Chapitre 19 - Capucine


La routine a repris avec le boulot. Fini les petites vacances entre les deux réveillons ! Et j'ai du pain sur la planche !

Les choses ne changent pas ; Patrick est toujours autant détestable. Cependant, il ne m'aboie plus dessus, ses piques sont plus sournoises et précises. D'un ton doucereux, il me rabaisse, m'enjoint à faire un meilleur travail que le torchon que je rends. Il s'est fait remonter les bretelles par les grands patrons, et ce n'est même pas de ma faute ! Moi c'est moi qui prends. Ce n'est pas pour rien que je n'ai rien dit à Noah, c'était pour éviter qu'il se venge. C'est lui qui s'est fait prendre à nous traiter tous comme des moins que rien, mais c'est sur moi que ça se répercute. Pour ne pas changer. Et quand de mauvaises paroles ne franchissent pas sa bouche, c'est son regard qui parle pour lui.

Il me met vraiment de plus en plus mal à l'aise...

Les journées sont longues, pénibles et... froides ! J'ignore pourquoi, mais mon radiateur ne fonctionne plus. Ce matin, lorsque Patrick ouvre encore ma porte sans s'annoncer, je lui en fais part d'une petite voix.

— Ne prends pas n'importe quelle excuse pour ne pas travailler ! Tu n'es pas payé à ne rien faire !

— Mais...

Son regard noir me fusille. Il n'élève pas la voix, mais son ton est méprisant.

— Au boulot, je n'ai pas à courir après toi pour avoir ton article.

Il repart après ces mots assassins. Je souffle et me frotte les mains l'une contre l'autre. Il a quand même senti qu'il faisait froid, non ? Je ne l'imagine pas ! Moi qui suis frileuse, me voilà sans la chaleur de mon radiateur et visiblement, mon chef de service ne compte rien faire...

La matinée s'éternise. Roxie vient me chercher pour qu'on aille manger ensemble, en face. Sortir de ces bureaux va me faire du bien et je veux me coller à un radiateur !

Quand ma meilleure amie entre dans ma pièce de travaille, elle frissonne.

— Brrr... mais il fait frisquet, ici !

— Je sais, ça fait plusieurs jours que mon radiateur est en panne.

— Et tu ne l'as pas signalez ?

— Si...

Au même moment, Patrick passe devant mon bureau où la porte est ouverte. Roxie le regarde. Il nous fusille toutes les deux.

J'attrape mon sac, manteau, bonnet, écharpe et me lève. Je glisse ensuite mon bras sous celui de mon amie.

— Allons parler ailleurs, chuchoté-je.

Elle hoche la tête.

Cinq minutes plus tard, on est assis à une table du restaurant, moi collé à un radiateur chaud.

Que ça fait du bien !

On passe commande, puis, avec sérieux, Roxie me sonde.

— Donc, tu as signalez ton problème ?

— Oui, mais Patrick fait la sourde oreille. Pour lui, c'est une excuse pour ne pas travailler !

— Quel con ! Tu es toujours en contact avec Noah ?

Je baisse les yeux. Je ne lui ai pas encore avoué que Noah a réussi à me convaincre de vivre notre relation cachée, même si c'est contre l'éthique.

— A la tête que tu tires, j'imagine que vous n'avez pas arrêtez de vous voir...

— Je sais que j'aurais dû tout arrêter, mais... je n'y arrive pas ! Je... je m'attache beaucoup à lui, dis-je en relevant les yeux.

Tendrement, elle me sourit.

— Je te comprends, ne t'en fait pas et je ne te juge pas. Il faut juste que tu fasses très attention.

— On ne se montre devant personne.

— Il est donc d'accord avec ça aussi.

— Oui. Il voudrait qu'on se donne une chance. Je crois qu'il tient un peu à moi.

— Je ne le connais pas plus que ça, mais je ne pense pas que ce soit quelqu'un de mauvais. La situation est délicate parce que c'est ton supérieur. Et puisque Patrick ne veut rien entendre, dis à Noah qu'il y a un problème avec le chauffage de ton bureau !

— Je ne peux pas faire ça ! Patrick va savoir que j'ai été me plaindre plus haut et il pourrait s'imaginer n'importe quoi, peut-être même carrément deviner qu'il y a quelque chose entre Noah et moi !

— Pas faux.

Elle réfléchit. Pendant ce temps nos assiettes arrivent.

— Il faudrait en parler au technicien ou je peux en faire part à Barry ! Il passe à mon étage cette après-midi. Je pourrais lui dire que j'ai été te chercher ce midi, ce qui est vrai, et que j'ai constaté qu'il faisait frais. Lui dire que peut-être, il y a un souci à ton étage ? Comme ça, il vérifiera tous les radiateurs et pas seulement le tien.

