Après une semaine bien remplie, je suis claqué. Je n'aspire qu'à une chose ; m'allonger et regarder un film pour décompresser.

Il est 22 heures lorsque je franchis les portes de ma maison... vide. Vide de présence. Elle n'est plus là depuis quelques mois à présent, n'ayant plus supporté le rythme de fou que je lui imposais. Trop d'absences. Trop de disputes ont eu raison de notre couple.

Je pense souvent à mon ex, cette femme qui a partagé 5 années de ma vie. A ce qu'elle pourrait faire, à ses regards, ses sourires, mais aussi à tous ses reproches.

Mon boulot, c'est ma vie. Si je ne suis pas sur tous les fronts, c'est la chute libre assurée. Il y a trop de personnes qui comptent sur moi, j'ai énormément de responsabilités. Alors oui, les heures supplémentaires, il y en a à la pelle. Je peux partir très tôt le matin, et rentrer tard le soir. Et je ne parle pas des jours où j'enchaîne les réunions. Carol ne l'a pas supporté. Elle s'est éloignée et a claqué la porte. Je ne l'ai pas retenue.

À quoi bon ? Nous n'avions plus la même vision des choses. Les mêmes attentes. Oh, elle voulait toujours l'argent, je n'en manque pas, mais elle voulait l'homme avec à longueur de journée, qui s'occupe d'elle comme d'une princesse. Je ne pouvais pas faire les deux. Je faisais très attention à elle, mais pour ramener des tunes, il faut bosser.

Enfin bref...

J'ai déprimé pendant des mois, me perdant davantage dans le boulot, me fermant sur moi-même. Je ne sais même plus de quand date ma dernière sortie entre potes.

Je sors tout doucement de ma coquille. Comment ? Pourquoi ? Une réponse à un simple message. Un profil qui a suscité ma curiosité et me voila à échanger avec « Pétale-de-Rose ». Un échange plutôt sympathique jusqu'à présent. On ne s'est pas encore beaucoup parlé, mais avec quelques lignes, elle a su dériver mes pensées sur autre chose.

Après ma rupture avec mon ex, Barry, mon meilleur ami, m'a inscrit sur plusieurs sites de rencontres. Je m'en fichais. Je n'y avais même pas prêté attention jusqu'à il y a quelques semaines où quotidiennement, je me rendais sur Lover.be. Seulement quelques minutes, à fureter ci et là. Ça m'occupait. Surtout l'esprit. Et puis je suis tombé sur elle. Je souris bêtement en lisant ce qu'elle m'a écrit. Sans réfléchir, je lui tape un nouveau message.

[Répondre

~ DREAMER ~

Tu es donc inscrite sur ce site suite à un défi et pas pour une recherche spécifique.

Oh je ne doute pas que tu as dû avoir des messages très... recherchés, dirons-nous. C'est l'inconvénient de ce genre de site. Il faut savoir faire le tri, à qui répondre ou non.

Oui, tout à fait ! Le peu d'informations que tu donnes sur toi m'a intrigué.

C'est vrai, on est jamais sûr de ce que notre interlocuteur peut raconter, c'est également un inconvénient d'internet : se cacher derrière un ordinateur, un téléphone, une tablette et inventer n'importe quoi. Mais tu as aussi des personnes sincères malgré tout.

Je suis plutôt du style à boire du café, effectivement^^

Très jolie main ! Tu es fiancée ?

J'adore la lecture, à mes heures perdues, j'aime avoir un bouquin entre les mains.

Au moins, tu es clair dès le départ ! Mais tu me parles, c'est un bon point pour moi, non ?

Hum... comment relever ton défi ? On joue aux devinettes ?

Tu es une femme, vu la finesse de tes mains, je suis sûr de ne pas me tromper. Le fait que tu dévoiles peu de choses sur toi montre que tu es très réservé. Peut-être un peu timide ? Tu te lâches légèrement par écrit ? C'est la sensation que j'ai ressentie. Quoi d'autre... tu as la conversation facile, l'esprit ouvert. Tu m'as quand même répondu sur un tchatche de rencontre !

J'ai tout bon, jusque-là ?

Un rêveur]

Je pose mon Smartphone sur la table basse du salon, vide mon verre et vais à ma salle de bains. Avant de tomber de sommeil, une douche rapide !

Plusieurs minutes plus tard, en boxer, je suis sous la couette, mon Smartphone dans la main. Elle m'a déjà répondu.

