Chapitre 14

Cela fait deux jours que je me repose dans cette chambre. Je n'en peux plus. Noan passe la plupart de son temps avec moi pour éviter que je m'ennuie mais j'ai besoin de bouger. Être clouée au lit toute la journée, c'est pas mon truc. Pourtant je passe quand même de bons moments en compagnie de Noan. On joue à des jeux de cartes. On parle de tout et de rien. On rigole. Je me sens bien en sa présence. J'ai l'impression que je peux tout lui dire. Je lui ai confié certains de mes problèmes. Cela ne semble pas l'ennuyer, au contraire. À chaque fois, il essaye de me faire voir le bon côté des choses. Il essaye de me remonter le moral. Par contre, lui, il ne se confie pas. Il ne veut pas me parler de sa vie. Je ne comprends pas pourquoi. Je n'arrête pas de lui dire qu'importe ce qu'il a fait par le passé, je ne le jugerai pas. Je veux être là pour lui. Il a dit qu'il me raconterait tout bientôt, qu'il a besoin de temps. Je n'ai pas insisté. Il se confiera à moi quand il sera prêt. Je ne veux pas le brusquer. On a tous des éléments de notre passé qu'on voudrait oublier.

Ces deux jours nous ont rapproché. Nous sommes devenus de plus en plus complices l'un de l'autre d'heure en heure. Parfois, il s'est amusé à essayer d'entrer dans ma tête pour savoir à quoi je pensais. Ce qui est déstabilisant, c'est que quelques fois ça fonctionnait. J'ai essayé également d'entrer dans sa tête mais sans succès. Les deux fois où j'ai réussi à prendre place dans son corps, c'était quand je dormais. Il y a bien eu des moments où j'ai ressenti ses émotions à lui, sans être endormie, mais c'était parce qu'il communiquait avec moi par télépathie. S'il ne lance pas la communication, je ne ressens rien. Après tout, c'est lui qui a un don, pas moi.

Pendant ces deux jours, j'ai aussi fait la connaissance de mon hôte : Elisabeth. C'est une femme âgée de soixante-cinq ans. Elle a des cheveux blancs qui sont tout le temps emprisonnés dans un chignon. Malgré sa coiffure, j'imagine ses cheveux longs. Elisabeth est vraiment adorable. Matin, midi et soir j'ai le droit à un bon petit plat. Et puis, il faut le dire, elle cuisine divinement bien. Ses assiettes sont toujours remplies généreusement. Quand Noan voit que je ne pourrai pas tout manger, il finit mes assiettes à ma place. On ne voudrait pas blesser Elisabeth en ne mangeant pas tout ce qu'elle met autant de cœur à cuisiner.

Elisabeth aussi m'a aidé à tuer le temps. Elle m'a raconté sa vie. J'ai appris que son mari est décédé quelques années plutôt d'une maladie. Elle a deux fils dont l'un est chirurgien et l'autre mécanicien. Depuis la mort de son mari, ils viennent souvent la voir. Ils sont tous les deux mariés et ont des enfants. Je n'ai pas eu l'occasion de voir la femme et la fille du chirurgien car j'étais inconsciente. Ils semblent vraiment être une famille soudée.

Trois coups à la porte m'indique que j'ai un visiteur. Noan passe la tête dans l'entrebâillement.

-Je peux entrer ? fait-il avec un sourire en coin.

-Sais-tu que tu dois ouvrir la porte seulement quand j'en ai donné l'autorisation ? Pas après. Sinon à quoi ça sert de frapper ?

Je retiens, avec du mal, le sourire qui veut se former sur mes lèvres. Noan est tellement adorable. Il se met à rire.

-Désolé, j'ai encore des problèmes avec ce système.

Un rire sincère franchit ma bouche. Je tapote mon lit de la main.

-Allez, viens t'asseoir.

