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Je quitte l'enceinte du lycée après avoir fait un arrêt aux toilettes afin de remettre ma tenue pour rentrer chez moi. Ma mère est rentré hier soir, je n'ai pas eu l'occasion de la voir car elle n'était pas présente ce matin.


- Les gars ?


- Ouais Ben ? Répond Yanis.


Nous nous retournons vers le parigot marseillais qui se trouve à l'arrière du groupe.


- On a fini le lycée !! Hurle Benjamin en levant les bras au ciel avant de balancer son sac par terre.


Les quatre autres garçons imitent son geste en hurlant et en jetant leur sac de cours au sol avant qu'ils ne se fassent interrompre par le surveillant sous les regards amusés des autres classes du lycée.


- Calmez-vous les gars, le rattrapage n'est pas loin.


Ils se retournent vers Franck, le surveillant.


- Roh, ferme la Francky, tu niques l'ambiance là. Râle Ben.


- Si tu redoubles, tu es collé.


Aucun mot ne sort de la bouche de mon meilleur ami lorsque la menace de Franck lui vient aux oreilles, les seules réactions sont les rires des garçons ainsi que de Maddi et moi à cause de la mine déconfite qu'affiche Benjamin.


- Bon, on va rentrer avant que tu n'aggrave ton cas. Décide Oli en tirant l'épaule de Ben, toujours en riant.


C'est, sous la proposition d'Olivio, que les garçons ramassent leurs sacs, tchekent Franck pour ensuite faire demi-tour vers le parking du lycée.


- On va chez les Ordonez pour fêter ça ? Propose Jerem.


- Évidemment ! Ben et Liah vous vous arrêtez chercher des pizzas ?


- Mais Oli, on est en moto c'est tellement plus logique que ce soit vous qui alliez chercher les pizzas plutôt que nous. Je proteste.


- Elle a raison la p'tite, en plus elle a mis son uniforme pour rentrer chez elle donc ça serait chaud qu'elle se salisse.


C'est après que Ben eu prononcé cette phrase que Léo fronce les sourcils en me regardant.


- Pourquoi tu t'es rhabillé si tu viens avec nous chez les Ordonez ?


Je hausse les épaules.


- Ma mère est rentrée hier donc je ne peux pas rester toute l'après midi, mais c'est juste histoire de, je lui dirais que j'étais avec mon PCRP.


Léo hoche la tête puis nous continuons de marcher vers le parking pour rejoindre les garçons qui viennent de passer leurs examens ainsi que pour retrouver la moto de Ben.


C'est lorsque je me rapproche de Florian pour l'embrasse qu'un klaxon de voiture raisonne dans tout le parking. Je me retourne et je déglutis lorsque je vois la voiture de ma mère avec cette dernière au volant.


Le stress m'envahit et je me prends même pas la peine d'adresser un seul mot à la bande que je prends la direction de la Bugatti.


Je tire la portière de la voiture pour m'asseoir sur le siège sans un bruit. Je prends une grande inspiration lorsque je ferme la portière derrière moi. Je m'attache alors que ma mère démarre pour quitter le parking sans qu'un seul mot ne s'échappe de sa bouche. L'ambiance est si pesante que je n'ose même pas bouger par peur qu'elle parle. Je sais qu'un seul mot sortant de sa bouche pourrai me détruire en un instant, surtout après la discussion que j'ai pu avoir avec mon proviseur et son fils samedi.


À ma grande joie, le trajet se fait dans le plus grand des silences. C'est lorsque elle éteint le contact de la voiture après l'avoir garée dans le garage qu'elle se tourne vers moi pour m'adresser quelques mots.


- Réunion de famille dans le salon.


Elle quitte ensuite la voiture, me laissant assise à l'intérieur, vide d'émotion.


« Réunion de famille ». Cela voulait-il dire que mon proviseur et Dimitri seront aussi là ? Ou alors est-ce que ça ne sera que mon père, elle et moi ? Et puis, dans quel but fait-elle cette réunion ? Pour dire quoi ?


Toutes ses questions sans réponses se baladent dans ma tête, mon cœur bat tellement fort contre ma poitrine, je pose ma main dessus en prenant une grande inspiration avant de quitter la voiture. Mon sac à la main, je laisse claquer mes talons dans les escaliers puis dans toute la maison afin de me rendre dans le salon.


