𝐒𝐘𝐌𝐏𝐇𝐎𝐍𝐈𝐄 𝐃𝐄 𝐍𝐎.𝟖
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chapitre trois —— Présence
« Notre instinct ne nous trompe jamais. »

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— TU NE LE CONNAIS PAS ? répéta Yashiro qui semblait ne pas à y croire.

— Haha, oui, dit Aika avec son sourire le plus rayonnant. Je ne suis jamais sortie de la salle de musique, alors je ne connais aucun autre Mystères.

Elle ajouta sur un ton encore plus doux :

— Je suis désolée de ne pas pouvoir t'aider.

Mais une chose en Nene troublait encore plus Aika.

Elle est spéciale, songea la blonde. Elle peut très facilement me voir, est-ce qu'elle...

L'esprit laissa sa pensée en suspens. Il ne valait mieux pas y penser. Il ne fallait pas penser à l'avenir de cette lycéenne. Après tout, Aika n'était qu'un Mystère de l'école, elle était déjà morte. Elle avait déjà gâché sa vie. Elle ne devait pas se sentir concernée par l'avenir de Yashiro.

Et pourtant, Aika ne pouvait s'empêcher de ressentir une immense peine pour la jeune élève.

Au vu du bonheur que Nene ressentait, elle devait sûrement se douter de rien.

Comme la vie est vraiment injuste, se dit Aika avec un soupir intérieur.

— Peut-être que si, tu pourrais m'aider ! s'exclama Nene, frappée par une illumination. Est-ce que je pourrais rencontre l'esprit de Hanako ?

— Malheureusement ça ne marchera pas. D'abord parce qu'il me faut le vrai nom de la personne, et ensuite son esprit vivant a été réincarné dans le corps de Hanako, il n'y a plus aucun esprit mort à visiter.

Yashiro hocha vivement la tête, visiblement déçue. Si Aika pouvait faire quoique ce soit pour Yashiro, elle le ferait. La blonde ne pouvait s'empêcher d'avoir de la peine pour l'élève. Alors elle ferait n'importe quoi pour la faire sourire, même quelques instants.

— Et si tu me parlais un peu de ce Hanako ? proposa Aika.

— Hanako ? C'est le chef des Mystères. Il m'embête parfois et  se moque. Il ne prend jamais rien au sérieux et rigole toujours. Mais il est toujours là pour moi, et il me cache quelque chose sur lui.

Aika avait vaguement entendu parlé de ce Hanako, mais elle ne l'avait jamais vu. Alors c'était lui, le chef des Mystères ? Normalement, elle aurait dû assister à une sorte de réunion pour faire connaissance avec les autres Mystères, mais la blonde n'y était pas allée. Elle avait été trop énervée et triste pour voir qui que ce soit.

— Aika, que fais-tu aux élèves une fois que l'une des règles n'est pas été respectée ? demanda subitement Nene, curieuse.

— Je ne vais quand même pas te le dire ! Et puis, pour être honnête avec toi, il vaut mieux que tu ne le saches pas. Ce que je peux te dire, c'est qu'il y aura toujours une belle musique pendant ce moment !

Aika posa son regard sur la fenêtre entrouverte, au fond de la salle. Le soir approchait.

— Bon allez, je te laisse, tu n'as plus besoin de moi maintenant ! conclut Aika en se levant d'un bond. Ça va être un joli moment ce soir. Au plaisir de te revoir !

Avant que sa cliente ne puisse dire quoique ce soit, une fumée blanchâtre apparut autour du Mystère. En un instant, l'épais brouillard la recouvrait et l'entourait entièrement. Aika ferma les yeux et s'estompait, telle la fumée. Elle se sentait si légère, si douce. C'était une sensation agréable. L'instant d'après, lorsqu'elle ouvrit les yeux, elle était sur le toit du bâtiment.

Elle s'avança et s'appuya contre les fines rambardes. Face à elle, le portail de l'Académie était fermé, et le soleil commençait doucement à décliner sur l'horizon. Ses lueurs teintaient les cieux de vives couleurs orangés et rosés.

— L'été approche, constata le Mystère avec un fin sourire. Comment se fait-il que l'odeur de la pluie me rende nostalgique ? Comment se fait-il que mon cœur s'agite à l'approche de l'été ?

Sa petite voix résonna légèrement. Aika soupira profondément, attristée. L'été lui rappelait d'horribles souvenirs qu'elle préférait oublier. C'était à cette saison qu'elle était morte, qu'elle était passée de l'autre côté. C'était à cette saison qu'elle avait commis sa plus grande erreur.

