𝐒𝐘𝐌𝐏𝐇𝐎𝐍𝐈𝐄 𝐃𝐄 𝐍𝐎.𝟖
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chapitre vingt-six —— Ne plus être un Mystère ?
« Parfois, il faut savoir s'arrêter à temps. »

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La brise était légère, agréable et rafraichissante pour cette soirée. Le soleil se s'effaçait lentement à l'horizon, dans un ciel teinté de rose et de jaune. Les oiseaux, nichés sur leur branche ou dans leur nid, chantonnaient de mélodieux piaillements, alors que le brouhaha des élèves franchissant le portail parvenait jusqu'à Aika.

Quelques jours étaient passés après sa discussion avec Amane. Elle se sentait si soulagée, si apaisée que toute cette dispute ne soit maintenant qu'un mauvais souvenir. La jeune fille ne s'était jamais querellée avec quelqu'un, sa première fois fut avec son meilleur ami.

Meilleur ami ? Aika le considérait bien plus maintenant, et Hanako aussi. Ils étaient officiellement "en couple". Cela faisait tout drôle au Mystère de penser que quelqu'un l'aimait. Elle qui avait pensé, toute sa vie, qu'elle finirait seule et que personne ne voudrait d'elle.

Les miracles n'étaient donc pas dérisoires, et les espoirs n'étaient pas de pauvres illusions.

Aika serra fort contre sa poitrine le violon de sa petite sœur. Ai lui manquait terriblement. Elle aurait dû avoir toute sa vie devant elle, elle aurait dû vivre et être heureuse. Mais Ai n'a jamais connu autre chose que le malheur dans sa vie.

Son enfance avait été rude et dénuée de bonheur, l'opposé parfait de ce qu'une petite fille de son âge aurait dû avoir. Ai aurait voulu avoir l'amour de ses parents, de sa grande sœur, des amis sur qui compter, et grandir comme tout le monde. Mais elle n'avait rien eu de tout cela.

Ai devait sûrement mieux se comporter dans l'autre monde.

Aika se demandait toujours si elle avait été une bonne grande sœur pour elle. Elle avait vu sa sœur mourir sous ses yeux, sans avoir rien pu faire, sans avoir pu la protéger et lui offrir une meilleure vie. Ai était morte par sa faute, si seulement elle avait empêché Airi de...

D'ailleurs, est-ce qu'Ai m'en veut ? se demanda Aika, songeuse. Sûrement, je n'ai pas été une bonne sœur. Par contre, je suis sûre qu'Airi m'en veut beaucoup parce que je n'ai pas respecté ma promesse.

Elle lâcha un faible soupir à ses pensées. Quelle idiote elle avait été d'avoir établi cette seconde promesse. Aika avait dû donner tant d'espoir à Airi, elle s'en voulait terriblement. C'était sûr qu'elle n'aurait jamais pu tenir sa promesse, ce n'était, cette fois, que de pauvres espoirs. Mais bon, elle ne pouvait plus rien faire maintenant.

Elle ne pouvait changer ce qu'elle avait commis.

Le Huitième Mystère secoua sa tête pour chasser toutes ses mauvaises pensées. Elle devait absolument ne plus y penser. Désormais, elle vivrait sa vie avec Hanako, c'était sûrement mieux ainsi.

— D'ailleurs, je vais aller le voir maintenant ! Yashiro et Kou ne vont pas tarder à arriver, lança Aika en préparant sa téléportation.

Une fois de plus, elle atterrit juste devant l'entrée des toilettes des filles, dans le vieux bâtiment. Sans attendre plus longtemps, Aika ouvrit gaiement la porte et s'exclama :

— Bien le bonsoir !

Aussitôt entrée, une silhouette se jeta sur Aika et l'enlaça. La jeune fille poussa un cri de surprise et sursauta, tituba quelques instants, puis réussit à se maintenir debout.

— Aika, tu es enfin là ! s'écria une voix qu'elle ne connaissait que trop bien.

— Hanako ? Tu m'as fait super peur ! Tu peux me lâcher maintenant ?

— J'ai eu peur parce que tu étais en retard aujourd'hui, lui sourit le jeune garçon d'un air inquiet. Mais je vois que rien ne t'es arrivée !

— Il va sûrement m'arriver quelque chose si tu continus à me serrer aussi fort ! s'étrangla Aika.

Hanako se décida enfin à la lâcher, puis lui prit immédiatement sa main pour l'entraîner au fond des toilettes, sur le rebord de la fenêtre.

