𝐒𝐘𝐌𝐏𝐇𝐎𝐍𝐈𝐄 𝐃𝐄 𝐍𝐎.𝟖
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chapitre onze —— Déclaration
« Repenser aux bons comme aux mauvais souvenirs pour avancer. »

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Aika soupira pour la énième fois. Le souhait de Nami occupait toutes ses pensées depuis déjà trois jours. Même si elle avait réussi, à l'aide de sa meilleure amie, à lui redonner l'espoir de vivre, elle espérait de tout cœur que son histoire de harcèlement allait être réglé.

Depuis le début, Aika savait le plan de Nami. Elle n'aurait jamais pu l'empêcher de faire ça, puisque c'était au libre arbitre de l'élève de décider ce qu'il ferait dans la frontière. Mais tout de même, le Mystère détestait avoir des morts dans sa frontière.

Sa meilleure amie avait très bien convaincue Nami. Tant mieux pour elle, car si elle avait tout de même décidée de rester, elle aurait dû errer avec les âmes damnées et son amie en attendant de disparaître et souffrir jusqu'à cette heure fatidique.

Si Nami avait parlé de ses harceleuses à ses parents ou à un professeur, elle n'aurait jamais eu de telles idées.

Depuis ce jour, Nami n'était plus jamais revenue à l'Académie. Aika l'avait pourtant cherchée dans les couloirs, mais pas la moindre trace de l'élève.

Peut-être avait-elle changé d'établissement ? C'était une manière de régler son problème de harcèlement.

J'espère qu'elle va bien, pensa Aika, le cœur lourd de chagrin.

Elle pouvait encore revoir le visage terrorisé de la lycéenne.
Aika ne le saurait peut-être jamais, mais elle espérait de tout cœur.

Heureusement que Nami n'avait pas poursuivi son but de rester avec son amie, Aika s'en serait amèrement voulue, même si c'était son rôle de Mystère.

Elle avait déjà une mort, cela lui suffisait amplement.

— Je vais prendre un peu l'air, ça va me changer les idées, dit Aika en essayant vainement de sourire un peu. Ça ne me ressemble pas d'être aussi triste.

L'adolescente ferma lentement les yeux et inspira profondément. Il ne s'écoula que quelques instants, lorsqu'elle put sentir les rayons du soleil sur sa peau, et la douce brise de fin d'après-midi la rafraîchir.

Aika ouvrit les yeux et se posa contre la rambarde. Le toit était définitivement son endroit favori pour se changer les idées. La jeune fille adorait regarder le paysage le matin ou le soir, lors des couchers ou levers de soleil.

En parlant de ça, face à elle, le soleil commençait lentement à décliner vers l'horizon. Le ciel orangé était parsemé de petits nuages blancs un peu partout. Aika pouvait entendre le vent souffler contre les feuilles des arbres et des buissons.

Son regard se posa soudainement sur un minuscule chêne qui dégageait une faible aura magique. Aika plissa les yeux, perplexe. Jamais elle n'aurait pensé que cet arbre soit en réalité un esprit !

Ah, mais si ! Ce serait donc cet arbre dont les élèves parlaient ? se demanda Aika en écarquillant les yeux de surprise.

Elle avait entendu parlé d'une très récente rumeur. Il paraîtrait que si deux élèves se faisaient une déclaration sous ce grand arbre, ils s'aimeraient d'un grand amour.

"Grand" était sûrement une façon de parler, car en réalité, il était minuscule : il ne devait pas dépasser la taille d'une main.

Si seulement cet arbre avait existé lorsque j'étais vivante... se dit Aika avec un rire intérieur.

Le Mystère n'arrivait pas très bien à voir, mais elle put apercevoir deux silhouettes au portail. Aika plissa les yeux, se concentra un maximum pour identifier les deux personnes au loin.

Finalement, elle réussit à discerner Yashiro et ses longs cheveux roses, ainsi que Hanako, tout près de la jeune fille.

Sauf que le Mystère avait enlevé sa casquette, et était en train d'enlacer son amie dans ses bras.

— Attends une seconde... est-ce que l'un des deux aurait avoué ses sentiments et l'autre aurait refusé ? C'est quoi cette histoire... soupira Aika, soucieuse que le Mystère ait fait de la peine à Yashiro.

Heureusement, de là où elle était, la jeune fille allait pouvoir entendre tout ce qu'ils se disaient. Son ouïe extrêmement fine était un de ses pouvoirs en tant que Huitième Mystère, et il s'avérait bien pratique dans ce genre de moment.

Aika inspira profondément et vida toutes ses pensées. Elle devait absolument rester concentrée, où elle ne parviendrait pas à maintenir son pouvoir. Elle pointa ensuite sa paume de main vers les deux adolescents, pour concentrer essentiellement son ouïe dans cette direction.

Enfin, elle put entre les paroles des deux adolescents :

— Reste jusqu'à que tes larmes sèchent, dit doucement Hanako.

