if i run, please catch me
and if i fall, please save me
jisung
tw : depressed feelings (?)
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« Parfois, Jisung a l'impression que rien ne va, et il laisse le vide le submerger tout entier. Et, parfois, il veut juste pouvoir respirer. »
C'est la respiration tremblante qu'il fit face à cette porte close, cette même porte qu'il avait vu des centaines de fois, peut-être même des milliers, mais ce soir, cette porte lui était étrangère.
Jisung ne savait pas pourquoi il restait bloqué devant la porte de l'appartement de Minho, il n'y avait rien de particulier ou d'étrange, il devait simplement passer la soirée avec ses amis comme il le faisait habituellement. Mais il y avait quelque chose qui n'allait pas, et Jisung ne comprenait pas quoi.
Cela faisait quelques semaines maintenant qu'il ne se sentait plus lui-même, qu'il savait que quelque chose avait changé, quelque chose d'imperceptible au début, mais qui maintenant avait pris tellement de place que Jisung ne savait pas comment faire face à ça, quoi que ça puisse être. Au début, il avait mis ça sur le compte de la fatigue entre les cours, ses proches et son travail, oui, une simple fatigue passagère qui le poussait à aller plus tôt dans son lit le soir et y rester bien plus tard qu'à l'habitude. Oui, une simple fatigue, ça allait passer, comme toujours. Mais plus les jours passait et plus Jisung avait l'impression que rien n'allait, mais il espérait toujours que ça passerait comme ça finissait toujours par être le cas, un petit coup de mou, un moment à vide.
Mais le vide était toujours là, toujours plus écrasant, et Jisung avait l'impression de se perdre dedans.
Parce qu'au fond, c'était ça son problème : il se sentait vide.
Il ne comprenait pas pourquoi il se sentait ainsi, pourquoi maintenant il avait l'impression de perdre le contrôle sur lui, sur son esprit qui lui hurlait de fuir, de partir loin de tout, que rien n'allait et que tout devait s'arrêter, et ça le frustrait. Ça le frustrait parce qu'il ne comprenait pas pourquoi il était comme ça alors que tout allait bien, pourquoi lorsqu'il était avec Minho dans le confort de son appartement, son aîné à ses côtés, il avait cette désagréable impression d'être seul ? Pourquoi lorsqu'il était avec ses amis, il ne parvenait pas à sortir de son silence qui semblait l'emmurer vivant, le rendre fou, et se contentait simplement de sourire lorsqu'on lui demandait comment ça allait ? Répondre « ça va » alors que rien n'allait ?
« Ça va ? »
Encore cette question, cette même foutue question qu'on lui posait encore et encore sans qu'il ne parvienne à répondre franchement, cette même question qui le frustrait, mais à laquelle il ne parvenait pas à se résoudre à répondre « non, ça ne va pas, et je ne comprends pas pourquoi. » Alors, généralement, il haussait les épaules, un sourire bancal sur le visage et disait simplement sur un ton léger et rieur que « non, j'ai envie de mourir, mais ça va », et ça allait, pour les autres. Mais, parfois, Jisung y pensait, tard le soir alors que les larmes montaient toutes seules à ses yeux et que ses pensées ne voulaient pas le laisser. Il se demandait pourquoi il était comme ça, pourquoi il avait à la fois si mal, mais ne ressentait rien de particulier, pourquoi ce vide était devenu aussi imposant, aussi étouffant ? Alors, dans ces moments-là, dans le noir de sa chambre et le confort de son lit, il se demandait pourquoi il était là, et si ça changerait vraiment quelque chose qu'il soit encore là.
Ces pensées le terrifiaient toujours autant, alors dans ces moments-là, il se forçait à s'occuper l'esprit, regardant jusqu'au petit matin des documentaires divers et variés sur son téléphone ou, parfois, il fixait simplement le plafond clair de sa chambre, regardant les rares lumières de la ville que les volets de sa chambre ne parvenaient pas à cacher de venir créer des formes colorées sur les murs comme le ferait une étrange lanterne magique projetant ses fantasmagories dans sa chambre.
