You're running in my mind

J'avais pris l'habitude de sauter la dernière période de cours les mardi et les jeudi. C'était la période d'arts plastique et j'avais la chance d'être le chouchou de la prof donc, peu lui importait si j'assistais ou non à ses cours. Je lui remettais toujours ce qu'elle demandait et ce, à temps, jamais en retard et sans vouloir me vanter,  je réussissais à l'impressionner chaque fois. Si elle avait envie de me réprimander pour mes absences répétées, elle oubliait tout lorsqu'elle complimentait mes oeuvres que je trouvais pourtant si simple. J'avais choisis le programme d'arts parce que j'adorais peindre et dessiner mais honnêtement, les cours n'étaient pas à la hauteur de mes attentes et je m'y ennuyais à mort. Après avoir déposé mes livres dans mon casier et attrapé mon ipod, je passai une cigarette derrière mon oreille en m'assurant que mon briquet reposait bien au fond de mes poches. Mardi, je m'étais fait repérer par le directeur alors que je fumais à mon endroit habituel derrière l'immense enseigne de pierre à l'avant de l'école. J'y regardais les voitures passer, je dessinais, j'écoutais de la musique et habituellement, personne de l'école de m'y voyait. J'avais eu droit à un avertissement et puisque je n'avais jamais vraiment eu de problème avec le directeur, il n'appela pas mes parents, me demandant seulement de retourner en classe sans rouspéter. J'essayais de trouver un endroit où je serais tranquille, je décidai donc de me rendre à l'arrière de l'école, vers le terrain de football. Le soleil brillait haut dans le ciel et malgré l'automne qui s'insinuait tranquillement, il faisait encore très beau et j'avais envie de m'étendre dans les estrades pour y écouter un peu de musique. Il y avait plusieurs personnes sur le terrain, sûrement ceux du programme de sport et j'hésitai quelques instants avant de grimper dans les estrades, craignant que le professeur ne me remarque et avertisse le directeur mais je ne l'apercevais nulle part. Il ne semblait y avoir que des élèves qui couraient autour du terrain et je me demandai qu'elle était l'utilité de tourner en rond comme ils le faisaient. On aurait dit un troupeau d'animaux... Alors que je grimpais jusqu'au sommet des gradins, coinçant ma cigarette entre mes lèvres, je remarquai qu'ils n'étaient pas tout à fait en troupeau, en effet un seul d'entre eu était tout à l'avant puisqu'il courait bien plus vite que les autres. Il sembla remarquer ma présence puisqu'il jeta un regard vers la gauche ralentissant considérablement sa vitesse puisque je pouvais voir le reste du “troupeau” le rattraper. Il secoua la tête, presque imperceptiblement, avant d'accélérer de nouveau, fixant son regard devant lui. Ses cheveux étaient brun clair et quelque peu bouclés malgré la sueur qui les faisaient coller contre son front. Ses sourcils étaient froncés par l'effort ou la concentration et ses joues avaient prit une jolie teinte de rose. Je fumais tout en regardant ce dernier courir et je souriais parce que chaque fois qu'il passait devant moi, je pouvais le voir lancer un bref regard dans ma direction.. J'étais impressionné parce que, comparativement aux autres, il ne semblait pas à bout de souffle, il continuait de courir comme si c'était la chose la plus naturelle du monde. Je jetai ma cigarette alors qu'il passait une fois de plus devant moi et je crus apercevoir un vrai sourire se dessiner sur ses lèvres, je décidai d'ignorer ma propre envie de sourire et l'espèce de chatouillement ridicule qui semblait vouloir se rependre à l'intérieur de moi. Je m'allongeai alors sur le dos dans les estrades en essayant de me concentrer sur la musique de mon Ipod et sur les rayons du soleil qui réchauffaient tranquillement ma peau.

Il faisait froid tout d'un coup, et sombre aussi, comme si un nuage venait de passer devant le soleil. Dans mes oreilles jouait désormais une chanson que je ne me rappelais pas avoir choisie et je réalisai que je devais m'être assoupi. J'ouvris un oeil, puis un deuxième pour me rendre compte que ce que je croyais être un nuage était le visage de quelqu'un penché vers moi. Je ne pouvais distinguer qui c'était puisqu'il se tenait pile poil devant le soleil mais je reconnaissais les boucles et la carrure de ses épaules. Je me relevai alors péniblement en me frottant la nuque puisque le métal froid des estrades du terrain de football était loin d'être le meilleur des endroits pour piquer une sieste. Comme s'il avait lu dans mes pensées Forest Gump ici présent se décida à parler :

- Pas le meilleur endroit pou faire une sieste hein?

