𝐒𝐘𝐌𝐏𝐇𝐎𝐍𝐈𝐄 𝐃𝐄 𝐍𝐎.𝟖
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chapitre 10 —— Dans La Frontière
« Reproduire exactement la même scène, les souvenirs reviennent. »

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L'INSTANT D'APRÈS, Nami put enfin ouvrir doucement les yeux. Son cœur tambourinait dans sa poitrine, son regard était fuyant, cherchant en vain un moyen de partir, s'échapper. Elle n'était sûre de rien, elle ne savait où elle se trouvait, ni ce qui lui arrivait.

Mais elle était vivante.

Bizarrement, même après avoir ouvert les yeux, la jeune fille se retrouvait cernée de toute part par le noir. Où était-elle ? Pourquoi est-ce qu'il n'y avait rien autour d'elle ? Les larmes commençaient lentement à lui monter aux yeux.

Elle avait peur. Elle était beaucoup trop effrayée pour hurler de terreur. L'angoisse lui montait à la tête, lui faisait perdre tous ses repères. Mais d'ailleurs, quels repères ? Mais où étaient-ils dans ce lieu si sombre ? Existaient-ils encore ? Nami essayait en vain de se raccrocher à ses cinq sens, mais pourtant, ils semblaient comme disparus.

Un néant, un trou noir, voilà les seuls mots qui pouvaient décrire les lieux. Aucun bruit ni son ne pouvait combler ce long silence glaçant. Enfin, pas exactement.

Si Nami tendait bien l'oreille, elle pouvait discerner une douce mélodie aiguë raisonnée dans ce lieu, tel un écho qui provenait de loin. Cette mélodie... elle était hypnotisant, précise, presque parfaite. Cette douce mélodie était jouée par un violon.

— Où suis-je ? Qui est là ? demanda finalement la lycéenne en se ressaisissant.

La musique s'arrêta soudainement, laissant planer un long silence effrayant. Nami ne savait pas si c'était de sa faute ou non, mais son cœur commençait à battre de plus en plus vite sans réelle raison. Est-ce qu'elle avait dit quelque chose de grave ?

— Un long requiem sonne dans le monde des morts. Gare aux esprits sains qui s'aventurent par là, les âmes damnés et les démons rodent dans ces lieux. Néanmoins, le Mystère sera votre guide et vous conduira vers la personne morte que vous souhaitez retrouver.

— Aika ? C'est toi ? insista Nami d'une voix forte. J'ai peur...

— Ne parlez à aucun autre esprit que celui que vous désirez voir. Ne les regardez pas, ne les touchez pas, ou votre corps basculera dans leur monde et votre âme errera ici pour l'éternité, dans la plus grande des souffrances.

— Je...

— Vous avez cinq minutes.

Le violon reprit sa douce mélodie. Quelle était belle, cette musique, à la fois mélancolique et triste. Mais le plus important pour Nami, était surtout de retrouver sa meilleure amie. Comment faire ? Les alentours n'étaient que vide et néant, elle ne voyait rien.

Et surtout, l'avertissement d'Aika ne la rassurait encore moins. Certes, elle souhaitait rejoindre son amie, mais sans errer ici, et encore moins dans la souffrance.

C'est alors qu'un tracé doré apparut au sol. Le chemin était illuminé, et invitait Nami à le suivre. Elle ne se fit pas prier. Elle s'élança dans la pénombre, la tête basse et les jambes tremblantes. Se dépêcher, elle avait cinq minutes pour trouver son amie. Après, elle pourra la toucher, et dans ce cas, elle resterait avec elle pour l'éternité sans souffrir. Fini les moqueries, le harcèlement, et les autres humains néfastes.

Pendant qu'elle courait, une petite voix commença à chanter à un faible volume, comme prise de timidité. Telle une berceuse, elle était douce et aiguë. C'était la voix d'une petite fille, d'un ange même. Elle était agréable à écouter, calmait lentement les battements frénétiques du cœur de Nami, et réussissait même à réduire son angoisse. C'était la voix d'Aika.

— Uh-oh, running out of breath, but I, Oh, I, I got stamina.
(Oh oh, à bout de souffle, mais je, Oh, je, j'ai de l'endurance.)

— Aika, tu ne pourrais pas venir m'aider ?

— Oh oh, running now I close my eyes. Well, oh, I got stamina.
(Oh oh, en courant maintenant je ferme les yeux. Eh bien, oh, j'ai de l'endurance.)