Mon souffle se coupe lorsque je vois mes doutes n'étaient rien comparé à la réalité. Les larmes me montent presque directement aux yeux lorsque je vois, assis dans un des fauteuils, mon père. Il est entouré de deux valises conséquentes, ses yeux sont rouges et son regard est vide. Je parcours la pièce des yeux pour voir dans le canapé, ma mère, Monsieur Borras ainsi que Dimitri. Ce dernier, qui me sourit d'un air presque sadique, me fait signe de m'asseoir dans le fauteuil en face de eux. Je lui obéis, ça ne sert à rien de résister, il me l'a bien fait comprendre le dernier coup, ma joue s'en souvient encore.


C'est lorsque je m'assois dans le fauteuil que je décide de prendre la parole en première.


- Qu'est-ce que c'est que cette mascarade ?


Un rire s'échappe des lèvres de Monsieur Borras alors qu'il porte une coupe de champagne à ses lèvres. Personne ne semble avoir envie de me répondre, mais il est hors de question que nous restions tous les cinq assis dans ce salon à se fixer dans le blanc des yeux.


- Tu vas où Papa ?


- Ne lui adresse pas la parole.


Je me retourne vers ma mère.


- Tu ne m'adresse pas la parole.


Le sourire qui était présent sur les visages des deux intrus s'effaça instantanément.


- Comment -


Je la coupe.


- Je parle à mon père. Je lâche sèchement avant de me retourner vers mon géniteur. Tu pars où ?


Mon père fuit mon regard. Je ne supporte pas la tournure qu'est en train de prendre cette situation.


- Ton père n'a plus sa place dans notre maison.


Je regarde Monsieur Borras. C'est vrai qu'il m'avait montré lors de notre dernière entrevu, qu'il est propriétaire de notre maison. Il m'avait également expliqué que vendredi, lorsque nous allons prendre notre envol pour Los Angeles, ma maison sera vendue.


- Donc vous avez décidé de le jeter à la rue sans aucun sous en poche ?


- Oh non. Nous avons eu le cœur généreux et nous lui avons acheté un billet allé pour qu'il retourne dans ce pays de saltimbanque qu'il affectionne tant.


Je regarde ma mère en me retenant de la reprendre sur le terme «pays de saltimbanque» même si c'est une insulte à mes origines qu'elle n'a jamais apprécié. Je me tourne vers mon père.


- Et tu es d'accord avec ça ?


- Il n'a pas le choix.


Je regarde Dimitri. Pauvre type.


- Qui es-tu pour moi ?


Il lance un regard vers ma mère qui hoche la tête.


- Ton demi-frère.


Mon cœur se serre. Mes craintes étaient alors réelles, cette ressemblance dont parlaient les gens n'était pas juste accidentelle.


- Si tu te poses la question, mon petit frère n'est pas ton frère.


Cette information ne me soulage pas plus que cela, à vrai dire cette dernière ne fait qu'embrumer mon esprit. Ma mère aurait donc eu Dimitri avec mon proviseur puis moi, avec mon père, puis Monsieur Borras serait allé voir ailleurs pour en ressortir avec un petit garçon, tout ça en restant marié à ma mère ?


- Je ne suis pas sûr de tout comprendre. Je lâche de la façon la plus franche possible.


Ma mère soupire en roulant des yeux comme si la situation était simple à comprendre.


- Marcus et moi sommes mariés depuis 1989, donc depuis 25 ans. Nous avons eu Dimitri en août 1994 puis, nous avons décidés de mettre du piment dans notre couple et de devenir un couple libre. J'ai croisé la route de ton père le soir de ce fameux gala et malheureusement, je suis tombé enceinte et je m'en suis rendu compte beaucoup trop tard pour avorter alors j'ai dû te garder. C'est lorsque tu es arrivé en juillet 1996 que ton père m'a retrouvé et c'est à contre cœur que j'ai décidé de te garder avec moi car de base tu étais prévue à l'adoption sûrement pour finir dans les mêmes quartiers que ces garçons que tu aimes tant fréquenter. C'est plusieurs mois après ta naissance que j'ai décidé que tu reprendrais l'entreprise familiale car même si ton sang est sale, aucun homme ne fera mieux le travail qu'une femme.


Une larme incontrôlée quitte mon œil alors que je l'écouter continuer l'horrible histoire qui fait que nous en sommes ici aujourd'hui.


- Pour ce qui en est du petit frère de Dimitri, Marcus et moi avons décidés de continuer ce couple libre car, étant donné que nous ne pouvions nous voir car j'étais bloqué avec ton père, il était normal qu'il fasse un bout de sa vie ailleurs. Il a rencontré une pauvre paysanne avec qui ils ont eu ce gamin. Mais maintenant que tu vas avoir 18 ans, il ne m'est plus utile de cacher mon mariage et de simuler un quelconque intérêt pour ton père. C'est pour cela qu'il sera dans l'avion dès ce soir et que toi, Marcus et moi seront en direction de Los Angeles vendredi soir pendant que Dimitri continuera de gérer l'entreprise ici, à Toulouse.


