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Jennie Pov

En principe je devrais refuser au risque qu'il ne revienne m'égorger la nuit mais je ne vois pas de raison valable. Pour avoir des trafiquants à ses trousses, il faut vraiment les chercher. Sinon, en temps normal, ils agissent comme des crocodiles : occupés à autre chose. Lisa me remercie et me laisse quitter sa demeure. 

Mais ses pupilles brunes ne me lâchent pas. Je peux les sentir me suivre quand j'entre dans la voiture et qu'elle démarre. Nous nous élançons enfin sur la longue route. J'ai hâte de rejoindre mon hôtel et pouvoir décortiquer ce contrat. Enfin je ne risque pas d'y arriver un jour si le chauffeur ne se dépêche pas. Il doit être habitué à rouler lentement vu qu'il conduit deux gamines mais moi je suis une adulte. 

Il peut accélérer sans crainte et je ne manque pas de le lui dire. Il s'exécute et nous rejoignons rapidement le centre-ville, puis mon hôtel. Je ne manque pas de le remercier avant de sortir de la voiture. Puis j'entre dans le bâtiment et fonce dans l'ascenseur. Je l'attrape de justesse avant que ses portes se referme. Quand elle se réouvre je me traine devant ma porte et l'ouvre.

Je jette mes vêtements au sol et fonce direct dans la douche. J'ai besoin de sentir la douce eau chaude couler sur ma peau. Mes yeux se ferment un instant et je repense à tous ce qui vient de ses passer. Je vais peut-être travailler pour une mère célibataires super sexy et ses deux fillettes de six ans. Sur le papier ça semble très plaisant mais j'ai peur que les choses génèrent. Jusqu'à là je n'ai jamais travaillé avec une femme, juste des hommes donc c'était assez facile de ne pas céder à leurs avances vu qu'ils ne m'intéressaient pas, alors que là...

Lisa a une manière de vous apaiser avec sa voix douce et légèrement grave. Puis, lorsqu'elle renchérit avec son sourire magnifique, on ne peut pas rester de marbre. Impossible ! Je réfléchis à refuser ce poste. Je pourrais dire que j'ai eu peur de gérer deux filles en même temps et prendre le premier vol pour Séoul. Je suis sûr que je peux retrouver un boulot aussi bien payé dans une autre famille.

J'arrête de me torturer l'esprit et  éteint le jet d'eau ; J'enfile un peignoir et quitte la salle de bain. Mon ventre gargouille mais le frigo est tristement vide. Je n'ai pas vraiment eu le temps de faire des courses dignes de ce nom. J'ai directement foncé chez Lisa après avoir atterri : mon vol a été retardé pour une affaire de passager malade je crois. Du coup, j'étais déjà en retard à mon rendez-vous avec Lisa. Je n'allais pas en rajouter.

Heureusement, la technologie est toujours là pour nous sauver et je commande une pizza quatre fromage. En attendant que le livreur se pointe, je me sers un verre de champagne et me laisse tomber dans le grand fauteuil. Oui, je n'ai pas le temps d'acheter un paquet de pâtes mais j'ai une bouteille de rosé. Chacun ses priorités. Merci de ne pas me juger. Je sirote lentement le liquide pétillant, quand mes yeux se posent sur le dossier rose. Bordel ne me dites pas que je vais devoir le lire. 

Si, apparemment. Mais pourquoi si je vais refuser le poste ? Peut-être pour la curiosité. Je cède et l'attrape des bouts des doigts. Biensûr il ne bouge pas d'un poil. C'est cinq cent pages quand-même ! Je soulève le morceau de pavé et m'allonge sur le tapis. Au départ je suis moyennement motivée par la tâche. Mais, quand je l'ouvre, mon cœur fond. Je tombe sur une multitude de dessins d'enfants et des copies de devoirs ayant de très bonnes notes.

Je pense qu'elles nous ont fait leur version du CV et le rendu est vraiment touchant. Peut-être que j'ai jugé un peu trop vite cette famille. Les deux fillettes semblent s'appeler Rosé et Jisoo. Du moins c'est ainsi qu'elles signent leurs copies. Je souris. Le prénom de l'une d'elle me rappelle le liquide pétillant que je déguste. Et si l'univers m'envoyait un signe ? Que ma mission était d'éduquer ces deux boules de joie et de m'assurer de leur développement intellectuel ?

  Tu vas chercher loin, me gronde ma conscience. Oui, un peu. Mais quelque chose m'attire dans cette maison. Je ne sais pas encore quoi. Je sens juste que je m'y sentirais bien. J'étais arrivé assez paniquée à cause d mon vol retardé et il n'a suffi que d'un sourire de Lisa pour m'apaiser. Je suis certaine qu'il a des vertus thérapeutiques !