— Merci, je vais mieux maintenant, lui assura Yashiro, un sourire aux lèvres.

À ces mots, Hanako la relâcha et Nene partit sans un mot. Le garçon la regardait partir, comme impuissant.

Aika resta bouche bée face à cette scène. Mais que s'était-il passé ? Serait-ce Hanako qui aurait refusé la déclaration de Nene ?

— Oh non, ma pauvre, souffla la blonde avec beaucoup de peine. Enfin, elle devrait savoir qu'être en couple avec un Mystère de l'École n'est pas possible...

Aika sentit son cœur se serrer. Elle admirait vraiment Yashiro. Elle avait eu le courage d'avouer ses sentiments ! Jamais Aika n'aurait pu le faire, ça aurait été au-dessus d'elle !

La petite blonde sentit soudainement une présence juste derrière elle. Sans la moindre hésitation, elle fit volte-face, et découvrit avec surprise Hanako, qui s'approchait lentement d'elle, sans un mot.

Aika se retourna, silencieuse. Que venait-il faire ici ? Voulait-il aussi se changer les idées ?

Ou bien m'aurait-il vu en train de les espionner ? s'alarma-t-elle en sentant ses joues prendre feu. Mais je n'ai pas fait exprès !

La jeune fille put voir du coin de l'œil le garçon se poser contre la rambarde, à quelques mètres d'elle. Il soupira, visiblement dérangé par la situation de tout à l'heure.

— Il s'est passé quelque chose ? demanda avec douceur Aika, voulant briser la glace qui s'était installée entre eux.

— Ce n'est rien, j'ai simplement fait une gaffe, lui répondit-il avec un sourire.

— Avec... Yashiro ? insista la blonde, l'air de rien.

Le garçon hocha la tête.

— Mais ce n'est pas très important. Que viens-tu faire sur le toit ? interrogea-t-il.

— Oh, alors comme ça, on ne m'ignore plus ? s'étonna Aika, un fin sourire aux lèvres.

— Je suis désolé, je ne voulais pas paraître distant ou quoique ce soit. J'étais simplement... surpris de te rencontrer.

Aika ne put s'empêcher de sourire face à cette réponse.

— Bon, et bien pour répondre à ta question, je venais prendre un peu l'air pour me changer les idées.

— Ah oui ?

— Être un Mystère n'est pas toujours un travail agréable, lâcha Aika en essayant de paraître plutôt joyeuse. Et puis, la rumeur sur l'esprit de l'arbre m'a fait repenser à un garçon que j'aimais beaucoup, lorsque j'étais vivante.

Hanako ne dit rien, mais Aika poursuivit :

— Je ne l'ai jamais vu, et pourtant, ça a été mon seul et véritable ami à l'Académie Komone. Ça peut paraître bête...

— Ce n'est pas bête, lui assura le garçon à côté d'elle. Il était comment, ton ami ?

— Il était timide et extrêmement gentil. Il adorait l'espace, c'était sa plus grande passion ! Et puis, il savait tellement de choses ! J'adorais l'écouter et apprendre des tas de choses à ses côtés. Lorsqu'il entamait le sujet, il devenait tout joyeux, et j'imagine qu'il souriait.

— Tu... Imagines ? murmura Hanako.

— Oui. Lorsque j'étais vivante, j'étais aveugle, c'est pour ça que je n'ai jamais pu le voir. C'est bien le seul qui m'ait acceptée comme j'étais... Lui aussi, il avait des problèmes, tout comme moi. Mais étrangement, on n'a jamais parlé de ce sujet ensemble. C'était comme si, lorsqu'on se voyait, on n'avait pas de problème et qu'on passait simplement du bon temps, entre amis.

Le Septième Mystère ne répondit rien et détourna la tête. Aika ne put voir son visage, peut-être était-il gêné ? Peut-être avait-elle un peu trop dit sur son ancienne vie ?

La petite blonde sentit un malaise la prendre. Oui, elle n'aurait pas dû déballer ça de cette manière. Peut-être que le Septième Mystère n'aimait pas parler de son ancienne vie. Aika comprenait, c'étaient sûrement de mauvais souvenirs.

Mais contre toutes attentes, Hanako demanda :

— Et il... Il s'appelait comment ?

Aika fut surprise de la question. Elle posa son regard sur le soleil qui se couchait. Son cœur tambourinait dans sa poitrine en se souvenant des quelques syllabes du prénom du garçon.

Oui, elle s'en souvenait encore, elle le porterait toujours dans son cœur.

— Il s'appelait Amane.

— Et tu l'aimais comment ? Enfin, je veux dire, à quel point ?

En un instant, Aika sentit des joues prendre feu. Elle inspira profondément, comme pour calmer ses battements de cœur furieux, puis soupira de tendresse :

— Je... J'étais tombée amoureuse de lui. Oui, je l'aimais vraiment...

Mais alors qu'Aika allait poursuivre, Hanako se retourna sans un mot et partit.

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CHAPITRE 11 TERMINÉ
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