𝐒𝐘𝐌𝐏𝐇𝐎𝐍𝐈𝐄 𝐃𝐄 𝐍𝐎.𝟖
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chapitre quinze —— La Pierre de Lune
« Un futur n'est jamais sûr. »

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Le Professeur Tsuchigomori s'approcha d'une étagère, un grand air satisfait illuminait son visage pourtant pâle. "Quelque chose d'intéressant" ? Que voulait-il dire ? Yashiro ne comprenait pas vraiment le sous-entendu de cette phrase. Même si elle se creusait les méninges, elle ne parvenait pas à trouver cette "chose intéressante".

Mais tant pis, il acceptait de donner son réceptacle, c'était ça qui comptait.

Le Mystère leva le regard en direction d'une lanterne, placée à sa hauteur. Il tira sur la petite ficelle, et une lumière bleutée vint remplacer le jaune or qui illuminait les alentours. Immédiatement, la bibliothèque trembla, menaçant presque de faire tomber les livres des étagères.

Après le couinement strident d'un mécanisme, Yashiro put observer la bibliothèque se séparer en deux, comme deux portes qui s'ouvraient face à elle. L'entrée était maintenant assez grande pour que le petit groupe y pénètre aisément.

— Je vais vous mener à mon réceptacle, annonça Tsuchigomori, tout en soupirant l'épaisse fumée de sa longue pipe. Mais une seule personne est autorisée à entrer : la prêtresse qui détruira mon réceptacle.

— La prêtresse ? répéta Nene qui ne comprenait pas qui pouvait bien être cette personne.

— Toi, mon assistante ! dit Hanako en la prenant affectueusement dans ses bras.

— Ah oui, c'est vrai que c'est toi qui détruit les réceptacles des Mystères ! ajouta Aika avec un grand sourire. Tu vas devoir y aller seule.

Yashiro ne dit rien, mais elle pouvait percevoir dans le regard de son amie une pointe d'inquiétude. Pourtant, elle connaissait sûrement le professeur mieux que Nene, si celle-ci se souvenait de ce que Hanako lui avait raconté à ce sujet.

— Déconne pas, l'araignée ! s'exclama subitement Kou, visiblement en colère. Jamais je ne laisserais Yashiro y aller seule...

Avant que l'exorciste ne continue, la patte d'araignée géante du Professeur lui bloqua la bouche, l'empêchant ainsi de poursuivre. L'adolescent se débattit dans tous les sens, mais rien à faire.

— Qu'en dites-vous, Numéro Sept ? poursuivit Tsuchigomori. Vous pouvez me faire confiance.

Le regard de Hanako se posa d'abord sur Yashiro, puis sur Aika.

— Numéro Huit n'a pas non plus le droit d'accompagner, déclara l'homme avant que Hanako ne puisse dire quoique ce soit. Enfin, s'il y a le moindre problème, elle pourra très bien se téléporter, non ?

— Il a raison, assura Aika en se tournant vers le garçon. Et puis, il n'arrivera rien à Nene, j'ai confiance en Monsieur Tsuchigomori !

Le Septième Mystère hocha doucement la tête, visiblement soucieux malgré les dires de son amie. Yashiro n'était pas vraiment rassurée de se retrouver seule avec un Mystère. Mais Tsuchigomori restait son professeur, il ne pourrait rien lui faire.

Yashiro se sentit poussée par-derrière. Elle jeta un regard au-dessus de son épaule, et remarqua Hanako qui la faisait doucement avancer vers le professeur. Une lueur d'inquiétude brillait dans ses yeux ambre, mais en même temps, son regard insistant fixait avec fermeté le Sixième Mystère.

— Dans ce cas, je te confie mon assistante, répondit Hanako d'un ton dur, presque menaçant.

Juste avant que les bibliothèques se referment, Yashiro entra avec le professeur, et perçut Aika qui l'observait avec son grand sourire habituelle. Mais pour une fois, son regard trahissait son anxiété et son inquiétude.

***

— Dis... Ça se passe bien avec Numéro Sept ? demanda subitement le Cinquième Mystère.

Yashiro avançait prudemment dans le long tunnel de pierre, illuminé par des cristaux fluorescents, dispersés un peu partout. L'atmosphère était plutôt lourde, humide. Les nombreuses toiles d'araignées au plafond n'arrangeaient pas l'endroit glauque.

La lycéenne serra fermement la petite lanterne dans sa main. Hanako... Il était si étrange comme garçon ! En voyant l'air inquiet du professeur, elle s'empressa de répondre à la question :

— Il aime bien nous taquiner, j'en ai un peu marre, des fois... Mais il me protège toujours et est plus gentil qu'il y parait. Difficile de le haïr. Je le considère comme mon ami !

— Je vois... Tant mieux. Et Numéro Huit ? poursuivit Tsuchigomori avec une pointe d'hésitation dans sa voix.

