Chapitre 9 - Capucine


Roxie regarde n'importe quelle tenue sur un cintre, concentrée comme jamais pour dénicher LA robe qu'il me faut. Elle est plus surexcitée que jamais ! Et moi ? J'angoisse ! J'ai une boule au fond de la gorge, l'estomac qui se tord.

La soirée que j'ai partagée avec Noah autour d'un verre était idyllique, je ne devrais pas réagir comme je le fais pour un rendez-vous au restaurant ! Mais... c'est mon patron. Je n'arrête pas de m'interroger. Est-ce mal ? Ou ai-je le droit tant que ça reste platonique ? Va-t-il se passer quelque chose entre lui et moi ? Me laisserais-je faire ?

Mon téléphone sonne à nouveau dans mon sac. Je m'en saisis et souffle en constatant que c'est ma mère qui tente, encore, de me joindre. C'est aussi à cause d'elle que je suis à cran ! Noël approche à grand pas. Elle a invité quelques personnes influentes, selon elle. Des hommes avec un bon parti : « C'est pour toi ma fille, tu es en âge à fonder une famille ! Il est temps de sortir de ta coquille ! » Voilà ce qu'elle m'a dit la dernière fois au téléphone. Je lui ai pourtant déjà dit que ça ne m'intéressait pas de trouver un homme pour l'instant, et à chaque fois, elle s'énerve et ça se termine en dispute. Elle ne comprend pas que j'ai besoin de temps. Que ce soit pour me rapprocher d'un homme, lui faire confiance, qu'il me plaise et surtout, pour passer à l'acte avec lui. Ni que le passé est marqué à l'indélébile sur ma peau et mon âme. Il faut regarder vers le futur, mais le passé et le présent nous définissent. Ma mère mets des œillères, pour elle, le passé est le passé, il faut oublier. Moi, je ne le peux pas. Ce qui est un sujet de discorde entre elle et moi.

Du coup, pour le réveillon, elle veut choisir ma robe, ma coiffure, mon maquillage, mes chaussures... J'étouffe déjà !

— Capu' !

Je sursaute et relève les yeux vers ma meilleure amie qui tient une robe dans chaque main.

— Tu as la tête ailleurs ! Tu ne devrais pas ! Pourquoi tu n'as pas l'air si excitée par ce rendez-vous ? Tu lui as dit oui, pourtant !

— Je... les appels de ma mère me déconcentre, souris-je en rangeant mon téléphone.

— Laisse-la poireauter, ça lui fera des pieds ! Bon, laquelle tu préfères ?

— Aucune, décolleté trop prononcé !

— Tu ne vas pas y aller en col roulé, non plus ! Il faut que ça soit classe, mais sexy. Il t'a dit qu'il t'emmenait dans un restaurant chic, non ?

— Oui.

Depuis que j'ai accepté, Noah m'a proposé plusieurs restaurants et endroits, loin de nos logements respectifs ou du bureau. Paris, c'est grand ! On ne se cache pas, mais c'est pour éviter de rencontrer des personnes qu'on ne voudrait pas croiser. Il m'a même proposé d'aller à Reims ! Ce n'est qu'à une heure et demie de route... Mais je ne vais pas le laisser m'emmener si loin pour un restaurant, quand même !

— Que penses-tu de celle-là ?

La robe qu'elle me montre est rouge, le décolleté en cœur mais sage, descendant jusqu'aux pieds, à longues manches.

Je grimace.

— La couleur est trop voyante.

— Le rouge, c'est la couleur de la passion !

— Ce n'est qu'un restaurant entre amis !

— C'est un rencart ! Le deuxième ! Bon, celle-là est plus sobre.

Celle qu'elle me montre est noire, s'échouant aussi jusqu'aux pieds avec une échancrure sur la jambe droite jusqu'au genou. La manche du même côté est ouverte niveau bras. Le tissu entoure le poignet avec une large bretelle au niveau de l'épaule. L'autre bras est nu. La robe est magnifique !

— A tes yeux qui pétillent, je constate qu'elle te plaît !

— Oui, elle est très jolie. Mais je vais avoir froid !

— Mais non, pas dans le restaurant ! Tu mettras ton manteau par-dessus ! Tu complètes la tenue avec des bas opaques et des chaussures à talons noires, fermées, et tu seras sublime ! Essaie-là !

Je souffle et prends la tenue. Roxie ne me lâchera pas de toute façon !

