37. DE NOUVEAU ENSEMBLE
𝐒𝐘𝐌𝐏𝐇𝐎𝐍𝐈𝐄 𝐃𝐄 𝐍𝐎.𝟖
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chapitre trente-sept —— De Nouveau Ensemble
« Les amours heureux commencés sur la terre se poursuivent au ciel. »
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Il n'y avait aucun bruit dans les environs. Pas un souffle, pas un battement de cœur, pas une voix. Ce silence était reposant, apaisant pour Aika qui refusait d'ouvrir les yeux. Elle se sentait si bien en ce moment.
Ses muscles étaient engourdis, comme s'ils avaient été usés jusqu'à l'épuisement. Son corps lui paraissait lourd, si lourd qu'elle ne pouvait faire le moindre mouvement. Mais pourquoi ne pouvait-elle pas bouger ?
Pourquoi est-ce que son cœur ne battait pas ?
Des bribes de souvenirs commençaient à lui revenir : son combat contre Tsukasa, Nene et Mitsuba qui s'enfuyaient, et enfin Hanako, qui l'avait endormie paisiblement après un ultime adieu.
Mais alors, pourquoi Aika était encore consciente ?
Une vive lumière blanche l'aveugla soudainement. Une clarté qu'elle n'avait encore jamais vu, indescriptible, qui emplissait son cœur d'une chaleur réconfortante. Comme si son corps était ensommeillée dans un cocon chaud, réchauffé par cette lueur.
Aika devait absolument bouger, elle devait voir où elle se trouvait. Avec la plus grande des lenteurs, elle ouvrit les yeux, quelque peu déboussolée. Ses yeux papillonnèrent un instant, puis furent habitués à la forte luminosité des lieux.
Est-ce qu'Aika pouvait appeler ça des lieux ? Tout ce qu'il y avait autour d'elle, c'était du blanc à perte de vue. Sans murs ni sols, la jeune fille se retrouvait perdue. Où avait-elle atterri ?
— Il y a quelqu'un ? demanda-t-elle d'une voix forte.
Aucune réponse. Le silence le plus total. Aika posa sa main contre son cœur, mais ne perçut aucun battement. Elle était donc bel et bien morte, et ses souvenirs étaient réels.
D'un pas hésitant, la petite fille commença à avancer. Elle ne savait où ni pourquoi elle faisait ça, mais elle n'allait tout de même pas rester plantée là jusqu'à qu'il se passe quelque chose. Elle laissait ses pieds la guider à travers un chemin invisible et inexistant.
Au bout de plusieurs minutes à errer sans but précis, Aika s'arrêta, frappée par une hypothèse : et si elle allait passer l'éternité ici ?
— Non, ce n'est pas possible, je ne peux pas rester ici toute seule, affirma-t-elle fermement, chassant cette idée aussi vite qu'elle était apparue.
— Ça fait tellement longtemps Aiko. Nous t'attendions !
Prise de court, Aika fit volte-face en direction de la voix, les lèvres tremblantes. Qui pouvait bien se trouver là avec elle ?
En vérité, le Mystère n'avait pas réellement besoin de se poser la question. Elle l'avait aisément devinée au son de la mystérieuse voix et à son timbre. Mais ce qu'Aika n'avait pas su, c'était qu'il y avait deux voix.
La jeune fille resta tétanisée sur place. Ses lèvres s'ouvraient pour essayer de prononcer un mot, mais rien à faire, le nœud dans sa gorge était beaucoup trop serrée pour qu'un son sorte. Les larmes lui montèrent immédiatement aux yeux en découvrant qui étaient à ses côtés.
Devant Aika, deux filles radieuses lui souriaient. Elles ressemblaient traits pour traits à Aika, et étaient toutes les deux vêtues d'une mignonne petite robe blanche, mais sauvagement tâchée de sang au niveau de la poitrine de chacune.
Les larmes déferlaient sur les joues d'Aika tant l'émotion était forte. Elle ne savait pas si tout cela était réel ou non, mais elle s'en fichait. Entre deux sanglots, elle réussit à articuler leur nom :
— Airi... Ai...
Son cœur se serrait douloureusement dans sa poitrine lorsqu'elle les prononça. Est-ce que tout cela était réel ? N'était-elle pas en train de rêver ? Elle plongea son regard dans ceux de ses sœurs, elles aussi, les yeux embués de larmes.
Dans un élan d'énergie, Aika se rua sur ses deux sœurs et les prirent dans ses bras. Elle pleurait à chaudes larmes, incapable de s'arrêter. Elle ne put prononcer que ces quelques mots, qu'elle répétait encore et encore :
— Je suis désolée... Tellement désolée...
Elle s'excusait pour avoir tué Airi, de ne pas avoir su la sortir de sa solitude et sa souffrance, de ne pas avoir tenu sa promesse. Elle s'excusait pour avoir laissé mourir Ai, et de ne pas lui avoir offert une meilleure vie, de ne pas avoir été une meilleure grande sœur.
Ses deux sœurs la serrèrent fort dans leurs bras également, les larmes coulant sur leurs joues cramoisies par l'émotion. Elles avaient patiemment attendues Aiko depuis des dizaines d'années, l'observant silencieusement accomplir sa vie de Mystère. La voir enfin près d'elles les comblaient d'un bonheur inégalable.
— Tu m'as tant manqué... murmura Ai à l'intention d'Aika.
Ces paroles semblaient à la fois lointaines et toutes proches, tel un écho. Elles étaient douces, affectueuses, exprimaient en quelques sons tout l'amour qu'Ai éprouvait pour sa grande sœur.
Car oui, elle l'aimait du plus profond de son cœur. Elle ne lui en voulait absolument pas de n'avoir rien pu faire pour empêcher sa mort. Et même si sa vie n'avait été que de la souffrance, la simple présence d'Aiko lui avait toujours suffit.
— Je suis désolée... murmura Airi à son tour.
Sa grande sœur était désolée de ses actes. Désolée d'avoir fait souffrir ses petites sœurs, d'avoir gâché leur vie. Désolée d'avoir tué Ai, d'avoir empirer les choses. Désolée de ne pas les avoir aimé comme une véritable grande sœur.
Airi avait foutu leur vie en l'air. Elle les aimait tellement, du plus profond de son cœur. Et pourtant, elle n'avait pensé qu'à elle et n'avait même pas essayé de comprendre ce que ses sœurs enduraient.
Les bras d'Airi enveloppaient affectueusement Aika, prise de court par ce qui lui arrivait. Qui aurait cru que cet instant serait un jour arrivé ? Elle se sentait si bien.
Tous ses regrets concernant sa vie s'effacèrent en un instant. Elle avait enfin dit ce qu'elle avait toujours voulu dire à ses sœurs. Son cœur était bien plus léger à présent.
Dans cet instant d'amour et de bonheur, les trois sœurs disparaissaient lentement. Airi, Aiko et Ai partaient le cœur soulagé et comblé de joie. Elles étaient enfin réunies, à nouveau ensemble.
Aika repensa à toute son ancienne vie, à tous ses moments joyeux et malheureux. Elle se rappela du sourire radieux de Nene, et également du doux visage de Hanako qu'elle garderait dans sa mémoire jusqu'à ce qu'il la rejoigne.
Elle l'attendra dans l'autre monde avec ses sœurs.
Dans un silence apaisant, les trois petites filles s'effacèrent dans l'air, entourées de petite particules dorées.
Et dans leurs mains, elles tenaient fermement leur violon et leur archet.
Une requiem incroyable résonnait dans l'air.
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CHAPITRE 37 TERMINÉ
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