Chapitre 1
Il fait sombre. J'ai froid. J'ai peur. Je me trouve au milieu d'une immense forêt et la nuit règne en maître. Mais où suis-je ? Et qu'est ce que je fais là ? Des bourrasques de vent me fouettent le visage, me glaçant ainsi la peau. J'essaye de me réchauffer en frottant mes mains tremblantes contre mes bras. Mes yeux inspectent les alentours mais ces derniers ne semblent pas s'habituer à l'obscurité. Je ne discerne que les arbres qui m'entourent. Il n'y a aucun bruit. Tout est étrangement calme. Je me sens observée, épiée. Je veux m'enfuir mais mes pieds sont cloués au sol. Je suis dans l'incapacité de faire un pas. C'est comme si j'étais dans un état second et que mon corps n'était plus connecté à mon cerveau. Un frisson me parcourt soudainement tout le corps. Je ne saurais dire si c'est à cause du froid, ou bien de la peur. Dans la seconde qui suit, un bruit surgit de derrière moi. Je me retourne dans un sursaut. Mes yeux se plissent pour essayer de voir ce qui est à l'origine de ce son. Mais il fait trop noir. Une forme masculine émerge de l'obscurité.
- Qui êtes-vous ?
Ma voix tremble. Je ne me sens pas en sécurité. La seule chose que je veux faire, c'est m'enfuir loin de ces bois. L'inconnu s'avance légèrement mais je n'arrive toujours pas à discerner les traits de son visage. Il fait trop sombre. Seule la faible lueur de la lune éclaire les environs. Je peux juste voir que cet homme est assez grand et qu'il m'observe avec une intensité déconcertante. Il émane de lui une aura étrange, presque surnaturelle. Je répète ma question, dans l'attente d'une réponse, mais l'inconnu reste muet.
Qui est-il ? Pourquoi ne me répond-il pas ?
- Cours.
Sa voix mélodieuse brise le silence. Pourquoi donc courir ? Ce qu'il vient de me dire me déconcerte au plus haut point. Je ne comprends pas.
- Cours. Dépêche-toi.
- Quoi ? Mais pourquoi ?
Ma voix part dans les aigus à cause de l'anxiété.
- Maintenant ! crie t-il
Et d'un coup, le paysage se transforme. Les arbres laissent place à un imposant couloir aux couleurs ternes et effrayantes. Le ciel est maintenant inexistant. Il y a désormais un haut plafond où un néon crache une lumière aveuglante. J'ai l'impression de me trouver dans un vieil hôpital. La forêt était bien plus rassurante. Je tourne la tête mais ne vois personne. Mon inconnu a disparu et la peur s'insinue dans tous les pores de ma peau.
- On veut se joindre à la fête ?
Je me retourne vivement. Un homme d'une quarantaine d'années me sourit d'une manière assez étrange. A peine ai-je le temps de faire un geste, qu'il se met à courir dans ma direction. Il se jette sur moi en poussant un cri qui semble inhumain. J'essaye de me dégager de son étreinte de fer mais je ne fais pas le poids face à ce géant sur pattes. Mes mains volent dans tous les sens, en espérant le frapper, et le faire ainsi lâcher prise, mais elles ne touchent que le vide. Soudain, je sens quelque chose de froid contre mon ventre. Un couteau. La lame glacée transperce ma peau. Une douleur lancinante me parcourt le corps et un cri d'agonie s'échappe de moi. Le sang s'échappe de ma plaie. Le froid s'insinue dans tout mon être. Ma respiration devient difficile. Je suffoque. J'ai besoin d'air, plus d'air. Un voile couvre mes yeux. Tout est flou.
- Je t'avais dit de courir, soupire l'inconnu de tout à l'heure.
Et sur ces mots, je sombre.
*
Je sors des bras de Morphée dans un cri de terreur. Une fine pellicule de sueur s'est installée sur ma peau et mon cœur bat la chamade. Mon corps tremble de tous les côtés et mes mains serrent les draps tellement fort que s'en devient douloureux.
