𝐒𝐘𝐌𝐏𝐇𝐎𝐍𝐈𝐄 𝐃𝐄 𝐍𝐎.𝟖
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chapitre vingt-sept —— Kidnappée
« Prenez soin de vos souvenirs car vous ne pouvez pas les revivre. »

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— J'y crois pas, j'ai encore perdu ! se plaignit Aika, la mine boudeuse. Je comprends toujours pas pourquoi je ne gagne pas.

La plainte de la jeune fille résonna dans toute les toilettes. Déroutée, elle fixait intensément le paquet de cartes que Hanako avait réussi à faire, ce qui lui faisait gagner — pour la énième fois — la partie.

— Peut-être parce que tu n'es pas assez prévoyante, rétorqua Hanako avec amusement.

— Peut-être parce que tu parles trop ? renchérit Kou avec naïveté.

— C'est vrai que tu es un pipelette, soupira le chef des Mystères, l'air faussement accablé.

— Je parle parce que sinon il y a un blanc et ça me déconcentre ! se défendit Aika en se levant, les bras contre sa poitrine.

Hanako prit les mains de Aika dans les siennes,un grand sourire aux lèvres. Aika ne savait comment, mais il avait une sorte de don qui lui permettait de faire fondre le cœur de la jeune fille en quelques secondes seulement.

Même si elle était habituée à tous ces gestes d'affection de la part de son petit-ami, elle n'arrivait toujours pas à contrôler les émotions qui l'envahissait à ce moment.

Immédiatement, son cœur s'emballait, ses joues devenaient rouge pivoine, et des étoiles apparaissaient dans le gris de ses yeux.

Depuis qu'Aika était avec Hanako, elle n'avait jamais eu l'occasion de le remercier d'être là. De l'avoir aidée de son vivant, lorsqu'elle allait au plus mal, de l'avoir acceptée telle qu'elle l'était, ou d'être en ce moment avec elle, en tant que Mystère.

Elle devait au moins lui raconter tout ce qui lui était arrivée dans le passé. Hanako était quelqu'un sur qui elle reposait son entière confiance, qui l'avait toujours accompagnée. En lui accordant ses démons du passé, elle se livrait totalement à lui, et il la connaîtrait parfaitement.

Peut-être qu'en retour, Hanako accepterait de parler de son ancienne vie ? Peut-être qu'enfin, Aika allait découvrir ce qui lui pourrissait avant ?

Aika inspira profondément. Ses émotions la submergeaient à chaque fois que son regard croisait celui de Hanako, il la regardait tendrement et amoureusement. L'adolescente se racla légèrement la gorge, mal à l'aise.

De sa petite voix douce et timide habituelle, Aika lui demanda :

— Est-ce que... tu voudrais venir dans ma frontière ?

D'abord étonné, Hanako ne répondit pas tout de suite. Mais il comprit bien vite ce qu'Aika avait en tête. À son tour, il se mit à sourire, et lui répondit :

— Alors, je vais enfin découvrir ce qui n'allait pas ? Attendons ce soir, nous serons tranquilles.

Immédiatement, les lèvres d'Aika s'étirèrent en un grand sourire et ses joues prirent feux, dès l'instant où la réponse parvint à ses oreilles. Oui, elle aimait Hanako, elle voulait passer le restant de ses jours avec lui. Pour cela, elle décidait d'être totalement transparente avec lui et de se confier.

Mais le claquement brutal d'une porte vint gâcher le précieux moment.

— J'ai un problème ! s'écria une voix.

Les trois adolescents se retournèrent à l'unisson, surpris par le fracas de la porte et la voix paniquée de Yashiro. Elle entra rapidement à l'intérieur des toilettes, tandis que Aika s'approcha d'elle, la mine inquiète.

— Qu'est-ce qu'il se passe ? s'enquit-elle, soucieuse de voir son amie dans un tel état.

— J'en vois partout ! Des mains ! Elles poussent n'importe où !

Un long silence plana dans les toilettes.

— Des... mains ? répéta Hanako.

