Chapitre 11 - Noah
J'ai faillis l'embrasser ! J'en meurs d'envie, d'ailleurs ! Cette journée hors du temps, de mon quotidien, du boulot, en présence de Capucine est l'un des plus idylliques que je n'ai plus vécu depuis longtemps.
J'ai presque dérapé dans cette cabine. Elle contre moi. Mes mains sur elle. Ma bouche qui ne réclamait que la sienne. Lorsque ma langue a touché sa lèvre, mes neurones ont failli griller. J'ignore comment j'ai fait pour rester maître de la situation. J'en veux plus, tellement plus. Je désire de plus en plus cette femme. A son contact, il m'est difficile de rester en simple amis, et pourtant, c'est ce que l'on est. Simplement des amis.
Quand elle m'a appelée peu avant midi, j'étais en réunion, que j'ai écourtée le plus vite possible. L'entendre en pleur au téléphone m'a donné un coup au cœur.
Si au début, elle est restée évasive sur ce qui s'est passé avec sa mère, lorsque je l'ai emmené au restaurant, elle m'en a parlé davantage. Je l'ai poussé à le faire en la questionnant. Elle s'est ouverte, m'a dit, avec toute la timidité dont elle est seule capable d'avoir, les mots blessants que sa mère lui a dit et qui lui ont fait mal. Je sens que cette femme, je vais la détester. Non, je la hais déjà pour se comporter comme elle le fait avec Capucine. C'est sa fille bon sang !
C'est pour cela que j'ai voulu passer le reste de la journée avec elle, pour lui changer les idées. Mais aussi, parce que j'en avais envie. Ce n'était pas prévu, mais cela me fait du bien. Ne pas penser au boulot ou ruminer chez moi, ou encore me vider la tête à la salle de sport. La compagnie de Capucine est bien plus agréable et me fait penser à d'autres choses ; comme son sourire, ses yeux pétillants, son corps près du mien. Nos mains enlacées. Je n'ai d'yeux que pour elle, et je ne veux pas regarder ailleurs. Pas aujourd'hui.
Je la sens perturbée par ce qu'on a échangé dans la cabine. Moi-même j'en suis retourné.
Nous continuons notre balade, comme si de rien était. Ça l'a détend et je prends la mesure de ce que j'ai fait. Capucine n'est pas n'importe quelle femme. Elle est réservée, repliée sur elle-même, timide. Elle n'est pas du style à laisser un homme l'a touché comme il l'entend. Je me demande combien de relation a pu-t-elle connaître... La dernière l'a blessée, mais à quel point ? Elle ne m'a jamais répondu sur ce sujet. Je suis bien conscient que ça prendra du temps. En attendant, je veux partager le plus de choses avec elle, la découvrir, apprendre à nous connaître mutuellement et lui prouver qu'elle peut avoir foi en moi.
En fin de soirée, nous nous arrêtons à la patinoire au cœur du marché qui fait 500 m2.
— Oh non, Noah !
— Mais si !
— Je ne sais pas patiner !
— Je ne te lâcherai pas ! Allez, viens !
Je la tire avec moi. Elle fait un peu la moue et face à cette mine, je ris. Qu'elle est adorable !
Au chausse des patins, et comme je viens de le lui promettre, je ne la lâche pas. Et pas uniquement pour éviter qu'elle tombe, mais parce que je ne veux pas rompre ce contact.
Ses pas glissent sur la glace, incertains. Elle trébuche quelques fois. Je la serre contre moi. Elle se cramponne à mes bras. Heureusement que je maîtrise, sinon on se serait pris une galoche depuis longtemps ! Elle rit tout contre moi, les joues rouges, les pupilles brillantes. Ce son et cette vision gonflent mon cœur de joie. Ce soir, je jure qu'elle ne pleurera pas dans son coin à cause de sa mésaventure avec sa mère. Je veux qu'elle s'endorme, le sourire aux lèvres, en pensant à moi et à notre journée magnifique ensemble.
On rend les patins une demi-heure plus tard et avant de partir du marché, on s'arrête à un stand pour déguster une délicieuse Planche à partager autour d'un Vin de France. La charcuterie est délicieuse, accompagné de pain et fromage.
On termine par un café gourmand et des sucreries qui ravissent nos papilles. Autant finir cette soirée en beauté !
— Je vais finir grosse comme une baleine, rit-elle.
— Mais non, souris-je.
Elle a de la crème au coin de sa bouche, que j'ai envie de lécher. Mais je me ravise, et à la place, je tends ma main vers elle, le lui enlève de mon doigt que je lèche ensuite. Ses joues rosissent rien que par le geste que je viens d'avoir. Elle baisse les yeux, mais son sourire ne disparaît pas. Elle. Est. Trop. Craquante.
Nous délaissons le marché et je la ramène chez elle. Il n'est pas loin d'une heure du matin. Je n'ai pas envie de la quitter, mais toute bonne chose à une fin.
