35. LE TEMPS DES ADIEUX
𝐒𝐘𝐌𝐏𝐇𝐎𝐍𝐈𝐄 𝐃𝐄 𝐍𝐎.𝟖
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chapitre trente-cinq —— Le Temps des Adieux
« Je t'aime. »
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— Aika... murmura Hanako, la voix déchirée par l'émotion.
La jeune fille se retrouvait face à lui, les membres tremblants, la gorge serrée. Elle voulait hurler toute sa peine, crier toute sa douleur, mais aucun mot ne sortit. Les larmes voulaient couler abondamment, pourtant, Aika n'arrivait plus à pleurer. Peut-être parce qu'elle n'avait plus de yeux ?
Elle pouvait sentir le regard de Hanako l'examiner de la tête aux pieds. A quoi devait-elle ressembler maintenant ? La nouvelle rumeur avait dû horriblement la défigurée, peut-être que son ami ne l'avait même pas reconnue au début.
Aika voulait tant se blottir contre Hanako, s'excuser auprès de lui, lui murmurer que tout allait bien pour elle, qu'elle serait encore là demain et après-demain. Elle voulait tant lui dire qu'elle allait passer l'éternité avec lui, qu'elle profiterait de chaque moment à ses côtés.
Elle aurait tant voulu lui dire toutes ces choses merveilleuses. Elle aurait tant voulu le rassurer, lui sourire comme elle savait si bien le faire, s'amuser et rire. Mais Aika n'allait rien pouvoir faire.
Car dans sa tête, la voix empirait, devenait affolante et entraînait peu à peu la jeune fille dans la folie. Elle devait absolument faire quelque chose, ou elle n'allait sûrement pas tarder à faire une bêtise.
Aika serra rageusement les poings, impuissante. Tant de larmes voulaient couler en ce moment-même. Elle était secouée par des sanglots, qu'elle tentait tant bien que mal de les retenir. Mais ses émotions prenaient largement le dessus, pour une fois dans sa vie.
Alors qu'Aika allait prendre la parole après ce long moment de silence, elle se sentit pousser de l'avant, puis prit dans les bras. Par l'odeur léger, elle sut immédiatement que c'était Hanako qui la serrait fort contre lui. Il l'enveloppa, comme pour la protéger de tous dangers.
Pourtant, il savait que c'était trop tard.
— Je suis désolé... Tellement désolé, murmura Hanako, les larmes aux yeux. Je t'en prie, reste encore avec moi, on a encore tant de choses à vivre ensemble !
Sa voix était perdue, étranglée par le chagrin. Aika pouvait le sentir : ses mains tremblaient, la serraient de plus en plus fort. Le cœur du garçon battait la chamade, cognait contre sa poitrine qui aurait put finir par éclater.
La petite blonde resta là, blottit contre son ami, un faible sourire aux lèvres. Elle s'était doutée de ce moment, elle le savait depuis le début que tout finirait de cette façon. Encore une fois, elle laissera sur son chemin de la peine et du chagrin.
— Aika, dis-moi que tu m'entends, je t'en prie ! Je sais que tu es encore là ! Alors réponds-moi, ne te laisse pas envahir aussi facilement !
Elle voulait tant lui murmurer qu'elle l'écoutait paisiblement, buvait chacune de ces paroles comme si c'étaient les dernières. Pourtant, malgré toute sa détermination et son envie, aucun mot n'arrivait à sortir. Son corps refusait d'obéir, sûrement à cause de la voix qui prenait peu à peu le contrôle.
Heureusement, Aika réussit à se calmer et put se contrôler. Elle ne pouvait toujours pas bouger, mais parler suffisait amplement. Alors, dans un murmure déchiré, presque inaudible, elle lui répondit :
— Je... suis désolée.
— Ne t'excuse pas ! Je n'aurais pas dû te laisser y aller seule ! J'ai été idiot... Je t'en prie, reste avec moi ! s'alarma Hanako en la regardant de face. Tout est terminé ! Tu as réussi à faire gagner assez de temps à Yashiro et Mitsuba pour qu'on les rejoigne ! Tsukasa est partit, nous sommes tous sains et saufs grâce à toi... On peut encore te sauver !
— Je suis heureuse... que tout le monde soit en vie, soupira Aika de soulagement. Nene est vivante... Elle ne doit pas me voir...
— Économise tes forces, il doit y avoir un moyen pour changer ta rumeur et te sauver...
— Hanako... je te pensais plus réaliste, rit-elle, la gorge serrée. C'est... fini.
Elle se remémora pendant quelques instants tous les bons moments avec ses amis, sa famille. Elle s'en allait avec presque aucun regret, si ce n'était qu'elle aurait voulu vivre plus longtemps avec tous les autres, qu'elle aurait voulu rester avec Hanako pour l'éternité.
Mais désormais, le temps était compté. Ses jambes ne lui permettaient presque plus de la garder debout. Son cœur s'emballait dans sa poitrine, déchiré par la souffrance de tout perdre en une fraction de seconde. Sa voix dans sa tête reprenait peu à peu le dessus, lui apportait des idées de plus en plus noires.
C'était le moment, elle devait le faire.