- Encore ce maudit rêve...
Je soupire en me nettoyant le front du dos de la main.
- Hope, est-ce que ça va ? me demande ma colocataire à travers la chambarde de la porte, alertée par mon cri.
- Oui, oui. J'ai juste fait un cauchemar.
- Encore ?
C'est vrai qu'en ce moment je fais toujours ce même rêve, et je ne sais pas du tout pourquoi. Tout ça est assez déstabilisant mais aussi inquiétant.
- Oui, encore.
- Tu crois que ça ira ?
- Oui ne t'en fais pas.
- J'espère... Je dois aller en cours ?
Cela sonne plus comme une question qu'une affirmation.
- Vas-y, ne t'inquiète pas pour moi.
- T'es sûre ? Je peux t'attendre si tu veux.
- Non, c'est bon.
- Bon, si tu le dis... À toute à l'heure ! Oh et n'oublie pas de faire la cuisine, ce soir c'est ton tour. Par contre, je ne sais pas s'il y a assez d'ingrédients dans le frigo. Il faudra sûrement aller faire des courses. J'irai, comme ça je pourrais aller acheter des sushis, ou peut être qu'on devrait manger autre chose ce soir ? Mexicain ? Ou alors on pourrait...
- Emy !
- Hum ?
- Tu vas être en retard.
- Ah oui c'est vrai !
Elle part en courant en claquant la porte d'entrée.
Ma colocataire, Emy, est quelqu'un de très dynamique, une vraie boule d'énergie. Son physique en fait rêver plus d'un. Elle est vraiment belle. Ses cheveux bruns sont coupés en un beau carré plongeant. Ses yeux sont d'un bleu azure qui me rappellent les couleurs de l'océan. Elle a un visage et un corps harmonieux. Fine, bien proportionnée. À certains moments, je me compare à elle, et mon estime de moi baisse d'un cran.
Je suis de taille moyenne avec de longs cheveux châtains qui descendent en cascade dans mon dos. J'ai de grands yeux noisettes. Une fille tout ce qu'il y a de plus banale. Le pire ce n'est pas mon physique, mais plutôt ma maladresse légendaire. Un vrai danger ambulant. Je n'ai pas besoin d'être perchée sur des talons pour tomber. Je le fais très bien en basket. Parfois, je rêve d'échanger mon corps avec celui d'Emy. En plus d'être magnifique, elle ne tombe pas quand elle marche sur une surface plane. Elle est plutôt adroite, courageuse et souple. Tout le contraire de moi.
On se connaît depuis la maternelle et on est très vite devenu meilleures amies. Je me rappelle le jour de notre rencontre comme si c'était hier.
Moi, avec mes deux couettes, toute timide. Elle, toute petite mais déjà pourvu d'un caractère bien trempé. C'était le premier jour d'école. Ma maman me manquait terriblement. Pour me réconforter, je serrais très fort mon doudou contre mon torse. Perdue dans mes pensées, je ne fis pas attention au garçon qui se posta devant moi. Ces grosses joues lui donnaient l'allure d'un hamster. Il s'approcha de moi, et sans que je ne comprenne, pourquoi il me prit mon doudou des bras. Des larmes de crocodiles ne tardèrent pas à faire leur apparition dans mes yeux. Toute triste, j'essayais de le récupérer mais c'était perdu d'avance. En plus d'être grand, il avait deux immenses bras. J'étais une naine à côté de ce géant. Tel un lapin, je sautais en levant les bras, mais je n'arrivais toujours pas à attraper mon doudou. La situation dans laquelle je me trouvais semblait l'amuser car il n'arrêtait pas de rire, ce qui m'énerva au plus haut point. Même les enfants peuvent être cruels. On pourrait croire qu'ils n'ont pas de mauvaises intentions mais cela est faux. Parfois, les enfants aiment être méchants. Par jeu probablement. Ou pour se sentir puissant. Intéressant.
