Chapitre 12
Une main caresse doucement mon visage. Je reprends conscience peu à peu. J'ouvre les yeux mais la lumière environnante me fait les refermer aussitôt. Je cligne plusieurs fois des paupières, le temps de m'habituer à la luminosité. La première chose que je vois quand je les ouvre pour de bon c'est Noan, assis sur le bord de mon lit. Dès qu'il s'aperçoit que je suis réveillée, il me sourit et enveloppe ma main dans la sienne.
-Bon retour parmi nous.
Ma gorge est sèche. Elle me brûle par manque d'eau.
-J'ai soif.
Ma voix est tellement rauque qu'elle en est presque méconnaissable. Noan se penche sur la table de chevet, située à côté de la tête de lit, et se saisit d'un verre déjà rempli d'eau. Il l'approche de ma bouche et me fait boire le contenu à petites gorgées. Une fois vide, il le repose là où il l'était. Il me caresse de nouveau le visage de sa main si douce. Je lâche un soupire de bien être.
-Comment tu te sens ?
Je me concentre sur mon corps. Mon épaule me fait un peu mal mais cela reste supportable. Elle est couverte d'un bandage. En regardant Noan, je me rends compte que le sien qui était sur le front a disparu.
-Je vais bien.
Il hoche la tête.
-Tu es encore sous antalgiques donc c'est normal si la douleur est faible. Mais dès qu'elle revient, tu dois prendre un comprimé qui se trouve dans cette boîte.
Il me désigne les médicaments qui sont sur la table de chevet.J'acquiesce.
-Au fait, tu n'as plus ton bandage ?
-Plus besoin, je suis totalement guéri. A présent, c'est toi qu'il faut dorloter.
Je lâche un petit rire.
-Tu postules pour être mon infirmier ?
Je lui souris, il m'imite.
-C'est inutile, je le suis déjà.
Il me fait un clin d'oeil et rigole. Cette mélodie magnifique résonne merveilleusement bien à mes oreilles. Il faut vraiment que j'arrête de fantasmer sur Noan. Je détourne le regard pour scruter les environs. On se trouve dans une petite chambre dont la tapisserie commence à jaunir à cause des ravages du temps. Il y a plusieurs peintures qui représentent divers paysages. Mes yeux se baissent sur le sol qui est en bois. Cette chambre est assez vieille, pourtant elle a du charme. Je me demande comment on a fait pour atterrir ici. La seule chose dont je me souviens c'est qu'on essayait de s'enfuir de la base dans une voiture militaire.
-Où on est ? Qu'est-ce qui s'est passé ?
-Tu devrais encore te reposer. Je te raconterai tout plus tard.
-Je ne suis pas fatiguée.
Il plonge ses yeux de jade dans les miens. Il me regarde longtemps. Voyant que j'attends des explications, il soupire puis se lance :
- Quand nous étions dans cette voiture, plusieurs soldats essayaient de nous arrêter en nous tirant dessus. Quant à moi, je continuais d'appuyer sur l'accélérateur et écrasais tous ceux qui se trouvaient sur mon passage. La barrière de sécurité pour les voitures était abaissée. C'était le seul endroit où nous pouvions sortir donc je l'ai défoncée. C'est à ce moment là que tu t'es cognée à cause du choc. Mais je pense que si tu t'es évanouie c'est surtout parce que tu étais blessée à l'épaule.
Je place ma main à l'endroit où ma tête a heurté le tableau de bord. Je sens une petite bosse, rien de grave. De son doigt, Noan effleure cette boursouflure.
- En tout cas, j'étais terrorisé. Je continuais de conduire tout en criant ton nom mais tu ne bougeais pas. J'avais peur que tu ne t'en sortes pas. Je savais que tu perdais du sang. Le temps était compté. Je devais faire vite pour que quelqu'un puisse te soigner. J'ai roulé aussi vite que la voiture me le permettait. Mon pied enfonçait à fond l'accélérateur. Quand je fus assez loin de la base, je me suis arrêté devant une voiture qui roulait. La personne qui conduisait a appuyé sur la pédale de frein. Une fois le véhicule immobilisée, la personne à l'intérieur n'osait pas sortir. Elle se demandait ce qu'il se passait. Voir une voiture militaire s'arrêter devant soi n'est pas quelque chose de banal. Donc je suis sorti et j'ai expliqué à cette personne que tu étais gravement blessée, qu'il me fallait de l'aide. Par chance, cette dame avait un fils chirurgien. Elle a dû voir que j'étais désespéré car elle m'a fait signe de monter. Je t'ai donc porté jusqu'à sa voiture puis je me suis installé sur la banquette arrière à tes côtés. Après ce qui m'a semblé une éternité, elle s'est garée devant la maison de son fils. Chez lui, il y avait pleins d'instruments médicaux. Il a désinfecté la plaie puis il s'est mis au travail. Quand la balle fut enfin retirée, il entreprit de te faire des points de suture. Enfin, il t'a fait un bandage. Il t'a aussi administré des anti-douleurs. Tu es restée deux jours inconsciente chez lui. Au bout du troisième, la vieille dame nous a proposé de nous héberger car son fils devait partir en vacances. Nous t'avons donc installé dans la voiture, en faisant attention à ne pas appuyer sur ta plaie, puis nous t'avons placé dans cette chambre.
