Les brumes du sommeil me quittent tout doucement à cause de ce son strident qui me vrille les oreilles et que je ne supporte pas. Je me cache la tête sous le coussin dans l'espoir de ne plus l'entendre, mais ça persiste. Inutile d'espérer une grasse matinée ou de rester dans ce cocon si chaud que j'affectionne.

Je tape lourdement ma main sur mon réveil pour définitivement l'éteindre. Toutefois, je ne me lève pas directement pour autant. Cinq minutes plus tard, je chasse mon coussin et ouvre un œil pour éteindre ce son qui recommence. Vive les rappels ! Je suis obligé d'en mettre au moins deux pour m'extirper des limbes du sommeil. Cette fois, je ne me rendors pas.

Je bâille à m'en décrocher la mâchoire et me redresse dans mon lit.

Il me faut quelques instants pour constater que c'est le petit matin et que mes yeux s'habituent à la pénombre où est plongée ma chambre. Les tentures sont fermées. Je n'allume pas ma lampe de chevet, percevant un rai de lumière filtrer dans la pièce.

Je réalise que le week-end est terminé et que nous sommes lundi matin. Il faut que je me lève si je ne veux pas arriver en retard au boulot.

Je m'étire, les bras au-dessus de la tête. Je repousse ensuite ma couverte, bien que je n'en ai pas envie, et lance une jambe hors du lit pour poser le pied sur le sol. L'autre suit le mouvement et je me lève. L'esprit encore embrouillé, je titube un peu, le temps de trouver mon équilibre. Je me traîne jusqu'à la cuisine où je me prépare un café. Bien que je préfère le chocolat chaud, le matin, avant la première tasse du breuvage amère, je ne suis pas à même de faire quoi que ce soit d'autre, la tête bien trop dans le brouillard. Qui se dissipe une fois que j'ingurgite la première gorgée de ce nectar brûlant. Je vide ma tasse et repart ensuite dans ma chambre pour me rendre sous la douche et me préparer.

Mon loft n'est ni grand ni petit, juste ce qu'il faut. Situé au troisième étage d'un immeuble, je m'y sens bien, sauf quand l'ascenseur décide d'être en panne et que je doive utiliser les escaliers, surtout avec des courses.

Chaque jour de la semaine, c'est la même routine : levé à 6 heures, café, douche. Et je mets toujours une plombe pour choisir mes vêtements ! Je les prépare la veille, pourtant, mais je change à chaque fois d'avis en dernière minute. Je ne suis jamais satisfaite de ce que j'enfile, ni du maquillage léger que j'applique sur mon visage et encore moins de ma coiffure.

J'attrape dans ma penderie un tailleur. C'est une tenue primordiale ! Il faut que ce soit class et pro. J'en ai plusieurs. J'avais opté pour une belle jupe fluide qui entoure mes hanches, mais je préfère le pantalon finalement. Je déteste montrer mes bourrelets ! Pourquoi avoir acheté ce vêtement dans ce cas ? Il m'avait plu sur le moment même. J'ai craqué dessus et fait chauffer ma carte de crédit. Cependant, les jupes, c'est rare que j'en mette. Je le fais lorsque Roxy — ma meilleure amie et collègue —, me pousse à le faire. Il est impossible de lui résister ! Si je me braque, elle ne lâche pas l'affaire jusqu'à ce que je cède.

Elle n'arrête pas de me dire que je suis belle, que j'ai des courbes qui feraient tourner la tête de plus d'un homme, mais j'ai n'y crois pas. Quel mec aimerait apercevoir les grosses cuisses d'une femme ? Impossible !

Je me saisis d'un chemisier, des bas et op, sous le jet d'eau ! Vingt minutes plus tard, je suis face à mon reflet dans le miroir, drapée d'une serviette et me sèche les cheveux. Discipliner ma longue chevelure brune est toute une histoire !

Je termine de m'habiller, me maquille légèrement, mange un fruit et un yaourt et quitte ensuite mon logement.

C'est déjà l'effervescence dans les rues de Los Angeles. Je marche vite, prend le métro et arrive enfin au boulot. Un énorme building, montant presque au gratte-ciel. Le journal dans lequel je travaille est impressionnant. Tant par ce qu'il sort chaque semaine, sa réputation qui n'est plus à refaire et son succès. Il y a plusieurs départements dans le même immeuble. Moi j'occupe la rubrique chronique de l'un d'eux.

Cela fait deux ans que j'y travaille, j'aime ce que je fais, même si ce n'est pas rose tous les jours. Pourquoi ? Car je ne me familiarise pas avec tout le monde. Je suis très solitaire, c'est ma manière à moi de me blinder. Je sais très bien ce qui se dit dans mon dos. Je leur dit bonjours, leur parle quand c'est nécessaire, et c'est tout. Il n'y a qu'avec Roxy que c'est différent.