Je le regardais en fronçant les sourcils, premièrement parce qu'il avait une des plus jolies voix qu'il m'avait été donné d'entendre mais aussi parce qu'il avait dit exactement ce qui venait tout juste de me traverser l'esprit. Je devrais m'armer de papier aluminium la prochaine fois que j'aurais la chance de croiser la magnifique créature qui se tenait devant moi parce qu'en plus d'avoir un corps à faire rêver, son sourire était franchement irrésistible et il semblait être télépathe par dessus le marché! Je devais le regarder comme s'il était un extra-terrestre parce que son sourire s'effaça aussitôt et il bafouilla des excuses comme quoi la dernière période était terminée et qu'il ne voulait pas que je sois en retard ou que j'ai des problèmes ou encore pire, que je passe la nuit allongé dans les estrades. Il avait terminé son monologue et se mordait désormais furieusement la lèvre inférieure et son visage était dangereusement rouge. Je me dis que je devais à tout prix lui dire quelque chose avant qu'il ne ruine pour de bon sa bouche si parfaite.

- Hey arrête... Ça va! Merci de m'avoir réveillé! Je suis toujours un peu perdu après une sieste c'est tout.... Je m'appelle Zayn.
- Liam! s'empressa-t-il de me répondre, alors qu'il souriait de nouveau.

Il serra ma main dans la sienne et sembla hésiter quelques instants puis finalement, il redescendit jusqu'en bas des gradins où il se retourna enfin vers moi et avec un dernier signe de la main il quitta le terrain, toujours au pas de course.

***

Lorsque la cloche retentit mardi en fin de journée annonçant le début de la dernière période, je m'attardais à mon casier un peu plus qu'à l'habitude. J'essayais, en vain, d'oublier que je n'avais qu'une envie, courir vers les estrades derrière l'école pour m'y installer comme la semaine dernière. Je savais pertinemment que les groupe d'arts et de musique ne se mêlaient que très rarement à ceux du programme de sport mais je n'arrivais pas à comprendre comment j'avais pu rater Liam depuis le début de l'année scolaire. Je passai ma veste de cuir sur mes épaules puis comme à mon habitude, je glissai une cigarette derrière mon oreille. Cette fois-ci, plutôt que mon Ipod, j'apportai un livre. Je n'avais pas envie de m'endormir comme la dernière fois et je me disais que derrière mon roman, je pourrais regarder Liam courir sans être remarqué. Je m'installai tout en haut comme la semaine précédente mais, alors que je tentais d'ignorer les coureurs sur le terrain, celui en tête du troupeau (je devais franchement arrêter d'utiliser cette expression... ) me fit de grands signes de la main en souriant si fort qu'on ne voyait presque plus ses yeux. Les autres me lancèrent des regards étranges mais, devant la bonne humeur de Liam, je ne pu m'empêcher de lui répondre en souriant moi aussi. Je secouai la tête devant mon manque flagrant de volonté à me la jouer un peu plus indépendant avant d'allumer ma cigarette pour tenter de calmer les battements de mon coeur qui s'étaient accélérés tout d'un coup. J'avais bel et bien ouvert mon roman mais il reposait sur mes genoux et il y avait un bon moment que je n'y avais pas baissé les yeux. Au loin, j'entendis sonner la cloche qui annonçait la fin des cours et je fronçai les sourcils en pensant que je venais de passer une période complète à le regarder courir... Ça y est! Il allait me prendre pour un fou, bizarre et terrifiant qui le suivait partout! Alors que je cherchais désespérément une manière de m'éclipser sans être remarqué, il releva les yeux vers moi et me fit un signe qui semblait signifier “attends moi une minute” alors qu'il récupérait son sac de sport laissé sur le côté du terrain. Puis, il se dirigea enfin vers les estrades dans ses shorts de sport rouge vif et un t-shirt noir qui épousait parfaitement la courbe de ses larges épaules. Il avait passé une serviette autour de son cou avec laquelle il s'épongeait le front et il se laissa retomber à mes côtés, puis, encore un peu essoufflé il me lança en souriant :

- Hey!

Je ne comprenais pas comment quelqu'un pouvait sourire autant. Je n'avais jamais rencontré qui que ce soit qui soit d'aussi souriant et de plus, son sourire était si sincère qu'il en était parfois déconcertant. J'en étais là dans ma réflexion lorsque je réalisai que je souriais moi aussi à m'en décrocher la mâchoire et que je devais peut-être dire quelque chose lorsqu'il me devança :

