Chapitre 18 - Capucine


Noah est resté tout le week-end chez moi. L'après-midi du dimanche touche à sa fin. Dès demain, le boulot reprends.

Dès demain, tout doit revenir à la normal.

J'ignore comment je vais pouvoir gérer cela, y faire face. Ces deux jours ont été comme un rêve.

On a fait l'amour. Plusieurs fois. Tendrement. Passionnément. Longuement. Il n'en avait jamais assez, et moi non plus. Je ne me connaissais pas ainsi. Noah me surnomme « son petit volcan ». Moi, qui suis si calme, lorsqu'il attise le désir en moi je me transforme complètement. Sans gêne, ou à peine. Cela ne me ressemble pas du tout ! Ça m'effraie un peu, mais dans l'action, je n'y pense pas. Je ne songe qu'à ce qu'il crée en moi, ce désir intense qui coule dans mes veines. C'est complètement fou ! Surtout que j'adore ça.

Il me vénère tant et si bien que je ne suis pas complexée de me mettre nue devant lui. Et pourtant, ça m'a souvent handicapé pour mes rapports avec les hommes. Il me rend belle, désirable. Sans passé. Juste Capucine qui désire un homme sans honte et qui se lâche dans la luxure.

Je me sens différente avec lui, et en même temps, non. C'est comme si une facette de moi endormie s'éveillait enfin pour compléter celle que je suis vraiment.

C'est... effrayant. Euphorisant. Palpitant.

Allongée sur le ventre, il dépose de doux baisers sur mes épaules, mes omoplates, la chute de mes reins. J'adore sa tendresse autant que sa passion.

Plus rien ne sera comme avant. C'est impossible. On a passé ce fil rouge dont on n'avait pas le droit. J'ai peur de ce que ça va donner dans les jours à venir.

Est-ce que ça va se lire sur mon visage que je couche avec mon patron ? Vais-je me trahir par un geste quelconque ? On ne se croise quasiment jamais dans les couloirs. A part Barry qui fait régulièrement des rondes...

— Tu gamberges, Capucine, murmure Noah contre ma peau. Ton dos ce noue ici...

Il appuie doucement son doigt sur un muscle.

— Et ici...

Il le glisse ensuite sur un autre. Je frissonne.

Lentement, je me retourne, faisant fi de ma nudité.

— Désolée, dis-je dans un sourire crispée. C'est juste que...

— Tu te questionnes encore.

— Hum...

— Ne te torture pas l'esprit. Ce qu'il y a entre nous, reste entre nous. Et je dois dire que de te voir ainsi...

Son regard s'enflamme et s'abaisse sur ma poitrine. Instantanément, je rougis et la couvre de mes bras. Seulement, il me les écarte.

— Non, non...

Il lèche le bout de mon sein qui se dresse. Mon corps se tend sous cette caresse. Mon ventre se contracte et je serre les cuisses. Rien que par ce geste, il m'excite à nouveau. C'est inouï !

Il passe à l'autre, qu'il mordille, il l'aspire entre ses lèvres. Je ne peux m'empêcher de gémir.

— Noah...

Ses lèvres descendent sur mon ventre où il s'amuse à faire des arabesques de sa langue tandis que ses paumes malaxent mes seins.

J'attrape son visage entre mes mains, le remonte vers moi tout en riant. Il m'embrasse.

— Tu as eu assez, lui dis-je.

— Non, pas encore.

Il m'embrasse à nouveau. Nous sommes interrompus pour la énième fois par mon téléphone qui vibre. Ça n'a pas cessé depuis ce matin. Je soupire, sachant pertinemment qui est-ce.

— Tu devrais décrocher.

— C'est sûrement ma mère. Depuis que je lui ai fait faux bond à Noël, elle n'est pas très contente. Si c'est pour encore l'entendre me critiquer...

Un long soupir m'échappe et je fixe le plafond, toute envie envolée.

Noah s'allonge à côté de moi, joue avec mes mèches comme il l'a fait souvent durant ces deux jours. J'adore quand il les chipote ! Surtout quand ses doigts glisses dans mes cheveux ou qu'il me masse le crâne !

