Chapitre 2 - Capucine
Le froid glacial de l'hiver plutôt rude en ce mois de décembre me fouette immédiatement le visage lors que je mets un pied dehors, accompagnée de Roxanne. Je me renfrogne dans ma doudoune, fourre mon nez dans ma grosse écharpe, ce qui évidemment, fait rire mon amie. Je n'aime pas quand la température est en dessous de 0, encore moins quand il neige et gèle ! Tout le contraire de ma comparse qui elle n'est pas du tout frileuse. Elle porte à peine une veste, pantalon, évidemment, et bottines. Pas d'écharpe ou bonnet. Elle souffle sur ses mains, mais le temps froid ne lui fait pas plus d'effet que cela.
Quelques flocons fondants tombent du ciel d'un blanc immaculé, et je n'ai qu'une envie : être chez moi, emmitouflée dans ma couette avec un bol de cacao bien chaud. Ou une soupe ! Je suis très frileuse et j'adore me coller à des radiateurs bouillants.
On traverse la rue et pénétrons dans le snack où on aime se réfugier pour un café ou une petite bouffe. Et il fait bien meilleur ici qu'à l'extérieur !
Evidemment, ce n'est pas toujours dans cet endroit que l'on va durant le temps du midi. Il nous est arrivé de prendre un sandwich et manger au bureau, ou d'aller s'enfiler un cornet de pâte... On aime bien se diversifier, sinon on s'enfoncerait dans une routine en plus de celle qu'on a déjà. Le changement, ça peut faire du bien, tant que ce n'est pas dans l'excès. Et avec Roxanne, ce n'est jamais le cas ! Pas de train-train habituel. Elle est extravagante, met toujours le petite touche qu'il faut pour mettre un peu de gaieté dans une journée morose. C'est la première à me tirer de mon cocon bien douillet lorsque je reste enfermée chez moi par exemple, ou me sortir des locaux pour que je prenne l'air.
On s'installe à une table près de la fenêtre et non loin d'un radiateur. Elle me connaît si bien ! Elle sait que je veux toujours me placer là où il y a le plus de chaleur possible.
Même si je déteste l'hiver, j'adore regarder les flocons tomber — si je ne suis pas juste en dessous, évidemment —, apercevoir ce magnifique manteau blanc tout recouvrir qui offre un paysage époustouflant, surtout le matin, quand aucun pas ne recouvre encore la neige. Et bien sûr, à côté d'un radiateur, ça va de soi.
On passe commande et nos boissons nous sont rapidement apportées, chaude pour moi, voir presque brûlante. Ici aussi, on me connaît bien, on a nos petites habitudes. Roxanne boit une gorgée de la sienne, pose ses coudes sur la table et me fixe.
—Quoi ? fis-je.
—Ben, montre-moi !
—Rhoo... que tu es impatiente !
—J'ai assez attendu comme ça. Allez !
—Oui, oui, attend une seconde.
—Je ne fais que ça, mon attachiante !
Et la revoilà avec ces surnoms composez. Attachante et chiante, vous voyez ? Je souris, je ne peux m'en empêcher car à vrai dire, j'aime quand elle m'appelle comme ça.
Je secoue la tête et extirpe mon téléphone de mon sac. Je chipote un peu dedans et une fois connecté sur le site — et avoir fait abstraction que j'ai eue des poke et deux messages —, je le lui tends avec mon profil à l'écran. Les yeux rétrécis, son attention est portée sur chaque détail. Elle a la manie de tout décortiquer. Encore plus lorsque je suis concernée.
Quand elle m'a parlé de ce site lover.be, j'ai cru qu'elle était tombée sur la tête, mais non, elle l'a bien accrochée à ses épaules. Elle a de ces idées loufoques, parfois...
Elle m'a raconté comment elle s'était trouvé une amie, un bon pote, un plan cul... Oui, oui, elle y rencontre des filles ! Roxy est bisexuelle, elle aime la diversité et les découvertes. Et elle les assume ! Mais il n'y a jamais été question de sexe entre elle et moi, je ne l'attire pas de cette manière et heureusement ! Moi, je suis cent pour cent hétéro, même si je ne suis avec personne pour l'instant et que jusqu'à présent, je ne suis tombée que sur des loosers. Il n'y a jamais eu non plus de préjugés entre elle et moi. Chacun est comme il est et toutes les deux, on s'est acceptés comme l'on est. J'adore quand elle me raconte ses rencontres avec l'agent féminine, ses histoires sont aussi pétillantes que si elle rencontrait un mec. J'aimerais avoir sa vivacité d'esprit, l'aspect audacieux de sa personnalité, mais j'ai toujours été réservé, je n'aime pas oser. Je suis une froussarde dans l'âme ! Ça l'a fait rire plus d'une fois. On est le jour et la nuit, mais on se complète bien.
—Mouais, fit-elle. C'est limite ce que tu racontes sur toi... Et il n'y a même pas ta photo !
—Je ne vais quand même pas m'exhiber devant le monde entier !
—Il n'est pas question de ça, mais au moins, ton interlocuteur verrais à quoi tu ressembles, que tu ne mens pas sur ta couleur de cheveux ou ton physique, par exemple.
—Parce que tu crois qu'eux, ils ne mentent pas ? Je suis certaine que les trois quarts des photos sont fausses. Quant à ce qu'ils disent sur eux...
—Hum... tu n'as pas tords. Mais il faut mettre une photo !