Je pars dans la cabine, me déshabille, essaie la robe puis me montre à mon amie. Elle frappe dans ses mains, ravie. Je tourne sur moi-même pour lui montrer le dos dont seulement le haut de mes omoplates est à découvert.

— Tu es sublime ! On la prend !

Je ris face à sa joie communicative.

Le reste de la journée se passe comme dans un tourbillon. On termine nos achats par des bas, des chaussures, séance chez la manucure et chez le coiffeur ! On ondule légèrement mes cheveux. Une tresse sur le côté, mêlé à la grosse dans le reste de ma chevelure qu'on enroule dans un gros chignon où quelques mèches s'évadent. Simple, mais chic. Je suis conquise.

Roxie me dépose ensuite chez moi. J'ai juste le temps de me rafraîchir, m'habiller avant que Noah vienne me chercher.

— Passe une bonne soirée ma belle, et surtout, n'angoisse pas !

— Trop tard, ris-je.

Oh je sais, je te connais bien !

Je l'embrasse sur la joue, entre chez moi pour finir de me préparer.

Vers 19 heures, comme convenu, Noah vient me chercher. Sous mon attirail, je monte dans la voiture. Un peu gênée, je lui fais quand même la bise puis attache ma ceinture.

— Tu vas avoir trop chaud, tu peux enlever ton bonnet, ton écharpe et ouvrir ton manteau, me dit-il en souriant.

— Je suis très frileuse.

— Je sais, mais nous avons une longue route.

— Où va-t-on ?

Il me sourit, de manière énigmatique.

J'observe la route et constate que nous quittons Paris au bout d'un moment.

— Mais...

— Je t'emmène à Reims.

— Tu es sérieux ?

— C'est plus rassurant, non ? Et je connais un restaurant qui te plaira, j'en suis certain !

Mes joues chauffent face à tant de prévenance. J'enlève de ce fait mon bonnet sans défaire ma coiffure, et mon écharpe.

Durant le trajet, on parle d'un peu de tout, sauf du boulot et je me détends au fur et à mesure. Cependant, je reste un peu tendue, surtout en sentant mon téléphone vibrer régulièrement dans mon sac. Inutile de me demander qui tente de me joindre...

Après un peu plus d'une heure et demie de route, nous arrivons à Reims. Noah se gare sur un parking et on quitte la voiture. Une main dans le creux de mes reins, il nous dirige au Domaine Les Crayères. Nous marchons sur l'allée faite de pavés et je suis éblouie par la splendeur que renvoi le lieu. Tout le contour du Domaine est fait de verdure. Au bout de l'allée, une jolie terrasse et le bâtiment est joliment illuminé.

Je regarde Noah qui m'offre un clin d'œil. C'est à peine si je me rends compte qu'il attrape ma main dans la sienne tant je suis subjugué par le lieu. Un frisson me parcourt l'échine lorsqu'il presse ses doigts autour des miens et il m'emmène à l'intérieur.

Là aussi, tout est magnifique ! Lustre en cristal, tables joliment décorées de nappes blanches. On est très bien accueillis et on nous dirige vers une table que Noah à réserver. Je me défais de mon écharpe et mon manteau que Noah m'aide à retirer pour le donner ensuite au serveur. Il fait de même avec sa veste. Sa main caresse mon bras nu et il m'invite à m'asseoir.

— Tu es magnifique, me chuchote-t-il à l'oreille.

Mes joues chauffes face à ce compliment. Il s'assied en face de moi. Il commande une bouteille de vin, ainsi que nos plats après qu'on ait regardé la carte.

— Ça te plaît ?

— Tu n'avais pas à en faire autant, lui dis-je dans un petit sourire.

— Je sais. J'avais envie de nous faire plaisir, en dehors de Paris.

— Merci.

Mon téléphone vibre une énième fois. Je m'excuse dans un sourire contrit.

— Excuse-moi.

— Fait à ton aise.

Je finis par décrocher, sinon elle ne me laissera jamais tranquille !

— Bonsoir, maman.

— Tu daignes enfin me répondre !

— Je suis très occupée...

— Je n'y crois pas un seul instant !

— Maman, s'il te plaît...

— J'ai pris rendez-vous dans un magasin de haute couture pour ta robe, je veux que tout soit parfait !

— D'accord, on en reparle demain. Bonne soirée.

— Capu...

Je ne la laisse pas continuer, et raccroche. Je n'aurais jamais dû prendre cet appel qui me mine subitement le moral.

En attendant, nos plats sont arrivés.

