée à plusieurs mètres de hauteur, avant de venir s'écraser au sol à une vitesse fulgurante.


La jeune femme hurla de douleur. Elle se releva en titubant quelque peu, et jeta un regard noir à Aika, qui lui sourit immédiatement.


— Désolée de vous avoir fait ça, s'excusa-t-elle de loin. Pourriez-vous arrêter de vous battre un instant pour qu'on discute calmement de...

— Je ne sais pas qui tu es, mais ne viens pas te mêler de ça ! hurla Misaki de rage.

— Oh, je suis mal.


Misaki s'élança sur Aika. La blonde le savait, elle n'aurait pas le temps d'esquiver sa paire de ciseaux. Alors elle pointa du doigt la jeune femme, avant de la fixer intensément. De là où elle était, elle pourrait aisément la stopper quelques secondes, puis contre-attaquer.


À quelques centimètres d'Aika, alors que Misaki était sur le point de refermer ses ciseaux sur sa gorge, elle fut stoppée net dans son élan.  Plus aucun de ses membres ne voulaient lui obéir, ne pouvaient faire le moindre geste. Comme figée sur place, elle faisait face à Aika qui la fixait d'un regard noir.


— Qu'est-ce... que... articula Misaki avec difficulté.


Elle observa la jeune fille droit dans les yeux et resta ébahie. Ses yeux, ils n'étaient plus normaux. Ils étaient devenus entièrement blancs. Seuls les pupilles gardaient leur couleur originelle.


— Pourquoi... Je ne peux pas... bouger ? demanda faiblement Misaki.

— Je vous ai demandé de vous calmer, s'il-vous plaît, insista Aika. Je ne suis pas venue pour me battre, mais je le ferais pour protéger les innocents.

— Tu es... le Huitième Mystère !


Alors que la jeune femme s'apprêtait à bouger, Aika fut plus rapide qu'elle. La petite fille frappa dans ses mains, face à son propre visage. En un instant, Misaki reçut de plein fouet une des mêmes ondes sonores qu'elle avait reçu précédemment. Comme tout à l'heure, elle fut projetée à plusieurs mètres derrière, et s'écrasa lourdement au sol.


— Woaw, c'est génial ! s'exclama Kou en rejoignant Aika. Tu es un esprit ? Un Mystère peut-être ?

— En effet, je suis le Huitième Mystère de l'école : Aika de la salle de musique, enchantée, se présenta la petite blonde, un grand sourire aux lèvres.

— Ton truc, c'est les ondes sonores ? C'est trop cool ! Tu viens nous aider, pas vrai ? Ensemble, on va réussir !

— Ne te réjouis pas trop vite, Misaki est plus forte que tu ne le penses, coupa Hanako.


Il se plaça immédiatement aux côtés de l'exorciste.


— Désolé pour l'attente, ajouta-t-il.

— Où est Yashiro ? s'exclama Kou, déboussolé.

— Justement, je l'ai envoyée chercher le réceptacle. En attendant, nous devons gagner du temps. J'espère que vous êtes prêts, car Misaki n'a vraiment pas l'air heureuse de nous voir.




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CHAPITRE 5 TERMINÉ
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