Chapitre 10 - Capucine


J'ai accepté d'accompagner ma mère dans sa boutique de haute couture. Je n'aurais pas dû, en sachant que je n'irais même pas au réveillon qu'elle a organisé, chez elle. Je ne lui ai encore rien dit. Je n'ose pas, pourtant, je le devrais. Cependant, si je le fais maintenant, cela tournera en dispute et je ne suis pas prête à me quereller avec elle. Encore.

Je la laisse tout diriger, bien que tout cela m'ennuie. Roxie m'a dit d'en profiter pour dénicher une belle robe. Je lui ai expliqué pour mes projets. Elle a frappé dans ses mains en sautillant, contente pour moi.

Mais il me faut une robe pour un bal, puisque c'est comme ça que la famille de Noah fête le réveillon. Pas sûre que ce soit au goût de ma mère...

Evidemment, elle profite de ce moment pour me faire des reproches, comme d'habitude. Pas assez bien coiffée, ou habillée pour elle.

— Tu dois vraiment faire des efforts, Capucine, me dit-elle en regardant les robes que lui présente la vendeuse. Ce n'est pas comme ça que tu attireras l'œil d'un homme.

— Maman, soufflé-je, excédée.

— Tu sais que j'ai raison. Bon, au moins, pour le réveillon, nous allons arranger cela ! Pour une fois, tu seras présentable.

Je roule des yeux. La vendeuse m'offre un sourire compatissant. Je ne suis donc pas la seule à trouver les paroles de ma mère blessantes !

Je passe l'heure dans les essayages, accompagné de critique de ma mère, sur ce qui me grossit, m'enlaidit, n'éclaire pas mon visage, et ainsi de suite...

Enfin, une robe fait pétiller ses yeux. Celle-ci est longue, dans les tons rouges. La jupe est faite de plusieurs volants tombant à mes pieds. Le buste est pailleté, les bretelles fines, se nouant en un nœud sur chaque épaule. Elle est jolie, je dois bien l'avouer, mais j'ai peur d'avoir trop froid tout du long de la soirée... Ma mère balaie cette remarque d'un mouvement de main délicat.

— Cesse donc tes sottises ! Nous avons enfin la tenue qui met en valeur ta poitrine et ta taille, et ce n'est pas une mince affaire ! Il faut vraiment que tu perdes quelques kilos, ma fille.

Et nous y revoilà !

J'ai bien conscience que je suis trop grosse, que j'ai bien trop de poignées d'amour et des bourrelets un peu partout. Mais elle pourrait être plus délicate dans ses propos, car cela me blesse.

Ma mine renfrognée doit le lui montrer.

Elle s'approche de moi et entoure mon visage de mes cheveux lâchés.

— Ne fais pas la tête, tu sais que j'ai raison. Bon, cette robe est parfaite ! Nous allons passer chez le coiffeur pour une nouvelle coupe. Raccourcir jusqu'à tes épaules te rendra plus jolie.

— Non ! fis-je en m'écartant d'elle. Je ne veux pas couper si court ! J'aime mes cheveux longs !

— Ne fait pas l'enfant ! C'est moi qui paie, c'est moi qui décide.

Ma mâchoire se contracte, mes yeux me brûlent tandis qu'une boule sévit dans ma gorge. Je me retire en cabine pour me changer. Lorsque j'en sors, je donne la robe à la vendeuse puis reprends mon sac à main que j'ai laissé sur le sofa.

— Que fais-tu, Capucine ? Nous n'avons pas terminé !

— Si, je rentre chez moi.

— Ne fais pas l'enfant !

— Maman, dis-je sans la regarder, bien que le ton qu'elle emploie montre bien son mécontentement. C'est gentil à toi de vouloir prendre soin de moi, mais je ne veux pas changer de coupe. J'ai du travail qui m'attend.

— Capucine !

Je ne l'écoute pas et sort du magasin, les joues mouillés de mes larmes. C'en est trop ! Je n'en peux plus ! Pourquoi ne m'écoute-t-elle jamais ?!

Je tente de joindre Roxie, mais elle ne décroche pas. Elle m'avait dit être très occupée aujourd'hui. J'ai pourtant besoin qu'on vienne me chercher, ne trouvant pas de taxi. Je me mordille la lèvre. Je ne connais qu'une seule autre personne qui peut me dépanner, mais je vais sûrement le déranger. Je tente une nouvelle fois d'appeler Roxie, mais sans succès. Alors, le cœur battant la chamade, je l'appelle, lui. Après avoir échangé nos adresses mails, on a fait de même avec nos numéros de téléphone, même si on continue à s'adresser des courriels. C'est au cas où on doit se joindre et qu'on n'a pas de connexion.