J'essuie les autres larmes qui sont tombés durant son discours avant de prendre la parole.


- Pourquoi ne pas t'être séparé de Papa alors ?


- Oh. Je n'avais pas envie de m'embêter à faire des papiers pour la garde d'enfant, ça aurait été du temps et de l'argent perdu. Et puis tu m'aurais forcément posé des questions par rapport à ton géniteur un jour et comme je n'aurais eu aucune envie de me souvenir de ce déchet, j'ai décidé de rester avec.


La colère m'envahit lorsque j'entends comment est-ce qu'elle ose parler de mon père. Il est la seule personne de ma famille que je connaissais vraiment à m'avoir aimé.


- Tu n'as pas le droit de me séparer de mon père.


- Pourtant c'est ce que nous faisons. Réplique Marcus.


- Non ! Je hurle en me levant. Ça ne t'a pas suffi de m'empêcher de connaître mes grands-parents ? Ça ne t'a pas suffi d'avoir pris l'argent de tous mes anniversaires pendant 17 ans et de me répéter que ma famille australienne me voyait également comme une erreur ?! Tu as gâché ma vie et tu sais comment ? Ce n'est même pas à cause de toutes tes règles stupides, ni à cause de la reprise de cette entreprise merdique ou encore pour le fait de m'avoir obligé à passer pour une salope devant tout le monde. Non. Tu l'as juste gâché par ta simple présence, j'aurais préféré finir dans un de ces quartiers et être bourrée d'amour plutôt que de vivre dans cette baraque avec une pute friquée comme mère.


Un sourire en coin se dessine sur le visage de ma mère avant que cette dernière ne se lève également pour se mettre en face de moi. Une claque s'abat sur ma joue d'une force inouïe ce qui m'arrache un cri. Je pose ma main sur ma joue chaude et marquée tout en essayant de ne pas pleurer avant que ma génitrice ne prenne la parole.


- Tu ne vaux pas mieux que cette famille de saltimbanque, pour t'habiller et te comporter comme une racaille, il est certain que tu tiens d'eux. Mais si tu veux tout savoir, cette stupide somme d'argent que t'envoyer ta connasse de grand-mère allait directement dans le compte bancaire de Dimitri. Tu ne peux que remercier ton père pour m'avoir empêché de te faire adopter et d'avoir une pute friquée comme mère mais comme on le dit si bien «telle mère telle fille». Maintenant dis au revoir à ton père.


Elle me claque légèrement la joue avant de partir du salin accompagnée de Dimitri et Marcus. Trois grands hommes vêtus d'un costard et baraqués comme des rugbymans entrent alors dans le salon pour prendre mon père par le bras pour le lever et pour le diriger vers la sortie. Les deux autres hommes prennent une valise chaque une pour suivre le premier vers la porte d'entrée. Je les suis en regardant mon père qui n'essaye même pas de lutter. Le premier homme ouvre la porte pour sortir mon père sur le palier et les deux autres balancèrent ses valises qui dévalèrent les escaliers jusque sur les graviers de la cour.


- Tu as dix minutes. Lâche un des hommes en regardant.


Je me dirige vers le palier pour prendre mon père dans mes bras avant d'éclater en pleure. Juste penser au fait qu'il n'y aura plus une vraie figure d'amour et de paternité me brise le cœur. Je ne peux pas vivre sans mon père qui est le seul à connaître le moindre de mes secrets que de soit les plus légaux comme les plus illégaux.


Il prend ma tête entre ses mains pour embrasser mon front, il m'offre un sourire triste avec des yeux noyés de larmes.


- Tu es ma plus grande fierté Liah, ne l'oublie jamais. Tout s'arrangera un jour et je te promets que l'on se retrouvera même si je dois traverser les sept océans pour te serrer dans mes bras. Je t'aime plus que tout mon ange.


Je fonds en pleure après l'entente de ses paroles avant de le serrer dans mon bras en lâchant quelques mots dans le creux de son épaule.


- Je t'aime plus que tout aussi Papa.

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Wsssh lol

Un nouveau chapitre juste après celui-ci, je vous ferai donc une petite note explicative dans le prochain hihi ( pour changer mdr)

Ce chapitre m'a clairement fait chialer btw

Que du love,

xx. léah.

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