[Réponse

~ Pétale-de-Rose ~

Oui, voilà !

Ouais, y'a plein de relou... on devine rapidement ceux qui sont à écarter.

Je ne voyais pas l'utilité de donner des informations personnelles comme ce que j'aime dans la vie, ma situation familiale... ça ne regarde personne et ce sont des informations qu'on fait découvrir à la personne qu'on côtoie au fil du temps. De plus, je n'aime pas donner tous ces éléments sur moi sur le NET, car on est bien d'accord sur ce point : on n'est jamais sûr de ce que l'autre, derrière un écran, peut raconter. Après, c'est vrai que c'est le cas aussi avec une personne qu'on pourrait côtoyer ou qui pourrait partager notre vie, je ne dis pas le contraire. Mais les dangers du NET deviennent tellement grands de nos jours !

Bien sûr qu'il y a des personnes sincères, je ne dis pas le contraire. Mais je pense qu'on peut les compter sur les doigts d'une même. Que ce soit virtuel ou non.

Je le savais que c'était du café !

Non, célibataire. C'était une question détournée, n'est-ce pas ? Et je plonge pieds joints la première...

Moi aussi, j'aime beaucoup lire, surtout des histoires romantiques. Certaines œuvres fantastiques, mais pas toutes.

Je ne vois pas pourquoi je ne serais pas sincère. Moui, j'avoue, le fait que je te réponde est un bon point pour toi^^ Ce n'est pas désagréable de discuter avec toi. C'est cordial.

Tu as relevé mon défi haut la main dis donc ! Tu me poses une question, mais en fait, tu as agi avant même que je sois d'accord pour le jeu des devinettes^^

Effectivement, je suis une femme^^ Généralement, on ne me dit pas réservé, mais oui. Timide ? Peut-être. C'est être timide pour toi de ne pas se dévoiler ? Moi je dirais que je me préserve en agissant ainsi. J'avoue, c'est facile de parler par écrit, on a tendance à trop en dire d'ailleurs. Je devrais faire attention à cela.

Merci, toi aussi tu as la conversation facile. J'ignore si j'ai l'esprit ouvert, je dirais plutôt que j'ai osé te répondre sur ce site. Ça fait de moi quelqu'un d'audacieux ? Non, c'est peut-être un mot trop fort...

C'est à mon tour, j'imagine ?

Un pétale]

Un sourire béat sur les lèvres, je relis son message une seconde fois. J'aime vraiment beaucoup cet échange ! Je n'ai aucune attente spécifique, juste apprécier ce moment qui me sort d'un long tunnel sombre. Même si c'est éphémère, je m'en moque. Je profite seulement de l'instant présent.

***

Une sonnerie me sort de mon sommeil, mais je n'ouvre pas les yeux pour autant. Elle s'éteint pour recommencer juste après. Je grogne et soulève mes paupières lourdes de fatigue. J'attrape mon Smartphone qui est tombé sur le sol et d'une voix rauque et bourrue, décroche.

—Ouais ?

—Bonjour à toi aussi, mon petit Noah.

—Barry..., soufflé-je. Tu sais quel heure il est, au moins ? Et combien d'heures j'ai dormi les jours précédents ? Et quel jour nous sommes ?

—Je suis ton bras droit, bien sûr que je le sais ! Il est 6 heures exactement. On a une réunion à 8 heures et notre vol est à 11 heures. Matinée chargé, mon vieux. Il faut donc te lever.

—Putain, j'avais oublié cette réunion, pesté-je.

—Je sais, rit-il. Quand ta secrétaire m'a dit hier que le rendez-vous de la réunion n'était même pas noté dans ton agenda, j'ai su que tu avais zappé. Tu régresses, Noah. Tu n'oublies jamais ce genre de réunion. En fait, tout autour de toi est contrôlé généralement... Tu as la tête ailleurs ?

—Ouais... sur mes épaules.

—Allez, on se rejoint au Coffee's pour notre dose de caféine avant de débouler à la Tour, OK

—Une demi-heure, et je suis là.

Je coupe la communication et passe une main sur mon visage.

Et merde.

Comment ai-je pu oublier ce genre de détail ? Ça ne m'arrive jamais. Tout ce qui concerne mon entreprise est sous contrôle et je ne passe jamais à côté de quoi que ce soit. On a dû me distraire pour que je ne note pas ce rendez-vous. Mais qui a réussi cet exploit ?