- Combien de temps je suis restée inconsciente ?
- Quatre jours. Son fils a dit que c'était normal. Parfois le traumatisme est tellement fort que la personne plonge dans un coma pendant quelques jours. Mais rien de grave dans ton cas.
Il me sourit puis se penche vers moi pour déposer un baiser sur mon front. Cela me déclenche des frissons de bien être. Je ne sais pas pourquoi mais je me sens bien aux côtés de Noan. Je me sens à ma place, comme si nous étions fait pour être ensemble. D'un coup je repense au général, il doit être à notre recherche.
- Ils vont finir par nous retrouver...
Noan se redresse pour ensuite me dévisager.
- Ne t'inquiète pas. Nous avons laissé leur voiture au milieu de l'autoroute. C'était le seul moyen par lequel il pouvait remonter jusqu'à nous. On est en sécurité ici.
- D'accord.
Je plonge dans mes pensées. Ces jours-ci ont été mouvementé. Noan est sauvé, libre. Ma mission est accomplie. Il faut maintenant que je retourne à New York. Je suis partie plus longtemps que nécessaire. Emy doit être folle d'inquiétude et Jimmy aussi. J'ai posé une semaine de congés mais là j'ai dépassé le temps qui m'était donné. Les larmes me viennent. Je ne veux pas le quitter. On vient à peine de se rencontrer. En plus, je sens qu'il y a un lien fort qui nous unit. Il me prend dans ses bras. Ses mains se glissent sous mon haut et entreprennent de monter et descendre lentement sur ma peau découverte.
- Hey, pourquoi tu pleures ? murmure t-il.
- Je ne veux pas te quitter.
- Je n'ai pas l'intention de m'éloigner de toi. Il y a quelque chose qui me pousse à rester à tes côtés.
Il se recule légèrement pour que ses yeux soient en face des miens. Il est à quelques centimètres de mon visage.
- Tu sais que je suis capable de télépathie, n'est-ce pas ?
Je hoche la tête.
- Par contre, avec toi c'est différent.
- Comment ça ?
- Quand je te parle, je sais ce que tu ressens. Et toi tu peux aussi ressentir ce que moi je ressens. Normalement, la télépathie sert à envoyer un message. Un peu comme un SMS. On le tape et on l'envoie. Il est impossible pour l'expéditeur de savoir ce que le destinataire va ressentir en lisant le message. Pourtant, avec toi je sais ce que tu ressens. Tu as même réussi à prendre place dans mon corps. Tu as vu ce que je voyais, tu as ressenti le moindre de mes gestes, la moindre de mes pensées. C'est la première fois que quelque chose comme ça arrive quand je communique par télépathie avec quelqu'un.
Son regard se fait plus perçant.
- Tu es spéciale, Hope.
- Ce que je me demande depuis le premier jour c'est pourquoi moi ? Pourquoi as-tu envoyé un appel à l'aide à une simple étudiante comme moi ?
Un sourire sincère s'installe sur ses lèvres. Il prend en coupe mon visage de ses mains, ses doigts caressent mes joues.
- Aucune idée. J'ai cherché une présence. La présence de n'importe qui. Quand j'en ai trouvé une, j'ai ensuite lancé la communication. Mais ce n'est probablement pas un hasard si ça a atterri sur toi.
Il place sa main au niveau de mon cœur, effleurant ainsi ma poitrine. La chaleur inonde mes joues instantanément.
- Tu peux le sentir, je le sais. Il y a un lien inexplicable qui nous unit.
Il place un baiser furtif sur chacune de mes joues. Puis sourit.
- J'adore ces rougeurs.
Mes joues chauffent encore plus. Cela lui déclenche un rire. Il semble si insouciant. Les événements de ces quelques jours sont derrière nous à présent. Il plonge sa tête dans mon cou puis y déposer de légers baisers. Des papillons commence à danser dans mon ventre. Cela me ramène à un de mes rêves. Il m'embrassait exactement comme ça. J'étais bien. Je suis bien. Je me recule brusquement. Noan me regarde l'air perplexe.
