Chapitre 10

 Mathyas

24 : 06

On descend discrètement dans les souterrains. Il n'y a personne pour le moment. Alyna ne cesse d'observer les pavés. Je ne vois pas en quoi ça va nous aider. Ce n'est pas comme s'il y avait un pavé qui signalerait notre passage.

— Arrête toi.

Je me stoppe tout en affichant une légère colère.

— C'est quoi le problème ?

— Il y a de nouveau symbole. Il faut à tout prix ne pas marcher dessus. On ne sait pas ce qui nous attends. Va sur les pavés vides.

Je lâche un soupire puis continue d'avancer uniquement sur les cases vide.

Au bout d'une demi-heure, on arrive au couloir principal et aussi le plus terrifiant. Pourvu qu'on ne se retrouve pas une seconde fois à discuter avec notre esprit. De toute façon, si je recroise mon esprit, je me ferais le plaisir de le torturer s'il se permet de refuser mes ordres. Depuis quand les esprits se croient tout permis ? Bientôt ils vont demander aux corps de leur chercher à manger...

J'aimerais bien voir Heelan se prendre quelques vérités en face par son esprit. Ce serait drôle à voir. Mais je doute fortement que ce genre de truc puisse lui arriver. Elle a tellement de chance, comparé à nous...

Alyna s'arrête d'un coup. Des bruits se font entendre. Mais c'est pas vrai, encore de l'eau ! J'observe les murs afin de pouvoir déclencher une barrière assez résistante. Je pose ma main sur l'un des pavés. Au bout de quelque secondes, un mur vient bloquer le trajet de l'eau. Je ne sais pas combien de temps cela va durer mais sûrement assez longtemps pour qu'on puisse partir dans le couloir le plus proche. On s'arrête au bout d'une dizaine de minutes. Cette nuit est encore loin d'être reposante...

— Tu comptes faire quoi maintenant que l'allée principale est inondée ? lancé-je.

— Je ne sais pas. De toute façon, on est dans un autre couloir que celui de départ. Il doit bien pouvoir nous emmener quelque part.

Je me retourne à l'entente de petit sifflement ressemblants à ceux des serpents maudits.

— Ou alors c'est juste la tanière de ces petits démons !

— Comment on les calme ?

— Tant qu'on sera ici, ils ne nous lâcheront pas !

— On va les coincer alors.... Maintenant !

On s'envole à pleine vitesse après avoir récité un sortilège, à chaque fois qu'on croise un pavé-mur, on l'actionne. Au fur et à mesure du trajet, les serpents diminuent. Au bout de plusieurs minutes, on arrive à l'intersection de départ. Le trou de ce matin est toujours présent. On entre dans le couloir sans issue. Les lumières sont allumées. J'en déduis qu'Heelan passe à la nuit à surveiller si des gens arrivent...

A ma plus grande surprise, Varrenda fait son apparition.

— Pourquoi vous êtes revenu ? demande-t-elle froidement

— Deux Citilynadts sont sous le contrôle de ce monstre.

— Et alors ? Je ne sais pas qui c'est qui a eu l'idée d'envoyer tout le monde ici pour affaiblir Heelan mais cette idée et la pire qui puisse exister ! C'est le meilleur moyen pour elle de détruire les gens. J'ai réussi à m'enfuir dans la journée mais je ne sais pas combien de temps je pourrais mener le combat avec le pouvoir secondaire. Donc vous deux vous avez intérêt à limiter vos erreurs car on a qu'une seule chance de sauver Syliny. Et si cette chance est perdue, il n'y aura pas de retour en arrière. Je vais tenter de vous guider afin d'empêcher que tout ceci soit entièrement désastreux mais je ne serais pas là à chaque fois. Je ne vaux rien face à Heelan.

Je baisse les yeux. Je donnerais n'importe quoi pour faire croire que ce n'était pas mon idée. Mais le sort de manipulation ne fait pas partie de mes pouvoirs actuels.

— C'est moi qui aie eu cette idée. Voilà. J'avais pas pensé à ce genre de détail. Mais je préfère me dire que tout est possible. Peut-être que c'est une erreur à première vue mais je pense que ça ne l'est pas totalement.

— Tu ne vas jamais changer décidément ! Tu n'as jamais eu conscience de tes erreurs et ça ne change pas. C'est désespérant de savoir que le futur Roi de Valiny est pire qu'irresponsable !

— Je ne suis pas irresponsable. Les erreurs, ça arrive. Et je ne vois pas en quoi c'est mal de tenter ce genre de truc ! Si on ne fait rien, là ce sera une erreur !

— D'accord, dis et penses ce que tu veux mais ne te plaint pas après si les choses se passent mal... Je t'ai prévenu, après c'est toi qui choisis de ce que tu veux faire.

Je pars dans le couloir. Je ne sais pas si partir comme je le fais est une bonne idée mais peu importe. Je dois trouver Heelan et en finir avec elle. C'est sûrement une perte de temps mais je suis sûre que ça en vaut la peine. Ce n'est pas en la laissant rôder dans le palais que les choses changeront. A part se procurer davantage de magie, elle ne fera rien d'autre.

Je ne sais pas ce que je vais pouvoir faire afin de la vaincre mais je vais tout tenter. Rester ici à rien faire ne sera qu'un atout pour elle. Heelan finira forcément par s'affaiblir avec tous les plans qu'on lui prépare.

— C'est moi que tu cherches ?

Je me retourne brusquement.

— Maintenant tu lis dans les pensées ? ironisé-je.

— Ne cherches pas à attiser la situation. Tu es tellement naïf que tu joues avec le feu depuis mon apparition. Te battre contre moi n'est qu'une perte de temps. Tu gaspilles tes forces justes pour faire semblant de sauver le monde. Sauf qu'en vérité, tu vaux rien.

Je me rapproche davantage de la Supérieure.

— Je vaux rien ? D'accord, si tu le dis... Mais bon, tes mots n'ont pas plus de valeur. Je vois pas pourquoi tu persistes autant à me faire douter.

— Je suis la meilleure et j'ai toujours raison. Tu n'as pas le choix de me laisser contrôler chaque personne vivant ici. C'est si stupide de faire tout ça.

— Tu comptes me traiter comme ça encore longtemps ? On est de la même famille et tu ne peux pas le nier. Que tu sois une Supérieure ou non, on vient du même monde. Si tu penses vraiment que tu peux contrôler l'univers entier, je te dis tout de suite que c'est raté. Je ne cherche pas à te faire perdre espoir mais, je te conseille d'arrêter ton délire tout de suite. On sait tous que c'est déjà fini pour toi.

— Je t'interdis de dire de telle choses. Dans quelques temps je serais aimée de tous ! Et tu seras rien. Juste rien...

J'observe quelques secondes le couloir. J'ai envie d'en finir avec elle maintenant...

L'une des poutres est légèrement abîmée. Ce sera facile de la faire tomber. Je ne sais pas s'il y aura un grand effet mais autant essayer.  

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