Mais Jisung n'était plus un enfant qui s'ébahissait face aux illusions lumineuses, non, il n'était plus un enfant, et maintenant, il devait faire faire face à lui-même et ce vide qui avait pris place en son sein, dans sa poitrine, et qui semblait le bouffer de l'intérieur toujours un peu plus.
Mais ça allait passer, parce que ça passait toujours, non ?
Alors il se faisait violence et tentait de garder la face pour ne pas inquiéter ses amis, ses parents, ou Minho. Il essayait vraiment de faire comme si tout allait bien lorsqu'il était avec eux, mais il y avait toujours cette frustration de ne pas comprendre pourquoi il était comme ça, pourquoi tout lui semblait à la fois insipide et énervant. Alors, après des semaines à faire semblant, il avait commencé à refuser les propositions de ses amis, n'allant plus vraiment à leurs petites soirées chez l'un deux tous les week-ends, il n'allait plus vraiment chez Minho non plus, et quand ce dernier lui proposait de venir, Jisung lui répondait simplement qu'il était fatigué, lui promettant que « la prochaine fois, ce sera bon », mais à chaque fois, il refusait, préférant se terrer chez lui et se contentait de les croiser à la fac.
Puis, parfois, là aussi, il disparaissait pendant quelques jours, ne venant plus à certains de ses cours parce qu'il ne trouvait pas le courage de se lever, prétextant être malade auprès de ses amis, s'excusant encore et toujours.
Ces jours-là, Jisung les passait dans son lit, son regard toujours rivé sur le plafond et son téléphone éteint, attendant que le temps passe et que la boule dans sa poitrine disparaisse, que le vide qu'il ressentait s'atténue un peu, même l'espace de cinq minutes pour qu'il puisse avoir l'impression de ressentir autre chose que cette foutue tristesse qui le bouffait toujours un peu plus, pour que la colère qu'il ressentait disparaisse. Parce que ça, ce n'était pas lui, et il n'aimait pas ça.
Alors il attendait que la tempête passe, que la tristesse passe avant de sortir de nouveau et refaire semblant pendant quelques jours avant que le vide ne reprenne du terrain.
Et quand il revenait, personne ne le questionnait, ne faisait de remarque parce que, après tout, il était comme ça Jisung ; parfois, il disparaissait pendant un temps et revenait, ou alors il était un peu trop dans son monde. Et personne ne semblait vraiment s'en soucier, pas même Minho qui se contentait de lui sourire et de faire comme si de rien n'était, son bras venant simplement se glisser autour de sa taille ou de ses épaules, et là encore, même s'il était entouré, Jisung voulait disparaître.
Pourtant, il savait qu'il pouvait en parler à ses amis, se confier, certains lui ayant assurer qu'il pouvait toujours venir leur parler si quelque chose n'allait pas, qu'il ne fallait pas tout le temps garder les choses pour lui, et il les remerciait en souriant, mais ne le faisait jamais.
Le plus dur était avec Minho, surtout quand, assit sur son canapé, leurs jambes entremêlées et une série quelconque à la télé, il lui avait parlé, doucement comme s'il ne voulait pas perturber ce silence qui, pour une fois, n'était pas aussi chargé entre eux, pour ne pas le brusquer.