Je me gare devant son immeuble.
— Merci pour cette journée, souffle-t-elle en se tournant vers moi.
— C'était avec plaisir. Moi aussi, j'ai passé un bon moment. Je serais heureux qu'on remette ça.
Elle sourit tout en rougissant.
Elle déboucle ensuite sa ceinture, hésite un instant, puis se penche vers moi. Ses lèvres contre ma joue me tirent un délicieux frisson. Je voudrais plus qu'une simple pression de ses lèvres contre mon épiderme, mais déjà, elle se recule.
— Merci, répète-t-elle.
Elle quitte ma voiture et je la regarde entrer dans son immeuble. Elle m'offre un signe de main que je lui rends, puis disparaît de ma vue. Je pose mon front sur le volant, et souris comme un con.
Bordel ! Si je pouvais remonter de quelques heures, je le ferais, pour répéter cette journée parfaite depuis que je l'ai rejointe. Je n'ai qu'une envie ; sentir sa main encore autour de la mienne, son corps pressé contre le mien, mais surtout, son souffle contre ma bouche et ma langue qui taquine sa lèvre.
Je suis complètement ensorcelé !
***
Nous sommes le 23 décembre. Jour où je rejoins ma famille dans les Alpes-Maritimes, à Cannes, situé à la Côte d'Azur. A plus de huit heures de trajet en voiture. J'aurais bien volontiers me passer de cette visite pour les fêtes, mais elle est incontournable à Noël. Mon père n'acceptera pas que je fasse du leste et annule ma venue. Heureusement, cette année, Capucine m'accompagne, elle rendra sûrement cette visite plus supportable.
Je ne suis pas proche de mon paternel. J'aurais pu, s'il s'était occupé de moi après l'abandon de ma mère. Mais non, il préférait noyer sa peine entre les cuisses de femmes différentes pour ensuite, en épouser une qui lui a donné une fille, pour retourner par la suite dans ses travers. Et ma belle-mère n'est pas n'importe quelle femme ! Etriquée, froide, mesquine parfois et vénale. Il ne faut surtout pas oublier ce dernier point, très important ! Tant qu'elle a la richesse de mon père, elle se fiche qu'il la trompe et s'affiche devant elle avec ses maîtresse. J'ai entendu ouïe dire qu'ils faisaient même des parties de jambes en l'air à trois ! Non mais il faut le faire quand même !
Et tout ça devant ma sœur...
Elle est majeure depuis peu, et dans cette famille de fou, elle est la seule à qui je tiens vraiment. Elle est ma petite perle. C'est comme ça que je la nomme. C'est mon petit ange, que j'ai protégé le plus possible. Et elle a déjà son propre appartement, à Nice. Automne avant l'âge, elle a tout fait pour se sortir du cercle vicieux qu'est notre famille. Elle a mis les voiles dès ses 18 ans. J'ai fait pareil, je n'en la blâme pas, au contraire, je l'ai poussé à le faire.
J'enferme le dernier bagage dans le coffre et claque celui-ci. Je me tourne ensuite vers Capucine.
— Tu as tout ce qu'il faut ?
— Oui.
— Dans ce cas, allons-y ! Nous avons de la route !
On s'installe dans la voiture, bouclons nos ceintures et je mets le contact.
— Au fait, tu ne m'as pas dit où ta famille organisais ce... bal.
— Dans leur résidence, à Cannes.
— On va si loin ?
Je lui jette une œillade et sourit face à son regard écarquillé.
— Oups, j'ai oublié ce détail.
— Ce n'est pas vrai ! Tu n'oublies pas, Noah. Cela t'est impossible !
Je ris. Grillé !
— J'avoue, fais-je en m'engageant sur la route. Deux jours loin de Paris, une belle perspective, non ?
— Je le prendrais comme tel, si tu n'étais pas si tendu.
— Désolé, dis-je, perdant mon sourire. Si c'est tendu entre ta mère et toi, sache que ce n'est pas mieux entre mon père et moi.
— Et si tu m'expliquais un peu, que je sache à quoi m'en tenir...
— Comme je te l'ai dit, je n'ai pas connu ma mère. Elle m'a abandonné quand j'étais petit.
— Oh, je suis désolée pour toi.
— Ne le sois pas, ma belle, la rassuré-je en posant ma main sur la sienne. Mon père a jonglé entre plusieurs femmes, me laissant sur le côté, puis il s'est marié avec une femme. Ils ont eu un enfant, ensuite il est reparti dans ses travers.
— Il est divorcé, alors ?
— Non. Sa femme actuelle accepte ses écarts.
— Comment est-ce possible ?
— Tu as des personnes bien, Capucine, intègre, et d'autres qui ne voient que l'argent et l'argent du beurre. Sa femme, Eloïse, en fait partie. Elle se moque qu'il l'a trompe, tant qu'elle n'est pas délaisser financièrement. Un compromis qui semble très bien leur aller ! Sa maîtresse sera sûrement des nôtres.