— Je suis navré, m'excuse-je auprès de Noah.

— Il n'y a aucun problème, ne t'inquiète pas. Tu passes les fêtes de Noël chez ta mère ?

— Je n'ai pas trop le choix, soupiré-je en picorant à peine les aliments qui sont dans mon assiette.

— On à tous le choix. Ça n'a pas l'air de te ravir.

— C'est très tendu entre ma mère et moi.

— Pourquoi ?

— Eh bien, elle ne m'a quasiment pas élevée et je crois qu'elle veut rattraper toutes ces années où elle n'était pas là, mais elle en fait de trop. Elle veut régenter toute ma vie. Il y a quelques semaines, elle voulait que je prenne des cours à distance pour me former à un métier plus digne de celui que j'occupe, selon elle. Et maintenant, elle veut à tout prix me caser avec un homme pour que je fonde une famille. C'est un peu lourd.

— Pourquoi tu ne lui dis pas, gentiment bien sûr, qu'il est inutile qu'elle te pousse ainsi ?

— Tu ne l'as connais pas. Quand elle a une idée dans la tête, elle ne l'a pas ailleurs !

— Mais elle doit respecter tes choix. Elle ne peut pas régenter ta vie. Peu importe qu'elle t'ai élevée ou non.

— Je sais, Roxie me dit la même chose, mais j'ai beaucoup de mal à lui tenir tête. Si seulement elle ne s'était pas mise dans le crâne de me mettre avec quelqu'un...

— Dis-lui que tu es en couple ! Peut-être qu'elle abandonnera.

— C'est un mensonge.

— Non, tu as rencontré quelqu'un. Moi.

Il sourit, je fais de même et secoue la tête.

— Je suis même prêt à entrer en contact avec elle pour lui signifier que je ne veux pas que tu rencontres d'autres hommes !

— Elle te trouverait un tas de défauts ! Et toi, le réveillon ?

— Dans ma famille. Avec mon père, ma belle-mère, ma sœur et... enfin, peu importe.

— Une compagne ?

— Grand Dieu, non ! Disons que j'ai une famille très atypique.

— Et ta mère ?

— Elle ne sera pas des nôtres. Je ne l'a connais pas.

— Oh. Je suis désolée.

— Pas moi. Elle ne me voulait pas, j'ai grandi entre les conquêtes de mon père, jusqu'à ce qu'il se stabilise avec une femme avec qui il a eu une fille. Puis il s'est à nouveau fait volage. Sa femme accepte ses maîtresses. Je n'ai jamais compris cet état d'esprit. Il y en aura sûrement une parmi nous. Une soirée ennuyante en perspective ! Avec énormément de monde. Ma famille est très riche, on ne fête pas noël comme tout le monde, mais avec un bal. Autant te dire que je suis excédé par avance !

— Au moins, ton père ne s'évertue pas à te présenter des femmes pour te caser !

— Ce serait le pompon ! rit-il.

Je m'esclaffe également.

— Accompagne-moi.

— Quoi ?

— Tu n'as pas envie d'aller au réveillon de ta mère. Je sais que tu n'aimes pas trop la foule, mais que dirais-tu d'être ma cavalière ? Tu rendrais ce week-end à venir plus agréable.

— Je ne sais pas...

— Il n'y aura personne qu'on connaît. Pas même Barry, il a d'autres projets. Qu'en dis-tu ?

— Est-ce vraiment raisonnable ? Tu es...

— Ah non ! Pas d'employeur ou d'employée. Seulement Capucine et Noah. Dis oui, s'il te plaît !

Il pose sa main sur la mienne. La chaleur de sa paume se diffuse dans ma peau, ses doigts pressent les miens et son pouce me caresse. Mon pouls s'affole et un long frémissement s'échoue le long de mon échine.

Cette soudaine attraction entre nous me prend de court, accélérant les battements de mon cœur.

Je ne devrais pas céder, et pourtant...

— D'accord. Je viendrais avec toi.

Il me sourit, de manière si craquante qui me donne envie de l'embrasser.

Ça non plus, je ne devrais pas le désirer, et pourtant, je dois bien avouer que je craque de plus en plus pour cet homme si charmant et gentil avec moi.

Il ne me laisse clairement pas indifférente... 

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Coucou mes chatons ♥

Capucine et Noah continent leur bout de chemin. Qu'est-ce que ça va donner?

Je vous laisse cogiter là-dessus.

Des bisous ♥

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