— Capucine ?

— Noah... je... je suis désolée... de te déranger...

Je frotte mes larmes qui ne cessent de couler.

— Que se passe-t-il ? Tu pleures ?

— Je...

— Où es-tu ?

Je lui explique où je me trouve, que j'étais avec ma mère mais que ça s'est mal passé. Il me propose de l'attendre dans le café à l'angle de la rue, le temps qu'il vienne me rejoindre.

Une demi-heure plus tard, il m'y rejoint. J'ose à peine relever le regard vers lui. Mes larmes se sont taries, mais pas la boule dans ma gorge ni le poids sur ma poitrine. Encore moins ma tristesse dû à la matinée que je viens de passer avec ma mère.

Il m'embrasse la joue, s'assied en face de moi. Il se commande un café, puis pose une main sur la mienne qui me réchauffe quelque peu.

— Que s'est-il passé ?

— Je suis désolée de t'avoir dérangé...

— Ne t'inquiète pas, tu ne me dérange jamais.

— On est samedi, tu dois être très occupé...

— Non. Raconte-moi.

— Dure matinée avec ma mère, fis-je en haussant des épaules. Je te l'ai dit, elle veut régenter toute ma vie. C'est difficile avec elle et je...

— Tu l'as laissé t'atteindre. Où est-elle ?

— Je l'ai laissé en plan dans le magasin. Elle voulait m'acheter une robe pour le réveillon. Je devais en profiter pour lui dire que je ne viendrais pas, mais je n'ai pas pu. Notre dispute aurait été pire.

— Elle t'a froissé pour quelque chose. A quel sujet ?

— Un peu de tout, je dirais. Mais quand elle a voulu que je coupe mes cheveux à mes épaules, ça a été la goutte de trop.

— Tu es très bien ainsi.

Mon cœur loupe un battement lorsqu'il caresse ma chevelure et fait glisser une mèche entre ses doigts.

— Ce n'est pas son avis, chuchoté-je.

— C'est le tien qui compte le plus. Elle doit apprendre à t'écouter.

Je lui souris légèrement, le remerciant mentalement pour sa prévenance et sa présence à mes côtés.

Il termine sa tasse, j'en fais de même. Il laisse ensuite du liquide sur la table, se lève et me tend la main.

— Viens.

— Tu veux bien me ramener ? demandé-je en glissant ma paume dans la sienne.

— Pas tout de suite, dit-il dans un clin d'œil.

Je le dévisage, étonnée et curieuse. Il me sourit encore et m'emmène avec lui.

Nous quittons l'Avenue Montaigne et à ma grande surprise, il m'emmène à la Place Vandome. Nous allons d'abord manger, puis flâner le long des boutiques. Je passe un agréable moment avec Noah qui me change les idées. Il me fait même rire plus d'une fois ! Et ça me fait un bien fou !

Cependant, l'angoisse qu'on soit aperçu ensemble me noue un peu le ventre. Cela s'accentue, lorsqu'en début de soirée, il m'invite à l'accompagner au Marché de Noël des Champs-Elysées qui se trouve au sein du Jardin des Tuileries.

A l'entrée, je m'arrête, en proie a une grande angoisse. Noah le perçoit, car il prend mes mains dans les siennes.

— Ne panique pas ainsi, Capucine.

— Mais... et si quelqu'un que nous connaissions nous voyait ensemble ?

— C'est un risque, effectivement. Mais nous n'allons pas nous gâcher la journée avec cela. Profitons de ce moment que nous avons. De plus, avec le monde qu'il y a, nous reconnaître dans cette foule serait un miracle ! Détends-toi.

Il agite mes bras et arrive à me faire rire.

— D'accord ? insiste-t-il.

— Oui.

C'est plus difficile à dire qu'à faire ! Mais j'arrive à laisser ma peur sur le côté et profiter de ce moment avec Noah, comme il me la demandé. Ce n'est pas évident, surtout avec sa main qui entoure la mienne. Même à travers nos gants pour nous protéger du froid, je perçois sa chaleur corporelle.

On évolue entre les stands divers de gourmandises, d'ébéniste, souffleur de verre... Les bibelots en verre sont magnifiques et m'attirent énormément.

— Lequel tu veux ? me propose Noah.

— Ah non, je regardais simplement !

— Vas-y, choisis-en un.