— Eh bien ! Tu as une famille...
— Atypique, je sais ! Et la tienne ?
— Quoi, la mienne ?
— Et bien, tu m'as parlé de ta mère, mais ton père, tu n'en as jamais fait mention.
— Je n'ai plus aucun contact avec lui.
Je lui jette un nouveau coup d'œil. Sa voix s'est portée au loin, subitement et face à la tristesse dans ses pupilles, j'ai la sensation que son histoire à elle n'est pas des plus glorieuses. Elle fuit même mon regard.
— Tu veux m'en parler ?
— Il n'y a rien à dire, tu sais. J'ai rompu tout contact quand j'étais adolescente.
— Mais si t'as mère ne t'a pas élevé et que tu n'es pas resté avec ton père jusqu'à ta majorité, ou étais-tu...
Je ne finis pas ma phrase, ayant peur de la pensée qui me traverse.
— Tu as été placé, soufflé-je.
— Hum...
Je m'arrête à un feu rouge, prends ses doigts entre les miens, soulève sa main et les embrasse. Ce geste la fait rougir, son sourire est crispé.
Nous changeons de sujet. Je devine qu'elle ne veut pas s'épancher, ce que je peux comprendre. Je me rends compte que Capucine a bien plus souffert que ce qu'elle ne veut bien me montrer. Et je suis certain qu'elle cache encore de nombreux secrets. Secrets qui je l'espère, un jour, elle me dévoilera.
Après huit heures de route où on s'est arrêté de temps en temps, on arrive enfin devant la demeure de mon père. Je m'annonce à la grille qui s'ouvre et je longue le chemin.
— Ah oui, tu avais dit que ton père était riche, lance Capucine en regardant la grande demeure qui se dresse devant nous.
— Il aime vivre dans l'opulence.
— Je vois ça.
Je me gare devant le bâtiment, près d'autres voitures et nous sortons de la mienne. Je prends ensuite la main de Capucine dans la mienne tandis que le majordome vient à notre rencontre.
— Monsieur Noah, quelle plaisir de vous revoir ! sourit-il.
— Le plaisir est partagé, Nicolas. Voici mon amie, Capucine. Pouvez-vous vous occupez de nos bagages ?
— Bien sûr monsieur. Et bienvenue à vous, mademoiselle.
— Merci, souffle Capucine.
Elle est intimidée, cela se voit. Je lui souris et l'emmène ensuite vers la maison.
La gouvernante nous ouvre, talonné par Eloïse.
— Noah, mon cher ! Vous avez fait bon voyage ?
— Oui, merci. Capucine, voici Eloïse, ma belle-mère.
— Ravie de vous rencontrer, mademoiselle.
Elle se tourne ensuite vers moi.
— Ton père m'a annoncé que tu viendrais accompagné.
Je hoche la tête. Elle fait celle qui est heureuse de nous voir, cependant, elle garde ses distances et un visage fermé. Son sourire n'est que façade.
— Juliette est déjà arrivé ?
— A l'instant. Installez-vous dans votre chambre. Le souper sera servi à 20 heures.
Elle tourne ensuite les talons, laissant la gouvernante nous invitons à la suivre.
— Notre chambre ? me murmure Capucine.
— Je crois que mon père a encore compris les choses à moitié..., soufflé-je. Je vais arranger ça !
La gouvernante ouvre une porte, nous entrons dans la pièce. Celle-ci est grande, avec du mobilier chic. Un coin salon, une terrasse et un grand lit à baldaquin trônant au bout de la pièce. J'appellerais ça plutôt une suite qu'une chambre...
— Merci, Manuella. Est-il possible de...
— Non, laisse, m'interrompt Capucine. Ce n'est pas grave.
— Tu es sûre ?
— Oui, je vais m'en accommoder.
Elle sourit, mais encore une fois, son sourire est crispé.
— Monsieur Noah ? Mademoiselle Capucine a besoin de quelque chose ?
— Non, ça va, assuré-je. Merci.
Elle s'éclipse, nous laissant seuls. Je me tourne complètement vers Capucine.
— Je peux demander qu'on t'octroie une autre chambre.
— Ça ira. C'est déjà gentil à ton père de m'accepter pour les fêtes. Ne dérangeons pas le personnel pour si peu.
Je la détaille, à la recherche d'un infime trait qui pourrait montrer que c'est au-dessus de ses forces.
A-t-elle conscient que l'on va... dormir ensemble ?
****************
Coucou mes chatons ♥
Après votre engouement du chapitre d'hier, je vous en offre un de plus ce week-end par pur plaisir ♥
Oh oh, plusieurs éléments dans ce chapitre! Hâte de voir vos réactions.
Des bisous ♥
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