Connaissez-vous ce sentiment ? Ce sentiment d'être différent. De ne pas être comme les autres. Ce sentiment de ne pas se sentir à sa place. De rejet. Moi oui. Ce sentiment je le connais. Tous les jours j'ai le droit à ces regards. À ces remarques. On essaye de m'aider. Ou plutôt de me changer. Qui je suis leur importe peu. Ce qu'ils voudraient c'est me façonner pour entrer dans le moule. Dans une norme qui n'existe pas. Chacun est comme il est après tout.

Chaque jour, c'est la même chose. J'entre, je m'assois, je parle. Ce que je dis n'est pas ce qu'ils veulent entendre. Je sais ce qu'il s'est passé. J'étais là. J'ai tout vécu. Tout vu. Pas eux. Ma réalité ne leur convient pas. Cette réalité là n'est pas la vérité pour eux. Ils pensent tous que je mens. Ou du moins que la folie me pousse à imaginer des choses.

Je parle. Je raconte mon histoire. Ma vie. Je me dévoile. C'est dur de se mettre à nu. C'est encore plus dur quand la personne en face de soi ne croit pas un traître mot de ce qui sort de notre bouche. La réalité n'est pas forcément toujours facile à entendre. À comprendre. Et surtout à croire.

- Et donc vous n'avez rien dit à personne à propos de cette voix ?

- Je préférais garder ça pour moi.

- Vous n'aviez pas envie de guérir ?

- Bien sûr que si mais je n'avais nullement envie d'être coincée entre quatre murs.

- Vous savez que quelqu'un avec des troubles ne peux rester en liberté. Il pourrait être dangereux pour lui et pour les autres.

- Vous insinuez que je suis dangereuse docteur ?

- Ne l'êtes vous pas ?

Il arque un sourcil.

- Non !

- Pourtant vous avez bien blessé des gens, même tué n'est ce pas ?

- C'était pour le sauver lui !

- Parlons-en de ''lui''. Cet homme n'existe que dans votre imagination. Il n'est pas réel et ne le sera jamais. Vous ne connaissez même pas son nom de famille, tout ce que vous savez c'est son prénom. Pourquoi, s'il existe vraiment, vous cache t-il son identité ? Je vais vous le dire. C'est parce qu'il n'en a pas, puisqu'il n'existe pas. Vous l'avez tout bonnement créé.

Chacun est étiqueté. Surveillé. Nous vivons dans une immense cage, sans même nous en apercevoir. Je vois plus clairement à présent. Mes yeux se sont enfin ouverts sur cette triste réalité qui nous entoure. On pense être libre. Nous ne le sommes pas. Nous sommes juste des pions. De simples marionnettes. Des êtres sans importance au fond.

- Je vous l'ai expliqué pourquoi... Je ne veux pas encore me répéter !

- Tout ce que je veux c'est que vous admettez qu'il n'existe pas. Que c'est juste un personnage tiré de votre imagination. L'acceptation est la première phase de guérison.

- Il existe.

- Vous avez des preuves ?

- Non, dis-je dans un souffle

- Donc personne n'y croira. Et il n'y a rien à croire puisque tout ceci n'est pas réel. Bien, revenons à cette histoire. Racontez-moi la suite.

Mes lèvres bougent et je continue mon récit que j'ai mainte et mainte fois raconté. Mes lèvres forment les mots que j'ai tant de fois prononcé. Et il me regarde avec cet air qui ne l'a jamais quitté...

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Voilà un autre chapitre ! Si ce chapitre est en italique c'est parce que la scène ne se passe pas au même moment que l'histoire principale. Tous les chapitres qui seront en italique se passeront donc à un autre moment que l'intrigue principale. Et ces chapitres là seront plutôt courts (comme celui-ci d'ailleurs mais c'est fait exprès^^). Le chapitre qui vient sera beaucoup plus long d'ailleurs :)

 Laissez-moi vos impressions ! Et si vous lisez mon histoire, commentez ! Ça fait toujours plaisir de savoir qu'il y a des gens qui suivent :)