— Tu crois ?

— Oui, tu ne peux pas rester ainsi ! Tu tomberas malade, sinon !

Elle a raison, mais ça m'angoisse quand même. Je veux éviter une quelconque rumeur concernant Noah et moi.

On discute d'autres choses et je lui fais part de la dernière scène de ma mère. Roxie souffle, exaspérée.

— Cette femme, c'est une plaie !

— Elle est fâchée parce que je lui ai posée un lapin. Je lui ai dit que j'étais avec quelqu'un, sans citer son nom, je fais très attention. Mais elle ne veut rien entendre. Elle veut que ce soit elle qui me choisisse un homme qui me correspond.

— Elle ne te connaît même pas plus que ça !

— Je sais.

— Il faut que tu mettes un frein à ses agissements, Capucine. Elle n'a aucun droit de dicter ta vie ! Elle ne t'a même pas élevé. Elle revient comme ça, du jour au lendemain, la bouche en cœur et croit que le passé peut être balayé comme ça. Non ! On ne doit pas rester focaliser sur le passé, mais l'a concernant, elle a fait trop de dégât. Tu as souffert à cause d'elle. Elle t'a renié sans même chercher la vérité. Tu n'étais qu'une petite fille à l'époque, qui avait besoin de sa mère et elle t'a tourné le dos. Et maintenant, elle croit pouvoir rattraper autant d'années en te disant dans quoi travailler, comment t'habiller, te coiffer et qui fréquenter ? C'est n'importe quoi ! Elle veut être là pour toi ? Ok, je peux le concevoir. Mais pas en t'imposant quoi que ce soit. T'écouter, t'épauler, te conseiller, oui, mais pas la manière dont elle agit. Ouvre les yeux, Capucine ! Cette femme ne mérite pas ton intérêt car elle ne te prend pas en considération !

Elle a raison, j'en ai conscience, mais Catherine reste ma mère. Je l'aime. Malgré le passé. Malgré ses défauts. Malgré le fait qu'elle me rende folle ! J'ai attendu tant de temps pour qu'elle me fasse enfin un signe et elle me porte enfin de l'intérêt. Cependant, oui, il faut mettre un frein, mais j'ai peur de ne pas avoir la force nécessaire. Je veux qu'elle se calme, pas qu'elle me raye à nouveau de sa vie.

La pause déjeuné terminée, on retourne au boulot. Au milieu de l'après-midi, Noah m'envoie un message. Rien que de voir son nom s'afficher me tire un sourire.

Nous sommes discrets, autant qu'avant. Rien ne peut soupçonner que j'entretiens une liaison avec mon patron. Mais je reste quand même sur mes gardes. C'est aussi pour ça qu'on reste sur les messages et qu'on ne s'envoi plus du tout de mails, comme avant les fêtes où on avait décidé d'agir ainsi.

[Tu as des soucis de radiateur, bébé ?]

Je me mordille la lèvre. Ce surnom qu'il me donne m'attendrit ! C'est la première fois qu'un homme avec qui je suis m'appelle ainsi.

[Sûrement un problème dans mon étage. Je n'ai pas encore vu le technicien pour lui en faire part.]

[Patrick ne nous a pas informé de quoi que ce soit. Il est au courant ?]

Mince ! Soit je dis la vérité, soit je mens. Je ne veux pas me retrouver dans l'un des cas. Cependant, Noah m'évite cela en m'envoyant un autre message.

[Barry va passer tout vérifier avant de faire venir le technicien.]

[Merci.]

[C'est normal. Ma réunion se termine vers 20 heures, je passe chez toi, après ?]

[Si tu veux.]

[Oui, j'ai envie de te voir. J'apporterais de quoi manger.]

On ne se voit pas tous les jours, Noah travaille beaucoup, mais dès qu'il peut faire un saut chez moi, il le fait. Ou alors, je me rends en taxi chez lui. Cela dépend de ses disponibilités. C'est plus complexe quand je dors chez lui, que ce n'est pas prévu et que je doive me réveiller plus tôt pour faire un saut chez moi avant de me rendre au bureau.

Je me remets au travail. Frictionne souvent mes mains, dont mes doigts sont engourdis à cause du froid.

On frappe contre ma porte en fin d'après-midi.

— Entrez.

La porte s'ouvre, je relève la tête et croise le regard de Barry, accompagné de Patrick qui, une fois encore, me lance un regard noir.

— Bonjour Capucine. Tu permettes que je vérifie ton radiateur ?

— Oui, bien sûr.

Il s'avance dans la pièce, regarde au radiateur puis se tourne vers moi.