« Je sais que tu n'aimes pas faire ça, mais si tu en as besoin, tu peux toujours venir me parler, hm ? Si ça ne va pas, peu importe quand, je suis toujours là. »
Et Jisung le regardait toujours un peu étrangement, tiraillé entre cette envie de se confier, de tout lui dire en espérant que cette sensation de vide disparaisse enfin, que la tristesse aussi finirait par disparaitre. Alors Jisung le fixait simplement, fixait ce visage qu'il aimait plus que tout et le contemplait, ce même visage qui était rivé vers la télévision pour ne pas que Jisung ne se sente forcé de faire quoi que ce soit, et il sentait cette boule se former dans sa gorge. Parce que, comment pouvait-il lui expliquer ce qui n'allait pas quand lui-même ne savait pas ? Lui expliquer qu'il se sentait tout simplement vide alors que tout allait bien, lui dire que ça le rendait fou de ne pas savoir quoi ressentir, pas même quand son propre copain était avec lui, et que tout ça l'épuisait, mais qu'il ne voulait pas le déranger ? Il n'en avait aucune idée. Alors, ce soir-là, il s'était contenté de se taire et de doucement pousser sa cuisse avec son pied pour lui faire comprendre qu'il savait, et son coeur s'était pincé en voyant le petit sourire qu'arborait son aîné quand ce dernier vint poser sa main sur son genou, le serrant doucement pour le rassurer.
Et lui était là, à ses côtés, la gorge serrée et cette impression écrasante que tout était contre lui, que ce vide qui avait pris place en lui allait finir par l'avoir, que le noir allait l'emporter, et il ne savait pas comment gérer ça, comment faire pour aller mieux. Et Minho, comme s'il sentait que quelque chose n'allait pas — et Jisung était persuadé qu'il le savait au fond de lui que quelque chose n'allait pas — venait entrelacer leurs doigts, sa main toujours sur les jambes de Jisung, mais sans jamais vraiment le regarder. Alors même si ce vide terrifiant lui donnait l'impression d'étouffer, il savait qu'il n'était pas tout seul malgré tout.
Et dans ces moments-là, Jisung voulait vraiment que tout aille mieux.
Mais rien n'allait jamais vraiment.
Alors Jisung se retrouvait ainsi devant la porte de l'appartement de son aîné, ne sachant pas vraiment quoi faire, ne sachant pas s'il préférait prendre la fuite et se réfugier dans son lit ou bien frapper à la porte et prétendre encore une fois que tout allait bien face à ses amis et les regarder s'amuser. Pendant un instant, c'est cette envie de fuir qui le tente, cette envie de courir loin du monde, loin d'eux et de disparaître que ce soit un instant ou pour toujours. Mais il était fatigué de ça, fatigué de toujours se cacher et souffrir, il était épuisé à cause du vide qui le mangeait tout entier. Alors, sans trop savoir comment, il parvint à frapper doucement contre le bois de la porte, espérant secrètement que Minho n'entendrait pas avec les bruits dans l'appartement : les voix, la musique, les rires. Il espérait secrètement qu'on ne le remarque pas pour qu'il puisse partir, disparaître en silence.
Il attendit un moment, les poings fermés si fort qu'il sentait ses ongles rentrer dans la peau fine de ses paumes, sa respiration toujours tremblante semblait résonner dans le couloir, dans sa tête, et lui donnait la désagréable impression d'être le centre du monde alors qu'il n'y avait personne.
Mais, malgré ça, il parvint tout de même à discerner des pas de l'autre côté de la porte, des pas qui se rapprochaient, le bruit rapide et régulier devenant toujours plus fort aux oreilles du blond qui se sentait paniquer pour aucune raison.
Alors quand la porte s'ouvrit enfin sur le visage souriant du châtain, sa respiration se coupa et ses yeux s'ancrèrent dans ceux sombre de Minho qui perdait doucement son sourire, et Jisung s'en voulait encore une fois, parce que ce sourire, il ne voulait pas le gâcher, il ne voulait pas l'oublier.
Devant le manque de réaction de son copain, Minho s'avança vers lui, la porte se refermant quelque peu derrière lui, bloquant en partie les voix de leurs amis, et Jisung déglutit difficilement parce que, comme ce soir-là, il ne parvenait pas à parler.