C'est une réunion banal, mais tout de même. C'est pour s'assurer que tout se déroule à merveille dans mon entreprise.

Je me lève, me prépare une tasse de café que j'avale rapidement. Je file ensuite à la douche pour finir de me réveiller. Je suis épuisé, mais le travail n'attend pas !

Une demi-heure plus tard, je rejoins Barry au Coffee's, un lieu où on se rejoint régulièrement.

Barry Declan, mon bras droit, mon meilleur ami. On a fait nos études ensemble et monté ensuite notre propre boîte qu'on a propulsé au somment. Le Poeple Times Magazine est notre fierté. Un journal qui réunit plusieurs branches d'actualité.

Barry sait tout de moi, tout comme moi le concernant. On s'est toujours épaulé, soutenu. Il a dû s'en sortir seul. Fils d'une mère alcoolique qui ne faisait pas attention à lui, il s'est débrouillé du mieux qu'il a pu. Quant à moi, la mienne ne s'est jamais intéressé à mon existence. Dès mon plus jeune âge, elle m'a laissé à mon père qui préférait se préoccuper de ses conquêtes plutôt que de son rejeton.

Barry et moi, on se ressemblait, de par les durs faits de la vie et d'abandons. Le feeling est passé direct entre nous, comme si on s'était reconnu l'un dans l'autre. Notre amitié à décollé dès les premiers jours à l'Université et depuis, on ne s'est plus quitté. Pas même quand Carol est entré dans ma vie. Il est resté distant avec elle, il n'aimait pas son côté superficiel, mais acceptait ma relation avec elle. Tout ce qu'il voulait, c'était que je sois heureux, et lorsqu'elle m'a abandonné — encore un autre abandon —, il a été là pour moi, ma soutenu, épaulé. Je lui en ai fait baver, mais il a continué à m'aider, sans jamais se plaindre.

—Salut vieux, me salue-t-il à mon arrivée. Je t'ai pris un café noir, serré, comme tu l'aimes.

—Merci, il est le bienvenu, dis-je en m'installant à la table où il est assis.

—Tu as une sale tête.

—Merci pour ta considération. J'ai très peu dormi, ces derniers jours.

—Tu veux dire ces derniers mois ?

—S'il te plaît, ne remet pas ça sur le tapis.

—Je ne comprends toujours pas pourquoi tu restes dans cette maison rempli de souvenir de Carol. Elle n'est plus là, mais partout à la fois. Pourquoi tu ne vends pas cette demeure ?

—Parce que c'est la mienne.

—Tu pourrais en racheter une autre.

—Ce n'est pas à l'ordre du jour pour l'instant.

—J'aimerais tant que tu passes à autre chose.

—C'est ce que je fais.

—Je parle en dehors du boulot.

—Moi aussi.

—Ah ? Tu as rencontré quelqu'un ?

—Disons... non, je ne sais pas si je suis prêt à me jeter dans une autre relation, mon histoire avec Carol me reste encore en travers de la gorge.

—Elles ne sont pas toutes comme elle.

—Je sais.

—Bon alors, explique moi. Car tu as bien « rencontré » quelqu'un.

—Je discute avec une personne, effectivement. Sur l'un des sites où tu m'as inscrit.

—Ah, ça a donc porté ses fruits !

—Un peu.

—Comment elle s'appelle ?

—Je l'ignore, on est qu'au début de conversations polies. On verra où ça nous mèneras.

—Mouais...

—Bon, alors, cette réunion !

La demi-heure qui suit, on discute boulot. Barry n'est pas dupe, il sait que j'ai éludé la conversation précédente et je sais qu'il reviendra à la charge là-dessus. Mais pour l'instant, on a autre chose à penser. Comme cette réunion hebdomadaire et le voyage de quelques jours qui finira par m'éreinté complètement. Mais c'est pour le boulot, je ne peux le contourner. Et à vrai dire, je n'en ai pas envie. Bouger, bosser, me fait penser à autre chose. Tout comme ma nouvelle correspondante dont je suis impatient d'avoir une nouvelle réponse de sa part.

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Coucou mes chatons ♥

Regardez, un nouveau chapitre ♥ Et sous le point de vue de Noah! Alors, que pensez-vous de lui? Pas grand-chose je suppose, après tout, ce n'est que le début de l'histoire, mais j'aime bien avoir votre avis.

Des bisous ♥