16. LA PROMESSE
𝐒𝐘𝐌𝐏𝐇𝐎𝐍𝐈𝐄 𝐃𝐄 𝐍𝐎.𝟖
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chapitre seize —— La Promesse
« Toujours respecter une promesse, quoiqu'il arrive. »
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Parfois, on ne se rend pas compte des actes. Qu'ils soient bons ou mauvais, il y a bien souvent des répercussions, des conséquences plus ou moins marquantes. Une simple parole ou même un simple regard peut redonner vie à une personne. Ou à l'inverse, la détruire et la tuer de l'intérieur.
Les humains pensent-ils à ça avant de dévoiler leurs pensées ou leurs avis ?
Aiko le savait : ils n'y réfléchissaient pas. Ils étaient bien égoïstes. Ils ne réfléchissaient pas avant de parler, ils s'en fichaient de blesser ou non. Les humains ne se souciaient que d'eux et de personne d'autre.
— Regarde, c'est l'aveugle, murmura un élève.
— Comment fait-elle pour vivre ? demanda un autre à voix basse.
Vouloir toujours se ranger dans la majorité, suivre la mode, que c'était lassant et superficiel. Pourtant, si certaines personnes ne le faisaient pas, elles étaient charriées et dévisagées de toutes parts, insultées et traitées de tous les noms possibles.
Que ce soit en face ou dans leur dos, elles finiront par entendre ce que les autres disent d'eux.
Dans cette société, la différence était rejetée. Les personnes avaient peur de l'inconnu, des choses nouvelles, alors elles réagissaient imprudemment. Des personnes ignorantes qui refusaient de s'ouvrir à l'inconnu, s'enfermaient sur leurs préjugés et clichés.
Depuis qu'elle était née, Aiko avait toujours vécu ça. Pourtant, lorsqu'elle était petite, elle ne se souvenait pas d'avoir été autant jugée. Bien sûr, certains parents interdisaient leur propre enfant de traîner avec elle, ou au contraire, leur dictaient de rester avec elle par pitié.
Aiko soupira en repensant à la douce période de la primaire. À ce moment-là, elle était bien loin d'imaginer tout ce que son handicap allait lui apportait comme problème. Elle avait été bien innocente de penser que sa vie se déroulerait normalement, comme une personne lambda.
La jeune fille continua de marcher en direction de la salle de classe, un peu plus loin. Les dires des autres élèves parvenaient jusqu'à elle, et même si elle ne pouvait pas voir, elle pouvait très bien sentir leur regard lui brûler le dos. Cette sensation d'être épiée et dévisagée était désagréable.
Ça faisait bien longtemps qu'Aiko ignorait tout ça. Même si parfois, c'était dur mentalement. Elle avait appris à vivre avec, à faire comme si elle n'entendait pas les remarques, qu'elle n'avaitrien entendu.
Amane doit être en train de m'attendre, pensa la jeune fille en pressant le pas.
Elle le voyait presque tous les jours. Enfin, quand il ne séchait pas les heures de cours. L'adolescente essayait de le voir le plus souvent possible. Il était comme un rayon qui illuminait sa journée. Comme son remède, sa lumière. Il n'y avait que lui qui lui permettait de se sentir bien.
Après quelques minutes de marches, Aiko arriva enfin face à la porte. Elle l'ouvrit et se dépêcha de la fermer juste après être rentrée. C'était comme si cette porte était une barrière contre les élèves, contre leur regard perçant.
— Tu as encore des égratignures, soupira une voix grave. Tu sais, je m'inquiète vraiment pour toi...
Aiko s'avança encore un peu, avant de se stopper net. Si l'agencement des meubles n'avait pas changé, elle devait se trouver face à Amane et Monsieur Tsuchigomori, son professeur principal.
— Tiens, voilà notre petite Aiko ! déclara l'homme en se tournant vers l'intéressée. Toi aussi, tu as encore des blessures ?
— Non, aujourd'hui, je vais très bien ! lui mentit-elle avec un grand sourire.
— Tant mieux. Tiens, Amane, j'ai finis.
Aiko se posa contre le mur de la classe, comme à son habitude, et s'assit par terre. Elle sentit une présence juste à côté d'elle, et devina aisément que c'était son ami Amane.
— Alors c'est vrai, tu n'as rien aujourd'hui ? demanda le garçon, visiblement curieux.
— Non, c'est pas vrai, mais je voulais pas que Monsieur Tsuchigomori râle, lui répondit Aiko avec un léger rire.