Yashiro lui montra plusieurs photos dans un journal du club de jardinage. Dessus, plusieurs mains de différentes couleurs étaient visibles un peu partout. Malgré qu'elles étaient des esprits, elles avaient l'air de s'amuser et rendaient les photos plutôt drôles.

— Oh, celle-là tient un épis de maïs, remarqua Aika avec un léger rire.

— Elles sont là ! s'écria Nene en montrant du doigt le rebord de la fenêtre.

Une dizaine de mains commençaient à pousser sur les murs de façon irrégulière. Aika les observa attentivement, puis demanda à Hanako :

— Tu penses qu'il faudrait leur exaucer leur dernier désir pour qu'elles disparaissent ?

— C'est possible.

— Comment on fait ça ? demanda Kou.

— Je pense qu'il suffit simplement de s'amuser avec elles, lui répondit Hanako en s'approchant des mains. Garçon ! Vient faire un bras de fer contre cette main ! On va bien s'amuser !

***

— Et voilà, c'est la dernière ! s'exclama gaiement Kou.

— Je suis tellement fatiguée, soupira Aika.

— Moi aussi, il y a même des mains qui m'ont frappé, se plaignit Hanako qui flottait paresseusement dans la salle.

Après une bonne heure à répondre aux attentes de chaque main, Aika était éreintée de cette soirée. Elle aurait bien voulu léviter dans la salle comme Hanako, mais elle avait bien trop peur du vide pour faire ça. Alors elle devait faire comme les mortels et rester debout, malgré la fatigue et ses jambes qui lui paraissaient peser une tonne.

Alors que Kou restait fasciné par les photos, Nene discutait joyeusement avec une main. Hanako semblait dormir dans les airs, et Aika se regardait profondément à travers la glace, au-dessus d'un des lavabos.

Elle repensa à lorsqu'elle était vivante, où elle aurait donné n'importe quoi pour voir son reflet et celui de ses proches. Maintenant qu'elle avait retrouvé sa vue, elle souhaitait tellement voir ses sœurs pour la première fois.

Soudain, Aika ressentit un picotement à sa nuque. Au même moment, un profond malaise l'envahit toute entière et un sentiment d'insécurité la fit frissonner d'effroi.

Il y avait quelque chose de mal aux alentours.

Sans hésiter une seconde de plus, la petite blonde se précipita aux côtés de Nene. Le Mystère avait vu juste, la présence était aux côtés de son amie. Brusquement, une main empoigna Yashiro à son poignet, puis l'entraîna lentement à l'intérieur du miroir.

— A l'aide ! s'écria-t-elle avec panique.

— Attrape ma main ! lui ordonna Aika qui ressemblait plus à un supplice qu'à un ordre.

Mais même si Nene réussit à attraper la main de son amie, la force du mauvais esprit était bien plus puissante. Alors Yashiro lâcha prise et se laissa entraîner dans le miroir, sous les regards horrifiés de ces trois amis.

— Yashiro ! s'exclama le Huitième Mystère avec colère.

Elle voulut entrer dans le miroir à son tour, mais impossible de pénétrer à travers la glace, l'accès venait d'être bloqué. Kou essaya à son tour en tapant violemment contre le miroir à l'aide de son bâton d'exorciste, mais rien à faire, il fut rejeté comme Aika.

— C'est le Troisième Mystère qui a dû entraîner Yashiro, réfléchit Hanako à voix haute. Il n'y a que lui qui contrôle les miroirs.

— Bordel... mon grand frère m'a parlé de la rumeur, ajouta Kou. Il semblerait que les miroirs refléteraient la conscience des gens. Les gens au cœur pur retourneront dans leur monde, mais ceux qui ont quelque chose à se reprocher ou peur de quoique ce soit, les miroirs le reflèteront. Donc les personnes avec des mauvaises consciences ne doivent pas se regarder dans le miroir.

— C'est exact, approuva Hanako, la main contre le miroir qui avait pris Yashiro. J'aimerais aller vite la secourir, mais... si je m'y rends, je ne ferais qu'aggraver la situation.

— Alors j'irais seule ! s'exclama soudainement Aika.

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CHAPITRE 27 TERMINÉ
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