- Tu n'as jamais de cours à la dernière période Zayn?
- Non! Enfin... Oui mais, je n'y vais que très rarement.
- Arts ou bien musique?
- Arts mais, c'est un peu ennuyant.
- J'aurais dû me douter que tu étais en arts, murmura-t-il alors qu'il déposa sa main sur mon avant-bras rempli de tatouages. Il la retira par contre beaucoup trop tôt, comme s'il regrettait son geste. J'avais envie de prendre sa main dans la mienne mais je m'accrochai plutôt à mon livre alors que lui repliait minutieusement sa serviette avant de la ranger dans son sac de sport. Puis, comme pour détendre l'atmosphère qui s'était soudainement alourdie au moment où il avait touché mon bras, il se mit à me parler de lui, comme si c'était la chose la plus naturelle du monde. Il me parla de ses soeurs, puis de ses parents, de combien il aimait courir, qu'il avait même déjà fait de la boxe, qu'il aimait le cinéma et la musique et qu'il chantait un peu. Cette dernière confession le fit rougir et lorsque je lui dit qu'il devait avoir une très jolie voix, la couleur de ses joues fit soudainement compétition à celle de ses pantalons de sport rouge vif. Je lui parlai alors de mes soeurs aussi et du reste de ma famille, du programme d'arts et de pourquoi je m'y ennuyais tant, que j'avais atterri ici après m'être fait prendre par le directeur et puisque Liam me le demanda, je lui parlai aussi de mes tatouages qui semblaient tant le fasciner. Je ne sais plus depuis combien de temps nous étions installé dans les estrades à se raconter nos vies mais je vis soudainement Liam frissonner alors qu'il passait ses bras autour de sa taille en tentant de se réchauffer. Je retirai ma veste de cuir avant de la passer sur ses épaules et malgré le fait qu'elle était un peu petite pour lui, j'aimais bien le look qu'elle lui donnait. Il grimaça avant de lever les yeux vers moi :

- Je dois avoir l'air ridicule...
- Non. Pas du tout.

Oh oh. Le fou bizarre était revenu. Je venais de parler comme si j'avais envie de lui arracher tout ses vêtements et de plaquer son corps contre le métal froid des estrades puis de l'embrasser jusqu'à ce que le soleil se lève. Bon, c'était peut-être ce que j'avais envie de faire mais je n'étais franchement pas obligé de lui en faire part tout de suite, ce n'était que la deuxième fois que nous nous adressions la parole. Je le vis avaler difficilement comme s'il avait encore une fois lu dans mes pensées puis il farfouilla dans son sac quelques instants et se leva finalement passant ce dernier sur son épaule. J'attrapai mes choses et je fis de même avant de le suivre jusqu'en bas de l'estrade puis, sans un mot nous nous dirigeâmes vers le stationnement de l'école. Sa main frôla la mienne une fois, puis deux fois et je me décidai enfin à la prendre dans la mienne, d'entrelacer mes doigts aux siens. Je tournai la tête vers lui pour voir que ses yeux étaient agrandis par la surprise mais il me souriait (encore) et il serra ma main un peu plus fort, comme pour me faire comprendre malgré son silence que tout était parfait. Alors que nous approchions d'une voiture tout au fond du parking, une voiture verte remplie de rouille, il ralenti le pas et finalement s'y appuya sans toutefois lâcher ma main. Il sembla se rendre compte qu'il portait toujours ma veste puisqu'il tenta soudainement de l'enlever pour me la redonner mais je l'arrêtai en déposant ma paume contre son torse puis... Oh! Bonjour pectoraux! Vous êtes la depuis longtemps? Je glissai mes mains sous le col de sa veste (ma veste)  et en riant je remontai ce dernier pour lui donner un look à la John Travolta. Il leva les yeux au ciel puis attrapa mes mains pour m'empêcher de le ridiculiser de plus belle mais au contact de ses doigts contre ma peau, mon rire s'évanouit aussitôt. Alors qu'il lâchait mes mains, pour déposer les siennes sur mes hanches, son regard fit rapidement l'aller-retour de mes yeux jusqu'à mes lèvres. Mes bras toujours autour de son cou se refermèrent alors plus fermement alors que je plaquais ma bouche contre la sienne. Peu importe si je ne le voyais que pour la deuxième fois, j'étais fasciné par Liam et j'avais envie de goûter à ce fameux sourire qui éclairait toujours son visage. Une de ses mains glissa sous mon chandail pour se déposer au creux de mes reins alors qu'il me plaquait un peu plus fort contre lui. Je reculai au bout de quelques instants à bout de souffle, une main encore accrochée au col de ma veste de cuir qu'il portait toujours et l'autre jouant avec ses cheveux. Il me regardait avec des yeux brillants et il me souriait toujours sauf que sa bouche, déjà franchement indécente avait prit une teinte un peu plus foncée qui se mariait si bien avec le rose de ses joues. Il se releva un peu de la voiture contre laquelle il était toujours appuyé me forçant à reculer quelque peu puis, il retira ma veste avant de la repasser sur mes épaules. Il prit mon visage entre ses mains et déposa quelques baiser de plus sur mes lèvres avant de grimper au volant de sa voiture. Il mit le contact puis baissa sa fenêtre avant de me tendre une de ses mains que j'attrapai aussitôt. Il me murmura au revoir puis, après avoir remonté sa vitre il quitta le parking me laissant planté là, un sourire niais sur le visage. J'enfonçai mes mains dans les poches de ma veste et j'y trouvai un morceau de papier sur lequel avait été gribouillé un numéro de téléphone et au dos de celui-ci il n' y avait qu'une seule phrase :

Parce que je ne crois pas pouvoir attendre jusqu'à jeudi! xx L.

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