— Pourquoi ne t'a-t-elle pas élevée ? Elle a été déchue de ses droits ?

Je fronce des sourcils, réfléchissant.

— Je ne sais pas, soufflé-je. J'avais 8 ans quand elle a perdu ma garde.

— Si jeune ! Qu'a-t-elle fait pour que ça en arrive là ?

— Rien.

Et c'est vrai, elle n'a rien fait. Elle n'a pas levé le petit doigt. N'a pas cru sa fille. La personne qu'elle a renié, c'est moi. Ça m'a fait tellement mal ! Elle était tout pour moi, je l'adorais tellement...

Le silence pèse. Noah ne me pose aucune question, mais je sens qu'il aimerait savoir. C'est trop tôt pour moi.

— J'ai été vivre chez mon père jusqu'à mes 13 ans.

— Il a été aussi déchu de ses droits ?

— Non, c'était à sa demande. J'allais chez lui le week-end et les vacances, jusqu'à mes 16 ans.

— Il ne pouvait plus t'élever sans aide ?

— Ce n'est pas ça. Il le pouvait, mais avant la demande de placement, il vivait avec une femme. Elle pouvait partir dans l'hystérie pour un rien, piquer une crise et tout casser sur son passage.

— Sérieux ?

— Oui, elle a foutu en l'air plus d'un Noël en poussant le sapin au sol dans l'une de ses « crises ». Elle me battait aussi. Mon père ne l'a su que vers la fin, je n'osais rien lui dire. Cette femme me détestait, parce que je m'étais immiscé entre elle et mon père. Elle n'arrêtait pas de me dire que ma mère ne m'aimait pas, que personne ne pouvait aimer une fille grosse comme moi. Elle se vengeait quand elle devait s'occuper de moi. Elle me tirait les cheveux en me coiffant, me pinçait les joues, frappait mes cuisses avec une louche ou une spatule. Quand ils se disputaient, c'était de ma faute, toutes les excuses étaient bonne... Quand mon père et elle se sont séparés, un poids s'est enlevé de mes épaules. Cette femme me terrorisait.

— Bébé...

Je me tourne vers lui. Il me fixe avec tant de tristesse que les larmes me montent.

— Non, s'il te plaît, pas de pitié. C'est le passé tout ça. C'est fini.

Sa main se lève et tendrement, il caresse ma joue.

— Je n'éprouve pas de la pitié, seulement de la tristesse car tu as eu une enfance malheureuse.

— Tu sais, longtemps j'ai aimé ma mère, puis au fil des années je me suis résigné. J'ai détesté cette femme, Julie. Mais j'ai adoré Adèle.

— Qui est Adèle ?

— La femme que mon père a épousée quand j'avais 15 ans. Elle était gentille avec moi, douce, délicate... Toujours souriante !

— Mais tu n'es pas retourné vivre avec ton père malgré tout.

— Non.

Il ne me demande pas pourquoi et silencieusement, je l'en remercie. Je ne veux pas ouvrir cette brèche , je me suis épanché plus que je ne le devais. Il n'y a que Roxie qui connaît tout de A à Z.

— Et comment as-tu rencontré ta meilleure amie ?

Je souris en me remémorant ce souvenir.

— J'avais 14 ans quand elle est arrivée au centre. Il y avait un étage pour les garçons, et un autre pour les filles, mais on n'avait pas de chambre individuelle. On était à trois dans la même chambre. Dans la mienne, j'étais seule, jusqu'à son arrivée. Les filles dans la chambre voisine, je ne m'entendais pas du tout avec elles.

— Pourquoi ?

— Elles me rabaissaient constamment, se moquaient et parfois piquaient dans le peu d'affaires que j'avais. Roxie a déboulée dans ma vie comme un boulet de canon ! Elle ne se laissait marcher sur les pieds par personne et alors que c'est moi qui aurais dû la prendre sous mon aile, l'inverse s'est produit. Elle a une fois arraché les cheveux de l'une des filles qui me posait problème.

— Sacré caractère, dis donc !