Si je suis du style à m'effacer facilement, à m'écraser, à baisser la tête, à ne pas répliquer aux mauvaise langues, Roxanne est tout le contraire ; forte d'esprit, sûre d'elle, elle s'impose, parle et se fait entendre. Elle fixe les gens, ne démord jamais quand elle a une idée en tête. Parfois, je l'envie...

Ceux qui me brimades, elle leur fonce dans le lard, moi, je ne fais rien. Pourquoi répliquer ? Ça ne fera qu'alimenter leur désir d'être encore plus désagréable. Ce ne sont que des mots, certes, blessants, mais que des mots quand même. Ça ne doit pas m'atteindre, mais plutôt glisser sur moi et se fracasser au sol.

Roxy passe son temps à me booster. Elle n'aime pas que je sois recluse, mais moi j'aime cela, être dans mon petit cocon rien qu'à moi. Je suis quelqu'un de solitaire. Sociable, mais j'aime les moments rien que pour moi également. Je ne m'entoure pas beaucoup, je n'en vois pas l'intérêt.

Sa dernière lubie ? M'inscrire sur un site de rencontre ! Elle dit qu'on peut y trouver l'homme de ses rêves, mais des amis également.

Ai-je vraiment la tête à tchatcher et parler à des inconnus ? Bien sûr, c'est ce que je fais dans le courrier du cœur, c'est ce pourquoi je suis payé, mais sur un site, c'est complètement différent.

Parfois, elle a de ces idées... Cependant, elle ne me lâche pas et elle insiste pour voir mon profil. J'ai intérêt à le créer !

Je monte au 6ème étage, salue quelques collègues au passage et m'enferme dans mon bureau. J'allume mon ordinateur et ouvre la page de ce maudit site. Cela fait des jours que je suis dessus à hésiter !

Elle est barbante quand elle s'y met et me traite de chiantille. Chiante et gentille, vous voyez ? Oh, ce n'est pas méchant, c'est même une marque d'affection de sa part. Elle veut me sortir de mes sentiers battus, mais parfois, elle exagère. Toutefois, je ne peux rien lui refuser.

Bon...

Pseudo : check.

Recherche sur une possible rencontre : euh... ben check, même si je n'ai pas envie de rencontrer un homme.

Hobbies : check.

Situation familiale : check.

Pourquoi faut dire si on a des enfants ou non ? C'est débile... Je préfère rester vague.

Photo : faut pas rêver ! Je ne vais pas montrer ma tête, quand même !

Bien, je pense que c'est bon et largement suffisant. J'inspire un bon coup, hésite encore un instant, puis valide mon profil.

Bon sang. Roxanne me fait faire vraiment n'importe quoi... Elle voulait un profil, c'est fait. Mais je ne suis pas obligé d'y retourner ni de répondre à quoi que ce soit, n'est-ce pas ?

Mon Dieu, dans quoi je me fais embarquer, encore... Les répercussions vont encore me tomber dessus, je le sens ! Si ma mauvaise étoile pouvait m'oublier un peu, je ne serais pas contre.

Je ferme la page et me met au boulot.

Je ne vois pas le temps passer, trop accaparé par mon travail. Je ne relève la tête qu'au moment où on frappe à la porte. Celle-ci s'ouvre.

—Salut ma chiantille !

Mes yeux rencontrent ceux, rieurs, de mon amie. Elle me sourit, j'en fait de même. Elle s'avance vers moi.

—Tu n'as même pas prit ta pose, ce matin !

—Il est déjà midi ? fis-je regardant l'heure.

—Eh oui !

Effectivement.

—On va manger ? T'aérer te fera du bien après être restée enfermée dans cette pièce toute la matinée !

—OK.

—Et prends ton portable, ajoute-t-elle dans un clin d'œil.

Nous y voilà ! Je savais qu'elle n'oublierait pas si facilement. Elle sourit malicieusement, en plus.

—Tu l'as bien fait, n'est-ce pas ?

—Oui, soupiré-je.

—Génial ! J'ai hâte de voir ça ! Tu verras, c'est top.

Pas sûr, ça...

—Allez, on est go !

C'est parti ! J'attrape mon sac, mon manteau, mon téléphone, car sinon, Roxanne va me faire un caca nerveux et on quitte mon bureau.

Direction le café d'en face !

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Coucou mes chatons, me voici avec le premier chapitre d'une nouvelle histoire qui me trotte dans la tête depuis un certain temps. Je me suis décidé à me lancer, même si j'ai déjà plusieurs histoires en court.

Autant vous prévenir tout de suite, pour cette histoire, je n'aurais pas de jour précis pour la publication. Pas de chapitre sous le coude, donc je posterai quand j'aurais écrit un chapitre. Ne vous attendez pas à avoir d'office une suite chaque semaine. J'y vais au feeling!

N'hésitez pas à me laisser vos impressions.

Des bisous ♥