Il n'en faut pas plus pour qu'il se décide à entrer. Il s'allonge sur la couverture du lit, à mes côtés, puis place son bras sur mes épaules. Je pose instinctivement ma tête contre son torse. J'entends la douce musique des battements de son cœur.

-Tu sais que tu empiètes sur mon espace personnel là.

Il fait mine d'être choqué.

-Ton espace est mon espace. Et comment oses-tu me dire ça alors que tu me prends pour un oreiller ?

Il me tire la langue. Ses yeux verts sont rieurs, un large sourire prend place sur son visage.

-T'as quel âge pour encore tirer la langue ? Puis je te signale que j'aime bien les oreillers moelleux. Toi t'es trop dur.

Il se penche vers moi et glisse ses mains sous mon T-shirt. Je sens ses doigts bouger contre mes côtes. Je commence à rire et à me débattre pour esquiver ses chatouilles. J'ai de plus en plus de mal à respirer tellement je ris.

-Stop... haha... Pitié !

-Pas avant que tu t'excuses.

Sa douce torture continue. Ne pouvant en subir plus, je rends les armes et m'excuse. Ses doigts arrêtent leurs mouvements et s'immobilisent sur mes côtes. Noan est à califourchon sur moi. Son poids repose sur mon corps. Je sens sa chaleur irradier contre moi. Pendant cette séance de chatouilles, mon T-shirt est remonté, laissant mon ventre à l'air libre.

Les mains de Noan se mettent à caresser cette partie découverte de mon corps. Elles descendent sur mon nombril, le contournant. Ses mains touchent mes hanches, se font plus entreprenantes puisqu'elles continuent leur chemin jusqu'à mes cuisses. Il les frôle de ses doigts puis ses mains remontent doucement. Elles effleurent mes fesses, m'envoyant ainsi des ondes de plaisir.

Peu à après ses doigts se glissent jusqu'à la commissure de ma culotte, seul vêtement me couvrant. J'ai enlevé mon pantalon, ce qui est plus confortable pour dormir. Mon corps n'est plus qu'une boule de nerfs, captant la moindre caresse, le moindre frôlement. Noan a un regard emplit de désir, ses pupilles sont dilatées. Il se penche vers moi. Ses lèvres effleurent les miennes puis enfin, il m'embrasse. Sa bouche bouge doucement contre la mienne. Mais rapidement, le baiser devient plus passionné. Sa langue touche ma lèvre inférieur, demandant la permission d'entrer. J'entrouvre les lèvres, lui permettant de franchir cette barrière. Sa langue ne se fait pas prier pour entrer. Elle caresse la mienne pour ensuite se lancer dans un ballet effréné.

Les frissons de bien être couvrent mon corps. Je lâche un gémissement de plaisir qui résonne contre les lèvres de Noan. Il répond à ce son en se collant encore plus à moi. Je sens quelque chose de dur contre mon bas-ventre. Ses hanches se frottent contre les miennes m'envoyant ainsi des vagues de plaisir dans tout mon être. Je décide de rompre le baiser avant que tout n'aille trop loin. On se regarde, haletant. Le regard de Noan descend sur mes lèvres. Je le vois se pencher pour reprendre possession de ma bouche mais je plaque une main contre son torse pour l'en empêcher. Ses yeux de jade s'encrent aux miens, d'un air interrogatif. Mes joues me chauffent. Je suis sûre que je dois ressembler à une tomate.

-On devrait arrêter.

-D'accord.

Sa voix est rauque, chargée de désir. Il place un baiser furtif sur mes lèvres puis se recule. Il se réinstalle à côté de moi. Après avoir remis mon T-shirt correctement, je m'éloigne un peu de Noan. Il me lance un regard blessé, je détourne les yeux. Je ne regrette pas ce qu'on vient de faire. C'était agréable. Mais je le connais à peine. Plein de mystères planent sur lui. Tant qu'il ne me dira pas tout, je ne pourrai pas lui faire totalement confiance. Il place sa main sur la mienne. Je la retire. Je me racle la gorge.