— Amane, qu'es-tu devenu ? se demanda la blonde avec une certaine nostalgie. Tu dois être à la retraite maintenant. J'espère que tu as réglé tous tes problèmes...

Elle repensait au garçon qu'elle côtoyait presque tous les jours, lorsqu'elle était vivante. Lui aussi, il avait des problèmes. Lui aussi, il était malheureux. Et pourtant, ils ne s'étaient jamais parlé de leurs problèmes, jamais ils ne les avaient évoqués lors de leurs discussions. Ils s'étaient aidé mutuellement, s'étaient donné la force de continuer à vivre.

Aika ressentit un pincement au cœur. Oui, elle lui avait promis... Mais elle n'avait pas respecté sa promesse.

— Je me demande si tu as pu régler tes problèmes. J'espère que oui, et que tu vis heureux maintenant, soupira Aika avec un faible sourire.

Elle ajouta dans un souffle, presque inaudible :

— J'aimerais tant te revoir...

Le Mystère avait beau toujours se rappeler d'Amane, c'était impossible de le revoir. Il n'était plus à l'Académie depuis bien longtemps. Il avait sûrement vécu toute sa vie, sans jamais abandonner. Avait-il pensé à elle ? L'avait-il oubliée ?

— J'espère que tu ne m'as pas oublié quand même, rit Aika, légèrement triste à cette pensée. Même si je n'ai pas respecté la promesse qu'on s'était faite. Au moins, toi, tu as pu la respecter...

Ils avaient traversé tant de choses ensemble, Amane devait forcément se souvenir d'elle !

— Si seulement je pouvais te voir, Amane, soupira-t-elle. Rien qu'une fois...

Soudain, son sang se glaça dans ses veines. Son cœur manqua un battement. Aika se figea. Elle sentait une présence derrière elle. Une présence mauvaise, très mauvaise. Elle dégageait une forte malveillance. Tellement forte qu'Aika fut pétrifiée sur place pendant un instant. Pourtant, ce n'était pas son genre d'avoir peur. En tant que Huitième Mystère de l'école, elle se savait forte et prête à toutes éventualités.

Mais là, l'aura que dégageait cette mystérieuse personne lui donnait des frissons. Aika reprit enfin ses esprits et fit volte-face. Mais rien, il n'y avait personne. Rien qu'elle et un profond silence devenu pesant. Son regard parcourait les alentours, à la recherche de quiconque. Cette présence, elle était dangereuse et extrêmement puissante. Aika ne savait pas qui pouvait avoir une telle force, largement supérieur à la sienne.

Pourtant, après quelques secondes à observer les lieux, le Mystère ne trouva rien. Elle était persuadée de ressentir quelque chose. Était-ce un élève ? Un exorciste ? Aika avait déjà perçu la présence de plusieurs exorcistes dans l'école. Mais de là, à ce que leur aura soit aussi impressionnante ? Cela l'étonnait beaucoup.

Ou bien était-ce un Mystère ? La blonde ne pensait pas qu'un esprit pouvait avoir autant de puissance. Pourtant, c'était la seule explication qu'elle voyait. Après tout, elle n'avait encore jamais rencontré les autres Mystères.

— Qui est là ? demanda Aika d'une voix forte. Je sais qu'il y a quelqu'un.

Aucune réponse ne vint. La blonde restait bien sur ses gardes, prête à agir. Malgré toute cette assurance, cette étrange aura qui était subitement apparut, ne la rassurait pas du tout. Son cœur ne pouvait s'empêcher de battre la chamade, et Aika se préparait déjà à se battre contre quelqu'un.

— Aiko... appela une voix lointaine.

Aika se raidit, tétanisée. Ce son semblait pénétrer en elle et la toucher en plein cœur. D'où venait cette voix ? Qui pouvait bien l'appeler par son ancien nom ?

— Comment connais-tu mon ancien prénom ? s'exclama Aika, déboussolée.

— Tu voudrais revoir tes deux sœurs ? Quel beau souhait...

— Qui es-tu ? Comment peux-tu savoir ça ? s'emporta la blonde en cherchant désespérément d'où pouvait bien venir cette voix.

— Pour le bon prix, j'exaucerai ton souhait...

Alors que le Huitième Mystère s'apprêtait à faire un pas, la présence étrange disparut en un battement de cils. Aika resta tétanisée sur place. La personne avait disparu, elle n'était plus là.

Il ne restait plus que la petite fille, et la lune qui commençait lentement à apparaître dans le crépuscule.

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CHAPITRE 3 TERMINÉ
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