— Aika ? Elle est aussi une très bonne amie ! Elle est toujours douce et souriante, je ne sais pas comment elle fait ! rit Yashiro en repensant à la petite blonde. Et puis, elle vient toujours m'aider et elle risque souvent sa vie...

Mais Nene ajouta d'une voix émue, presque dans un murmure :

— Hanako m'a un peu expliqué son ancienne vie...

Le professeur ne répondit pas. Yashiro pouvait très bien se remémorer des paroles de Hanako, concernant Aika :

"Aika s'appelait en réalité Aiko. Elle... Elle était aveugle."

Et puis, il lui avait aussi expliqué qu'ils se connaissaient lorsqu'ils étaient vivants. Mais surtout, qu'Aika était arrivée chaque fois en cours avec différentes blessures et marques sur le corps. Hanako n'en savait pas plus, et Yashiro n'osait pas demander à Aika les raisons.

—  Il t'a dit qu'avant, elle était aveugle et qu'elle était détestée par ses camarades à cause de ça ? lâcha le professeur après un long moment de silence.

— Oui...

— Numéro Sept s'appelait Amane Yugi de son vivant. Lui et Numéro Huit se connaissaient, ils étaient mêmes de très bons amis.

— Savez-vous pourquoi Hanako ne révèle pas à Aika qui il est vraiment ? s'enquit Yashiro. Je n'ose pas imaginer la réaction d'Aika lorsqu'elle le découvrira...

— Non. D'ailleurs, il m'a demandé de ne rien révéler sur lui à Numéro Huit, comme si il voulait cacher son ancienne vie. Mais je crois que c'est par rapport à une promesse qu'il avait fait avec elle il y a longtemps. Malheureusement, je ne m'en souviens plus...

— Une promesse... répéta la lycéenne à voix basse.

Yashiro commençait à y voir plus clair. Il lui manquait encore quelques pièces de ce mystérieux puzzle, mais elle n'allait sûrement pas tarder à découvrir toute l'histoire d'Amane et d'Aiko.

— Au fait, Monsieur, peut-on changer le futur qui est écrit dans notre livre ? demanda Nene après une courte pause.

— Il est impossible de changer le futur, lui répondit-il avec certitude. Mais j'ai déjà observé une exception. Un moment où il a été changé, ce qui a entraîné un autre changement. Au fait, nous sommes arrivés.

Avant que Yashiro ne puisse méditer sur ce qu'elle venait d'entendre, elle se retrouva face à trois portes en bois, identiques. Le professeur ouvrit celle du milieu, et en un instant, Nene fut éblouie par une vive lumière aveuglante.

Elle poussa un cri de surprise, qui se transforma rapidement en admiration lorsqu'elle découvrit ce qu'il y avait à l'intérieur de la pièce.

Une dizaine de pierres précieuses se trouvaient sous un dôme de verre incassable. Les joyaux étincelaient de mille feux, brillaient de toute leur splendeur. Ils étaient magnifiques.
Yashiro n'arrivait pas à détourner le regard de ces pierres scintillantes.

— Ouah ! C'est trop beau ! s'exclama-t-elle, des étoiles dans les yeux. Lequel de ces joyeux est votre réceptacle ?

— Aucun, confia le Mystère. Le voici.

Il déposa sur une table une minuscule pierre d'une couleur terne et sans éclat. Exactement le parfait opposé de tous les joyaux présents dans la pièce. Il y était accroché une étiquette, où dessus était marqué le mot "sceau".

L'admiration de Nene s'envola au même instant où son regard se posa sur le caillou, bien usé par le temps. Elle ne savait pas comment réagir face à... ça.

— C'est crade, finit-elle par dire.

— Surveille tes paroles, la gronda le professeur.

Yashiro s'approcha un peu plus de la vieille pierre pour la prendre dans ses mains.

— Je t'ai déjà dit avoir vu un humain changer son futur, non ? C'est lui qui me l'a donné.

— C'est quel genre de pierre ? demanda Nene en examinant l'objet minutieusement.

— Une pierre de lune, et c'est une vraie, lui assura le professeur. La personne qui me l'a donné était un humain ordinaire. Il aimait les étoiles, avait du mal à s'exprimer, et sa moyenne scolaire... était plutôt banale.

L'homme s'arrêta de parler, pour reprendre sur un ton plutôt agacé.

— Je parle encore trop... Bon, tu sais comment détruire le réceptacle. Dépêche-toi, ou je risque de trop l'ouvrir.

Yashiro n'attendit pas plus longtemps. Elle saisit le minuscule bout de papier sur la pierre, et l'arracha d'un geste simple. Autour d'elle, le monde se fissura, se détruit en mille morceaux.

Et enfin, Nene s'évanouit.

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CHAPITRE 15 TERMINÉ
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