Chapitre 1


Alyna

Je m'appuie contre l'un des arbres de la forêt, cherchant par quoi commencer. Mathyas ne cesse de me fixer. Je lui adresse un sourire puis dis :

— Tu dois parler à ton père avant qu'il ne soit trop tard ! 

— C'est tout ? On ne se bat même pas ? Quoi qu'il en soit, il refusera d'écouter toute opposition à ses choix. Tu vas devoir trouver mieux, Princesse.

— C'est que tu as mieux à proposer peut-être ?

— Pas spécialement... Et puis, j'ai jamais dit que j'étais ici pour te proposer des plans. Mes plans, je les garde pour moi et personne d'autre.

Quel égoïste, lui ! Et dire que je suis censé sauver le monde avec quelqu'un comme ça. Je me demande vraiment à quoi j'ai pu penser.

— En tant que futur Roi, tu pourrais ordonner...

— Tu es folle ?! Je refuse de faire ceci ! Si tu as pour but de m'enfoncer, c'est totalement réussi si j'écoute tes conseils ! me coupe-t-il en devinant mon idée.

— Non, c'est pas ça que je veux dire, si tu empêches une seconde destruction des deux royaumes de Syliny, rien de mal ne t'arrivera.

— Tu ne comprends pas que je risque de...

Toujours en train de trouver des excuses.

— Tu me désespères... En quoi c'est mal d'empêcher toute une population de mourir ? le coupé-je.

— Je ne dis pas que c'est mal de sauver le monde mais je te rappelle que moi je suis futur Roi et si j'ose faire opposition à mon père, il n'hésitera pas à me bannir de ce monde. Alors réfléchis bien à ce que tu veux faire de moi. Si j'ai accepté de te suivre c'est pas pour que tu me mettes à la porte de mon royaume.

— Pourquoi je ferais ça ? Mathyas, je sais ce que je fais.

— Pourquoi tu ferais ça ? Parce que tu me détestes et qu'une alliance entre nous deux est totalement impossible et interdite ! Et aussi, parce que c'est une idée vraiment... stupide !

Je lâche un soupire face à sa remarque. Pourquoi faut-il toujours qu'il prenne mal les choses ?

Ah oui, c'est vrai que Monsieur le futur Roi du royaume obscur doit absolument être le commandant... Son comportement est insupportable ! Il n'y a pas moyen qu'il change. De toute façon, il est comme son père et personne ne peut rien faire pour changer ça. C'est bien ça le problème. Mathyas est vraiment quelqu'un d'agréable mais c'est seulement quand il le veut et pas avec n'importe qui... En fait, je ne sais même pas si c'est possible de le voir quand il est agréable ! Il se comporte comme ça avec presque tout le monde.

Sans compter qu'il n'aime pas utiliser les mots pour s'exprimer. Il voit principalement le mal et la haine. Il préfère mentir, manipuler. C'est plus simple pour lui, forcément.

Je m'attends au pire lors de son règne. Il n'est pas fait pour être Roi. A seulement dix-huit kild (équivalent de vingt-huit ans), il ne peut pas gouverner. C'est hors de question ! Il n'est pas capable de se servir correctement de ses pouvoirs... Je le connais depuis toujours, nous avons seulement quelques mois d'écart et il n'a jamais su faire des choses bien avec ses pouvoirs. Les seuls sortilèges qu'il maitrise sont ceux de manipulation.

Je veux bien comprendre qu'il vient de Valiny, un royaume noir mais c'est vraiment une honte qu'il ne gère pas quoi que ce soit correctement...

— T'es morte ou quoi ?

— Fait ce que je te dis, un point c'est tout. Pour l'instant tu n'es rien, alors obéis moi.

— Oh la Princesse s'énerve... dit-il d'un air moqueur.

— Tais-toi et laisse-moi t'expliquer.

— Hm... Non.

— Cidilencia !

Après quelque secondes, le futur Roi se retrouve privé de la parole. C'est pas trop tôt, je vais enfin pouvoir parler !

— Maintenant que tu ne vas plus me déranger je vais t'expliquer. Puisque tu refuses de parler à ton père, on trouvera un autre moyen. Je veux juste qu'on soit efficaces et rapide. Je compte sur toi pour ne pas transformer ce plan en un véritable désastre. Je te connais et c'est avant tout pour ça que je souhaite empêcher une seconde destruction à tes côtés. Tu manques d'expérience et c'est le moment parfait pour que tu apprennes à gérer ton coté insupportable. En unissant nos pouvoirs, on a le moyen de faire de Syliny un univers meilleur. Ce que je veux, c'est que tu arrêtes de vouloir faire tout ce qui te fais plaisir et que tu réfléchisses à quelque chose de réaliste et qui n'est pas un danger pour tout le monde. Plus vite tu feras les bonnes choses, plus vite cette mission sera finie. Ce qui veut dire que tu pourras retrouver ta vie habituelle.