— Depuis quand il ne chauffe plus quand tu l'allumes ?

— Quelques jours.

— Hum...

Il se tourne vers Patrick.

— Il y en a d'autres que je dois voir ?

— Non, c'est le dernier.

— Je vais appeler le technicien, il y a peut-être un souci technique pour celui-ci puisque les autres fonctionnent très bien.

— D'accord.

— Capucine, dit-il en se tournant vers moi. Accompagnes-moi, je vais te donner un petit radiateur électrique en attendant que ce soit réparer.

— Ça bouffe de l'électricité, ces machins-là, bougonne Patrick.

— Elle ne peut pas travailler dans ces conditions. La prochaine fois qu'un problème de ce genre survient, préviens-nous directement, Patrick !

— Capucine ne m'a pas déclaré ce problème !

J'ouvre la bouche sous l'aplomb de son mensonge.

— Tu ne vas pas me faire croire que tu n'entre pas dans cette pièce au moins une fois par jour ! Le bien-être des employés est primordial ! Si nous ne sommes pas au courant de ce genre de désagrément, elle peut tomber malade. Si elle tombe malade, la rubrique est mise en pause puisqu'elle est la seule à s'en occuper et si c'est mis en pause, ça a un impact sur la sortie de la semaine, voire de la suivante. Je ne cautionne pas ce manque de professionnalisme !

Le ton de Barry est calme, mais dur. Patrick se recule, non sans me lancer un autre regard noir tandis que Barry se tourne vers moi.

— Viens, Capucine.

Je me lève et le suit, la tête baissée néanmoins, intimidée de suivre le grand patron comme si c'était moi qui était en faute.

On monte au dernier étage, dans les bureaux des grands patrons. J'aperçois Noah dans le sien. Il est au téléphone, mais son regard s'accroche au mien. Barry me fait ensuite entrer dans une pièce.

— Assieds-toi, me dit-il en refermant derrière nous.

Je fais ce qu'il me demande pendant qu'il se dirige vers une machine.

— Tu désires une boisson chaude ?

— Je... j'ai fait quelque chose qu'il ne fallait pas ?

— Non, tout va bien. Je veux seulement discuter. Que bois-tu ?

— Un chocolat, s'il vous plaît.

Quelques instants plus tard, il pose une tasse fumante en face de moi et il s'assied, une tasse de café à la main. Il boit une gorgée puis la pose sur le bureau.

— Je tenais à m'entretenir avec toi car j'ai eu vent de certaines choses.

— Oh...

— Tu aimes travailler pour nous ?

— Oui, bien sûr !

— Tu sais qu'on ne tolère pas le harcèlement moral ?

— Je n'harcèle personne, je le jure !

— Non, effectivement. C'est toi la victime, ici.

— Quoi, mais je...

— Ce n'est pas parce qu'on est tout en haut de la pyramide qu'on entend rien. Les bruits de couloirs nous parviennent. Ainsi que la manière dont un employé peut être traité par son chef. Alors dis-moi, comment sont tes rapports avec Patrick ?

— Je... je ne veux pas de problème.

— Tu n'en auras pas. Je l'ai déjà entendu te crier dessus, Capucine. Il n'en a pas le droit. Il ne peut pas profiter de sa position pour te malmener de la sorte.

— Il est un peu dur parfois, mais ce n'est pas si grave ! Il n'est pas ainsi qu'avec moi.

Barry me sonde. Je suis tendue comme un arc. Je ne peux dire toute la vérité au risque que ça retombe sur moi. Je ne le peux pas !

— D'accord. Lui as-tu signalez le problème de ton radiateur ?

— Oui...

Je ne peux décemment pas mentir sur ça...

— Très bien, c'est tout ce que je voulais savoir. Sache toutefois que si tu as besoin de parler, on est là. Si tu es maltraitée d'une quelconque manière, tu peux aussi venir me trouver. C'est mon job de m'assurer que tout se déroule bien pour nos employés.

— D'accord.

Il se lève et sort de son armoire un petit radiateur.

— Tiens, sers-toi de ceci le temps que le chauffage dans ton bureau soit réparé.

— Merci, dis-je en le prenant.

Je quitte son bureau. Cependant, un poids sévit dans ma poitrine.

Je quitte l'étage, le feu aux fesses.

Cet entretient ne va pas rester sans suite. Je le sens. Patrick vaencore s'imaginer n'importe quoi !

*******************

Coucou mes chatons ♥

Noah et Capucine sont de retour ♥ Patrick fait des siennes... quel petit chef chiant! Barry entre en scène. Comment ça se se terminer, tout ça...

Des bisous ♥

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top