— J'ai entendu, lâcha le professeur.
— Qu'est-ce que je disais ! Mais ça va, j'ai juste mal à ma jambe.
Le professeur ne répondit rien, et se contenta de murmurer :
— Vous formez une drôle de paire tous les deux...
— Je vous ai entendu, moi aussi !
Il était vrai qu'Amane avait lui aussi des problèmes, et ils semblaient assez similaires à ceux d'Aiko. Pourtant, jamais la petite blonde n'engagera la conversation à ce sujet. Quand elle se trouvait avec Amane, elle n'avait aucune envie de parler de ses problèmes, elle les oubliait en la présence de son ami.
— Aiko, appela le brun avec entrain. Dans ma main, j'ai une pierre de lune, une vraie !
— C'est vrai ? s'enthousiasma la petite avec admiration. C'est incroyable ! Comment l'as-tu obtenue ?
— Je l'ai trouvée par terre, lorsque j'avais quatre ans, lui raconta-t-il d'un ton rêveur. Tu te rends compte ? Elle a parcouru trois-cents-quatre-vingt-mille kilomètres ! Ma pierre a fait tout ce chemin de puis la lune, c'est mon trésor. J'aimerais bien la donner à quelqu'un en particulier...
Aiko réfléchit un instant, avant de s'exclamer :
— Tu n'as qu'à la donner à Monsieur Tsuchigomori !
— De quoi parlez-vous, tout les deux ? s'enquit l'intéressé qui fouillait dans quelque chose.
Amane ne répondit rien. A la place, il se leva subitement, sans un mot. Aiko observa en direction des pas, étonnée. Que faisait-il donc ? Le garçon ouvrit subitement la fenêtre, un vent frais s'immisça dans la pièce.
— Aiko, tu as déjà pensé à aller sur la Lune ? demanda le garçon.
— Sur la Lune ? Pourquoi pas ! La Lune a l'air énorme et magnifique, lui répondit la petite blonde, rêveuse.
— Elle l'est, lui assura Amane. Je suis sûr que c'est génial, là-bas. Monsieur Tsuchigomori, pourriez-vous me rendre un service.
Aiko put percevoir les pas plutôt forts du professeur. Il s'approchait de son élève, la respiration plutôt saccadée.
— J'aimerais que vous me gardiez ma pierre de lune. Vous savez, en regardant cette pierre, je pensais pouvoir aller où je veux, mais j'ai décidé que je n'irai nulle part...
— Amane, ne dis pas ça ! s'exclama subitement Aiko en se relevant.
La petite blonde pouvait très bien sentir les regards se poser sur elle. Mais entendre ça de la bouche de son ami était impensable, insupportable. Abandonnait-il tous ses rêves ? Non, il devait absolument y croire !
— Je ne veux pas que dises ça, je veux absolument que tu réalises ton rêve et que tu ailles sur la lune, poursuivit l'adolescente avec un faible sourire. Amane, faisons une promesse, toi et moi.
— Une... promesse ? répéta le garçon, dubitatif.
Sans un mot, Aiko s'approcha de lui. Elle réussit à lui prendre sa main, usée par les blessures et entourée de longs bandages. Elle était si douce, émanait une chaleur réconfortante.
— Je veux que, peu importe les problèmes que nous avons, nous continuons à sourire, à garder espoir. Et surtout, tu dois me promettre de toujours rester en vie, de ne jamais sombrer, même si c'est dur ou que je ne suis plus là. Est-ce que... tu peux me promettre toutes ces choses ?
Elle serra un peu plus la main de son ami, le cœur battant. Oui, peu importait ce qu'il pouvait se passer ou même les problèmes qu'ils avaient. Ils devraient toujours garder espoir et rester en vie.
Vivre dans ce monde injuste et douloureux. Vivre en surmontant les problèmes, les malheurs qu'ils rencontraient. Les humains ne naissaient pas égaux, Aiko l'avait compris depuis bien longtemps. Et maintenant, elle fera tout pour rendre ce monde juste.
— Aiko... souffla Amane, presque dans un murmure. Je te le promets, je te promets toutes ces choses. Et en plus, je te promets que je te décrocherais la lune.
Les yeux embués de larmes, Aiko laissa échapper un léger rire. Puis, elle lui sourit, comme elle savait si bien le faire.
Elle l'attendrait.
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CHAPITRE 16 TERMINÉ
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