-Tu devrais partir.

Je vois la douleur dans ses prunelles émeraudes. Il ouvre la bouche pour parler mais la referme. Il soupire et passe la main dans ses cheveux couleurs ébène. Quand je pense qu'il est sur le point de se lever pour partir, il se tourne vers moi.

-Qu'est-ce qu'il y a, Hope ?

Je baisse les yeux.

-S'il-te-plaît, regarde moi.

Sa voix est implorante. Voyant que je ne bouge pas, il s'approche pour venir placer ses mains sur mon visage.

-Regarde-moi.

J'accède enfin à sa requête. Je n'aime pas voir cet air si triste dans ses yeux.

-Qu'est-ce qui ne va pas ? Parle-moi.

-Tout va trop vite. J'aimerais tellement te faire confiance mais je n'y arrive pas. Je ne peux pas. Tu me caches trop de choses.

Il semble réfléchir. Au bout de quelques minutes, il se lève pour se diriger vers la porte. Le dos tourné vers moi, il me parle :

-Je suis venu te dire que tu pouvais sortir du lit. Ta blessure va beaucoup mieux.

Il pose la main sur la poignée pour ouvrir la porte.

-Rejoins-moi ce soir dans le jardin. Il est temps que je te raconte mon histoire. J'ai encore besoin de toi.

Sur ces mots, il sort. La porte se ferme derrière lui. Que voulait-il dire en me confiant qu'il avait encore besoin de moi ? Les questions se bousculent, s'entremêlent, se font et se défont. Je décide d'arrêter de me torturer l'esprit et de me lever. Je verrai bien ce qu'il a à me dire ce soir.

Une fois debout, je me dirige vers la salle de bain. J'enlève les deux bouts de tissu qui me couvrent et je me glisse sous la douche. Il est temps que je me détende. Rien de mieux qu'une bonne douche pour ça.

Après avoir passé quinze bonne minutes sous l'eau chaude, je sors enfin e tm'enveloppe dans une serviette. Je me dirige vers le placard puis l'ouvre. Je mets un chemisier noir et un jeans. Elisabeth est un ange, elle est allée faire les magasins pour m'acheter deux, trois vêtements pour ne pas que je me retrouve sans rien une fois rétablie. Elle n'a jamais cherché à savoir comment je m'étais fait cette blessure par balle. Elisabeth ne pose pas de questions. Elle doit bien se douter qu'il s'est passé des choses pas très nettes pour que j'ai une telle blessure mais elle ne fait aucn commentaire.

De ce que m'a dit Noan, elle nous a vu dans la voiture militaire. Cela me surprend qu'elle n'ait pas cherché à se renseigner ou qu'elle ne nous ait pas dénoncés à la police. Nous avons vraiment eu de la chance de tomber sur elle.

*

Le téléphone à la main, j'hésite à appeler Emy. Je devais rentrer il y a plusieurs jours de ça maintenant. Elle doit être morte d'inquiétude. J'ai tenté de retarder ce moment mais il faudra bien que je finisse par l'appeler pour la rassurer. Ce n'est pas que je ne veux pas lui parler mais une fois en ligne, je ne sais pas ce que je lui servirai comme excuse. Je soupire et regarde autour de moi. Je suis assise sur un canapé vert dans le salon. Elisabeth est partie dans la cuisine pour me laisser un peu d'intimité. Quant à Noan, je n'ai aucunes nouvelles depuis ce matin.

Mes yeux se fixent sur la pendule qui se situe au dessus de la télévision. 15H04. Je me demande bien où il peut être. Il est sûrement dehors entrain de se balader. Au fond de moi je sais qu'il m'évite. Il a dit qu'il me parlerait ce soir. Il n'en a pas envie mais se sent obligé. Prendre l'air l'aidera peut-être à se sentir mieux. Je ne veux surtout pas qu'il pense qu'il doit me parler de son secret, mais je ne peux pas totalement lui faire confiance tant qu'il restera des zones d'ombre. Et ça il l'a bien compris.