—OK, ma main alors ! Rien d'autre de mon corps, précisé-je devant sa mine renfrognée.
—D'accord, soupire-t-elle.
On recule nos verres et nos assiettes qui sont arrivées entre temps, et je croise mes mains sur la table. Elles sont fines, manucurées, et une bague orne un de mes doigts. Elle vient de chez Cartier, elle est en or, une fleur en son centre avec des rubis jaune et mauve. C'est un cadeau de ma mère avec qui j'ai repris contact il y a deux ans. Avant cela, pendant longtemps, on ne s'était plus parlé. Avec elle c'est... compliqué.
Il y a toujours de mauvaises ondes entre elle et moi, du à notre passé assez sombre. Je l'aime, mais en même temps, il y a du ressentiment. On est pas proches et certaines conversation amènent à la dispute. Elle me crie souvent que je vis dans le passé, que je ne sais pas avancer... Elle ne cesse de me faire des remontrances, de me trouver des défauts... Evidemment, je ne réplique pas, malgré que je lui en veuille de me traiter comme ça, je ne veux pas lui faire de la peine. Souvent, cela se termine ainsi : je m'éloigne ou je claque la porte, les larmes ravageant mes joues.
Elle n'est pas tendre. Un peu hautaine, distante. Et à d'autres moments, elle peut être si adorable ! Avec elle, je marche sur des œufs et je ne sais jamais comment me comporter.
Roxanne ne l'aime pas. Souvent, elle me dit que je ne lui doit rien et qu'elle me fait plus de mal que de bien. Quand cela se passe mal avec ma mère, c'est dans ses bras que je vais pleurer. Elle me console pour ensuite me secouer. Mais dès que ma mère appel, je baisse les armes. Encore une fois, je me laisse marcher sur les pieds et ma meilleure amie déteste ça. Je suis trop gentille, selon elle. Elle n'a pas tords. Ou trop stupide ?
Roxy l'a rencontré quelques fois, et dès la première fois, elle la détesté. Ma meilleure amie connaît tout de moi, ainsi que le passé, ma situation familiale complètement tordu, les douleurs, les souffrances que j'ai dû endurer. Et elle ne supporte pas qu'on me mette plus bas que terre.
Quoi qu'il en soit, moins je la vois, mieux je me porte. Et j'évite souvent ses appels, je sais comment ça va se terminer. Elle n'aime pas que je la laisse dans le vent, elle adore être le centre du monde.
Ma mère m'a invité à passer Noël avec elle, je n'en ai aucune envie, mais je n'ai pas pu refuser. Ça fait au moins deux semaines que je cherche une excuse pour me débiner, mais rien ne me vient à l'esprit. Je ne peux être avec Roxy ces jours-là, car elle s'en va dans sa famille qui vit à plusieurs kilomètres de Los Angeles. On est le 10 décembre, j'ai intérêt à trouver une solution, et vite ! C'est triste à dire, mais à part ma meilleure amie, je n'ai personne d'autre chez qui me réfugier. Ma vie sociale est un désert affligeant !
—Voilà, et posté !
Je sors de mes sombres pensées et observe l'écran. Ma foi, c'est pas mal.
—Voyons voir les messages, maintenant.
—Non, c'est bon !
—Il faut que tu interagisses avec les autres, ma chérie ! Ce site, c'est de l'échange pour apprendre à se connaître, alors ne met pas d'œillères ! Ce n'est pas le tout d'avoir un profil, il faut aussi aller vers les autres, même si j'ai bien conscience que ce n'est pas ta tasse de thé. Bon, je te l'accorde, il risque d'y avoir des relous, mais je vais te guider et te montrer ceux qu'il vaut mieux éviter.
Un soupir franchit mes lèvres et je la laisse faire. Inutile de lui dire que je ne recherche personne, je l'ai déjà fait au moins cent fois ! Elle s'est donnée la mission de me trouver « un type bien ». Est-ce que ça existe, seulement ? Pas sûr...
—Bon alors, je te fais un topo. Si un gars te parle, mais que tu remarques tout de suite qu'il ne parle pas bien français et que c'est clair que c'est soit disant pour une femme sérieuse. Comme par exemple : moi faire connaissance avec toi. T'es d'où ? Moi d'Algérie... Tu comprends tout de suite où ça va vous mener. Oui, ce genre de site, c'est cool si tu rencontres quelqu'un, mais avant, c'est échanger, faire connaissance et puis pourquoi pas se donner un premier rendez-vous ? Mais pas directement du rentre dedans ! Tu vas tomber sur quelques débiles, moi je les repères directement maintenant et je ne leur réponds même pas.
—Eh bien, tu en sais long, dis donc...
—Tu ne crois pas si bien dire, ma chiantille !
Je secoue la tête tout en souriant. Je reprends ensuite mon téléphone et on termine notre repas. La conversation dévie sur autre chose, et je n'en suis pas mécontente !
Qu'elle m'oublie un peu, elle et mon profil sur lover.be ! Mais la connaissant, je ne suis pas encore sortie de l'auberge. Quand Roxanne à une idée en tête, elle ne l'a pas ailleurs malheureusement pour moi...
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Coucou mes chatons ♥ Les aventures de Capucine continue. On perçoit un peu son caractère, non? Et que sa Roxy est bien plus audacieuse qu'elle^^ Elle semble avoir des relations difficiles avec sa mère... suivez bien l'histoire, nous découvrirons ce qui se trame!
Des bisous ♥
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