Les dessins sont très colorés, signe qu'elles se portent bien. Normalement. Sinon il y aurait plus de noir et de couleurs foncés. Là, ce n'est pas le cas. Après moi non plus je ne serais pas triste avec une mère aussi riche. Elles peuvent carrément avoir tout ce qu'elles veulent, quand elles le veulent. Ça me fait penser à un truc. J'espère que ce ne sont pas des gamines insupportables, pourri-gâtés jusqu'à la moelle. Sinon je vais leur faire passer l'envie de me manquer de respect. Et recevoir une balle en pleine tête. Un point pour la conscience.

Les œuvres d'art amateurs laissent placent à un texte tapé de cinquante pages. J'ai même droit à un sommaire complet. Que je suis chanceuse ! Je débute donc par la première section qui parle de mes honoraires et de mon salaire. Salaire qui me fait légèrement tourner la tête.

-Bordel de merde !

Je ne peux m'empêcher un juron. C'est quand-même très bien payé. Et tu comptes refuser ? Ma conscience a envie de me mettre des baffes. Je la comprends, moi aussi j'ai envie de m'en mettre. Je continu de lire et découvre que je dois travailler que quatre heures par jour. Donc juste le matin. Le reste du temps je peux aller où je veux. C'est très tentant...J'ai des congés ?! Ça c'est nouveau. Je dois sérieusement envisager cette offre : c'est la meilleure que j'ai eu depuis le début de ma carrière. Je ne peux pas la jeter à la poubelle parce que j'ai peur de céder à une petite culotte ! Une très belle petite culotte...

Je passe à la deuxième section : les mesures de sécurité. Il m'est impossible de sortir de la résidence sans prévenir personne et, si je suis accompagnée des fillettes, il nous faut au moins trois gardes avec nous. L'une des rares mesures à me plaire. Il faut bien protéger ce corps de déesse des dangereux malfrats non ? Je marque une pause et va m'habiller. J'enfile vite fait une longue robe moulante noire et reviens au salon.

 Puis j'allume la chaine stéréo et mets un peu de musique. Mon corps commence à bouger au rythme des notes musiques alors que je sirote toujours mon champagne. Enfaite, j'ai jeté la flute et saisi la bouteille entière. Ok, je suis peut-être un peu saoule mais j'ai une raison plus que valable. Je me retrouve dans un pays étranger à fantasmer sur ma patronne mafieuse à six heures de l'après-midi. Vous ne feriez pas pareil ?

On sonne et je pars ouvrir la porte. Le livreur rougis légèrement en voyant ma tenue. J'ai précisé que je ne porte pas de soutif ? Non ? Pas grave. Je le remercie, récupère ma pizza et referme la porte. Elle est bien chaude. Je sens le carton me bruler les doigts alors que je rejoins la cuisine. Je pose le carton et, toujours en dansant, ouvre les placards.

-Où elles sont ?

Les assiettes jouent à cache-cache avec moi ou je deviens folle ? Pas grave, je retourne au salon avec le carton et le jette sur le tapis. Puis je me recouche et continu ma lecture. J'attrape une part d'une main, le champagne de l'autre et alterne entre les deux. Pendant ce temps, mes yeux défilent sur le texte. Je ne dois pas interférer avec la préparation des plats. Si j'ai des allergies, je dois les signaler à Lisa qui transmettra. Interdiction aussi de donner des ordres au personnel sans l'autorisation de Lisa. Cela risquerai de les distraites de leur travail. C'est noté.

Il y a aussi une grande partie réservée à l'appel des numéros d'urgence. Le SAMU peut être appelés à n'importe quelle occasion. Mais pas les pompiers et la police. Avant, il faut mettre en place un plan d'urgence. En gros, il faut cacher la marchandise. Je serais peut-être entrain de me vider sur le parquet mais il faudra cacher le tableau de Picasso volé la veille avant. Désolé Jennie. Après, je ne suis pas étonnée non plus. C'est le risque avec les trafiquants et c'est ce pour quoi j'ai signé. Enfin, ce pour quoi je vais peut-être signer.

J'en ai marre de me torture l'esprit avec ce contrat à la noix. Il passera surement mieux si je suis allongée sur mon lit. Alors je vais dans ma chambre et le lance sur le lit. Quand les portes sont enfin fermées à double tour et toutes les lumières éteintes, je m'effondre sur le matelas. C'est reparti pour un autre tour du texte le plus précis du monde. Si la météo prévoit de la pluie, interdiction d'amener les filles dehors, même si le ciel n'est pas couvert. Leur santé doit toujours être une priorité. MEME SI CELLE DE L'ACCOMPAGNANT DOIT ETRE SACRIFIEE. Donc en cas d'attaque terroriste dans un resto j'ai intérêt à me sauver seule. Je finis par m'endormir sur ses mots très sages. 

...
Deuxième chapitre. J'espère que l'attente n'a pas été trop longue et que vous avez aimé ♥️