- Qu'est-ce qui ne va pas, ange ?
- Ange ?
- Tu es aussi belle qu'un ange, dit-il en approchant sa main de ma joue.
Je m'écarte. Il semble blessé. Le rêve m'est revenu clairement à l'esprit. Je me souviens de ce qu'il m'a dit ''Si tu me sauves, tu meurs''. Je l'ai sauvé, est-ce qu'il va me tuer ? Il a pourtant l'air de m'apprécier. Mais alors pourquoi a t-il dit cela ?
- Hope, qu'est-ce qu'il y a ?
- Pourquoi dans un de mes rêves tu m'as dit '' Si tu me sauves, tu meurs''.
Son visage se ferme subitement. Ses traits se font durs. Il se lève et s'éloigne de moi rapidement.
- Repose-toi.
Puis il part en fermant la porte derrière lui. Noan me cache quelque chose. Le visage de Liam me revient à l'esprit. Lui aussi m'a menti, manipulé même. Je ne sais pas si je peux faire confiance à Noan. Il m'a l'air d'être quelqu'un de bien. Je pensais qu'on pouvait tout se dire étant donné qu'on a un lien spécial qui nous lie. Pourtant il a des secrets. Il a peut être l'intention de m'éliminer dans les prochains jours. Je secoue la tête. Non, s'il me voulait morte il aurait laissé ma blessure par balle s'en charger. Pourquoi donc autant de mystères ? Il devrait se rendre compte qu'il peut avoir confiance en moi. Une boule se forme dans ma gorge. Le fait qu'il ne me fait pas tout à fait confiance me blesse. Je ne le jugerai pas, qu'importe ce qu'il me cache.
Je décide de me lever pour finir cette conversation. Il a fuit pour ne pas avoir à se justifier. Cela ne se passera pas comme ça. Je m'assois sur le lit, place mes deux jambes en dehors de la couverture. Quand mes pieds entrent en contact avec le parquet, j'entreprends de me lever. Malheureusement, mes jambes flageolent. Elles n'arrivent pas à me soutenir. Elles se dérobent, puis je tombe. Mon corps rencontre le sol dans un bruit sourd. La douleur au niveau de mon épaule me lance. Se lever n'était peut être pas l'idée du siècle. Je ne pensais pas être aussi faible. Soudain, la porte s'ouvre à la volée et Noan se précipite vers moi.
- Hope !
Il place un bras sous mes jambes et l'autre dans mon dos pour me porter. Ensuite, il me remet dans le lit. Une fois installée, il défait le bandage pour voir si tout va bien au niveau de ma blessure. Il soupire soulagé. Mon épaule doit être intact. Il me lance un regard de reproche.
- Qu'est-ce qui t'a pris de sortir du lit ? Tu es en convalescence ! Tu dois te reposer !
Je baisse les yeux pour regarder mes mains. C'était stupide de ma part pourtant je voulais absolument lui parler. Mais maintenant qu'il est en face de moi, je ne sais même plus quoi dire. D'un doigt, il relève mon menton pour pouvoir ancrer ses yeux aux miens. Ensuite, il place sa main sur la mienne en décrivant des cercles avec son pouce.
- Désolé de m'être emporté mais je ne veux pas que tu te blesses, tu comprends ?
De la tête je lui fait signe que oui. Il se penche pour déposer un baiser sur mon front. Puis il se lève.
- Maintenant je veux que tu dormes. Il faut que tu reprennes des forces. Si tu as besoin de quoi que ce soit, tu n'auras qu'à m'appeler. Je suis ton infirmier après tout.
Un sourire en coin, il me fait un clin d'oeil. Il s'approche de la porte et pose la main sur la poignée. Je ne peux pas rester sans réponse.
- Attends !
Il s'immobilise, la main toujours placée là où elle était, puis tourne la tête vers moi.
- Tu as besoin de quelque chose ?
- Tu ne m'as pas répondu tout à l'heure. ''Si tu me sauves, tu meurs'' qu'est ce que ça veut dire ?
Il soupire, l'air l'as.
- Tu le sauras le moment venu. En attendant, repose-toi. Pas la peine de te lever ou de m'appeler pour me reposer la question. Je ne te répondrai pas. Dors bien.
Sur ces mots il ouvre la porte et disparaît à l'extérieur. Ma tête se laisse tomber sur l'oreiller. J'espère que le moment venu est pour bientôt.
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Alors vos impressions ? Comme d'habitude n'oubliez pas de voter et de commenter si vous aimez ;) On se retrouve bientôt pour la suite de l'aventure !
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