— Et puis, je sais très bien que Blancheur me suit à la trace, poursuivit Aika avec un léger rire. Tu sais, je peux très bien me débrouiller seule.

— Oh, tu l'as remarquée, s'amusa Hanako. Tu sais, c'est "au-cas-où".

— Mais oui, bien sûre. Je suis sûre que tu en profites pour savoir tout ce que je fais.

Hanako esquissa un rictus, avant de lui montrer le paquet de carte qu'il tenait dans ses mains. Il savait parfaitement qu'Aika était nulle à ce jeu, et il s'amusait bien à la tourmenter avec ça.

La jeune fille soupira mais se résigna tout de même à jouer avec son ami. Elle connaissait déjà le résultat final à la fin de la soirée, mais tant pis, si cela lui permettait de passer du temps avec Hanako.

Aika s'installa face au chef des Mystères qui commençait à mélanger les cartes. Pendant ce temps, des petits Mokkes montèrent sur le rebord pour aller s'installer confortablement sur les cuisses de la musicienne.

— Au fait, est-ce que tu aimes ton rôle de Mystère ? questionna subitement Hanako d'un air très sérieux.

— Et bien... C'est vrai que c'est compliqué d'être Aika de la salle de Musique, avoua timidement la jeune fille. Des élèves très tristes me demandent de les emmener voir un de leur proche mort, et ils sont toujours tentés d'avoir un contact avec eux.

Mais la jeune fille s'empressa d'ajouter :

— Mais au moins, je leur permets d'établir un dernier dialogue avec la personne qu'ils veulent. Ça leur fait du bien. Je suis juste déçue de ne pas pouvoir faire plus. Mais après tout, on ne peut pas restez indéfiniment dans le monde des morts. Et puis, j'ai peur des fois que les âmes damnées s'en prennent aux élèves, heureusement qu'il ne s'est jamais rien passé d'horrible.

— C'est parce que tu es la gardienne des mondes des morts qu'elles t'obéissent. Après tout, c'est ta frontière. Et... tu sais que je veux remplacer tous les Mystères pour trouver la personne qui change les rumeurs. Je ne vais pas te remplacer, bien sûr que non ! C'est juste que...

Il soupira, visiblement perturbé par quelque chose.

— Tu as vu que Blancheur t'accompagnait partout, tu es peut-être au courant, mais celui qui change les rumeurs a encore frappé et... l'ami de Kou a été transformé à cause de ça. J'ai dû le tuer. Je ne veux pas qu'il t'arrive quoique ce soit alors, si jamais tu ne veux plus...

— Tu es en train de demander de ne plus être le Huitième Mystère ? s'horrifia Aika en l'interrompant.

— Mais tu serais un fantôme ! assura Hanako. En plus de ça, Tsukasa te veut du mal et je serais toujours là pour te protéger si tu deviens un esprit banal !

— Hanako, je n'abandonnerais pas mon rôle de Mystère à cause de ton petit frère. Il n'est pas venu depuis l'épisode du toit. Et puis, je t'appellerais au moindre souci. Je ne peux pas abandonner mon rôle de Mystère, il me tient trop à cœur.

— Tu es vraiment têtue quand tu t'y mets... soupira le garçon, à moitié amusé. Peut-être parce que ton rôle et ton te correspondent aussi. Tu as déjà tenté de voir des personnes qui te sont chères dans ta propre frontière ?

Aika dessina un faible sourire sur ses lèvres. Non, elle n'avait jamais tenté d'entrer en contact avec Ai ou Airi. Peut-être à cause de la peur qui l'étreignait : la peur d'être détestée par elles et rejetée. Aika attendrait. À sa disparition de Mystère, elle rejoindrait sa famille et elle aurait toutes les réponses à ses questions, et cela, en temps voulu.

— Excuse-moi, c'est peut-être trop personnel... lâcha Hanako, gêné.

— Non, non, tu peux me demander, il n'y a aucun soucis ! Je n'ai jamais essayer d'entrer en contact avec mes proches morts, j'attends le moment où je disparaîtrais pour les revoir.

— C'est mieux ainsi. Au fait, je ne sais même pas à quoi ressemble ta frontière ! s'indigna Hanako, l'air faussement déçu. Tu m'y emmèneras un jour ?

— Bien sûr ! lui répondit Aika avec un grand sourire. Mais tu devras ensuite me montrer la tienne !

Hanako lui esquissa un grand sourire. Oui, ils seraient ensemble pour le reste de l'éternité.

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CHAPITRE 26 TERMINÉ
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