Cet enfant là prenait un malin plaisir à me faire pleurer. J'avais besoin de mon doudou. Mon seul confident à l'époque. Mon ami de toujours. Désespérée, je lançais un regard derrière moi à la recherche d'une quelconque aide, puis, c'est là que je l'ai vue pour la première fois. Une petite fille brune avec un regard bleu perçant. Elle assistait à la scène de kidnapping de mon doudou. Elle me sourit, et je compris que j'avais trouvé une alliée. Elle ramassa quelque chose au sol et se dirigea près de mon bourreau. Sans que je ne comprenne pourquoi, ce dernier se mit à crier et à courir partout.
- T'as vu il a peur d'une simple araignée, rigola t-elle.
Elle ramassa mon doudou puis me le tendit.
- Tiens.
- Merci, chuchotais-je
- Je m'appelle Emy, et toi ?
- Hope.
- Bon, maintenant que tu es mon amie viens on va jouer !
Elle me prit la main pour m'emmener dans le bac à sable. Depuis ce jour, nous nous sommes jamais plus quittées.
L'alarme de mon radio réveil me ramène à l'instant présent. Je m'étire puis file sous la douche. L'eau qui coule sur ma peau me fait un bien fou. Tous mes muscles se relâchent instantanément. Mes yeux se ferment. La vapeur envahit bientôt l'habitacle. Floutant les vitres. Je revois son visage inquiet à travers mes paupières closes. J'entends encore sa voix qui me dit de courir. Ce rêve hante mes nuits, et je me demande bien pourquoi. Souvent, on dit que nos rêves ont un sens caché. C'est dans les rêves que notre inconscient nous parle. Il veut nous transmettre un message. J'ai beau me le rejouer encore et encore dans ma tête, je n'arrive pas à savoir ce que ce rêve signifie.
Après ma douche, je me dirige vers mon placard. J'opte pour une robe décontractée avec une paire de collants. Un mal de tête me stoppe dans mon élan. Cela fait quelques jours que ça dure. La fatigue sûrement. Je ne me sens pas trop en forme pour aller en cours, mais je ne peux pas me permettre d'être absente. Ou plutôt je déteste être absente.
Je fais des études de lettres car la littérature m'a toujours passionné. J'en suis tombée littéralement amoureuse dès le plus jeune âge. Dès que j'ai su lire en fait. Petite, je passais ma vie plongée dans les bouquins. Au cours des années, les livres se sont accumulées dans ma chambre. On pourrait construire un château fort avec tous ces ouvrages empilés dans mes placards. Ces livres me coupent du monde. J'entre dans une toute autre réalité quand j'ouvre un livre.
À choisir entre faire la fête et les livres mon choix est vite fait. Les livres passent avant tout. Parfois, les gens me trouvent assez étrange à cause de cela. C'est vrai, quelle adolescente préfère lire plutôt que sortir faire la fête ? Moi bien sûr. Mais peu importe l'opinion des gens. Je suis comme cela point.
J'aime me plonger dans un autre univers. Oublier pendant un moment qui je suis. Sortir de cette vie monotone. Rencontrer des personnages aux visages et caractères variés. Découvrir leur monde, leur histoire. Sortir de la réalité pour entrer dans un autre monde. Un monde parfois terrifiant. Drôle. Féerique. Le monde de la littérature. Là bas tout semble possible. Les barrières n'existent pas. J'oublie les soucis de la vie qui sont remplacés par ceux des protagonistes. Leur histoire devient la mienne. Je vis ce qu'ils vivent. Je les suis dans leur chemin. J'apprends à les connaître, à les apprécier ou parfois à les détester. Mais qu'ils soient gentils ou méchants, au fur à mesure de la lecture, on commence à s'attacher. Et une fois la dernière page du roman tournée, on est triste de les quitter.