Lentement, d'un mouvement gracieux et léger, Aika invoqua son violon et son archet. Ils paraissaient si lourds qu'ils lui étaient difficile de les garder fermement dans ses mains. Hanako la relâcha, sûrement déboussolé des actions de son amie. Il devait se demander ce qu'elle allait faire.
Et lorsqu'il comprit le plan d'Aika, il n'eut pas le temps de faire le moindre geste pour la stopper.
Aika réussit à serrer fort l'archet de violon dans sa main. D'un geste vif, bref, qui puisait dans toute ses forces, elle leva l'archet de sa grande sœur face à elle, et se le planta dans son propre cœur.
La jeune fille se laissa tomber en arrière, rattraper de peu par Hanako. Il éclata en sanglots, pleura à chaudes larmes en voyant peu à peu Aika devenir translucide. Il hurla. Hurla toute sa peine, sa souffrance, son impuissance face à la scène macabre. Si Aika avait encore eu la force de parler, elle aurait hurlé avec lui.
Son énergie vitale s'en allait peu à peu, la quittait pour s'effacer lentement dans l'air. Son cœur ne battait presque plus, sa respiration devenait lente et sifflante. Aika avait tellement mal, elle voulait tant pleurer sa douleur.
Mais à la place, elle sourit. Elle sourit pour Hanako, pour ne pas qu'il la voit peinée. Elle sourit pour effacer quelques secondes sa souffrance, pour se remémorer tous ses bons souvenirs et moments passés avec ceux qu'elle aimait. Elle souriait.
— Pourquoi ? Pourquoi as-tu fait ça ?! hurla Hanako, désespéré.
— Il n'y a... plus rien à faire, lui souffla la jeune fille, bercée par les faibles battements de son cœur. Si je ne meurs pas... je vous tuerais.
— Pourquoi est-ce que je n'arrive pas à protéger ceux que j'aime... Pourquoi est-ce que tout le monde doit mourir ?
— Je te comprends... J'ai pensé exactement la même chose à ma mort. Ne pense pas ça... car ce n'est pas vrai, on finit par réussir... N'abandonne jamais, vis chaque instant... de ton existence. Et surtout, protège Nene... Je veux qu'elle vive des merveilleux moments.
La voix d'Aika baissait lentement de volume, ne devenait qu'un simple murmure, affaiblit par tout le chagrin qu'elle éprouvait.
— J'aurais tant voulu rester avec toi pour l'éternité, dit Hanako entre deux sanglots. Je t'ai aimée depuis notre rencontre, et quand tu t'es suicidée, ça m'a fait tellement de mal que je me suis demandé si ça valait encore si je vivais. Mais j'ai essayé de tenir ma promesse, je te le jure, je savais que tu n'aurais pas accepté que je m'avoue vaincu, que je baisse les bras.
— Je t'aime... lui chuchota la jeune fille. Tu me rejoindras, et on restera ensemble... pour l'éternité cette fois.
Elle poussa un gémissement de douleur. Son cœur lui brûlait, ne battait presque plus. Et pourtant, elle pouvait encore entendre les respirations saccadées de Hanako et les battements frénétiques de son cœur. Ils ressemblaient à une douce mélodie.
Alors qu'elle serrait fort contre elle l'archet de sa grande sœur et le violon de sa petite sœur, elle sentit soudainement un doigt se poser lentement sur son front. Aika devina que ce n'était autre que Hanako qui l'endormissait.
Immédiatement, un sentiment d'apaisement envahit la petite blonde. Son corps lui paraissait lourd, sa douleur s'éteignait peu à peu, alors que la voix dans sa tête disparaissait lentement. Elle se remémora ses souvenirs les plus beaux, tandis que son corps devenait de plus en plus transparent.
Autour d'elle, des petites lueurs dorés s'allumaient et flottaient dans les airs. Penchée au dessus de celle qu'il aimait, Hanako pouvait entendre une étrange mélodie de violon. Elle était calme, aussi douce qu'Aika. Les notes étaient justes, parfaites, laissaient chez le garçon un sentiment de bonheur immense.
— Je t'aime, lui murmura Hanako, les larmes tombant sur le visage d'Aika. On se voit plus tard, hein ? Tu as intérêt à m'attendre.
Il eut comme seul réponse un léger redressement des lèvres de son amie, signifiant qu'elle l'attendrait aussi longtemps qu'il le fallait. Le jeune garçon essuya délicatement les larmes qui se trouvaient sur le visage fin d'Aika. Puis, d'un geste tendre, il lui caressa la joue, les doigts tremblants.
— Sache que tu as été une personne merveilleuse du début à la fin, lui souffla le Septième Mystère, les lèvres tremblantes. Je t'aime... de tout mon cœur... et bien plus encore. Bonne nuit, Aiko.
Il déposa un doux baiser sur les lèvres de la jeune fille. Puis le corps disparut dans l'air, devint totalement transparent. Les petites lumières dorées autour s'éteignirent, s'évaporèrent.
La dernière chose que Hanako aperçut, fut le tendre sourire qu'arborait Aika sur ses lèvres.
Elle s'était endormie paisiblement.
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CHAPITRE 35 TERMINÉ
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