Je me reconcentre sur le téléphone. Je tape le numéro d'Emy sur le combiné et le place contre mon oreille. Ça sonne. J'inspire longuement. Au bout de trois tonalités, elle décroche.

-Allô ?

-Salut Emy.

-Hope ? Oh mon Dieu, Hope ! J'étais morte d'inquiétude ! J'arrête pas d'appeler sur ton portable mais tu ne réponds pas ! J'ai dû laisser des vingtaines de messages ! Où es-tu ? Tu vas bien au moins ? Qu'est-ce...

-Emy, calme-toi ! Oui ça va ne t'inquiète pas. Et s'il-te-plaît, ne pose qu'une question à la fois.

-Pourquoi tu n'es pas encore rentrée ? Où...

-Une question !

Je l'entends souffler dans le combiné.

-D'accord, d'accord. Mais réponds-moi maintenant alors !

-Donc si je n'ai pas pu te joindre c'est parce que la batterie de mon portable est à plat et j'ai oublié de prendre mon chargeur.

-Et ce Liam n'a pas de portable ?

-Si mais... heu... Il l'a fait tomber et depuis impossible de le rallumer.

-J'ai du mal à te croire...

-Pourquoi je te mentirai ? Tu es ma meilleure amie Emy. Tu sais bien que je te dis tout.

- Très bien.

Elle n'a pas l'air convaincue pourtant elle laisse couler.

- Tu es où ? Tu devais rentrer il y a plusieurs jours déjà !

-Je suis toujours au Nevada. La voiture de Liam est tombée en panne. On pourra reprendre la route quand elle sera réparée.

-OK. Et c'est quoi cette expérience que vous avez faites ?

-Je ne peux pas t'en parler de suite. En rentrant, promis !

Je ne sais pas comment je vais me dépêtrer de tous ces mensonges quand je serai de retour à New York. Je devrais sans doute lui avouer que je lui ai menti. La culpabilité commence à me gagner. Elle risque de beaucoup m'en vouloir.

La conversation continue une bonne heure. Emy est une grande bavarde, quand elle est sur sa lancée, c'est difficile de l'arrêter. Enfin, j'arrive à raccrocher. Je me décide aussi à appeler Jimmy pour le prévenir que je ne pourrai pas venir travailler pendant quelques semaines. Je reste vague. Je prétends un problème familiale. Heureusement, il est compréhensif. Il m'accorde ces quelques semaines supplémentaires. Après avoir passé tous les appels que j'ai besoin, je repose enfin le téléphone sur son socle puis je me dirige vers la cuisine.

Elisabeth est en plein dans les fourneaux.

-Tu veux de l'aide ?

La première chose qu'elle m'a dit quand on s'est parlé, c'est de la tutoyer. Elle y tient beaucoup. Les fois où j'ai utilisé le vouvoiement, elle m'a lancé des regards d'avertissement. Depuis, je fais attention.

-Une autre paire de mains ne serait pas de refus ! Tu peux éplucher les légumes, si tu veux.

-Avec plaisir !

Je prends l'ustensile dont j'ai besoin et me mets à la tâche.

-Tu n'aurais pas vu Noan, par hasard ?

Elle secoue la tête.

-Non, pas depuis ce matin. C'est étrange, lui qui est toujours collé à toi.

Je lâche un rire gêné. C'est vrai que pendant ces deux jours, il ne m'a pas beaucoup quitté. Elisabeth me lance un regard interrogateur.

-Vous vous êtes disputés ?

-Heu... non.

Elle se tourne vers moi, un sourire rassurant sur les lèvres.

-Tu sais, c'est normal dans un couple de se quereller quelques fois.

