La Reine
Pourquoi étais-ce aussi incompréhensible aujourd'hui ? Cette journée n'avait rien d'ordinaire et c'était quelque chose que Gurelli avait du mal à supporter. De plus, qu'avaient fait les jumelles pour se retrouver dans un tel endroit ? Et où étaient-ils, bon sang ? Les gardes n'arrangeaient pas son incompréhension en tout cas.
— Monsieur Gurelli, vous devez nous suivre avec vos filles.
— Pardon ?
— Oui... Nous allons tout vous expliquer, alors gardez patience, je vous prie.
— Mmmh, un peu compliqué quand on ne comprend pas ce qu'il se passe ni de quoi il s'agit.
— Évidemment. Je vous prie de nous excuser.
Les deux gardes lui firent une courbette avant de se tourner, se mettant dos à eux, pour commencer à marcher tout droit dans une démarche militaire. Ensuite, un claquement de doigts se fit ressentir et c'est comme si la terre tremblait sous leurs pieds. Une fumée commença à s'exalter autour d'eux comme un tourbillon magique et l'environnement changea. Ils se retrouvaient ailleurs, la gare se transformant en palais et les murs pâles devenaient colorés. Tout avait changé, y compris leurs vêtements et ils étaient retombés sur leurs pieds sans qu'ils ne puissent rien contrôler.
Lorsque Gurelli se releva et posa son regard devant lui, il fut hébété de voir devant qui il se retrouvait. Un visage du passé qu'il avait bien sauvegardé dans un lointain fichier, caché dans une carte mémoire qu'il avait oublié.
— Maman ?
Il l'a regarda, l'air à la fois triste et perdu, tel un enfant. Que se passait-il ? Pourquoi sa mère qui était morte depuis des années se retrouvait en chair et en os devant lui ? Étaient-ils tous les trois morts dans un tragique accident ? Bien sûr que non : ils n'étaient même pas ensemble au moment où l'incident s'était produit. Alors que se passait-il ? Pourquoi ?
Devant lui se trouvait une femme assise sur un trône doré, l'air sévère mais le visage était lumineux. Plein de vie. Elle avait des cheveux d'une blondeur de paille, coupé au carré avec une frange rigide sur le front. Elle se tenait la tête avec sa main posé contre sa joue, comme si elle s'ennuyait. Et pourtant, ce n'était pas le cas. Elle portait une longue robe rose à manches longues et dont le décolleté était totalement fermé.
— Enfin. Tu es là, mon fils.
Doucement, elle se leva et descendit de son trône. Elle s'avança vers lui et déposa sa main sur la joue de Gurelli d'une main assurée et maternelle. Son regard se fit plus doux et aimant lorsqu'elle le regardait de ses yeux verts.
— Ta mission sur terre est terminée, mon fils.
Elle garda sa main contre sa joue avant de la lever et de claquer des doigts, laissant une vibration dorée en sortir. Vibration que seuls les êtres de magie pouvaient voir. Cette vibration fit l'effet d'un mouvement imperceptible et le projeta en arrière, le faisant tomber par terre. Il était désormais inconscient sur le sol après ces secousses, faisant crier Emma qui se jeta à terre pour le secourir.
— Papa !
L'adolescente se tourna vers ce qui semblait être la Reine de ce monde d'un air accusateur et froid, lui criant avec interrogation :
— Vous ! Que lui avez-vous fait ?
— Ne t'en fais pas, Emma. Il est seulement évanoui. Et en pleine remise à jour. Il est en train de récupérer tous ses souvenirs perdus de Syark.
— Quoi ?! Et comment connaissez-vous mon nom ?
Récupérer ses souvenirs perdus ? Et elle avait dit qu'il avait terminé sa mission ? Mais de quoi parlait-elle ? Et elle avait dit "mon fils" ? Donc cette dame... était leur grand-mère ? Les jumelles ne comprenaient absolument rien à ce qu'il se passe et ça leur amenait bien plus de questions que de peur pour le coup.
— Je suis votre grand-mère maternelle. Je suis la Reine-Magicienne Adeyrid, Xe du nom, du Royaume de Syark.
— Grand-mère ?! s'esclaffa Amy, se réjouissant une demie-seconde, n'ayant pas saisie la situation.
— Syark ? Mais c'est quoi à la fin ? Où sommes-nous ?
La Reine s'avança lentement vers elle et posa une main tendre sur l'épaule de Emma pour lui insuffler un sort de soulagement et qu'elle se calme. Par le biais d'une vibration, comme pour son père.
— Vous êtes les héritières du royaume qui est le mien, du nom de Syark. Vous avez changé de planète, changé de racines et tout va changer pour vous à partir de ce moment-là. Si vous ne me croyez pas, appelez-moi "le destin".
— Le destin ? C'est plutôt une théorie complotiste ! Les héritières d'un royaume et puis quoi encore ? On ne comprend rien à ce qu'il se passe !
Sans comprendre pourquoi, le sort d'apaisement qu'avait essayé de lui prodiguer Adeyrid semblait faire l'effet inverse. Est-ce que Emma était déjà aussi puissante que ça ? En tout cas, sa colère avait l'air de laisser s'exprimer la magie qui commençait par les contaminer, par entrer dans leurs corps et peut-être qu'elles allaient entamer la phase très spéciale de la nuit noire de l'âme où elles allaient se découvrir telles qu'elles sont réellement : c'est-à-dire des héritières d'un royaume magique qui n'attendaient qu'elles.
Après cette courte interaction et ces débuts de révélations, Gurelli finit par rouvrir les yeux, yeux qui avaient changés, passant d'une teinte extrêmement étrange, d'un noisette grisé à un vert émeraude qui était impressionnant. Il se releva d'un coup, se palpant les extrémités des bras et reposa son regard sur sa mère.
— Mère. Comme c'est étrange de vous revoir après tout ce temps.
C'était comme s'il s'était réveillé. Mais également comme s'il avait retrouvé cette part de lui-même, part qu'il ne cherchait plus et qui l'avait conduit à se négliger sur terre. Il était presque tombé en dépression, ayant tout perdu de cher à cause de ses insécurités, de sa non-compréhension de son but sur terre, mais heureusement... sa raison de vivre était bel et bien ses filles. Elles l'avaient aidé à rester en vie, à faire de son mieux chaque jour... et à accomplir de manière inconsciente sa mission de vie.
Apparemment, c'était chose faite et c'était le moment pour lui d'à son tour, inculquer à ses filles la vie syarkoise. Ainsi que, et le plus important, leur rôle à jouer dans ce royaume.
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