À peine la dernière phrase prononcer, un hurlement terrible retentit dans les lieux. Un cri fort, puissant, comme empli d'une douleur et d'une peine insurmontables. Le sang de Nami se glaça dans ses veines. Sa respiration devint sifflante, son esprit ne pouvait s'empêcher d'imaginer une horrible scène de crime.

Était-ce les âmes damnées dont l'avaient mises en garde Aika ?

Un deuxième, puis un troisième hurlement déchirèrent le cœur de la jeune fille. Ils étaient proches, très proches. Peut-être même juste derrière elle.

Elle sentit des choses la frôler de très près. Du coin de l'œil, Nami pouvait discerner des espèces de draps blancs translucides qui flottaient un peu partout. Il n'avait pas de visage, seulement de grands yeux noirs et une bouche. Ils hurlaient à mort de chagrin. Nami était terrifiée en les voyant, immenses comme ils étaient.

— And oh oh, I see another mountain to climb, but I, I, I got stamina, continua la chanteuse en augmentant peu à peu le volume en crescendo.
(Et oh oh, je vois une autre montagne à escalader, mais j'ai, j'ai de l'endurance.)

— Aika, emmène-moi loin d'eux, murmura Nami, la gorge nouée.

Toujours la tête basse, la lycéenne accéléra l'allure. Le fil doré semblait interminable et le chemin vers sa meilleure amie toujours plus long. Son trajet lui paraissait durer une éternité ! Pourquoi Aika la faisait-elle aller aussi loin ?

— And uh-oh, I need another love to be mine, Cause I, I got stamina.
(Et uh-oh, j'ai besoin d'un autre amour pour être à moi, Parce que j'ai, j'ai de l'endurance.)

C'est alors que le tracé s'arrêta net. Nami se stoppa au même moment, et devina qu'elle était arrivée. Pourtant, la peur la tétanisait, elle n'osait pas relever la tête. Mais sa meilleure amie était là, juste devant elle. Son esprit flottait, elle pouvait le sentir.

Alors, Nami inspira profondément, prit son courage à deux mains, et releva la tête. Elle ne s'était pas trompée : un esprit l'observait de haut, et ressemblait à tous les autres qu'elle avait pu regarder du coin de l'œil. La lycéenne eut un pincement au cœur, elle ne reconnaissait en rien sa meilleure amie.

— C'est moi, Nami ! Tu me reconnais ?

L'esprit reste muet un instant, puis sa bouche s'ouvrit en grand.

— Qu'est-ce que tu fais là ? demanda l'âme d'une voix peinée. Tu es morte, toi aussi ?

— Non, mais pas encore ! On va pouvoir rester ensemble, j'ai décidé de te rejoindre.

Cette fois, ce sont les yeux de l'esprit qui s'ouvrirent en grand, et il prit un air dévasté.

— Non, tu dois vivre ! Dans cet endroit où j'erre, on y trouve les pires âmes, les plus mauvaises. C'est très dangereux, il faut que tu partes !

— Mais... Tu n'es pas heureuse si je reste avec toi ?

— Bien sûr que non ! Je regrette de m'être suicidée, et j'espérais de tout cœur que tu continues à vivre et que tu t'en sortes. Je ne suis qu'une pauvre lâche qui a fui les problèmes, sans prendre le temps d'essayer de trouver des solutions. Alors toi, tu dois vivre ! Fais le pour moi !

Nami resta muette de stupeur. Son plan changeait complètement. Elle qui souhaitait rester avec sa meilleure amie, la voilà elle-même en train de lui dire d'aller vivre. Alors, c'était sa dernière volonté ?

— Je t'en prie Nami, vis ! la supplia l'âme. Tu vas voir, le monde n'est pas aussi horrible que ça, il peut aussi être merveilleux !

Les larmes coulèrent sur les joues de Nami. Si tel était le dernier souhait de sa meilleure amie, alors elle l'exaucerait.

— Aika, je veux sortir du monde des morts ! lança Nami d'une voix forte, mais aussi tremblante.

Elle allait régler tous ses problèmes, vivre comme elle venait de le promettre à sa meilleure amie. Voir une autre facette du monde qu'elle a décrit comme magnifique. Car elle voulait le voir et le sentir, ce bonheur, qu'elle n'avait pas connu depuis longtemps. Elle allait vivre.

— Don't give up, I won't give up, Don't give up, no no no...
(N'abandonnez pas, je n'abandonnerai pas, N'abandonnez pas, non non non. )

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CHAPITRE 10 TERMINÉ
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