Après m'être préparée, je quitte l'appartement. Je déambule dans les rues de New York en direction du métro. Mes longs cheveux virevoltent au gré du vent. Par réflexe, je resserre mon manteau autour de moi. Il fait particulièrement froid pour un mois d'octobre. Heureusement, le froid ne m'a jamais vraiment dérangé. Originaire d'une petite ville d'Alaska, je suis habituée aux basses températures. L'Alaska. Cela me manque un peu. Tout comme mes deux parents.
Après la remise des diplômes, j'étais partagée entre deux émotions : la joie et la tristesse. Certes, j'étais heureuse d'avoir mon diplôme en poche mais cela voulait aussi dire que je devais quitter mes parents pour aller étudier à l'université. Le jour de mon départ avait été assez émouvant. Les larmes n'avaient cessez d'inonder mes joues et ma mère était dans le même état que moi. Elle me serrait fort dans ses bras ne voulant pas me lâcher.
- Bon Hope, tu viens ? Il ne faudrait pas que tu rates l'avion.
Mon père était déjà dans la voiture. Il ne voulait pas le montrer mais je sentais qu'il était stressé que je m'en aille. Je savais qu'une fois à New York, je ne les verrai que très rarement. L'Alaska n'est pas la porte d'à côté. Après une dernière étreinte je montais dans la voiture qui me mènerait à l'aéroport. Je n'affronterai pas l'inconnu seule. Emy serait aussi du voyage bien sûr.
Après une dernière accolade à mon père, je me dirigeai vers la porte d'embarquement où Emy m'attendait. On monta dans l'avion. Celui-ci ne tarda pas à s'envoler. Par le hublot, je vis les maisons rétrécirent pour ne devenir que de petits points qui finirent par disparaître. Le monde était grand. Les humains étaient comme ces maisons, de simples grains de poussières. Si petits qu'on en devenait insignifiant. Une boule se logea dans mon ventre. J'avais peur. Peur de l'inconnu. Peur de ce que j'étais et de ce que j'allais devenir. Le futur me semblait si flou. Si loin et en même temps si près. Le futur est effrayant en quelque sorte. Tout peut arriver. Il est si incertain. Petite on me posait souvent la question : ''Qu'est-ce que tu voudrais faire plus tard ?''. Je disais présidente, pour pouvoir changer le monde. La maîtresse riait. Ce n'était qu'un rêve d'enfant après tout. Mais les rêves sont là pour nous faire rêver. Il ne faut jamais croire que tout est impossible. C'est en se mettant des barrières que nous n'avançons pas. Si les rêves existent c'est pour nous inciter à nous surpasser. À se donner le maximum pour atteindre ce que nous voulons vraiment. Tant qu'il y a de la vie, il y a de l'espoir comme on dit. Le futur m'était grand ouvert. Tant de portes s'ouvraient à moi. Mon rôle était de choisir la bonne voie pour que mes rêves deviennent enfin réalité.
Un dernier regard vers le hublot. Une dernière pensée pour mon ancienne maison. Et c'était avec le cœur lourd que je quittais l'Alaska, pour partir en direction de New York. Une nouvelle page de ma vie s'ouvrait. Ma vie allait changer, j'en étais certaine. Mais sur le moment je n'étais pas encore au courant de tout ce qui allait m'arriver. Je ne savais pas à quel point ma vie allait basculer.
___________________________________________________
Voici le tout premier chapitre de mon histoire ! C'est la première fois que j'écris donc je ne suis pas une experte (j'ai du mal avec la concordance des temps et j'ai aussi du mal avec la ponctuation, j'oublie pas mal de virgules donc désolée pour cela. Ne m'en tenez pas trop rigueur s'il-vous-plait haha^^ Et si il y a des fautes, je m'en excuse ! J'essaye de tout repérer mais c'est pas évident). En tout cas n'hésitez pas à me dire ce que vous en pensez :)
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top