Le sang me monte au visage.

-On est pas ensemble.

-Bien sûr !

Je vois bien qu'elle ne me croit pas. Elle me sourit, complice, me montrant qu'elle n'est pas dupe.

Le repas se passe dans la joie et la bonne humeur. Il est si facile de rire avec Elisabeth. Elle me raconte des anecdotes de sa jeunesse. Ce n'est pas ennuyant, au contraire. Je plonge dans toutes ses petites aventures et découvre une Elisabeth jeune, insouciante. Je ris avec elle de bon cœur.

Après avoir terminé mon assiette, je pose les couverts sur la table. Mon regard se place instinctivement sur la chaise vide à côté de moi. Noan n'est pas venu se joindre à nous. Je ne sais même pas où il est. Est-il parti ? M'a t-il laissé ? De toute façon, maintenant qu'il est libre, il n'a plus besoin de moi. Je l'ai aidé mais maintenant c'est terminé.

Une boule se loge dans mon ventre. La peur s'installe. La peur de l'abandon. Il n'est pas parti. Il m'aurait dit au revoir. Oui, il ne peut pas me laisser comme ça, sans m'avoir fait ses adieux. En plus, il doit me parler.

Je me répète ces phrases en boucles dans ma tête. Je quitte la table. Mes pas me conduisent dans le jardin. Vide. Il n'est pas là. Je m'installe sur les marches. Mon regard se lève. Il fait nuit, les étoiles décorent déjà le ciel. Je me rappelle de ce que mon père disait chaque fois qu'on regardait ce ciel étoilé. Il disait que les étoiles étaient des guides. Elles guidaient les êtres égarés sur leur chemin. Si on est perdu, il suffit de les regarder pour se laisser guider. Souvent, il me parlait de voyageurs. D'hommes perdus au milieu de l'océan, entourés par des monstres marins. D'explorateurs coincés dans la jungle. De chasseurs de trésors.

Mes yeux se posent sur l'une de ses boules de feu. Sur une qui brille plus que les autres. Mon père aimait me raconter ces histoires fantastiques pour me faire rêver. Je suis grande maintenant. Je sais que ces astres ne m'aideront pas à savoir quel chemin prendre. Je suis la seule maîtresse de mon destin. Chaque action a ses conséquences. À moi de faire les bons choix. Est-ce que venir en aide à Noan était le bon choix ? Seul l'avenir me le dira.

-C'est beau, n'est-ce pas ?

Je sursaute. Noan est à quelques mètres de moi. Il s'approche, puis s'installe à mes côtés.

-Tu es resté...

Cette phrase est sortie dans un chuchotement. Noan pose sa main sur la mienne pour la caresser.

-Je ne partirai pas sans toi.

Je plonge mes prunelles dans les siennes. Ses yeux sont encore plus beaux sous le ciel étoilés. Ils brillent comme deux pierres précieuses. Il se penche et place un baiser sous mon oreille. Ses lèvres restent à cet endroit. Les mots qu'il me murmure ensuite me font frissonner.

-Tu es belle.

La rougeur prend place sur mes joues.

-C'est drôle, c'est ce que je me dis à chaque fois que je te vois.

Un rire insouciant sort de sa bouche.

-Je suis flatté !

-C'est pas comme si tu ne le savais pas.

-Peut-être bien, mais cela a plus d'effet quand c'est toi qui le dit.

On se sourit. Noan rompt le charme en baissant les yeux. Son visage se fait sérieux.

-Il est temps que tu saches qui je suis à présent.

Le moment est venu. Noan est sur le point de se dévoiler.

___________

Chapitre beaucoup plus long que les autres, j'espère que vous aimez ! Si c'est le cas, votez et commentez ;) Désolé d'avoir posté plus tard que prévu mais avec les cours j'ai un peu moins le temps. Mais je continuerai tout de même à mettre un chapitre une fois par semaine :) See you soon !



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