Je mets fin à mon sortilège. Mathyas recommence à s'énerver.

— Enfin ! Ne refais plus jamais ça sinon je te ferais subir exactement la même chose. Et je ne vois pas pourquoi ce plan pourrait être désastreux. Et je ne manque pas d'expérience, je me débrouille très bien ! Je ne fais pas ce qui me fait plaisir, je fais ce que je fais depuis toujours. Je n'ai jamais dit qu'en acceptant de t'aider, je deviendrais la personne la plus gentille du monde. Donc débrouille toi avec mon comportement, je ne suis pas près de changer. Et encore moins de te faciliter la vie, je fais avant tout partie de Valiny et c'est ce royaume que je défends, pas le tiens. Quoi qu'il en soit, j'accepte de combiner ma magie à la tienne pour que Syliny reprenne la première place parmi Unility, dit-il froidement.

— Garde cette envie de vengeance pour plus tard, ce n'est pas moi qu'il faut tuer. Aller, transforme-toi, on y va.

Mathyas soupire longuement puis se transforme. La couleur principale de ses vêtements est le noir et le rouge sang, évidemment. Et je dois avouer que ça lui va toujours aussi bien.

On quitte rapidement la forêt pour revenir à Chaliny. Arrivés à proximité du château, on cite une formule d'invisibilité :

— Osynliga görünməz

La magie fait son effet. Maintenant on peut agir, personne ne nous reconnaitra. On avance à l'entrée du château.

— On doit faire une barrière mais d'abord, je m'occupe de guider tout le monde à l'intérieur annoncé-je.

— Comme tu veux !

— Occupe-toi de Mayron, éloigne-le comme tu peux.

— D'accord... Barrera maleïda !

J'aperçois au loin un mur de couleur sombre. Je reprends de la visibilité puis guide les gens à l'abri. Tout le monde cour dans tous les sens. Je remarque quelques guerriers que j'éloigne en douceur à l'aide de cristaux de Roses. C'est très efficace, comme toujours.

Dès que je n'ai plus personne en vue dans le secteur, je décide de parcourir la ville pour vérifier que tout le monde est en sécurité.

La ville est déserte...

Le Roi Mayron me remarque. Je me rapproche de plus en plus de Valiny. A travers les yeux de l'homme, je remarque toute la haine qu'il a envers moi et je doute qu'il me laisse partir tranquillement...

— Ho buisana le mohlolo, Otang meni topdi, Chaliny himoya qildi, men sizga tezroq qo'shildim

Si je suis capturée par Mayron, Mathyas est le seul pouvant me remplacer...

— Princesse Alyna, quel honneur de te revoir ! Tu ressembles beaucoup à ta mère. Mais c'est dommage que ton règne ne soit pas fait pour durer, Princesse.

L'homme commence à lancer différents sors en ma direction. Je les évite tous aussi bien les uns que les autres. Je ne sais pas combien de temps je pourrais tenir mais j'espère juste que je serais capable de fuir.

— Muras Steler ! cité-je.

Une barrière magique se forme progressivement face à moi. Je vais avoir le temps de fuir. Les murs de cristaux sont assez résistants, donc je pense avoir le temps de retourner au château.

Je n'aurais pas dû voler aussi loin à travers Chaliny.

Il va falloir que j'utilise la téléportation. En volant, je ne serais pas assez rapide et le mur se détruira avant que je n'aie pu atteindre la frontière.

— Tóg mé ar shiúl, dis-je.

Je disparais aussitôt.

Après quelques secondes, j'apparais à l'entrée du château puis cite une petite formule afin de redevenir invisible. Je rejoins Mathyas à l'entrée du bâtiment principal.

Je lui explique rapidement ce qu'il s'est passé puis nous créons une barrière magique autour du périmètre.

— Iarraim go léir draíocht Chaliny chun an ríocht a chosaint agus na daoine draíochta a shábháil ó fhórsaí olc....

— Amin'ny alàlan'ny magy mainty rehetra ao Valiny, te-hitondra ny vahoaka aho

Peu à peu, une barrière transparente se construit autour du château. J'espère que cela suffira...

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