« Jisung ? »
Sa voix était toujours aussi douce quand il disait son prénom, mais il y avait quelque chose de plus, et Jisung n'arrivait pas à savoir quoi. Il avait simplement dégluti, essayant de trouver le courage pour parler, mais il avait seulement ouvert la bouche, aucun son n'en sortant.
Puis le regard de Minho avait parcouru son visage, sa main chaude venant se poser sur la joue de Jisung qui laissa échapper un souffle tremblant, ses yeux ayant du mal à rester ancrer à ceux du plus vieux alors qu'il se mit de nouveau à parler, sa voix douce venant couper les sons du monde.
« Sung ? Ça va ? »
Encore cette question, cette même question que tout le monde lui posait et à laquelle Jisung ne parvenait pas à être honnête. Mais cette fois, c'était différent ; Minho lui posait réellement la question, il le fixait avec ce quelque chose que le blond reconnaissait malgré lui, cette même lueur étrange qui venait ternir son regard sombre aux reflets bruns. Et Jisung savait que, cette fois, Minho était inquiet, que quelque chose n'allait pas, que ce soit dans la façon dont sa voix s'était imperceptiblement nouée, ou bien dans sa posture légèrement plus tendue, le léger froncement de ses sourcils et son expression alarmée qu'il tentait de cacher pour ne pas brusquer le plus jeune.
Minho était inquiet, pour lui, à cause de lui, et c'est à ce moment-là que Jisung craqua.
Sa respiration s'était d'abord bloqué dans sa gorge puis il avait senti ses lèvres trembler malgré lui, et Jisung se détestait toujours un peu plus lorsqu'il sentit son regard s'embuer de larmes, sa vision devenant floue alors que le regard de Minho était toujours plus inquiet. Alors quand il tenta de nouveau de parler et que seul un sanglot étranglé lui échappa, le regard de Minho se fit plus tendre, plus triste.
« Oh, Sung... »
Il l'avait tiré contre lui, doucement comme toujours parce que Minho était comme ça à toujours prendre soin de lui silencieusement, sans jamais rien demander en retour, et Jisung s'en voulait tellement de lui faire subir ça. Mais lorsque le brun vint le prendre dans ses bras, son visage enfouie contre la gorge de Minho et ses bras fermement accroché à sa taille, Jisung se laissa aller pour la première fois depuis de longs mois et s'accrocha à lui de toutes ses forces, ses bras autour de son torses et ses mains crispées contre le pull du plus vieux qui le serrait toujours contre lui, ses mains caressant doucement son dos alors que le corps du blond tremblait toujours contre lui.
« Me lâche pas. »
Jisung avait murmuré ça après un long moment, sa voix s'était brisée sur la fin, mais il le serrait toujours contre lui, laissant ses larmes rouler contre ses joues pour venir mourir contre la peau ou le pull du plus vieux qui le serrait encore, toujours aussi fort. Parce que Minho était avec lui, maintenant, et peu importe son craquage, Jisung savait que le brun serait toujours là.
Les voix dans l'appartement s'étaient tues et Jisung sentit les lèvres du plus vieux venir se poser contre sa tempe, la douceur du geste faisant de nouveau partir ses larmes qui ne semblaient pas tarir, encore moins lorsqu'il l'entendit murmurer avec toute la douceur du monde :
« Jamais. »
Et alors que Minho lui parlait doucement, ses lèvres posées contre la tempe du blond, Jisung fermait les yeux et s'accrochait à lui de tout son être, parce qu'après tout, la seule chose qu'espérait le blond au plus profond de lui, c'est que Minho le garde près de lui, qu'il le serre dans ses bras, toujours.
Alors peut-être le vide disparaîtrait.
« since when was it so heavy ? look at how my shoulders droop like
they carry a burden now stop, let's fall for a second if i pretend to be sick,
will i be able to sit down?
running on the highway i don't want to choose a destination,
is there a place on earth where i can rest ?
i just run with both feet aimlessly, keep running »
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