— Tu es sûr ?

— Oui !

Je me mordille la lèvre tout en fixant ces beautés. Une fée et une boule de neige sort du lot. Je passe mon doigt sur les ailes de la fée, puis agite la boule pour voir la neige tomber sur un couple enlacé. Noah me la prend des mains, ensuite la fée et les tends à l'artisan.

— On prend ces deux là.

— Eh ! Tu as dit un !

En réponse, il me fait un clin d'œil, paie le marchant qui me tend ensuite le sac avec mes deux cadeaux. Noah reprend ensuite ma main dans la sienne.

— Tu n'étais pas obligé, tu sais !

— Je voulais te faire plaisir.

— Ça a marché, souris-je tandis que mes joues rosissent, et pas à cause du froid !

Il me tire ensuite jusqu'à une grande tente centrale, un chalet d'hiver où fleure les bons plats. Rien que l'odeur me donne faim !

On s'installe à une table pour déguster du bourguignon, accompagné d'un vin chaud. Cela chasse le froid et rempli nos estomacs. Tout en mangeant, on discute de tout, rions. De temps en temps, il m'effleure la main, me créant des bouffées de chaleur. Il m'attire de plus en plus et je combats autant que je peux cette attirance que je ne peux ressentir. Je ne dois surtout pas oublier que c'est mon patron, même si nous passons un délicieux moment en toute amitié.

Nous continuons notre balade en marchant doucement pour nous aider à digérer. Il y a tant de chalets, tant à voir, décoré par des lampes et tout le décor de Noël que je ne sais où poser les yeux ! C'est un moment magique, hors du temps. Fait de bonne humeur. Si bien que je serre la main de Noah dans la mienne et me colle un peu plus à lui, sans même en avoir conscience !

On évolue également autour de nombreux manèges comme les chaises volantes, le train fantôme, les labyrinthes ou le petit train. Naoh me tire jusqu'à la grande roue où nous faisons la file. Cependant, je ne suis pas impatiente de monter là-haut.

— Noah, chuchoté-je en me tournant vers lui. Il faut que je t'avoue quelque chose.

— Quoi donc ?

— J'ai peur... de la hauteur... On ne peut pas laisser tomber la grande roue ?

Tendrement, il me caresse la joue, ce qui affole mon pouls.

— Promis, tu ne te rendras même pas compte t'atteindre le sommet.

Mon cœur tambourine si fort que je craigne qu'il l'entende.

Quand c'est notre tour, on monte dans l'une des cabines. Il ne s'assoit pas en face de moi, mais à côté de moi. Rien que cette promiscuité affole davantage mon rythme cardiaque alors que je l'ai collé toute la soirée.

Ses doigts courent le long de ma mâchoire tandis que doucement, on monte, la cabine s'arrêtant à chaque personne qui monte dans la leur. Mon regard se perd dans le sien. M'attire, m'engloutis. Son pouce frôle ma lèvre inférieure, me créant des frissons dans tout mon être. Il continue ses tendresses sur mes pommettes, mon front, mes yeux, que je ferme sous la douceur de ses gestes qui m'ébranlent complètement.

Lorsque je relève les paupières, son visage s'est rapproché du mien. Je peux sentir son souffle chaud contre ma bouche tandis que ses doigts descendent sur mes joues, puis sous mon écharpe dans des voluptés aériennes.

Ses lèvres frôlent les miennes. Je ne me recule pas, grisé par ce moment qui n'appartient qu'à nous. Quand la pointe de sa langue lèche ma lèvre inférieure, tout mon être se tend contre le sien, comme aimanté. Il m'entoure la taille et continue son manège sans vraiment m'embrasser. Au bout d'un moment, il s'écarte et me sourit.

— Tu vois, tu ne t'es rendue compte de rien.

Je cligne plusieurs fois les paupières, me rendant compte que les trois tours de la roue sont déjà terminées et que la porte de la cabine s'ouvre. Il se lève, tends la main pour m'aider à descendre. Mes doigts tremblent entre les siens.

Bon sang, mais que vient-il de se passer ? Mon cœur ne cesse debattre la chamade ! Je ne me rends même pas compte du vent glacial qui mefouette le visage tant ce que j'ai vécu avec Noah dans cette cabine me retournecomplètement le cerveau.

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Coucou mes chatons ♥

Aaaahhh... je fonds complètement en écrivant sur Capucine et Noah, c'est si doux, tendre... si... si... Ils sont trop choux ♥♥♥

Des bisous ♥

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