— Oh oui ! Et elle n'a pas changé à l'heure actuelle. Elle ne supporte pas l'injustice, les moqueries ou la méchanceté gratuite. Depuis ce jour où elle a débarqué dans ma vie, on n'a tout fait pour ne jamais être séparé. Pendant nos années universitaires, on a partagé la même chambre.

— Comment ça se fait que je vous ai engagé toutes les deux ?

— Elle a été la première a travailler pour toi. Moi je n'ai eu mon poste que deux ans plus tard, quand tu as créé ma rubrique. J'ai postulé, et voilà !

— Un coup de chance pour moi, sourit-il.

— Peut-être, souris-je à mon tour. Et toi ?

— Quoi, moi ?

— Eh bien, tu m'as parlé un peu de ta famille, mais comment a été ton enfance ?

— Il y avait des jours sans et des jours avec. Je crois que je me suis vite fait au mode de vie de mon père tout en la détestant. L'arrivée de Juliette a changé beaucoup de choses en moi. Même si elle n'est que ma demi-sœur, dès qu'elle est née, pour moi, à mes yeux, c'était ma sœur à part entière. Je l'ai protégé autant que je pouvais de notre famille. Je l'ai poussé vers l'autonomie le plus tôt possible et à ce qu'elle quitte la demeure familiale à sa majorité. C'est néfaste de rester vivre là-bas. On pense souvent que quand on vit dans le luxe, on ne manque de rien. C'est faux. L'amour paternel et maternel manquait cruellement. Mais pas celui fraternel. Je pense que c'est ce qui nous a permis de garder le cap, à Juliette et moi. Dès mes études universitaires, j'ai tout fait pour tripler mes cursus. Je voulais monter ma propre entreprise, m'affranchir de ma famille mais aussi avoir quelque chose par moi-même, et non vivre aux crochets de la fortune de ma famille. Barry partait dans la même optique que moi et on a monté notre entreprise.

— Tu le connais depuis toujours ?

— On a fait nos études ensemble. Dès qu'on s'est rencontré, on est devenu très complice et une amitié très forte nous a liée rapidement.

Mon portable sonne a nouveau et je soupire une nouvelle fois.

— Je crois qu'elle ne s'arrêtera pas tant que tu n'auras pas répondu.

— J'en ai bien peur, soufflé-je.

Je me redresse, attrape la chemise de Noah que j'enfile. J'attrape ensuite mon portable et grimace en constatant que c'est bien ma mère.

— Bonjour, maman.

— Enfin, ce n'est pas trop tôt ! J'étais sur le point de venir jusque chez toi !

— Je suis occupée, maman. Pourquoi m'appelles-tu ?

— Tu te fous de moi ? Tu as oublié le lapin que tu m'as posé au réveillon de Noël ?

— Je suis désolée, j'ai eu un imprévu de dernière minute.

— C'est n'importe quoi ! J'avais fait venir des invités pour que tu les rencontres !

En sommes, des hommes !

— Maman, soupiré-je. Je t'ai déjà dit que je n'étais pas intéressée et puis... j'ai quelqu'un dans ma vie, maintenant.

Je jette un coup d'œil à Noah qui me sourit tendrement. Mon cœur loupe un battement.

Oui, j'ai quelqu'un ; Noah Vincent. Mon patron, un ami et un petit copain attentionné, tendre... Je craque pour lui jour après jour, et c'est de plus en plus fort...

— C'est n'importe quoi ! Tu ne dois pas prendre n'importe qui ! Moi je sais quel homme te conviendrait le mieux !

Et la voilà repartie dans son monologue. Comme si elle pouvait savoir cela alors qu'elle ne me connaît pas tant que ça.

Prendre cet appel était une erreur...

**************

Coucou mes chatons ♥

Retournons auprès de Capucine et Noah, j'ai l'impression que ça fait des jours que je les ai délaissé! Sûrement parce que je travaille beaucoup sur L'Eden en ce moment.

Donc, ça y est, ils sont en couple, mais en secret! Combien de temps ça durera?

Ils se dévoilent, on en apprends un petit peu sur chacun, surtout Capucine.

Quant à sa mère, on lui donnerait bien des baffes, non?

Des bisous ♥

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